La position des femmes engagées, des associations féminines et des organisations féministes à l’occasion de la Journée Nationale du Mouvement des Femmes Haïtiennes, le 3 avril 2023.
Le pays passe, les dirigeants, les dirigeantes de l’État prennent leurs responsabilités ou nous laissent
Nous les femmes engagées, les organisations de femmes et les féministes qui mettons nos noms sous cette note, nous voulons attirer l’attention de l’État, de tous les acteurs, actrices, surtout ceux qui ont le pouvoir de décision, sur ce qui se passe depuis trois ans (3) ans, où le pays s’enfonce sens dessus dessous dans un gouffre profond. Cette note pointe les multiples facettes de la crise, notamment en matière de genre, d’économie et de sécurité. Nous pensons qu’il n’est jamais trop tard pour arrêter cette hémorragie qui détruit la dignité de tout un peuple, mais surtout des femmes et des filles de la population.
Plusieurs rapports sur les droits de l’homme montrent clairement que les jeunes hommes sont les meneurs des gangs ! Les victimes, quant à elles, n’ont pas de sexe. Les hommes et les femmes sont victimes de vol, de viol, d’enlèvement, de meurtre, etc. A cela s’ajoutent certains actes de violence, comme les violences sexuelles par exemple, qui touchent particulièrement les femmes.
Dans les quartiers contrôlés par les gangs, les femmes et les filles ne sont pas autorisées à refuser les avances sexuelles des chefs de gangs, sous peine de perdre la vie. Le corps des femmes devient un outil pour les voyous criminels pour établir leur pouvoir de domination sur toute une population et contrôler la résistance des gens face à la façon dont la situation dégénère.
Les affrontements dans les banlieues, les attaques contre les maisons des gens dans tous les coins de Port-au-Prince et des villes de Provence provoquent de nombreux déplacements, les femmes sont les premières victimes car ce sont elles qui courent avec leurs enfants dormir dans les rues.
Les femmes vendant sur le marché, “Madan Sara” apportant de la nourriture à la ville malgré le fait que les gangs ont fermé la plupart des routes nationales, sont victimes de viols chaque jour, et du vol de tout ce qu’elles possèdent, ce qui les laisse dans une pauvreté totale .
D’autres violences dont sont victimes les femmes sont dans la délivrance des passeports, où des racketteurs, en collusion avec certains agents du même État, non seulement augmentent le prix des passeports de dix-sept auteurs, mais obligent certaines femmes à coucher avec eux pour obtenir le document.
Par-dessus tout, la violence à l’égard des femmes et des filles est une discrimination. C’est une grande honte pour le gouvernement haïtien qui prend l’impôt que paie la population et ne fait rien pour alléger ses souffrances. Dans un contexte où il n’y a ni services ni réponses pour garantir les droits sexuels et la santé reproductive des femmes, les femmes et les filles victimes de ces violences sont exposées à de grands risques tels que : grossesse, maladies qu’elles attrapent en faisant des choses, perte d’estime de soi , suicide, pour ne citer que ceux-là. Dans ces conditions, les plus victimes sont les femmes enceintes, les femmes allaitantes, les femmes handicapées, les femmes âgées, les femmes avec enfants, les femmes seules avec enfants, les femmes du secteur informel, notamment « Madan Sara » et les enfants sans protection familiale.
L’une des conséquences de ce type de violence est d’enlever la dignité des victimes et de terroriser le reste de la population. D’autres conséquences de cette situation sont l’augmentation et la banalisation de la prostitution, de la pédophilie, de l’exploitation et des abus sexuels, etc. Un autre aspect de la situation est l’impact sur la question de l’éducation où les filles comme les garçons ne peuvent pas aller à l’école pour recevoir une instruction. De nombreuses écoles sont obligées de fermer leurs portes en raison de la menace de bandits et d’enlèvements d’enseignants, de parents et d’élèves, alors que l’éducation est le plus grand espoir d’une société.

Nous vous rappelons qu’Haïti a ratifié la plupart des conventions relatives aux droits humains, parmi lesquelles la Convention internationale pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et des filles et la Convention pour combattre toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles. Ces actes de violence sont clairement une violation de toutes ces conventions !

