Originally: Themes d’Emission de la Semaine
L?ambassadeur canadien a constaté que le parti lafanmi lavalas ne participera pas aux élections sénatoriales partielles du 19 avril 2009. « Le dossier est-il vraiment clos ? » Entre-temps les différentes factions du parti réagissent, chacune à sa manière. Certaines empruntent la voie judiciaire. D?autres se réfèrent aux instances internationales de droits humains. Et enfin le reste ayant toujours le réflexe typiquement lavalassien auquel Préval s?attend et veut exploiter, dit : « Pap gen élection sans lavalas ! » (sic)
Compte tenu du fait que Préval soit forcé par l?internationale de faire les élections du 19 avril 2009, l?exclusion du parti lafanmi lavalas est-elle préméditée ou est-ce l?effet du hasard ? Préval est-il à sa première exploitation de la violence bestiale lavalassienne, ou à sa première tentative de récupération de cette base ? L?Opération Bagdad n?a-t-elle pas, au préalable, créé l?atmosphère, le prétexte, l?ambiance et les conditions pour le retour du tandem Préval/Alexis au pouvoir ? La pression des rues, le coup de théâtre à l?hôtel Montana, n?ont-ils pas forcé Boniface Alexandre et le CEP à entériner l?exploitation des votes blancs, imposée par les généraux sud-américains le 16 février 2006 pour catapulter Préval au pouvoir ? Alexis n?a-t-il pas utilisé les législateurs du béton, en faisant revenir de la Dominicanie René Civil pour se faire ratifier comme premier ministre par le parlement ? N?a-t-il pas publiquement prôné avec insistance le dialogue et la négociation avec les bandits ? N?a-t-on pas vu constamment dans les couloirs du palais national, les chefs d?organisations populaires les plus notoires et des plus violents ? N?a-t-on pas vu Préval, pour se garantir des moments de répit, verser à plusieurs reprises au palais national, des sommes d?argent importantes à des chefs d?OP armées, pendant la période des zones de non-droit ?
N?est-on pas en train d?assister perplexe, à l?avant-scène politique, au mélodrame du déclin précipité et inattendu de la pertinence politique du parti lafanmi lavalas ? Le pouvoir actuel n?a-t-il pas exploité adroitement la division du parti, pour précipiter sa fragmentation pour aboutir à son émiettement, avec l?intention de le récupérer en miette ou de le détruire ? Cette man?uvre d?exclusion n?a-t-elle pas de fait piégé tous ceux qui ont voulu usurper le leadership des différentes factions du parti lafanmi lavalas qui est aujourd?hui en lambeau ? Et par ce biais Préval n?a-t-il pas aussi sapé le contrôle d?Aristide lui-même sur son propre parti ? Aristide, n?a-t-il pas été acculé à l?impotence, face à la volonté de son parti de vouloir participer aux élections sénatoriales ? La mise en échec et mat d?Aristide ne vient-elle pas du fait qu?il lui soit absolument impossible de donner un mandat à qui que ce soit, sans courir le risque de provoquer un schisme au sein de son propre parti ? Aristide ne devient-il pas, à contre c?ur bien sûr, le complice de Préval, en empêchant de fait à ses partisans de participer aux élections faute de mandat, qu?il est incapable de délivrer ? Le fait de n?avoir pas donné de mandat à ceux qui on voulu usurper le rôle de leader du parti lafanmi lavalas, sans le consulter au préalable, ne constitue-t-il pas un désaveu de la part du chef suprême du parti, Aristide ?
Ce qui est important de se rappeler et surtout de comprendre et de retenir, est que traditionnellement la violence lavalassienne, quand elle s?exerce avec force, brutalité et efficacité, elle est conditionnée essentiellement et fondamentalement par la garantie d?une impunité totale et absolue venant du pouvoir. Pour que l?interruption des élections du 19 avril 2009 soit exécutée dans l?impunité, l?ordre ne devra-t-il pas venir subrepticement de Préval, à travers une coordination territoriale ? Beaucoup de leaders régionaux de la base lavalassienne ont été déjà récupérés par Préval, soient comme candidats sous d?autres bannières de partis politiques, soient par le biais des espèces sonnantes et trébuchantes, soient par une libération clandestine de prison. Il est à remarquer aussi que Préval ne détenant pas l?exclusivité du monopole de la force violente légitime, il lui est difficile de garantir cette impunité. Que l?internationale a de fait parallèlement à la PNH qui est une force de man?uvre, une force d?attrition les 9 milles paires de bottes de la Minustah. Est-ce que Préval, même avec un bouc émissaire prédisposé à provoquer la bagarre, lafanmi lavalas, aussi marron et rusé qu?il puisse être, peut-il prendre le risque d?intimer un tel ordre, sans entrer dans un affrontement direct avec l?internationale ? Dans ce cas, où l?internationale, ayant des intérêts à défendre, prévenir l?éclatement social en Haïti et faire des élections sénatoriales, consentira-t-elle à ce que la Minustah continue à jouer son rôle de garde prétorienne et laisser faire ?
