Originally: Thèmes d’Emission de la Semaine

Thèmes de l?Emission de la semaine 
Orlando le 10 juillet, 2009
                                                       


Actualités Politiques : Grandes Lignes
L?émissaire spécial des Nations-Unies, l?ex-président Bill Clinton vient de terminer sa visite d?exploration et d?évaluation. Après avoir visité des projets de développement à travers le pays, fait des rencontres avec le secteur privé, des organisations de femmes et des ONG, constatant l?enthousiasme de l?accueille, Bill Clinton s?est dit optimiste. Il a déclaré : « Je vais rencontrer des donateurs, c?est important, et je vais essayer d?accélérer l?aide et de m?assurer qu?elle est dirigée vers les projets prioritaires pour Haïti. » On peut certainement interpréter cette déclaration et conclure sans crainte d?erreur, que la sollicitation et la gestion de l?aide étrangère, seront prises en main pour assurer que l?aide soit investie uniquement et entièrement dans des projets prioritaires pour Haïti. Sachant à qui on a affaire, avec la nuance que Bill Clinton lui aussi a eu au préalable des relations très étroites avec cette faune lavalassienne, quelle sera sa stratégie pour assurer aux donateurs que l?aide étrangère sera gérée à bon escient ? Quand on constate jusqu?à présent le fait que les donateurs, même face aux graves problèmes humanitaires causés par les catastrophes naturels, soient restés très ferme sur leur refus et les pays amis d?Haïti se sont limités uniquement à des interventions strictement caritatives, ceci a été et est précisément causé par l?absence de cette confiance et de cette garantie, sur quoi Bill Clinton vient de mettre l?emphase dans sa dernière déclaration. Compte tenu de ce qu?on a eu historiquement comme expérience de gestion de fonds d?aide étrangère et tout récemment celle des 197 millions de dollars US de Petrocaribe, avec cette faune lavalassienne, ne peut-on pas judicieusement conclure à l?avance que la gestion de l?aide étrangère qui doit venir à partir des efforts et par le truchement de Bill Clinton, ne sera ni sous le contrôle de Prévale, ni de son entourage ?


 


Bien que le 18 mai au moment de l?annonce, que Bill Clinton serait l?émissaire spécial des Nations-Unies, Prévale en présence d?amis a réagi instantanément pour dire : « Ce n?est pas ce que j?ai signé. On a refait les cartes ! » Aujourd?hui, on a l?impression, se trouvant en face du fait accompli, qu?il soit contraint bon gré malgré à coopérer avec un certain enthousiasme pour ne pas manquer le train, tomber dans l?isolement et perdre totalement sa pertinence politique, même quand il est évident pour lui que l?omnipotence de son pouvoir personnel sera substantiellement réduite dans le domaine de la gestion de cette aide étrangère que Bill Clinton s?engage à solliciter.


 


Il est aussi important de noter qu?aucun autre pouvoir, particulièrement le pouvoir législatif, n?a été invité à joindre Bill Clinton dans sa tournée d?évaluation. Préval tient-il à patronner et à tirer seul le maximum de profit possible des interventions de Bill Clinton ? Conscient des problèmes, des insuffisances, des failles et de la réputation de ce gouvernement, on n?a pas besoin d?être grand clerc pour comprendre le rôle que doit jouer Bill Clinton dans ce bourbier. Et pourtant les présidents des deux chambres du parlement, ont avoué ne pas comprendre le rôle que Bill Clinton vient jouer en Haïti. D?une part Kelly Bastien qui se plaint de n?avoir reçu aucune correspondance relative à la visite de l?ex-chef d?Etat américain, s?interroge  sur la vraie mission de Bill Clinton en se posant la question suivante : « Si Bill Clinton n?est pas en train de se substitué à l?Etat haïtien ? » Levaillant Louis Jeune président de la chambre basse, très peu optimiste, est allé un peu plus loin. Il ignore les termes de référence du poste de l?ancien chef d?Etat américain. Il ne voit pas la possibilité pour que la mission de Bill Clinton ait des retombées positives pour le pays. Face à leurs réactions négatives, on est bien obligé de se poser la question, s?ils sont en train d?exprimer leurs frustrations, parce qu?ils ont été écartés par Préval, pourquoi s?en prennent-ils à Bill Clinton et pas à Préval ? On est bien obligé de leur poser aussi la question : « Pou qui sa ou quitté bourrique la, pou all batte sac paille la ? »


 