Ce que nous vivons aujourd’hui n’est pas un hasard, c’est le résultat d’une mauvaise gouvernance à la tête de l’État et d’un large éventail d’inégalités et d’injustices sociales qui existent depuis longtemps et qui touchent surtout les catégories de personnes les plus situations vulnérables.
Malgré ces calamités, malgré le passage dans le désert, il n’est pas trop tard ! Nous pouvons corriger la situation et changer notre avenir si nous nous donnons la main et restons unis. Mais il faut lever le pied car cela pourrait être plus triste.
Par conséquent, nous, les organisations de femmes et féministes qui apposons nos noms sous cette note, élevons haut et fort la voix pour exiger de l’État :
1) Mener d’urgence une enquête nationale sur toutes les violations des droits humains, en particulier des droits des femmes dans le pays, ce qui inclut tout ce qui est fait avec la complicité de l’État, notamment en matière de passeports ;
2) Rétablir la sécurité publique dans le pays pour permettre aux populations déplacées de rentrer chez elles ;
3) Débloquer toutes les routes du pays et mettre en place la sécurité pour faciliter la circulation normale des personnes, en toute liberté ;
4) Donner à toute la population, en particulier aux femmes victimes, accès aux services dont elles ont besoin (santé, soutien psychologique, éducation, moyens économiques, justice, etc.) ;
5) Faire une ouverture pour trouver un accord avec d’autres groupes organisés du monde politique, de la société civile, du monde des affaires pour nous permettre de sortir de la crise de gouvernance ;
6) Mettre en place une commission d’enquête pour comprendre le niveau d’implication des haïtiens qui figurent sur la liste des sanctions prises par certains pays étrangers car ils peuvent être impliqués dans des complots et des gangs pour détruire le pays, et prendre les mesures nécessaires selon les résultats de cette enquête.
L’état, si on continue avec cette attitude de manfoub, soit on n’est pas à notre place, soit on n’en est pas capable soit on est complices. Dans ce cas, nous devrions avoir un peu de conscience patriotique pour nous retirer à ceux qui ont la volonté et la capacité de diriger le pays.
Dans l’esprit du 3 avril 1986, nous encourageons toutes les organisations féminines et féministes à s’unir et à s’asseoir ensemble pour rédiger une proposition claire qui recueille les demandes de chacun pour aider à sortir le pays de cette situation désastreuse. Aujourd’hui, plus qu’à aucun autre moment, le pays a besoin des femmes pour contribuer à construire une autre forme de société fondée sur le respect des droits des femmes et des hommes, qui offre les mêmes opportunités à tous les citoyens, quels que soient leur classe sociale, leurs moyens économiques, leur domaine d’activité vivent, leur niveau d’études, leur condition physique, leur âge, etc.
Unissons-nous et œuvrons pour construire une société meilleure, plus juste, plus égalitaire, capable de construire un avenir meilleur pour tous les citoyens ! Pour authentifier la note
CUREF (Collectif Universitaire pour la Recherche et l’Emancipation des Femmes) :
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Coordonnatrice, Kenise Phanord Secrétaire générale, Ketleine Charles

Liste des femmes et des organisations qui ont signé cette note :

Association des Femmes de Gros Morne (AFAGM), Nalda Odeus

Asosyasyon fanm Karenaj (AFAK), Marie Moneus

Asosyon fanm pou devlopman Ansavo Nip (AFADAN), Lisette Jn Pierre

Association des Femmes pour l’Avancement et le Progrès de Bois Neuf (AFAPROB), Maridieu Innocent

Asosyasyon fanm solèy Dayiti (AFASDA), Elvire Eugene

Association des femmes actifs de Trou du Nord (AFAT), Gladise Firmin

Asosyasyon fanm Devue Zetwa (AFDEZ), Mirlande Delisna

Asosyasyon fanm Fondelyann (AFF), Elise Laurore

Asosyasyon fanm vanyan 4e seksyon Miragwan (OFV4M)

Asosaysyon fanm komesan medizan (AFKM), Yvronise Bazille

Asosyasyon fanm Plezans (AFP), Verlande Fabien

Association des femmes actifs Monbin Crochu (AFAMC), Silvanie Bureau

Association des femmes de Ouanaminthe (AFO), Nerline Monpremier

Asosyasyon fanm vanyan Flip (AFVF), Midelaine Saintilma

Asosyasyon fanm Vanyan Peleren (AFVP), Jasmin Delaie

Association des jeunes entrepreneures de Ti Charite, Pierre Angeline

Asosyasyon fanm Kapotiy (AFK), Madou Adrien

Asosyasyon fanm vanyan pou chanjman de Bwa Marmelade (AFVPDM), Nergelie Marcien

Association des jeunes actifs pour le développement de Baja (AJADB), Thesuma Androit

