Originally: Thèmes d’Emission de la Semaine

Au cours des ans, nos décideurs ont fait ou tenté de faire des choix qui ont été désastreux tant pour les intérêts de la nation que de l?Etat haïtien. Ils ont plutôt fait des choix anachroniques, à l?antipode et à l?encontre des tendances et courants contemporains, mais uniquement et spécifiquement pour exprimer leur haine et gérer la pérennité de leur pouvoir. Les deux régimes populistes qui ont dominé le pays pendant plus d?un demi-siècle, ont violemment imposé ces choix.


 


-Au lendemain de la 2e guerre mondiale et de l?ère de la décolonisation lancée par les Etats-Unis, a émergé le tiers-mondisme non-aligné. En réaction au choix de Fidel Castro de s?aligner sur l?Est, François Duvalier s?aligne sur l?Ouest. Mais en plus de l?armement et des services d?espionnage de l?Est, dans le cadre des rapports et des échanges, Cuba est devenu le plus grand fournisseur de sucre de l?Est, avec des missions militaires internationales. Duvalier, dans le cadre de ces mêmes rapports et de ces échanges avec l?Ouest, s?est limité seulement sur l?aspect sécuritaire suffisant pour établir un régime répressif et violent, le populisme fasciste, pour garantir la pérennité de son pouvoir personnel et rien d?autre. Au lieu d?ouvrir le pays au marché de l?Ouest sur lequel il s?est aligné, motivé uniquement que par la haine et suspicieux de tout, il a choisi de fermer et d?isoler le pays au nom d?un faux nationalisme. Ce choix a eu pour conséquence, la présidence à vie, un Himalaya de cadavres, la fuite des cerveaux, l?implantation du népotisme de la médiocrité, le déclin dans tous les domaines, le début de la déliquescence institutionnelle, l?isolement et la paupérisation systématique.


 


-Au moment du triomphe de la Démocratie et du capitalisme sur le bloc communiste soviétique, arrive au pouvoir, l?agneau si doux, le vrai pain des anges, le nouveau Messie des masses appauvries d?Haïti, le prêtre Jean Bertrand Aristide. Renversé par un coup d?état militaire, proclamé le premier chef d?état d?Haïti démocratiquement élu, il est retourné au pouvoir au nom de la Démocratie triomphante et de l?abolition du coup d?état militaire, dans les fourgons de l?armée américaine. Malgré le fait que son régime ait reçu, de 1994 à l?an 2000, 2 milliards 390 millions de dollars d?aide étrangère ; Il choisi délibérément de s?écarter du régime démocratique pour établir un régime répressif et violent, l?anarchopopulisme, avec un verni de Théologie de libération. Alors que les deux prêtres, pères de cette idéologie, Gutierrez et Boff avaient déjà confessé depuis 1984, 7 ans avant son avènement au pouvoir, que cette idéologie était plutôt une utopie. Que la Théologie de libération se limitait dans le domaine politique, comme une organisation de pression et non un parti politique à option de pouvoir. Les conséquences ont été aussi désastreuses que celles du régime populiste précédant, avec une amélioration particulière, la normalisation et la systématisation de la corruption. On a au moins excellé dans 2 domaines en remportant la palme. On est devenu à la fois le pays le plus pauvre de l?hémisphère et le plus corrompu du monde ! Excellent comme patrimoine !


 


-Conscient aujourd?hui de l?effet pénétrant de la crise financière et économique mondiale, provoquant cette multitude de changements transformateurs, profonds et substantiels qui s?opèrent simultanément dans tous les domaines à travers le monde, d?où émergera, nous l?espérons, un monde socialement plus juste, plus respectueux de l?éminente dignité de la personne humaine et moins enclin à l?autodestruction. Préval comme ses prédécesseurs, poursuivant uniquement la satisfaction des besoins d?omnipotence et de pérennité du pouvoir personnel, dans cette conjoncture de changements et de transformations mondiaux, fait un choix rétrograde, le maintien du statu quo. 


