Originally: Thèmes de l’Emission de la Semaine

Thèmes de l?Emission de la semaine 
Orlando le 29 octobre, 2010
Actualités Politiques : Grandes Lignes
Les conséquences des inconséquences du gouvernement Préval/Bellerive au lendemain des tremblements de terre du 12 janvier, sont en train d?émerger soudainement, sous la forme d?une épidémie de choléra qui se propage à partir de la province, vers la capitale où les gens entassés sous des tentes et dans des abris de fortune, vivent dans des conditions sanitaires exécrables ! Le fait que l?épidémie ait atteint Port-au-Prince, n?est pas une mince affaire ! Elle a la capacité de provoquer une seconde catastrophe, vu la densité de l?agglomération démographique et la proximité dans les camps de réfugiés.
 
Les fortes répliques qui ont suivi à un intervalle très accélérés ont naturellement provoqué la panique. Préval n?ayant pas jugé qu?il soit nécessaire dans ces circonstances de faire des interventions pour rassurer la population. Paniqués des gens ont réagi en fuyant tout azimute vers la province. Avec la nuance, qu?ils ont pris au hasard la première occasion disponible laissant Port-au-Prince, sans se soucier de la destination. Ils sont allés n?importe où, dans des villes où ils n?ont aucun contact. Le corollaire est que soudainement les villes de province se sont trouvées dans une situation intenable, avec une augmentation démographique énorme, instantanée, dépassant leur capacité d?accueille et celle de leurs infrastructures. Les conditions sanitaires se sont détériorées rapidement.
 
Préval se formalisant du fait qu?on ne lui ait pas remis le contrôle de la distribution de l?aide humanitaire, a boudé ces opérations. Alors qu?il aurait pu aisément, compte tenu des circonstances, s?il avait à c?ur l?intérêt de la population en détresse, jouer le rôle de guide pour indiquer là où l?aide faisait besoin. Tandis que l?aide atteignait lentement les camps de réfugiés à la capitale. Ceux qui ont fui vers la province n?ont rien reçu, comme aide humanitaire et sanitaire.
 
On craignait, que les conditions de proximité créées par le cataclysme, allaient provoquer une épidémie à Port-au-Prince et ses environs. L?efficacité de l?intervention humanitaire à la capitale a empêché, malgré la précarité des conditions sanitaires, que Port-au-Prince devienne l?épicentre d?une épidémie. Après neuf mois, la province, qui avait subi soudainement l?effet de cette ruée de réfugiées, sans les apports de l?aide humanitaire et surtout sans ceux de l?aide sanitaire même minimale, est devenue l?épicentre d?incubation du bacille Vibrio Cholerae. Voilà ce qui arrive quand on est gouverné par des gens qui n?ont aucun sens de leurs responsabilités, ni de leurs devoirs. Des gens qui veulent à tout prix garder le pouvoir et l?exercer seulement pour le panache et les prérogatives qu?il offre.
 
Bien que jusqu’à présent, les conditions minimales ne sont par encore réunies pour organiser de vraies élections libres, honnêtes et crédibles, avec la possibilité d?alternance démocratique, on est malgré tout en train de foncer à toute allure, vers le processus du choix de nos prochains dirigeants !
 
Pris au dépourvu, il y a à peu près trois semaines, nous avons été surpris quand les autorités électorales ont littéralement vendu la mèche, en faisant publiquement le constat et l?aveu de l?impossibilité d?épurer le Registre électoral des noms d?électeurs décédés. Dans un pays où, l?on a tant soit peu de respect pour le processus électoral, un tel constat et un tel aveu, auraient dû automatiquement stopper et renvoyer les élections à une date ultérieure !
 
Sachant que cette anomalie administrative offre à Préval des opportunités innombrables, imperceptibles et incontestables, particulièrement dans son domaine préférentiel, la fraude et l?irrégularité électorale. On s?est tracassé les méninges pour comprendre comment et pourquoi, un CEP vassalisé par Préval a pu faire paradoxalement de telles déclarations manifestement contraires à première vue aux intérêts immédiats de Préval. Ayant un contrôle absolu sur ces autorités électorales, il est difficile de croire que Préval aurait autorisé le CEP à faire un tel constat, ni un tel aveu, s?il n?avait pas une raison majeur supplantant les avantages que lui offre cette anomalie administrative. Il faut des fois, en politique, avoir la patience d?attendre des réponses qui prennent du temps à percoler.
 
