Originally: Thèmes de l’Emission de la Semaine
le 5 août, 2011
Les opinions exprimées publiquement par plusieurs parlementaires et les débats concernant l?évaluation par la commission sénatoriale du dossier de Bernard Gousse premier ministre désigné, laissent prévoir qu?il aura certainement le même sort que Daniel Rouzier son prédécesseur. Le groupe des 16 sénateurs qui s?est ouvertement opposé à sa ratification, bien avant qu?il ait fait le dépôt des ses pièces, n?a pas changé d?avis. Les négociations qui ont eu lieu entre les protagonistes, n?ont eu aucun effet dissuasif. Mis à part les critères constitutionnels établis pour devenir premier ministre, il y a-t-il un canon secret, connu que par les parlementaires de la caste, pour qualifier un candidat à la primature ?
Ce n?est pas l?effet du hasard que plusieurs candidats à la primature, rejetés par le parlement, soient reconnus par l?opinion générale, comme des candidats ayant les qualifications nécessaires. Cependant, on peut remarquer que des candidats à la primature appartenant à différentes disciplines, à différentes professions, ont entre eux des points communs. Soit qu?ils n?appartiennent pas à la caste. Soit qu?ils aient agi directement ou indirectement contre les intérêts de la caste dans le passé. Ou qu?ils soient des cadres compétents de provenance institutionnelle mondiale ou régionale.
Il est naturel que pour garantir la quiétude d?esprit de la caste, maintenir le statu quo et assurer la continuité des 54 ans de domination, que la primature soit assumée par quelqu?un qui inspire totalement confiance. Quelqu?un qui ne représente pas une menace même minimale pour les intérêts de la caste. On ne peut pas, ou on ne veut pas prendre de risque ! Au lendemain d?une campagne électorale, où la rupture et le changement ont été les thèmes dominants des deux protagonistes au second tour, on ne peut pas être trop prudent. Après le constat de l?échec de l?ensemble des candidats de la continuité au premier tour, ne peut-on pas, logiquement dans ce cas, constater et conclure sans crainte d?erreur que la totalité du vote exprimée pour la présidence au second tour, ait été pour l?abandon des 54 ans de gouvernance traditionnelle haïtienne ? Il est absolument clair qu?il soit de l?intérêt de la caste dans cette atmosphère où le changement et la rupture ont été les thèmes préférentiels, d?être d?une vigilance extrême ! L?imprédictibilité d?un néophyte au pouvoir, n?offre aucune garantie de quiétude d?esprit à la caste. Il lui faut à tout prix rabattre toute velléité de rupture et de changement !
Il y a un fait constaté qui, dans les résultats des ces dernières élections, défie toute logique. Comment expliquer ce phénomène totalement incompréhensible, que le candidat à la présidence de l?INITE ait échoué de manière exécrable au premier tour des présidentielles ? Mais, que son parti ait pu simultanément obtenir la majorité parlementaire ? Certes, c?est un fait connu, que dans toutes les cultures, où l?élection est la voie préférentielle pour le choix des gouvernants, que la participation aux présidentielles, est la plus élevée de toutes. Cependant, a-t-on jamais vu un électorat dans un pays à majorité analphabète, plus de 60% s?il vous plait, diversifier son vote au point où, il répudie le candidat à la présidence d?un parti impopulaire au pouvoir, et simultanément octroie à ce même parti la majorité au parlement ? Est-il possible de croire naïvement qu?un analphabète peut en vérité lire le bulletin pour diversifier son vote? La manipulation électorale donne invariablement des résultats invraisemblables qui mettent en exergue la présence irréfutable de la fraude.
L?absence d?harmonie institutionnelle que nous constatons aujourd?hui, et qui se trouve à la base de ce bras de fer entre l?Exécutif et le Législative, vient du fait que les résultats des élections n?ont pas été le reflet fidèle de l?expression de la volonté générale. Les parlementaires ne représentent pas en vérité la mosaïque d?intérêts nationaux ! Des analphabètes n?ont pas diversifié leurs votes pour élire un gouvernement divisé. On a falsifié les résultats des élections pour obtenir, à l?avantage de la caste, un gouvernement dysfonctionnel, pour parer à toute velléité de changement, peu importe qui aurait gagné aux présidentielles. La fraude électorale reste et demeure la clef de voûte de la stratégie de cette caste multi-classiste qui maintient Haïti sous sa férule depuis 54 ans !
Ne pensez-vous pas que toute négociation pour l?approbation du premier ministre désigné n?aboutira au consensus entre le Législatif et l?Exécutif que si ce dernier ne représente aucune menasse, aucun danger et est prêt à servir les intérêts fondamentaux de la caste ? On n?a pas besoin d?être grand clerc. Il suffit de constater les profiles de ceux qui ont été confirmés et de les comparer à ceux qui ont été rejetés, pour se rendre à l?évidence ! Le parlement est de fait, tel qu?il est organisé et qu?il fonctionne aujourd?hui sous la férule du GPR et particulièrement du groupe des 16, le dernier rempart de la continuité, un élément de blocage. Que faire ?
La liste de parlementaires émargeant du ministère de l?intérieur, publiée sur le journal Le Nouvelliste, confirme sans aucun doute les pratiques traditionnelles de cette caste pour domestiquer les parlementaires. Ça n?a pas été inventé à partir de la 48e législature pour satisfaire ses appétits. On a publié la liste du département de l?intérieur, certes. Quand est-il des autres ministères et des entreprises publiques ? Les journalistes haïtiens vont-ils laisser passer l?opportunité pour questionner les comptes des autres ministères et des entreprises publiques pour faire le jour sur ces pratiques népotiques et corruptrices ? La Presse va-t-elle rater l?opportunité de jouer son vrai rôle de 4e pouvoir ? Dans cette période intérimaire où le gouvernement de Martelly n?est pas encore établi. C?est précisément le moment où le dévoilement des pratiques népotiques et corruptrices est possible ! L?atmosphère d?incertitude combinée à l?absence de crainte de représailles qui existent maintenant au sein de l?administration publique, tendent à faciliter une enquête sérieuse ! La Presse va-t-elle continuer à servir de feuille de vigne à la caste, par son silence ? La question est de savoir, où se situe le problème, au niveau des propriétaires de média, au niveau des journalistes, ou les deux à la fois ? Est-ce l?incompétence ou le manque de courage ?