 


Dans cette atmosphère de changement et de transformation planétaires qui affectent tous les pays indistinctement, le moment n?est-il pas propice pour nous de saisir maintenant l?opportunité, pour transformer cette fin de règne en une fin de régime ? En d?autre terme, saisir l?opportunité pour rompre définitivement avec ce passé rétrograde du populisme des deux extrêmes. N?est-ce pas ce dont nous avions toujours rêvé et espéré depuis le 7 février 1986 ? Ayant pris la décision de saisir cette opportunité de faire un choix totalement différent de tous ceux que nous avions fait depuis un demi-siècle. En la matérialisant, ce qui vient automatiquement à l?esprit, comment s?assurer que les résultats de ces deux prochaines élections soient en vérité le reflet fidèle de l?expression de cette volonté politique d?émancipation ; quand Préval, reprenant du poil de la bête, vient de démontrer manifestement dans les faits, qu?il a contrôlé et manipulé ces dernières élections, et qu?il soit ouvertement disponible et disposé à en faire autant pour les deux prochaines élections ? L?Internationale est-elle consciente du fait que, ne réagissant pas à ces fraudes manifestes, par défaut elle acquiesce et consent ? Pire, ne réalise-t-elle pas que Préval interprétant cette abstention, la perçoit comme un acquiescement permissif ? Voilà le danger !


 


On n?est pas en train de faire des insinuations malveillantes et calomnieuses. On n?est pas non-plus dans le domaine d?appréhensions vagues et de suspicions anecdotiques. On est en train d?exprimer en vérité une inquiétude et une frustration authentique, réelles, fondées sur des faits révoltants, vérifiables et vérifiés. Le mépris de Préval pour l?expression de la volonté générale, n?est plus à démontrer ! Ce mépris est permanent, viscéral et absolu ! Toutes les élections gérées par Préval première et seconde version, ont été, sans aucune exception, contestées ! De plus, celles d?avril 1997 qui ont été exceptionnellement scandaleuses, ont été annulées par les instances mondiale et régionale, respectivement l?ONU et l?OEA et par le gouvernement de Bill Clinton. Récemment, le vice-président du CEP n?a-t-il pas dénoncé publiquement les fraudes et irrégularités des élections sénatoriales partielles de juin de cette année ? Ce qui est le plus frustrant et le plus inquiétant. Malgré les dénonciations publiques et les constats flagrants de fraudes et d?irrégularités manifestes, irréfutables, les résultats de toutes ces élections contestées ont été indistinctement promulgués et imposés à la nation et inéluctablement entérinés par l?internationale. Doit-on soupçonner, que peut être la suggestion du grand Charles de Gaule au jeune John Fitzgerald Kennedy à propos des Haïtiens, git encore latentes quelque part dans le subconscient de l?internationale. Et que c?est à partir de ça qu?elle justifie son abstention.


 


La Minustah avec une présence militaire et pas des moindres, 9 mille paires de bottes et toute une cohorte de cadres bureaucratiques, politiques et administratifs, quand elle entérine, les résultats de ces élections frauduleuse et irrégulières, sans être en aucune façon contrainte, ni obligée, comment peut-on interpréter cet entérinement autrement que comme un acte de complicité, apparent ou réel ? D?ailleurs en politique, la perception ne tient-elle pas lieu de réalité ? La Minustah doit-elle maintenir la stabilité militaire à tout prix, sans aucun scrupule ? N?est-il pas logique d?assumer que le maintien de cette stabilité présuppose forcément, un certain niveau d?équité, de moralité et particulièrement dans le cadre électoral, de respect pour l?expression de la volonté générale ? A moins que la Minustah veuille collaborer ou contribuer à la gestion par la force de la cohésion sociale en Haïti, le respect de l?expression de la volonté générale, n?est-il pas le moyen le plus efficace d?aboutir au consensus et de contribuer à la stabilité dans une société qui aspire, mais à qui on empêche manifestement de franchir le seuil de l?ère démocratique depuis 23 ans ? La Minustah est là pour faire quoi ? Est-ce pour aider et encourager un gouvernement despotique à hypothéquer l?avenir de ce pays, en maintenant son peuple dans les ténèbres de l?ignorance, la pauvreté la plus abjecte et la corruption la plus crapuleuse, par la manipulation manifeste des élections pour imposer le statu quo ?


