Originally: Thèmes de l’Emission de la Semaine

25 mai 2012


La fin des mandats des 10 sénateurs a été sans aucun doute l?un des facteurs, pas nécessairement le plus important, mais suffisant pour influencer l?accélération du processus de confirmation du premier ministre au Sénat. Ce facteur a aussi joué un rôle important à la chambre basse, pour circonvenir les pressions de Kelly Bastien. Paradoxalement, l?opposition la plus tenace contre la candidature de Lamothe à la primature, est venue de l?entourage de Martelly. Il a dû intervenir pour y mettre fin ! Le superpouvoir législatif s?est-il finalement résigné à accepter qu?il revient à l?Exécutif la responsabilité non seulement d?administrer les affaires de l?Etat, mais aussi d?aiguiller le pays vers une nouvelle voie ? 


 


Le gouvernement Martelly/Lamothe, est donc aujourd?hui en train de franchir, par une porte très étroite, le seuil d?une ère qui potentiellement peut devenir une époque charnière, assumant qu?il a la conviction et la compétence nécessaire. En d?autres termes, l?opportunité s?offre pour transformer Haïti en un pays, plus moderne, plus juste, plus équitable et plus prospère.


 


Le fait qu?en entrée de jeu, Lamothe ait choisi de rendre public sa première réunion de cabinet ministériel, a pris certains à rebrousse-poil, en laissant d?autres indifférents. Si cet acte purement politique était plutôt interprété comme du symbolisme gestuel. Serait-il une façon singulière d?annoncer une ère de transparence ? Voudrait-il aussi annoncer la fin de l?ère du bricolage et du tâtonnement politique ? Toujours est-il, qu?un calendrier précis d?exécution demeure indispensable pour passer de l?énoncé de la potentialité au tangible.


 


Le premier projet important que va immédiatement confronter ce nouveau gouvernement, ce sera l?organisation des prochaines élections sénatoriales partielles et celles des collectivités territoriales. Le vrai teste pour ce gouvernement sera de respecter et de faire respecter l?expression de la volonté générale pour la première fois depuis 54 ans. Cependant, dans le domaine électoral la tradition depuis l?avènement du régime lavalas au pouvoir le 7 février 1991, a été ce qui suit :


 


-Le refus absolu de faire les élections indirectes pour établir les Assemblées territoriales et enfin aboutir à la création du CEP permanent.


 


-Le CEP provisoire contrôlant la tabulation, a l?option d?entériner ou de rejeter sous l?ordre du pouvoir exécutif les fraudes électorales commises à travers la machine électorale pour servir les intérêts politiques du pouvoir exécutif. Le CEP valide et proclame les résultats électoraux.


 


-Toutes les strates de la machine électorale sont contrôlées par les autorités des collectivités territoriales. Toutes les fraudes électorales commises aux bureaux de vote et à travers tous les échelons qui jalonnent le parcours jusqu?au CEP exclusivement, sont contrôlées par les autorités des collectivités territoriales sous l?ordre de l?Exécutif. A toutes les strates de la machine électorale, on utilise autant que possible continuellement le même personnel, pour parfaire la pratique de la fraude.


 


-Un fait est aussi irréfutable que de février 2006 jusqu?en mars 2011, sous la gestion de Juan Gabriel Valdès, d?Eddy Anabi et d?Edmond Mulet trois représentants du secrétaire général des nations-Unies les plus hautes autorités civiles en charge de la Minustah, l?Internationale est intervenue en amont des proclamations des résultats de toutes les élections présidentielles. En février 2006 pour les modifier au premier tour. En décembre 2010 et en mars 2011, l?Internationale est intervenue encore pour les modifier, en amont de la proclamation des résultats tant au premier qu?au second tour. Alors que pour toutes les autres élections sénatoriales partielles tenues sous Hanabi, le représentant du secrétaire général des Nations-Unies, ainsi que les ambassades n?ont fait qu?entériner automatiquement les résultats électoraux, alors que les évidences de fraude étaient manifestes, irréfutables et contestées. L?expérience a montré que l?Internationale adopte une attitude de laisser faire, de désintéressement en faveur des intérêts politiques du pouvoir, pour les élections non-présidentielles.


