Originally: Thèmes de l’Emission de la Semaine

L?intensification du bras de fer entre l?Exécutif et le Législatif, augmentant exponentiellement l?arrogance et le self-confidence du groupe des 16, est proportionnelle à l?éclat de l?échec infligé coup sur coup au pouvoir Exécutif. Force est de constater et surtout de comprendre au départ que ce bras de fer n?est plus simplement une pression exercée par le Législatif pour forcer une négociation entre deux pouvoirs constitutionnellement indépendants dans le cadre du respect stricte de leurs attributions comme énoncé dans l?article 60.1 de la constitution :


 


ARTICLE 60.1:


Aucun d’eux ne peut, sous aucun motif, déléguer ses attributions en tout ou en partie, ni sortir des limites qui sont fixées par la constitution et par la loi.


 


Mais, un bras de fer qui dans son évolution, vient de faire un saut qualitatif, pour forcer et imposer une reddition inconditionnelle de l?Exécutif, l?obligeant à accepter non-seulement la répartition des ministères, mais de plus et surtout le désistement de la primature. Ce n?est pas le partage, mais l?usurpation du pouvoir que le groupe des 16, est en train de poursuivre. Lambert, qui n?a pas froid à l??il, s?est exprimé clairement et publiquement sur les intentions et ambitions de ce bras de fer. C?est la castration pure et simple de l?Exécutif qu?il exige !


 


Dans ce jeu de dupe où 16 hommes appartenant à une plate-forme politique impopulaire qui vient de perdre exécrablement le pouvoir, tenant une nation en échec, par le chantage ; La question est de savoir, a-t-on seulement affaire aux ambitions et appétits d?un gang de 16 ? A partir de quelle légitimité politique et au nom de quel secteur dominant dont ils sont les représentants, font-ils de telles exigences ? Sont-ils simplement des imposteurs en train de bluffer, auxquels il faudrait imposer la réaction des masses, pour les forcer à rabattre le caquet ? Ou le groupe des 16, est-il le tip of the iceberg d?un autre projet politique non-déclaré ?


 


La troisième phase de la vie politique étant la gestion de la perte du pouvoir, Préval ne l?a géré que dans la perspective de la continuité. Il ne l?a pas fait avec une stratégie concise, cohérente, bien conçue, mais en lançant tout azimut plusieurs tentatives tel que, le remplacement de la constitution, la formation d?une nouvelle plate-forme politique,  le contrôle du parlement depuis les élections sénatoriales partielles de 2009, le choix et la nomination de son successeur etc. Toutes ces tentatives ont pratiquement échoué. A l?exception de celle du contrôle du parlement, grâce à l?intervention d?un homme, Cayo Dorsinville, qui a opéré au niveau de la tabulation les man?uvres techniques nécessaires de récupération et de réintégration des procès-verbaux frauduleux écartés au second tour. Il est donc évident que ce soit par le biais de la fraude électorale que le groupe des 16, ait pu exercer cette prépondérance au parlement ! En d?autres termes, c?est une prépondérance usurpatoire, illégitime, sans fondement ! De fait que représentent-ils comme force politique réelle sur le terrain ? Voilà le hic ! Voilà ce que l?Exécutif se doit de questionner le plus tôt que possible !


 


Dans un pays appauvri, corrompu et en pleine crise, à cause des exactions des deux régimes dictatoriaux consécutifs gouvernés par Duvalier et Aristide, quel est le bien fondé du retour presque simultané de ces deux tristes personnages, exactement au moment où la totalité du vote qui allait être exprimé, était indubitablement en faveur de la rupture et du changement ? Ont-ils choisi par eux-mêmes de saisir l?opportunité pour retourner comme des cheveux sur la soupe, exactement au moment où le peuple haïtien, à cor et à cri, réclamait la rupture et le changement ? S?ils avaient cette capacité et ce pouvoir de décision, pourquoi ne l?ont-ils pas fait avant ? Pourquoi ont-ils choisi de synchroniser leur retour presque simultanément au moment précis où le peuple exprimait à l?unanimité la volonté de s?émanciper de la férule de leurs deux régimes, pour enfin franchir le seuil de la modernité ?


 


Si on n?a pas permis à Préval de choisir et de nommer son successeur, pourquoi lui aurait-on permis de rapatrier ces deux dictateurs en exil, à ce moment crucial où il était question de rupture, de changement et de réflexion sur la refondation de l?Etat ? Préval pourrait-il se décider seul, alors qu?il y a sur notre territoire douze milles paires de bottes d?une armée multinationale exclusivement responsable du maintien de la stabilité ?


 


Force est de constater et surtout de comprendre qu?avec le retour de Duvalier et d?Aristide sur le terrain, l?équation politique a radicalement changé ! Est-ce par la volonté de l?Internationale que ces deux anciens chefs d?état ont pu retourner soudainement comme des Deus ex-Machina, peu avant le second tour des présidentielles ? Ou est-ce l?effet du hasard ? Il est difficilement croyable que la coïncidence du retour de deux anciens chefs d?état sur le territoire d?un pays en pleine crise, où leurs gouvernements ont été violemment renversés par le biais de mouvements insurrectionnels, soit impromptue ! Pourquoi faire retourner simultanément ces deux dictateurs Duvalier et Aristide, à ce carrefour où il est question de reconstruction et de relance de l?économie d?Haïti, gérées par l?Internationale ? Est-il vraiment nécessaire de provoquer artificiellement cette division, pour pouvoir régner ? Un autre fait à ne pas ignorer. L?Internationale avait jeté son dévolu sur le néophyte ! En d?autres termes, sur celui qui, par inexpérience, aurait le plus de difficulté à matérialiser même partiellement ses promesses de changement ! Le comportement de Martelly et de son entourage est en train d?illustrer ce fait !


 


Si après 27 ans d?exil Duvalier n?a plus de tentacule au niveau des pouvoirs, tel n?est pas le cas pour Aristide après seulement 7 ans d?exil, alors que le gouvernement intérimaire avait refusé de remplir son rôle et sa responsabilité de rompre avec le régime déchu en maintenant 99% de l?administration lavalassienne. Il suffit de jeter un regard rétrospectif sur le passé du groupe des 16, et même sur la composition des deux chambres, pour se rendre à l?évidence ! Le second mandat de Préval n?aurait pas été possible que grâce à cette incurie du gouvernement intérimaire !


 


Si Aristide n?avait pour commencer que le besoin d?avoir indirectement accès à la caisse publique par le biais de la répartition des ministères à allocation budgétaire substantielle ; Conscient par instinct prédateur de la faiblesse et de l?inexpérience manifeste de Martelly et de son entourage ; Aristide reprenant du poil de la bête, est en train d?exiger par le biais des ultimatums non-voilés du groupe des 16, la réduction inconditionnelle et le désistement de la primature ! Aristide veut maintenant usurper le pouvoir ! Martelly va-t-il le laisser faire ?