Originally: Thèmes de l?Emission de la semaine


Orlando le 29 janvier, 2010
                                                       


Actualités Politiques : Grandes Lignes
CNN la chaîne de télévision mondiale, après avoir annoncé avec quelques minutes de retard les premières secousses sismiques, elle a décrété la permanence. Cette décision a mobilisé le monde presqu?instantanément. L?aide humanitaire à Haïti est devenue la priorité mondiale. Ces reportages ont permis à temps réel, de constater et de comprendre à travers le monde, l?énormité de la dévastation, l?incommensurabilité de la souffrance humaine, les problèmes logistiques, l?évolution du sauvetage, le dévouement des secouristes et du corps médical, l?effondrement et l?absence total du gouvernement haïtien. Pendant des jours, il n?y a eu aucune intervention collective ou individuelle des gouvernants. Préval a donné quelques réponses évasives et incohérentes à l?aéroport, mettant l?emphase plutôt sur sa situation personnelle que celle de la nation : « Mon palais s?est effondré. » On n?a vu aucun des gouvernants assumer, tenter d?assumer, ou faire semblant d?assumer, la responsabilité de la gestion de la situation. Pas même le discours de lamentation, le choix préférentiel de nos politiciens traditionnels, n?a été prononcé. Ce fut le silence total pendant des jours. Les reporteurs étrangers n?ont pas cessé de réitérer la même question : « Où sont les dirigeants haïtiens ? »


 


Dans ces moments de chaos, de confusion, de tribulation et d?angoisse, où Haïti se cherche avec l?aide de la communauté internationale un exutoire, ne mérite-t-elle pas mieux que ça ? Vu le comportement de cette équipe dans la gestion des affaires de l?Etat haïtien, avant, pendant et après ce cataclysme, pensez-vous que dans cette conjoncture qu?elle puisse négocier et défendre efficacement les vrais intérêts d?Haïti ? Pensez-vous que, si Haïti reçoit une aide substantielle pour relancer le pays, que cette équipe puisse la gérer à bon escient ?


 


On sait trop bien que pour survivre politiquement, la stratégie de Préval a été de se constituer sournoisement le paillasson et le satrape de tous ceux qui, à un moment ou à un autre, ont séparément ou simultanément eu le haut du pavé en Haïti (Aristide, Minustah, Fernandez). Il n?a géré que le maintien de sa présence aux abords du pouvoir et pas plus. N?ayant pas d?épine dorsale, mais suffisamment de ruse pour se protéger, s?accommoder et survivre. Malgré les 20 ans qu?il a passé aux abords du pouvoir et au pouvoir, servant en subalterne les intérêts des plus forts, il n?a jamais eu assez d?intelligence et de compréhension des affaires d?Etat pour se forger empiriquement, avec le temps, une vision d?homme d?état. D?ailleurs, il n?a jamais été responsable de la conquête de son pouvoir. Et n?a jamais gouverné. Il s?en remet, toujours pour la gouvernance, à un tuteur quelconque, haïtien ou étranger. C?est ce point de vulnérabilité par rapport à ses tuteurs qui lui vaut leur protection.


 


Force est de comprendre qu?il y a une grande différence entre ruse et intelligence. Si en temps normal, la ruse peut suffire amplement pour se frayer un chemin, s?accaparer d?une position, s?y accrocher et survivre. Cependant, l?innovation, la créativité ce dont nous avons tellement besoin aujourd?hui pour la gestion du plan Marshal, est absolument impossible sans intelligence. Après ce cataclysme, si d?une part, le processus de destruction de l?Etat et d?effondrement total du gouvernement est arrivé à terme, mais d?autre part, le pays pour renaître de ses cendres, le besoin de reconfiguration systémique, de reconstruction physique et de relance économique, étant manifeste et vital, l?intelligence est devenue un impératif incontournable. L?intelligence, la créativité et l?innovation, sont les leviers indispensables à la renaissance et à la modernisation de la nouvelle Haïti. Si pendant plus d?un demi-siècle Haïti a été forcé, par les populistes, de vivre et de fonctionner au niveau du plus petit commun dénominateur, imposant le népotisme de la médiocrité en lieu et place du système méritoire. Face à la faillite de cette culture, le besoin de rompre avec elle devient un impératif. On ne pourra le faire qu?avec intelligence.


 


Il est plus qu?évident pour le peuple haïtien, conscient de la corruption, témoin et victime de l?inaptitude et de l?incapacité totale des gouvernants à la rassurer, à subvenir à ses besoins, à assumer le leadership dans la gestion de la distribution de l?aide internationale dans cette catastrophe et celles qui l?ont précédées, qu?il ne peut plus avoir confiance dans ce gouvernement pour gérer l?aide que la communauté internationale veut offrir au pays. Le peuple haïtien pour sauvegarder ses intérêts, assurer et garantir ses chances de survie et de succès, se voit dans l?obligation de demander à la communauté internationale d?exclure totalement le gouvernement Préval/Bellerive de la gestion de l?aide qu?elle entend offrir à Haïti.