 


En ce qui concerne ce nouveau gouvernement, la question est non-seulement de savoir, mais surtout de comprendre, pour répondre à la question la plus intrigante : Que faire ? Pourquoi les autorités des collectivités territoriales issues des mêmes élections que la 48e Législature, élues pour un mandat de même durée, 4 ans, qui s?est terminé depuis fin 2009, soient toujours en fonction, alors que la 49e Législature a été élue et est entrée en fonction depuis avril 2011 ? Pour comprendre les tenants et aboutissants de cette arnaque, il faut remonter à l?année 1999. Pour être plus précis le 11 janvier 1999, Préval déclare la caducité de touts les titulaires des postes électifs, excepté la présidence. Deux semaines plus tard, il réintègre dans leurs postes respectifs, mais comme employé public, toutes les ex-autorités des collectivités territoriales. C?est avec elles qu?il a organisé la machine électorale qui lui a permis de confisquer les élections du 21 mai 2000, rendues célèbres par cette phrase d?un journaliste canadien : « En Haiti la Démocratie se ramasse à la pelle ! ».


 


Toutes les fraudes électorales qui ont été commises sous le second mandat de Préval sont irréfutablement commises par la machine électorale contrôlée par ces autorités des collectivités territoriales qui sont encore en fonction. Préval les a maintenus en poste au-delà de la durée de leurs mandats, dans le but de confisquer par fraude les élections présidentielles et législatives. Au profit de quoi vont-elles frauder aux prochaines élections ?


 


On n?a pas besoin d?être grand clerc pour comprendre envers quoi ces autorités locales ont leur loyauté. Cette caste qui se bat littéralement à mort pour le contrôle de l?Exécutif, a plus d?une corde à son arc !  La machine électorale en est une !


 


Il ne faut pas non plus aller chercher la réponse ailleurs. Pensez-vous que ce soit par accident qu?on ait réintégré sous l?ordre de l?Internationale tous les procès verbaux frauduleux indistinctement pour les présidentielles et les législatives ? Ce qui logiquement montre qu?un électorat à plus de 60% d?illettrés, soit capable de diversifier son vote pour élire simultanément deux tendances diamétralement opposés au Parlement et à l?Exécutif. Pensez-vous que les conséquences de cette décision délibérée de l?Internationale, qui a provoqué la perte d?un an à cause du harcèlement parlementaire, ait été une surprise pour elle ? « Wake up. Smell the coffee ! »


 


Si émanciper la nation haïtienne du joug de cette caste qui la gruge depuis 54 ans, est en vérité cet acte de foi politique inébranlable, qui incite à agir à bon escient. Peut-on organiser des élections avec des autorités caduques qui ne font que frauder à toutes les élections organisées sous Préval ? On ne peut forcer personne à commettre le hara-kiri en organisant des élections avec une telle machine électorale contrôlée par ces autorités des collectivités territoriales dont les mandats sont caducs depuis fin 2009. Et qui sont maintenues à leurs postes que pour précisément servir les intérêts de cette caste ! Peut-on prendre le risque de faire quoi que ce soit qui ressemblera à une élection démocratique, libre, honnête et crédible avec ces autorités des collectivités territoriales qui n?ont fait que frauder à toutes les élections ?


 


Il faudra absolument rompre avec les pratiques antérieures. Utiliser pour personnel à toutes les strates de la machine électorale, la jeunesse estudiantine non-corrompue : universitaires, étudiants des écoles professionnelles, élèves de rétho et de philo. Respecter l?expression de la volonté générale. Faire les élections indirectes, selon les prescrits constitutionnels. Etablir les Assemblées territoriales, inclus l?Assemblée Départementale. Sélectionner et proposer aux choix des trois pouvoirs les prochains membres du CEP permanent. Pendant les 20 ans de règne du régime lavalas, on n?a jamais tenu aucune élection indirecte ! Voilà pourquoi on est encore aujourd?hui sous le régime du CEP provisoire.