Asosyasyon fanm aktiv Nip (AFKNIP), Mirlande Cenat

Action volontaire nouvelle identité de la femme (AVNIF), Guirlene Ocvil

Centre d’encadrement des filles adolescentes (CEFA), Maritane Noel

Coordination de groupement des femmes pour le développement de Grande Savanne (CFGRADS), Premilia Meraüs

Coordination des femmes pour l’épanouissement de Petit Trou de Nippes (COEFEPTN), Cherline Veuillard

Coordination de groupement des femmes pour le développement d’Aranud (CFGRADA), Elourdes Syphraus

Coordination des Femmes organisées commune Aquin (COFOCA)

Coordination pour le développement et l’intégration des femmes (CODIF), Nadie Jean Aubord

Collectif des femmes de l’Artibonite (COFA), Patricia Cassamajor

Collectif des femmes avisées d’Haïti pour le développement des initiatives économiques (COFAHDIE), Juliette Mondestin

Engagement des femmes et des filles pour l’environnement et le développement (EFED), Marie Sheyla Durandisse

Entr’elles, Stecie Guerrier

Èspwa Nòdès (ENE), Enice Monpremier

Organisation des femmes pour le développement de la commune des Verettes (FADECOV), Anette Genat

Fanm vanyan Lepal (FAVAL), Madeleine Figaro

Fanm Lyankou an Blók (FLAB), Renette Mésidort

Collectif féminin haïtien pour la participation politique des femmes, Fanm yo la, Lisa François

Òganizasyon fanm Peyan Dufou (FDP), Tamitha Bruneau

Femmes en action pour le développement du Centre (FADAC), Nadège Macena

Fanm an aksyon Gotye (FAG), Solange Altirin

Fédération des Femmes du Bas Artibonite (FEFBA), Gerda Bien Aimé

Fédération des femmes organisées du Nord (FEFONORD), Anise Thémène

Femmes en évolution (FEV), Jessy Kénol Saint Marc

Fanm tèt kole (FTK), Marie-Rose Jean

Fanm lidè Debaryè Lagon (FLDL), Marjorie Charles

Gwoup fanm kap travay pou avansman Vido (GFKTAV), Premise Timeau

Inisyativ fanm lakay (INIFAL), Marilyn Christine Fenelon

Ligue haitienne d’actions sociales (LHAS), Zola Lamothe

Kòdinasyon fanm pou devlopman Limonad, KOFADE, Estrella Pierre

Marie Isnise Romelus, Miliant feminis

Martine Irgie Dorcellus, militant feminis

Media Elle, Dieula Jean Louis

Mouvement des Femmes de Terre Sonné (MFTS), Louisina Valérie

Mouvman fanm Brinèt (MFB), Jean Ketie

Mouvman fanm byenfè Pèch (MFBP), Émilia Bélizaire

Mouvman Fanm Jasma Potno (MFJASMAP), Dutreuil Ismonise

Mouvman Fanm Progresis Dolan (MFPD), Venise Michel

Mouvman fanm Nip Baradè (MFNB), Mimose Delsy

Mouvman fanm vanyan Lamin (MFVL), Natacha Sainbert

Mouvement des femmes pour le développement de la Grand-Anse (MOFEDGA), Rose-Laure Aubord

Mouvman fanm volontè ak aksyon (MOFVA), Lucette Colin Casimir

Mouvman fanm peyizan Mengo (MPFM), Marie-Lourdes Charles

Milor Dexai, pwofesè nan fakilte Etnoloji

Organisation des Femmes Actives pour le Développement de St Marc (OFACDES), Fédna Laurent

Organisation des femmes pour l’Avancement de Dessalines (OFAD), Anilus Cleriméne Casseus