 


Ce tandem Préval/Bellerive a appartenu au régime qui gère les affaires de l?Etat haïtien depuis le 7 février 1991. Préval a été le 1er premier ministre, le 2e et le 4e chef d?état du régime lavalas. Bellerive a occupé, sans interruption de 1991 à nos jours, différents postes dans les ministères de ce régime. S?il ne s?était pas accommodé à la réalité, aux us et coutumes du régime, il n?aurait pas pu survivre aussi longtemps pour établir cette confiance qui lui a permis d?être promu premier ministre aujourd?hui, après tant d?années passées, sans heurt, ni scandale, dans un milieux aussi piégé et corrompu. Il nous faut constater et admettre, qu?avec le temps et par osmose, qu?il se soit accommodé au point de devenir en substance, l?un des leurs. Ce sont là les effets imperceptibles de transformation et de métamorphose graduelle qu?opère l?accommodation sur le conscient et le subconscient. C?est ainsi que l?on devient inconsciemment ce qu?on a vécu !


 


Au lendemain du renversement du régime lavalas, en juillet 2004, n?a-t-on pas offert une aide que se chiffrait à 1.3 milliards de dollars US au gouvernement technocrates d?Alexendre/Latortue ? A cette occasion, quelle a été notre grande surprise et surtout notre grande déception ? L?aveu humiliant et incroyable des technocrates de leur incapacité totale d?absorption de l?aide ! En ce temps là, Jean Max Bellerive n?était-il pas un membre important de ce gouvernement intérimaire ? N?était-il pas solidaire de cet aveu collectif d?incapacité ?


 


Cela va de soi. Et c?est normal, premier ministre chef de gouvernement participant à une réunion internationale entre gouvernants de pays amis concernés par le cataclysme dont son pays est victime, que Jean Max Bellerive exprime le désir et la volonté de prendre en charge la gestion de l?aide qu?on offre à son pays. Cependant, s?il se soucie vraiment du patrimoine légué par son régime qu?il sert depuis 1991. S?il est vraiment conscient de l?humiliation, de la pauvreté, de la misère et de la souffrance que ce régime impose par incompétence sur un peuple unique dans l?histoire de l?humanité. S?il sait que ses collègues n?ignorent pas le comportement de son régime envers ce peuple. Il doit se rendre à l?évidence que ses collègues ne peuvent interpréter sa demande que comme une postulation futile, sans conviction.


 


D?ailleurs bien avant ce cataclysme qui a causé l?effondrement total de son gouvernement le 12 janvier, Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations-Unies, inquiété par la possibilité d?un éclatement social en Haïti, causé par les effets nocifs de la crise financière et économique mondiale, ne s?était-il pas choisi un émissaire, en la personne de Bill Clinton ex-président des Etats-Unis, pour venir gérer la relance de l?économie ? Au cours des différentes entrevues et déclarations faites par George W. Bush, Hillary et Bill Clinton à propos de l?aide à Haïti après ce cataclysme, n?ont-ils pas insisté sur la garantie d?une gestion minutieuse de l?aide ? Ont-ils, à aucun moment de la durée, fait allusion à aucune velléité de délégation d?autorité au gouvernement Préval/Bellerive dans ce projet ?


 


Organiser des élections démocratiques d?ici la fin de l?année est totalement impensable. Préval devant laisser le pouvoir le 7 février 2011 avant l?élection de son successeur va créer une nouvelle dynamique qu?il faudra gérer minutieusement. Compte tenu de l?effet dévastateur du cataclysme sur la nation, du vide laissé par le gouvernement qui s?est effondré le 12 janvier 2010, le contrôle de l?international sur la gouvernance du pays a augmenté énormément dans tous les domaines. La création d?un nouveau gouvernement intérimaire étant incontournable. Ayant fait l?expérience nocive du gouvernement intérimaire Alexandre/Latortue qui n?a pas su rompre avec le régime déchu, mais a opéré paradoxalement un retour au statu quo ante. Ayant apprécié l?énormité de l?influence qu?exerce ce type de gouvernement sur le choix et l?aiguillage du régime à qui il doit remettre le pouvoir. Sachant l?opinion que s?est fait la communauté internationale du régime en place. Sachant l?effort que déploient les Sud-américains pour reprendre le haut du pavé en Haïti. Conscient cette fois-ci cette double obligation :


 


-Rompre avec le populisme et l?archaïsme.


-Embrasser le modernisme et le progrès.


 


Il nous faut coûte que coûte devenir des interlocuteurs valables de l?international, supplanter l?influence du régime et de ses acolytes et l?empêcher de gérer sa perte du pouvoir à son profit.