Originally: Thèmes de l’Emission de la Semaine
Haïti vient malheureusement d?être classifié le pays le plus pauvre de la planète. Cela va sans dire qu?à ce stade touts ses problèmes ont déjà atteint leur niveau maximal d?exacerbation. Tout est en crise ! Ou sur le point de l?être ! Trouver dans ce cadre, un causus belli pour s?attaquer au gouvernement, en manipulant les frustrations des masses ; A ce stade de paupérisation à 77%, cela ne peut pas requérir aucun excès d?effort d?intelligence. Au contraire il s?agit simplement d?un tri parmi ces nombreux problèmes qui ont déjà provoqué des crises et ceux qui en ont certainement le potentiel, d?une part. Et d?autre part, sélectionner la plus spectaculaire des revendications à articuler, par le biais de la plus virulente propagation de ressentiments. Ces manifestations sont elles spontanées ? Que veut-on vraiment accomplir avec ces mouvements de masses ? Pensez-vous que ces protestataires, soient vraiment intéressés à se trouver des solutions ou des alternatives à ces problèmes ?
Quel est donc vraiment l?intérêt réel de ces manifestations ? Quand il est absolument évident, que ce ne soit pas en premier lieu, une pression pour contraindre le gouvernement à trouver de nouvelles voies, ni de nouvelles solutions. Mais espérant plutôt que ces manifestations évolueront vers un mouvement insurrectionnel. On n?en a pas seulement l?impression. Quand on entend les commentaires et ce que disent ouvertement les leaders de ces manifestations concernant le mandat de Martelly. On a clairement la certitude, que la recherche de solutions, ne soit, ni le motif prioritaire, ni la cause originelle, et paradoxalement ni le causus belli.
Quand on se questionne sur l?origine sectorielle de ces protestations. On ne peut pas s?empêcher de détecter à première vue, tenant compte des acteurs qui mènent le jeu, le lien étroit et manifeste existant entre la campagne de déni de légitimité, menée antérieurement par des parlementaires, pendant un an, contre l?Exécutif. Cette campagne n?a pas cessé faute de combattant, mais seulement qu?au moment où malgré eux un tiers du Sénat est entré en caducité. Ceci n?a pas changé le causus belli, mais le style et le champ d?action. Qu?a-t-on observé ? Deux de ces sénateurs qui participaient avec acharnement à la campagne de déni de légitimité, après leur caducité, deviennent paradoxalement les conseillers rapprochés de Martelly. Qu?a-t-on constaté ? Ces deux sénateurs, bien qu?ils soient en tant que parlementaire conscients du fait que les conditions ne sont pas réunies, supportent malgré tout la création du CEP permanent, avec autant d?entêtement que Martelly. Est-ce un cadeau empoisonné, ou plutôt un cadeau grec ?
C?est encore un de ces sénateurs en siège, parmi les plus acharnés, dans cet effort de déni de légitimité de l?Exécutif, qui dans les rues assume manifestement le leadership de ces protestations dans différentes villes. Ce n?est plus un conflit direct entre pouvoirs, certes. Mais selon ce que l?on constate, ne paraît-il pas comme une prolongation de la campagne antérieure, dont l?un des leaders assume manifestement la relève et la continuité ?
Ce sénateur n?est-il pas de fait un proxy du leader et fondateur du parti auquel il appartient, lafami lavalas ? Quelle est la source du conflit qui viscéralement oppose lafanmi lavalas au gouvernement actuel ? Aristide et Martelly ont été catapultés au pouvoir de la même façon. Transposant en politique une popularité acquise dans un autre domaine. N?appartenant à aucun parti politique au commencement ; Leur légitimité politique n?ayant aucun fondement idéologique, ni doctrinale. Ils partagent le même espace politique. Ils partagent la même clientèle politique. Peut-on de fait distinguer les masses soi-disant protestataires, de celles soi-disant supporteur de Martelly ? En fait, ce ne serait pas étonnant de trouver des gens qui ont participé, sans état d?âme, aux deux manifestations.
Voilà la réalité politique partisane du pays, le plus pauvre de la planète, à 77% de taux de paupérisation, le plus corrompu du monde, ayant plus de 60% d?illettrés ! Nonobstant la densité des foules, le clientélisme dominant de part et d?autre, quel est le degré de conviction, de loyauté et de foi politique, peut-on accorder à ces expressions manifestes d?opposition et de support dans l?un et l?autre camp ? Le mercenariat ayant été la relation irréfutable qui a toujours existé entre Aristide et les éléments de base de son parti, les Organisations Populaires (OP). Martelly occupant le même espace et utilisant la même clientèle politique. Il est difficile et même incroyable que les relations avec cette même base soient soudainement différentes avec Martelly.
La réalité est qu?Aristide retourné au pays après 7 ans d?exile, n?ayant jamais délégué aucun rôle de leadership à aucun membre du parti, pour maintenir le monopole de l?autorité du leader, veut assumer maintenant le rôle de faiseur de roi. Pour ce faire, il doit forcément récupérer sa pertinence politique, son espace et sa clientèle politique. Voilà ce qui de fait sous-tend les mouvements de masses, les manifestations d?opposition qui se répètent dans certaines villes. Il est donc évident que ce soit un agenda personnel de récupération de légitimité et d?influences politiques qui se mène. La propagation virulente des ressentiments n?a d?autre rôle que de manipuler les frustrations des masses pour augmenter la densité de participation.