Malgré tous les efforts déployés, l?argent dépensé pour injecter un certain élan à la campagne électorale du dauphin, il n?arrive pas encore à créer l?engouement nécessaire et à émerger avec éclat à l?avant-scène politique. Mis à part l?inexpérience du dauphin dans ce domaine, force est de constater et surtout de comprendre, que pour commencer, cette caste multi-classiste qui domine l?avant-scène politique depuis 53 ans, a au moins six candidats dans la compétition électorale : Célestin, Céan, Alexis, Voltaire, Neptune et Christalin. Cet état de fait, n?est pas forcément une stratégie, comme certains se plaisent à le croire. Ne pouvant pas temporiser les ambitions politiques personnelles des candidats pour réduire le nombre et obtenir une coalition plus forte, la caste multi-classiste a dû consentir malgré elle, face au fait accompli, à la fragmentation de sa base ! Ceci met en exergue le fait que Préval, en tant que chef d?état, n?a jamais pu vraiment s?accaparer, après deux mandats présidentiels, du leadership réel de cette caste ! Réciproquement la caste elle-même, n?a pas aujourd?hui une figure de proue, un réel leader capable de forger cette synergie, dont elle a tant besoin pour maintenir sa cohésion dans ces circonstances ! Avec autant de candidats, appartenant au même secteur politique, se partageant la même clientèle, peut-elle avoir la garantie que l?un d?entre eux obtiendra le pourcentage nécessaire pour participer au second tour ?  Fragmenté, comme nous le constatons, ne court-elle pas le risque de perdre sa pertinence politique ? La fraude électorale est sa seule planche de salut ! Voilà où certains intérêts se convergent !
 
Quant au dauphin, il lui est difficile jusqu’à présent de prendre pied dans l?Ouest, pour plusieurs raisons :
 
-La mauvaise gestion de la situation post-séisme, lui est imputée.
-Le fait qu?en deux fois Préval ait exclu le parti lavalas des élections.
-L?électorat lavalassien de l?Ouest, se sent trahi, par le maintien d?Aristide en exil.
-Et enfin craignant de perdre leur popularité, des regroupements et des candidats très populaires dans l?Ouest, refusent de s?associer à l?Unité.
 
C?est élémentaire, qu?un candidat qui a une carence de popularité dans l?Ouest soit sérieusement handicapé. Dans ces conditions, il lui faut obligatoirement s?évertuer à élaborer minutieusement une stratégie pour compenser cet handicape. Dans le Département de l?Artibonite, qui est le second en termes de population, le dauphin a des problèmes majeurs, avec le sénateur Youri Latortue et l?ex-premier ministre Jacques Edouard Alexis. Dans le Département du Nord, le troisième en termes de population, les sondages montrent que Baker jouit d?une certaine popularité. Mais avec de profondes divisions qui sévissent dans le secteur où le dauphin aurait pu se procurer d?une base ; Il lui sera très difficile de faire recette dans le Département du Nord.
 
Prenant en considération le fait que ces trois départements représentant en total plus de 70% de la population, il est difficile pour un candidat qui n?arrive pas à développer une certaine pertinence dans ces trois départements de gagner aux élections présidentielles. Les Départements où le dauphin a de la popularité, sont seulement : le Sud et le Sud-est. Cela ne peut pas suffire pour garantir une victoire aux élections présidentielles. La question est de savoir, avec un fort pourcentage de popularité dans les autres Départements relativement faibles en termes de population, et un faible pourcentage dans les trois principaux Départements, est-il possible pour le dauphin, dans une vision très optimiste des choses, d?obtenir un pourcentage de voix au niveau national, qui lui permettra de participer au second tour ? Voilà le hic !
 
Les perspectives de participation à un second tour devenant de plus en plus aléatoires pour le dauphin, Préval a tenté de provoquer le renvoi des élections. Pour justifier cet ajournement, il a demandé aux autorités électorales de faire publiquement la déclaration du constat et l?aveu de l?impossibilité d?épurer le Registre électoral des noms d?électeurs décédés. La communauté internationale s?étant déjà engagée en versant sa quotte part pour financer les élections, ne voulant pas perdre son investissement, s?y est opposée. Elle a fermement exigé que les élections aient lieu le 28 novembre 2010 comme annoncé. Le fait de ne pas vouloir perdre son investissement d?une part, et d?autre part, le besoin pressant de se débarrasser de Préval, sont-ils les seules raisons qui portent l?Internationale à maintenir fermement le cap vers les élections ? Craint-elle les conséquences nocives d?une tentative de prolongation du mandat présidentiel de Préval ? L?internationale comprend-elle les raisons qui ont porté Préval à vouloir soudainement renvoyer les élections ? De plus, perçoit-elle clairement la situation de faiblesse où cette caste multi-classite divisée, est en train de perdre les pédales ?
 
