Originally: Thèmes de l’Emission de la Semaine









Orlando le 14 décembre, 2012


Actualités Politiques : Grandes Lignes


On se trouve aujourd?hui face à un désaccord entre l?ambassadeur de France, Didier Le Bret et l?expert indépendant des Nations-Unies en droits humains, Michel Forst, sur la situation en Haïti, en ce qui a trait à l?ambiance favorable à l?investissement étranger et les critères de l?état de droit.



Michel Forst, un juriste, n?est concerné que par une analyse objective des conditions existant dans une société en regard du progrès et de l?absence de progrès dans les domaines de droits humains et de l?état de droit. La lecture et l?interprétation de la même situation par Didier Le Bret, se font à travers un prisme différent, tenant compte plutôt des intentions exprimées par les gouvernants haïtiens, la politique du gouvernement français dont il est l?ambassadeur et des conditions acceptables pour l?investissement d?entrepreneurs étrangers.



En fait, Didier Le Bret offre comme évidence, supportant sa lecture et son interprétation des faits, l?exemple de la similarité de l?atmosphère politique, il y a dix ans, dans les pays d?Afrique et le comportement à cette époque des entrepreneurs face à cette situation. En d?autres termes, Didier Le Bret insiste sur le fait que les entrepreneurs ont été plus tolérants, par rapport aux problèmes sociopolitiques des pays africains, que ce que Michel Forst perçoit comme limite de leur critère de tolérance.



C?est un conflit classique entre l?analyse des faits selon les rigueurs d?interprétation stricte d?expert constatant et évaluant objectivement ce que présentent uniquement les données, versus, l?interprétation nuancée et comparative, se situant au sein d?une politique menée par le pays dont il est l?ambassadeur. L?un se contente d?interpréter les faits, selon certains critères établis. L?autre prend en considération le niveau de tolérance des entrepreneurs, dont il a été témoin, dans des circonstances similaires en Afrique. On a l?impression que le conflit soit simplement entre les données empiriques et les critères établis.



Il est à remarquer dans ce cas spécifique de comparaison de circonstances et de conditions entre, celles qui ont existé dans des pays d?Afrique, il y a 10 ans, et celles existant aujourd?hui en Haïti, qu?il y a une énorme différence entre l?abondance de richesse des ressources des pays d?Afrique et ce qu?offre la réalité haïtienne. Il y a là un problème de disparité de contextes qui supplante avantageusement la similarité de situations politiques. Alors que les entrepreneurs étrangers sont absolument conscients de l?ampleur des richesses qu?ils ont à exploiter. Il est évident que dans ce contexte là, le retour sur l?investissement la longévité de l?exploitation, les rendent beaucoup plus flexibles, beaucoup plus tolérants des situations sociopolitiques africaines. Le contexte qu?offre la réalité haïtienne aux investisseurs étrangers, est-il l?équivalent de ce qu?offrent les pays d?Afrique ?



Il est important alors d?introduire dans cette équation, les intérêts et les visions de la France concernant ses relations présentes et d?avenir avec le continent africain, comme paramètre prépondérant, pour comprendre leurs pertinences et mettre en exergue les vrais fondements, à partir desquels émane la nuance évoquée par Didier Le Bret. Les visions de la France et ses intérêts en Afrique, se situent dans une perspective totalement différente de ses perspectives d?avenir en Haïti.



Un exemple parfait de contexte d?interdépendance entre la France et l?Afrique. Au lendemain de la crise financière et économique mondiale et face à la percé chinoise en Afrique, l?intellectuel Jacques Attali, directeur de la plus grand firme de micro-finance du monde, dans ses conférences et interventions à la télé, réitère le fait que la France a besoin d?urgence d?un partenariat avec le continent le plus riche du monde, l?Afrique, pour exploiter ses ressources et augmenter sa productivité. Cette interdépendance, elle n?est pas nouvelle. Elle remonte de beaucoup plus loin qu?une décade. Jacques Attali souligne en outre, comme avantage, que les zones les plus riches de l?Afrique sont francophones !



On ne peut pas ignorer cette relation d?interdépendance dont l?entrepreneur étranger, est obligé d?en être conscient et dont il est forcé de tenir compte, pour précisément garantir la survie de son entreprise, qui n?existe pas dans le contexte haïtien ! On ne peut pas s?appuyer simplement sur une perception superficielle des choses comme argument pour supporter et justifier un point de vue par le biais d?une comparaison qui n?est pas pertinente !



Il faut au contraire inciter ce gouvernement à faire mieux. Et pas l?encourager à vautrer dans la bêtise ! Se peut-il que ce ne soit pas assez évident, que ce gouvernement ait manifesté suffisamment la tendance ?



On n?a pas besoin d?être grand clerc pour comprendre que sans état de droit pour protéger les vies et les biens, pour renforcer le respect des clauses des contrats, pour garantir l?égalité devant la loi, pour réduire la corruption, les investisseurs qui viendront en Haïti, seront plutôt des aventuriers. Il y va de l?intérêt de la nation haïtienne, que la relance de l?économie ait lieu sur des bases plus solides, avec des investisseurs honnêtes et sérieux.



Avec la disponibilité illimitée de l?information et l?accès instantané à temps réel, de l?actualité, avec bien sûr la disponibilité la plus large des données historiques, que pourvoit aujourd?hui l?Internet, le monde est réellement devenu un village. Le corollaire est qu?on connaît aujourd?hui pour sûr, où se trouvent les mauvais quartiers et les zones de non-droit de ce village. Quel investisseur qui se respecte viendrait risquer son capital dans un mauvais quartier connu ou une zone de non-droit à éviter ? Ce n?est pas par l?effet de hasard que l?on ne fait seulement que de la charité dans les mauvais quartiers de ce village ! On n?y investit pas !



Voilà les conséquences des inconséquences du patrimoine, d?incompétence, de violence et de corruption, légué par les deux régimes populistes fascistoïde et anarchopopuliste. Ce nouveau pouvoir est-il conscient des destinés de ces régimes dictatoriaux et répressifs qui finissent inéluctablement dans la débâcle, le chaos et le mépris des générations à venir ? Ce nouveau pouvoir, est-il conscient du fait que son catapultage au timon des affaires, est dû uniquement au fait d?une immixtion directe et intentionnelle de l?Internationale pour mettre fin à une politique de continuité du régime anarchopopulisme, après 20 ans de bricolage politique ? Pourquoi se laisse-t-il glisser aussi piteusement sur la pente des inepties traditionnelles des 54 ans des régimes populistes précédents ? Est-il conscient de l?importance de l?opportunité qui est offerte à sa génération ? Est-il conscient de sa mission historique ? Est-il à la hauteur de cette mission extraordinaire ? Est-il conscient de ce à quoi aspire le peuple ? Est-il conscient que le reste du monde l?observe ? Est-il encore capable de se ressaisir ? Voilà le hic !



Pour sortir de ce bourbier, l?état de droit n?est pas une option. C?est un impératif !