Il y a-t-il une raison qui a porté Préval à agir aussi rudement envers ces parlementaires au point de les exclure ?  Les points litigieux, tel que le salaire minimum ne peut pas suffire pour justifier un tel comportement. Mais tenant compte de l?importance pour Préval de ces élections sénatoriales partielles qui viennent d?avoir lieu et du conflit qui s?annonce à l?horizon pour la validation des pouvoirs de ces criminels notoires protégés de Préval qu?il veut à tout prix imposer au Sénat, peut-on interpréter cette attitude de Préval envers ces parlementaires comme une mise en garde, comme une attaque contre leur pertinence politique ? Soyons sérieux, Préval sait mieux que tout le monde que la présence de Bill Clinton et de ses interventions, ne peuvent en aucun cas contribuer à une augmentation de l?omnipotence de son pouvoir personnel, au contraire ! Il n?y a pas lieu de croire non plus que pour Préval il y aurait une crainte quelconque de partage ou d?une érosion de son pouvoir, en invitant la participation même symbolique des parlementaires. Le cas échéant, le seul apport réel que peuvent offrir Préval et les parlementaires est une question d?attitude et pas plus. C?est Bill Clinton qui sollicite et qui offre les garanties de la bonne gestion de l?aide, point final !


 


Puisqu?il est clair, qui va solliciter et qui va gérer l?aide avec des garanties de probité. La question est de savoir, qui va élaborer et qui va proposer des projets à financer ? Dans ce domaine l?incapacité de nos technocrates de concevoir des projets pour absorber l?aide étrangère, est déjà établie depuis le gouvernement intérimaire Alexandre/Latourtue. Je ne crois pas que depuis il y ait des progrès accomplis dans ce domaine qui puissent changer la donne.


 


Avant de nous tracasser les méninges pour savoir comment, il serait préférable de comprendre pourquoi l?intervention des Nations-Unies se fait par le truchement de Bill Clinton. Mis à part la volonté des Etats-Unis de reprend le dossier d?Haïti des mains des Sud-américains, ce qui est fondamental à cette intervention, c?est une inquiétude régionale sérieuse, qui face à la pauvreté exécrable, à la misère abjecte du peuple haïtien et surtout à l?incapacité de ses gouvernants de subvenir adéquatement à ses besoins, on craint qu?à cause de l?effet nocif de la crise économique et financière mondiale, on ait un éclatement social en Haïti. La priorité est donc d?abord et avant tout d?intérêt régional. Pour protéger l?intérêt régional il faut intervenir en Haïti la source ou l?épicentre de la menace. La région ne veut pas être victime des conséquences de nos inconséquences. Ne pensez-vous pas que ce soit un sérieux souci et une constante inquiétude régionale, particulièrement pour les pays qui traditionnellement sont affectés par le flux des réfugiés haïtiens ? On a déjà capturé en haute mer, en moins de 6 mois en 2009, beaucoup plus que la moyenne des réfugiés capturés au cours des années précédentes ! Ne sont-ce pas là des symptômes précurseurs de l?éclatement social que l?on craint dans la région ? Pourquoi en mars Ban Ki-moon est-il venu présenter en présence de Bill Clinton et de Préval, le rapport du Dr. Paul Collier d?Oxford University, qui en guise d?introduction, constate et admet l?incapacité du Gouvernement Préval/Pierre-Louis de concevoir, d?organiser et de gérer des projets de sortie de crise, particulièrement dans le cadre de la crise économique qui perdure et qui s?est aggravée avec celle post-cyclonique ? Pourquoi ce rapport a-t-il fait cette mise en garde, insistant sur le fait qu?il ne faut surtout pas présenter à ce gouvernement des projets d?une certaine complexité ? D?une part, si l?intérêt dominant est d?abord l?inquiétude régionale, ce constat d?incapacité gouvernementale ne devrait-il pas logiquement résulter dans la désignation d?une autorité internationale ayant l?expérience et la capacité pour combler cette carence du gouvernement ? D?autre part étant à la fois le pays le plus pauvre de l?hémisphère et le plus corrompu du monde, mais ayant un besoin pressant d?aide étrangère, que les bayeurs de fonds refusent catégoriquement de financer, n?est-il pas logique que cette autorité internationale désignée, ait avant tout l?expérience, la présence internationale, le prestige, les contacts et la crédibilité requise pour convaincre les bayeurs de fonds à s?engager et à investir à nouveau en Haïti avec une certaine quiétude d?esprit que le gouvernement Préval/Pierre-Louis est dans l?impossibilité de garantir ? Il y a-t-il dans ce pays et encore moins dans ce gouvernement quelqu?un de ce profil ? Nous pouvons en toute quiétude logiquement déduire que Bill Clinton émissaire des Nations-Unies intervient en Haïti plutôt dans un cadre plus élargi d?intérêt régional. L?important pour la région et aussi pour Bill Clinton dont la réputation et le prestige sont en jeu, est que l?intervention en Haïti soit efficace et qu?elle réussisse. Voilà pourquoi on a cette intervention avec Bill Clinton ! Il faut aussi remarquer que peut être par coïncidence la dette extérieur d?Haïti est en voie d?être totalement annulée ! Mais ne serait-il pas plus important avant de nous en réjouir, de savoir les conditions de l?effacement de la dette externe et de ses conséquences ?