Il nous faut admettre que réciproquement, Préval le dos au mur, n?a pas d?autre choix que de reprendre du poile de la bête. Préval doit forcément poursuivre sa stratégie personnelle de survie, pour obvier à ce qu?il craint le plus, la chasse aux sorcières, la prison et l?exile. Y parviendra-t-il ?
 
Avec la situation électorale précaire de son dauphin, s?il tient à son succès, la fraude électorale est sa seule planche de salut. Cependant, Préval le sait, n?ayant pas le vent en poupe comme en 2006, une victoire au premier tour pour son dauphin, est non-seulement un scénario absolument invraisemblable, mais prohibitif. Pourra-t-il dans le cadre du second tour, forger par miracle autour de son dauphin, cette synergie qu?il n?a jamais pu obtenir pour lui-même, après deux mandats présidentiels ? Compte tenu de la nature et de la configuration politique de cette caste multi-classiste qui domine la scène politique depuis 53 ans ; Et ayant aussi à l?esprit, l?aspect dichotomique des points d?ancrage politique du dauphin, l?aile dure duvalierienne et le camp mafieux lavalassien ; ces deux faits contribuent-ils, dans cette conjoncture, aux difficultés à l?obtenir ? Or, parmi ces six candidats de cette caste multi-classiste, la majorité jure que le chambardement sera inévitable, si le dauphin passe ! Au niveau international, Bill Clinton avait insisté sur les risques que comportent ces élections, lors de son entrevue à Meet the Press et de l?effet nocif d?un dérapage sur les projets de reconstruction et de relance de l?économie ! Est-il de l?intérêt de l?Internationale d?aboutir inéluctablement au chambardement avec le dauphin ? Quelles sont les priorités de l?Internationale ? Veut-elle se débarrasser de Préval, sans heurt et en douceur ? Quel résultat permettra de circonvenir ce chambardement qui est à craindre ? Hic est quaestio !

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Orlando le 22 octobre, 2010
Actualités Politiques : Grandes Lignes
La tentative d?évasion du 17 octobre dernier, non encore élucidée, crée une atmosphère de suspicion. Cette tactique politique ayant été utilisée en mainte occasion sous Aristide et reprise en plusieurs fois après son départ, pour les même raisons et dans les mêmes circonstances, laisse une impression de déjà vu. Avec la nuance, que l?évasion totale du Pénitencier National le 12 janvier, contredit le besoin politique immédiat d?une telle répétition, puisque la majorité des évadés sont encore en cavale. Néanmoins, faute d?une élucidation fiable, sachant avec qui on a affaire, les suspicions persisteront, jusqu’à preuve du contraire ! Ce qui tend à maintenir encore l?atmosphère de suspicion. Ce sont les perquisitions opérées minutieusement dans les quartiers avoisinants par la police pendant des heures, après la tentative d?évasion. S?il n?y avait pas d?évasion, qu?est-ce qui justifie cette longue perquisition de police ? Par ailleurs, neuf mois après la plus grande évasion de notre histoire, où environ 5 000 prisonniers s?étaient évadés du système carcéral en un jour, le 12 janvier, aucune responsabilité n?a été établie. Le rapport concernant cette évasion massive, se fait encore attendre.
 
Malgré tous les efforts déployés pour survolter la campagne électorale du dauphin, il paraît qu?il a du mal à inciter de l?engouement et à émerger avec éclat à l?avant-scène politique. Selon certaine information, Préval commence à avoir des doutes sérieux non-seulement sur les garanties de la matérialisation de sa stratégie, mais qu?il puisse réellement exploiter et gérer ces quatre points importants :
 
-introniser son dauphin
-demeurer son tuteur,
-contrôler la 49e législature,
-et adopter les amendements constitutionnels qui servent ses intérêts.
 
Préval n?a pas choisi son dauphin parce que ce dernier est un enfant de c?ur. L?affaire Marcelo en dit long. Ceux qui le connaissent ne le cachent pas. Il a une certaine propension pour la violence. Il faut aussi remarquer que des liens de parenté, font qu?il a un pied dans le milieu dur duvaliérien avec son oncle. Et aussi, un autre pied dans le camp mafieux lavalassien, entretenant des relations étroites et des affinités régionales, avec les frères Lambert et son cousin Fourel Célestin ! Si d?une part, Préval réalise clairement qu?il n?est pas l?exclusif point d?ancrage politique de son dauphin. Que le moment venu, tôt ou tard, poussé soit par ses accointances, soit par ses propres ambitions, le dauphin voudra s?affirmer comme chef d?état. Mais d?autre part, il réalise aussi que le dauphin soit, à court terme, le choix le moins dangereux qu?il puisse faire. Il y a-t-il, en ce moment, pour Préval, d?autres choix ou d?autres options disponibles ?
 