 


Certes, les autorités des Nations-Unies n?ont pas pu, dans les conditions de formation de cette armée multinationale, se payer le lux de trier sur les volets les soldats qui composent cette armée, particulièrement quand la priorité du moment a été plutôt de donner au Brésil, qui convoitait un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations-Unies, le leadership de la Minustah. On n?a pas besoin d?être grand clerc pour comprendre que des contingents et des cadres venant de sociétés très peu démocratiques, n?ayant pas développé naturellement avec le temps le réflexe démocratique faute de pratique, ne peuvent ni introduire, ni inculquer au gouvernants haïtiens le respect de ces valeurs. N?est-ce pas de fait une des grandes failles de la Minustah dans sa mission d?accompagnement en Haïti ? Il revient alors, aux dirigeants civils et militaires plus éduqués et capables d?appréhender les bénéfices, les nuances et la complexité des notions et de la pratique démocratique, de résorber cette faille, en dictant aux contingents leur comportement d?une part, et d?autre part, en contraignant les dirigeants d?un Etat qu?ils occupent militairement, à faire ce saut qualitatif nécessaire pour épouser ces valeurs démocratiques. Si non, cette stabilité qui est l?élément fondamental de la mission de la Minustah en Haïti, n?est qu?apparente, superficielle, incertaine, vaine et fragile !


 


Certes, il est difficile et même impossible, aussi tard et en si peu de temps, de vouloir inculquer à Préval, à cette phase de la réalité, ces notions et ces valeurs, et encore moins exiger de lui le respect qu?il leur doit, quand la gestion de sa perte du pouvoir est axée principalement et uniquement sur leurs violations. Peut-on sacrifier l?avenir de ce pays et se plier à la volonté d?un seul homme, Préval ? N?est-il pas un impératif pour la nation de sortir de l?impasse de la gestion frauduleuse des élections par Préval ? Sommes-nous dans une situation manichéenne, où il ne pourra y avoir d?élections, que si elles sont gérées frauduleusement et confisquées par Préval ? Face à ce dilemme, que faire, si on ne veut pas compromettre l?avenir du pays ? Le respect de l?autorité de la Minustah, ne dépend-il pas proportionnellement de sa volonté d?assumer entièrement toutes ses responsabilités implicites et explicites ? L?enjeu étant de taille, l?avenir du pays, l?inaction peut-elle être une option morale pour la Minustah ? Ne rien faire dans ce cas, n?est-il pas aussi désastreux que de faire du mal ? Quand on demande à la Minustah d?assumer ses responsabilités en tant qu?autorité ; pour se disculper, elle réitère toujours la même rengaine, « Nous n?avons qu?une mission d?accompagnement. » On est bien obliger à ce carrefour où l?enjeu est de taille, le destin de la nation, de demander à la Minustah, accompagner Préval vers quoi ? N?avions-nous pas vu Edmond Mulet dans le cadre de cet accompagnement, forcer René Garcia Préval et Jacques Edouard Alexis, non-seulement à accepter, mais à participer au délogement des bandits qui fréquentaient régulièrement le palais national, recevant des sommes substantielles de la présidence et de la primature et avec qui Préval et Alexis voulaient manifestement dialoguer et négocier ? Vu l?importance de ces deux prochaines élections, pour l?avenir du pays, il est totalement inconcevable et inacceptable qu?on laisse, à Préval et à ce CEP, avec le dossier électoral de ces récidivistes, le contrôle des prochaines élections. Vu l?énormité du scandale qu?a offert ce dernier CEP trié sur les volets par Préval, le choix des conseillers du prochain CEP ne peut pas lui être confié ! « Full me once shame on you. Full me twice shame on me. » Préval nous a d?ailleurs trompé plus d?une fois !