Avec les élections sénatoriales partielles, et le fait que Prévale soit extrêmement hanté par la perspective de la fin de son mandat, il est en train de poursuivre simultanément 2 options :
- D?une part, il compte sur les probabilités d?échec des élections du 19 avril, qui empêcheront la déclaration d?amendement par la 48e législature, faute de quorum au Sénat. Ceci lui permettra de forcer le remplacement de la Constitution de 1987, pour se garantir la présidence à vie.
- D?autre part, le cas où les élections ont lieu, se procurer d?une majorité de 2/3 au Sénat. Ayant le droit de veto sur le parlement, il peut forcer l?amendement accordant une amnistie totale et absolue au chef d?état sortant. Prévale par ce biais se réserve la possibilité de rester dans le pays pour influencer le pouvoir post-Préval.
N?ayant pas le monopole de la force violente légitime, et contemplant dans un futur pas trop lointain, la fin de son mandat, Préval est tiraillé entre la volonté de gérer le maintien du pouvoir à vie, dans une position de faiblesse et la nécessité de gérer la perte du pouvoir pour sauf-garder ex post facto son influence politique. Face à ce dilemme, Préval ne peut pas être concerné par le bien-être de la nation, ni par l?ensemble des problèmes que confronte le pays. Ses priorités sont ailleurs. Elles sont strictement et exclusivement égocentriques. Il est prêt à tout pour sauf-garder son pouvoir personnel ou par défaut son influence sur le pouvoir post-Préval.
Ayant reçu, il y a 6 mois, de Petrocaribe un prêt de 197 millions de dollars US, qui a été dépensé jusqu?au dernier centime, il y a-t-il quelque part une preuve que ces millions de dollars on été investis à bon escient dans l?intérêt du pays ? Il y a-t-il une preuve d?une intervention manifeste quelconque, pour améliorer le sort des plus démunis ? La convocation du premier ministre par la chambre basse, pour s?informer de la gestion de ces 197 millions de dollars, ne s?est-elle pas terminée dans un coup de théâtre digne des meilleurs larrons en foire ? Le premier ministre Pierre-Louis pourrait-il vraiment expliquer, chiffres à l?appui, la gestion de ces 197 millions de dollars sans impliquer directement la micro-gestion de ces fonds par Préval qui a ouvertement présidé à leur allocation et à leur distribution au palais national ? Préval n?est-il pas en train d?utiliser à fond les commissions reçues sur l?achat des équipements lourds, dans la campagne des candidats au Sénat qu?il supporte ?
Il n?y a pas que nous à comprendre la réalité haïtienne. Face au laxisme du gouvernement, le Brésil et l?Espagne ne se sont-ils pas engagés dans une distribution de riz et de semence directement à la population haïtienne ? Face à l?incapacité, l?inadéquation et l?insignifiance du gouvernement, pour éviter un éclatement social en Haïti, le maillon faible régional, les Nations-Unies n?ont-elles pas été forcées d?engager Préval dans la signature d?un accord de « souveraineté partagée » ?
La question est de savoir, l?internationale, ayant investi 12 millions de dollars US pour la tenue de ces élections et ayant aussi 9 milles paires de bottes de la Minustah sur le terrain, va-t-elle permettre à Préval de bazarder ou de confisquer à son gré les élections sénatoriales partielles ? Suffira-t-il de faire des élections, vaille que vaille, « JPP » ? Ne faudra-t-il pas garantir la qualité des élections ? N?est-il pas obligatoire de s?assurer que, les résultats de ces élections soient en vérité l?expression de la volonté générale ?
Dans ce bras de fer entre ces 3 positions, où se joue les destinés de la nation :
- Remplacer la Constitution
- Amender la Constitution
- Appliquer à la lettre la Constitution de 1987
Qui l?emportera ? Voilà le hic !