Même si nous pouvons d’une manière ou d’une autre sortir Haïti de son abîme actuel de domination des gangs et se rendre aux élections, la question demeure, et ensuite ? La liste des personnes sanctionnées comprend certains des élus les plus puissants de la dernière décennie, parmi lesquels un président et un groupe de sénateurs, tous accusés d’activités criminelles par le Canada ou les États-Unis dans le but d’aider Haïti à nettoyer l’ardoise. Le dilemme demeure qu’ils ont tous été élus par les électeurs, certains lors d’élections de qualité inégale, d’autres lors d’élections techniquement valables. La question porte donc sur la qualité des listes présentées aux électeurs et sur la qualité de leur jugement.

Quant à leur jugement, depuis 2010, les électeurs ont tendance à privilégier les moins criminels et corrompus parmi les noms proposés aux élections présidentielles. Ils l’ont fait cette année-là en plaçant deux candidats présidentiels moins corrompus en premier et en deuxième et en éliminant le criminel probable, bien que ce digne ait été brièvement restauré par une manœuvre en coulisses du CEP. Ils ont voté de la même manière en 2015 en donnant un relativement méconnu de 33 % contre 25 % pour le même criminel probable mentionné ci-dessus. Cet acte a tellement indigné les corruptionnistes qu’ils ont envoyé des foules pour renverser l’élection et ont nommé quelqu’un parmi eux à la présidence, qui a depuis également été sanctionné pour crime par le Canada. Lorsque l’élection a finalement été reconduite un an plus tard, les électeurs ont riposté à cet outrage en donnant 56 % à l’inconnu relatif. Pas étonnant que leur choix ait été assassiné et qu’ils n’aient plus été autorisés à voter depuis six ans !

Tout cela pour dire que les électeurs scruteront probablement la prochaine liste pour banditisme, que les vastes masses d’Haïtiens abhorrent. En regardant les hommes politiques vétérans qui n’ont pas encore été sanctionnés, la lampe de Socrate pourrait bien crachoter et s’éteindre avant de trouver un honnête parmi eux. Cela nous mène directement au RENAFECA, au Regroupement National des Femmes Candidates et aux organisations sœurs. Le Haiti Democracy Project a choisi de les soutenir depuis 2018. Les candidates qu’elles préparent sont des féministes conscientes, certaines d’entre elles assez militantes, qui sont ainsi attirées vers la politique par une cause plus large que le lucre. Il ne s’agit donc pas ici simplement de redresser le tort de la domination masculine, aussi importante soit-elle. Nous parlons de doter Haïti d’un corps d’amélioratrices engagées comme elle n’en a jamais vu. Vous savez qu’elles sont dévouées lorsque leur coordinatrice nationale, après avoir été battue et volée devant un bureau des licences du gouvernement, retourne directement au travail le lendemain. Je parle de notre héroïne Wiselaine. On sait qu’elles sont dévouées quand la coordonnatrice de la région Croix-des-Bouquets reçoit une balle dans le cou en sortant d’une réunion de femmes, et après s’être remise d’une sonde de gavage à l’hôpital, ramasse l’étendard tombé avec défi. Je parle de notre héroïne Jerline.

Ainsi, cette page Web oscille entre la couverture de la préparation des candidates – leurs missions médicales dans le Sud sismique, l’organisation de séminaires avec l’ONU Femmes et l’OEA, leur secours aux femmes détenues vivant dans des conditions épouvantables à Jacmel – et un focus sur l’horreur gangrenée des rues d’Haïti ainsi que la recherche d’une stratégie internationale efficace. L’encadré est entièrement consacré aux activités de RENAFECA, le regroupement des femmes, et les mêmes articles sur les femmes sont également intercalés dans la section principale.