Préval se rend compte aussi, que dépourvu d?une base politique qui lui soit propre, en perdant l?exclusivité des rênes du pouvoir, ne jouissant plus de l?omnipotence présidentielle, le roi est vraiment nu ! D?autres acteurs politiques poussés par de fortes ambitions, pourront aisément usurper le contrôle de la 49e législature. Sa présence à l?avant-scène politique, ne tardera pas à devenir gênante pour ceux qui sont anxieux de s?affirmer. Par exemple, les frères Lambert sénateurs de la République, dont les ambitions sont à peine voilées. Ils ne tarderont pas à vouloir s?affirmer en se saisissant du control du parlement. L?influence acquise à la présidence du Sénat par l?un des frères et leur fortune, bien ou mal acquise, militeront en leur faveur.
 
Que ce soit son dauphin ou quelqu?un d?autre qui l?emporte aux prochaines élections. Dans ces circonstances, la fenêtre d?opportunité pour Préval, est réduite strictement de la première session ordinaire du parlement le 10 janvier 2011 au 6 février 2011. Soit 26 jours pour l?adoption des amendements. Certes, on a vu la 48e législature et le Sénat publier la liste des amendements en 30 minutes, le 14 septembre 2009. Aura-t-on cette fois-ci, avec un nouvel élu, le même enthousiasme et la même loyauté envers un président, à ses derniers jours au pouvoir, en train de battre de l?aile ? Si ces amendements constituent un handicap quelconque, ou ne servent pas certaines ambitions et certains intérêts politiques, des procédures dilatoires peuvent aisément faire traîner les débats au-delà du 7 février 2011. Et sans coup férir, le tour sera joué ! On aura, noyé le poisson ! En d?autres termes, Préval, peut-il, à ce carrefour, garantir avec certitude le succès de sa stratégie parlementaire ?
 
De fait, il n?y a pas que l?opposition et la communauté internationale, à vouloir se débarrasser de Préval. On retrouve ces mêmes sentiments au sein de son régime. Posez-vous bien la question. L?hégémonie méridionale qui manu militari avait forcé paradoxalement le retour au statu quo ante avec Préval. Que peut-elle, après un mandat de 5 ans, montrer comme accomplissement pour justifier cette décision totalement préjudiciable aux intérêts nationaux ? La Minustah qui est là depuis 6 ans, coûtant 700 millions de dollars US l?an, pour un total de 4.2 milliards de dollars, que peut-elle offrir comme accomplissement sur le plan institutionnelle, dans son rôle d?accompagnement du gouvernement de Préval ? Même quand on veut faire valoir la stabilité militaire comme accomplissement. L?impunité et la corruption ne demeurent-elles pas jusqu’à présent ceux qui sous-tendent l?insécurité ? De fait, ceci ne rend-il pas les récentes dénonciations de distribution d?armes, plus inquiétantes ?
 
Avez-vous l?impression que cette nouvelle version de la PNH qui a été épurée et refondée après le départ d?Aristide, soit une institution organisée avec la capacité minimale d?une police moderne du XXIe siècle ? Or depuis 1995, après la dissolution de l?Armée et le lynchage des chefs de section, a-t-on une police rurale pour protéger les vies et les biens des paysans ? Peut-on alors s?étonner que la production agricole et l?élevage soient réduits à leurs plus simples expressions ? N?il y a-t-il pas un exode simultané des paysans vers le milieu urbain et vers l?étranger ? Et pourtant paradoxalement, là où vit la majorité des Haïtiens, sans la présence d?une police rurale, on ne constate pas de carnage. Les paysans sont plutôt victimes d?abus de pouvoir et de terrorisme d?état, de la part des autorités locales qui usurpent le rôle d?officiers judiciaires ! Ceci n?a-t-il pas été dénoncé par Louis Joinet le spécialiste en droits humains des Nations-Unies, avant la chute d?Aristide.
 
Face à ce constat d?échec total dans tous les domaines, pourquoi l?hégémonie méridionale persiste-t-elle à vouloir ignorer le fait historique du déclin constant pendant 53 ans de régime populisme des deux extrêmes ? Ce déclin ne peut pas être imputé seulement qu?à un individu ! Il s?agit plutôt d?un problème systémique ! Il s?agit d?un besoin éminent de rompre avec ce système ! Il s?agit d?une nécessité de changement de culture politique ! Il s?agit d?un impératif de réflexion sérieuse sur la refondation de l?Etat ! Il est irréfutable que la continuité dans cette conjoncture est préjudiciable aux intérêts nationaux !