Certes, Aristide dans ce cas souhaite que d?autres partis et instruments politiques peu importe leurs tendances, le rejoignent dans ses démarches de récupération de sa légitimité politique nationale. Plus il y en a, mieux ça vaut ! Mais attention, xénophobe comme tous leaders populistes sans exception, ne vous attendez pas, à ce qu?Aristide partage quoi que ce soit, avec qui que ce soit. Le pouvoir populiste est avant tout un pouvoir personnel. Le culte de la personnalité étant ce qui garanti au chef populiste, son aplomb et sa domination totalitaire. Une alliance d?un instrument politique avec lafanmi lavalas, ne peut survivre, que si cet instrument politique accepte à devenir un appendice de lafanmi lavalas.
C?est un fait connu de tous ceux qui sont familiers avec la gestion du pouvoir, que la mutation soit la man?uvre politique la plus efficace et la plus rapide pour personnaliser, centraliser et concentrer le pouvoir entre les mains du chef, peu importe sa tendance. Aristide n?a pas hésité à en faire deux. La première, le jour de sa prestation de serment, il annonce dans son discours d?investiture, la création de l?Organisation Politique Lavalas (OPL). Jetant ainsi automatiquement au rancart, la plateforme qui avait organisé et géré sa première campagne présidentielle. La seconde, après son retour d?exile, jugeant que l?influence accrue de certains leaders au sein de l?OPL durant son exile, avait créé une situation qui lui était insupportable. Ne voulant pas partager le leadership ; Il crée immédiatement le parti Lafanmi Lavalas et abandonne, sans état d?âme, le parti qu?il avait lui-même fondé, l?OPL. C?est une vérité historique irréfutable, qui met en exergue le réflexe xénophobe et égocentrique d?Aristide ! A bon entendeur salut !
Or si l?enjeu immédiat, est de fait, de former une coalition en vu de partager, avec lafanmi lavalas, les 10 sièges sénatoriaux des prochaines élections partielles. Aristide, qui sans aucun doute est très intéressé à la coalition pour augmenté sa légitimité ; Peut-il réciproquement être vraiment intéressé à un tel partage, qui ne lui garantirait pas au moins un sénateur par Département ? Il faudrait que l?enjeu soit plus substantiel pour justifier autant d?effort au niveau national de la part d?Aristide.
Pour récupérer sa pertinence, son espace et sa clientèle politique en tant qu?ancien chef d?état, l?envergure de l?effort ne peut être au minimum qu?au niveau national et pas moins. Pour que le jeu vaille la chandelle pour Aristide, il faudra que ces élections sénatoriales partielles puissent lui garantir au minimum un sénateur par Département. Aristide a intérêt dans le maintien de l?intensité d?une tension politique aussi longtemps que possible pour retarder ces élections sénatoriales partielles. 20 sièges sénatoriaux dans la compétition, est pour lui le minimum requis. Voilà ce à quoi Aristide veut en venir ! Voilà le vrai causus belli pour Aristide !
En fait jusqu’à présent, sans soupçonner le cadeau empoisonné, Martelly ne tient-il pas mordicus à son CEP permanent ? Cet entêtement ne retarde-t-il pas les élections sénatoriales partielles ? Ce retard, ne fait-il pas plutôt l?affaire d?Aristide que celle de Martelly ?
Kite kantik, pran priyè. Suspan?n kale pwa, bòl la plen!
Il nous faut admettre qu?Haïti devenue aujourd?hui le pays le plus pauvre de la planète, soit de fait victime d?un crime contre l?humanité, perpétré par nos gouvernants. Le dernier régime qui a gouverné Haïti pendant 20 ans, de 1991 à 2011, le régime Lavalas, est incontestablement sur le plan national, l?un des complices les plus profondément impliqués dans la perpétration de ce crime contre l?humanité.
Si, les masses contre qui ce crime contre l?humanité a été commis, plongées et maintenues dans l?opacité totale des ténèbres de l?ignorance la plus absolue, soient incapables d?imputer ce crime à qui de droit. Inconscientes de la culpabilité d?Aristide et de Préval dans ce crime odieux, dont elles sont les principales victimes, sont en train de participer et de contribuer aveuglément à l?effort de récupération de la pertinence politique, de l?espace politique, pour redevenir la clientèle politique d?Aristide, est indubitablement un acte suicidaire !
Comment alors expliquer, que des lettrés, des diplômés d?université, leaders des partis, d?instruments politiques et d?organisations de société civile, acceptent-ils aveuglément, à se joindre à cet effort pour participer et contribuer à la récupération de la pertinence et de l?influence politique d?Aristide ? Obnubilés par le besoin de s?opposer au gouvernement ; Ignorent-ils, comme c?est le cas pour les masses illettrées, le patrimoine de violence, de corruption et d?incompétence qu?Aristide a légué ? Pourquoi tant d?engouement pour commettre cette castration collective ? Est-ce un aveu de carence totale de légitimité et de leadership politique qui les oblige à se joindre à Aristide pour augmenter par association avec lui leur légitimité politique ? Sont-ils capables, sans s?associer à Aristide, de mener à bien une opposition saine, sérieuse et respectable face à ce gouvernement ? Est-ce une absence de courage ? Pourquoi sont-ils en train de commettre ce suicide collectif ? Est-ce un cas d?amnésie collective ?
Si l?Internationale a fait de ces leaders ses paillassons. Ce n?est pas étonnant ! Si l?internationale, depuis 54 ans, les traite sans respect, sans dignité et leur impose à son gré des gouvernants de son choix. Il ne faut pas s?en plaindre. Comment peuvent-ils avoir aucune crédibilité, ni aucun respect, quand ils prétendent vouloir récupérer l?autonomie nationale, alors qu?ils sont en train de supporter le leader et fondateur du régime lavalas qui leur a fait perdre l?autonomie nationale en deux fois, en une décade, 1994 et 2004 ?