Organisation des Femmes Actives des Gonaïves (OFAG) Guerline Innocent

Òganizasyon fanm Kalvè Senterez, OFAKS, André Sildane,

Òganizasyon fanm Lakay (OFALAK), Florcie Monéro

Oganizasyon Fanm Peyizan Gwo Mòn (OFAPGM), André Edeline Anicile

Òganizasyon fanm pou lavni Ayiti (OFANLA), Kerlyne Blanc

Òganizasyon fanm Peyan Lazil(OFAPA), Marnoline Dessources

Òganizasyon fanm Bas du Fort/ Miragwan (OFASBAF), Orline Leger

Òganizasyon fanm Bwapou (OFB), Anikita Jean

Òganizasyon Fanm Charrette (OFC), Charline Norelus

Organisation des Fermmes pour le Development de l’Artibonite du Bedou (OFDAD), Roseline Limage

Organisation des femmes Decidee Raymond Petit Trou de Nippes (OFEDERPTIN), Dupont Joseph

Organisation des Femmes de la 4ème Section de Dessalines (OFD4SD), Evena Corisma

Organisation des femmes pour le développement social de Fort-Liberté (OFFDES), Adeline Menelus

Òganizasyon Fanm Kopere Verèt (OFHKOV), Juanita Exantus

Organisation des Femmes Intégrées pour le Progrès de Dessalines (OFID), Elmitha Cadet

Òganizasyon Fanm Koud Marmelade (OFKM), Marie Betie Deschamps

Organisation des Femmes pour l’Avancement de la Commune de Dessalines (OFLCD), Dasima Eliamene

Oganizasyon Fanm Platon (OFP), Jean Maitre Myrtha

Organisation de femmes de Petite Rivière de Quetant (OFPQ), Marie Yolaine Accolonne

Organisation des femmes pour le développement de la commune d’Arnaud Nippes (OFEDCANIPPES), Beatrice Jn Louis

Organisation des femmes Solidaires de l’Artibonite (OFSA)

Organisation des femmes Solidaires de Trou Sable (OFST)

Òganizasyon fanm vanyan pou devlopman Kafou Lendi (OFVDKL), Marie Marthe Plessimond

Òganizasyon fanm Vanyan de Tè Nèv (OFVTN), Wilméne Jean Jacques

Òganizasyon fanm Ri Mas (OFVR), Guerline Thomas

Organisation pour le Renforcement des Femmes Baissé-levées Verrettes (OREFEBV), Lucienne Cyrius Lessage

Organisation Sociale pour Sauver l’Artibonite (OSSA)

Òganizasyon tèt ansanm pou devlopman Plezans Nip (OTDPN), Maleine Alcima

Platfòm fanm solèy klere (PLAFASOK), Wilnie Saintil

Plateforme des Organisations de Femmes pour le Developpement de l’Artibonite (PLAFODA), Louisette Vertilus

Plateforme des organisations de femmes pour l’avancement du Centre (POFAC), Marseille Lundad

Plateforme des Organisations des Femmes de Gros Morne (POFCGM), Saintanise Jean

Plateforme des organisations de femmes haïtiennes pour le développement (POFHAD), Eunide Innocent

Plateforme des Organisations de Femmes pour l’Avancement de la Commune de Marmelade (PROFACOM), Helene Saint-Jules

Rasableman Fanm Lenbe (RAFAL), Adeline Charlot

Rassemblement des Femmes pour le Développement de Terre Neuve (RAFEDET), Marie Noel

Regroupement des femmes actives pour le développement de Trou du Nord (REFADET), Magalie Geffrad

Rezo fanm aktif Kapotiy (REFAK), Wideline Caméus

Rezo fanm Nip (REFANIP), Lila Zephirin

Regroupement national des femmes candidates (RENAFECA), Wislaine Dorcelus

Rassemblement des filles d’Anacaona, Lovelie Pierre

Rassemblement femmes engagées Ouanaminthe (RFEO), Roselene Pierre

Rasanbleman fanm Vosye (RFV), Guerline Pierre

Rasanbleman fanm vanyan Basfò (RFVB), Bensie Marseille

Réseaux des organisations de femmes de Petit-Goave (RESOFPEG), Myriam Jean

Regroupement des jeunes pour le développement de Madeline, Pierre Darline

Solidarité fanm Kapotiy (SFK), Nicole Pierre

Union pour le développement et le respect des femmes haïtiennes (UDREF), Nancy Dessejour Policier

Union des femmes Nippes (UFENI), Sofia Lumène

Zèklè Gwoup Fanm, Francinette Croissy