Originally: Thèmes d’Emission de la Semaine
le 30 janvier, 2009
Ayant du revers de la main jeté au rancart l?ensemble des problèmes qui hantent les masses, l?insécurité alimentaire, la misère, la pauvreté, la maladie, le déclin de l?économie, le taux de chômage, la réduction substantielle des transfères, le taux d?inflation, la cherté de la vie, la crise post-cyclonique, etc., Prévale se concentre uniquement sur l?organisation des élections prévues pour le 19 avril 2009, passant sous silence le coût, 16 millions de dollars US. La communauté internationale paye 12 millions et le trésor le reste. Pourquoi la communauté internationale accepte-t-elle à financer, dans la même année, deux élections qui auraient pu être aisément incorporées ? Alors que, même dans des cas de crises les plus sévères, affectant les plus vulnérables, la communauté internationale est extrêmement dure à la détente, surtout quand il s?agit de débours versé directement au gouvernement de Préval. Il faut aussi remarquer, que la communauté internationale, depuis novembre 2007, a constamment pressuré Préval, pour l?organisation ces élections sénatoriales partielles.
Toujours est-il que c?est cette fuite en avant, les élections prévues pour le 19 avril 2009, que Préval a choisi pour préluder sa gestion du maintien du pouvoir à vie. Plusieurs partis à l?annonce de ces joutes se sont cabrés pour s?y opposer. Mais l?intensité de cette opposition, pour une raison ou pour une autre, a graduellement disparu. La communauté internationale a-t-elle fait du pied aux partis ? On a un exemple frappant, le parti Fusion qui au départ s?y est opposé formellement, protestant contre la volonté politique de Préval de remplacer son sénateur du Nord-est, Rudolph Boulos, faire un revirement à 180 degrés pour proposer ses candidats aux prochaines élections. Surpris par ce revirement inattendu, on a voulu comprendre les tenants et aboutissant de cette décision. L?explication a été la suivante : « Pour pouvoir contester des élections, il faut y participer ! »
L?engouement avec lequel soudainement certains partis se sont précipités pour inscrire leurs candidats, 105 candidats pour 12 postes sénatoriaux, nous incite à demander, est-ce que le parti Fusion, soit seul à avoir fait cette réflexion ? Il nous faut admettre, que ce n?est un secret pour personne que ce CEP soit sous le contrôle absolu de Préval. Qu?il est donc difficile d?interpréter cet engouement comme une manifestation soudaine de confiance que les partis politiques éprouvent à l?endroit, de Prévale et du CEP. Les intentions de Préval de confisquer ces élections pour garder le pouvoir, sont connues. N?a-t-il pas donné la preuve irréfutable, que dans ce domaine, en l?an 2000, il n?était pas à son coup d?essai ? En 2009 le contexte a changé. Il y a la présence des autorités étrangères. Pour Prévale aujourd?hui, le problème se pose en terme de latitude. Pourra-t-il avec la présence des autorités étrangères, man?uvrer et gérer, à son gré, le maintien du pouvoir à vie ? Sachant l?opinion de la communauté internationale, concernant la compétence et l?efficacité de Préval comme chef d?état, est-elle prête à accepter la réussite d?une telle man?uvre ? Peut importe l?indifférence de la communauté internationale envers les souffrances du peuple haïtien, ayant fait l?expérience pendant près de 20 ans, de quatre gouvernements lavalassiens, acceptera-t-elle, en dépit de tout, à ce que le régime lavalas garde le pouvoir à vie ?
Si la participation aux élections pour certains partis, n?est motivée que par le besoin de s?engager légitimement dans la contestation électorale, cela va de soi, qu?ils s?attendent déjà à ce que ces élections soient frauduleuses et qu?elles soient confisquées. Certains pensent que Prévale, paradoxalement, compte exploiter l?échec électoral à son profit. Ayant déjà en sa possession des esquisses d?une nouvelle constitution, pourra-t-il, exploitant l?échec électoral comme prétexte, justifier le remplacement de la Constitution de 1987 ? Voilà le hic. Tenant compte du fait de l?attachement que l?Haïtien a pour sa Constitution de 1987, les acquis démocratiques qu?elle comporte, les garde-fous contre la confiscation du pouvoir à vie, qui font d?elle le rempart par excellence contre les régimes despotiques, je dois l?avouer, que je ne peux, ni voir, ni concevoir le mécanisme par lequel Préval pourra opérer cette substitution, en nous forçant à avaler cette couleuvre. Peut être que deyè mone gain mone ! Il faudra me convaincre d?évidence ! Et même là !
Dans cette conjoncture, qu?est-ce que la communauté internationale espère tirer de ces joutes ? C?est la possibilité qu?en respectant la procédure d?amendement constitutionnel (Titre XIII), de pouvoir en 2 ans, d?ici, le 7 février 2011, adopter des amendements constitutionnels et installer un nouveau chef d?état. La communauté internationale supporte principalement, l?amendement des mandats des postes électifs pour garantir des élections dans un cycle de quatre ans. La réduction du nombre des Assemblées territoriales qu?elle juge encombrantes et budgétivores. Cette fenêtre d?opportunité étant unique, à cause de la coïncidence de la fin du mandat de la 48e législature en novembre de cette année et qu?un an plus tard en novembre 2010, ce sera la fin de la présidence de Préval. Pour pouvoir prendre avantage de cette coïncidence, la condition sine qua none, est que les élections se fassent à temps. Il ne faut pas que l?intervalle, entre les élections prévues pour le 19 avril et celles du 29 novembre 2009, soit réduit au point de rendre impossible la tenue des élections du 29 novembre 2009, avant la fin de l?année. Malheureusement, c?est précisément ce sur quoi Préval compte, pour obtenir le remplacement, en lieu et place de l?amendement de la Constitution de 1987. Il ne veut surtout pas qu?il y ait une 49e législature installée à la première session en janvier 2010 pour adopter les amendements votés par la 48e législature en 2009. Le temps étant un facteur crucial pour que les deux élections aient lieu en 2009, la communauté internationale ne se verra-t-elle pas obliger d?imposer une date, une fois de plus, comme elle l?avait fait pour les élections du 7 février 2006 ?
Alors que la communauté internationale est prête à y mettre le coût pour la tenue des deux élections de cette année, Que préfère Préval ? Le processus d?amendement restant intact, Préval ne pourra pas bénéficier des amendements qui seront adoptés par la 49e législature. Cependant le remplacement lui offre ce que ces acolytes sud-américains, Hugo Chavez, Evo Morales et Daniel Ortega convoitent, la présidence à vie. Préval pourra-t-il mettre en veilleuse la Constitution de 1987, et faire un référendum pour l?adoption d?une nouvelle constitution ? C?est précisément le tour de force que les acolytes de Préval veulent imposer à leur peuple !
Ce bras de fer entre les différents secteurs de lavalas sera peut être ce qui provoquera le dérapage que souhaite Préval. Pourquoi le CEP s?est-il empressé de se prononcer en faveur du groupe Yvon Neptune – Sô Anne, contre le groupe Rudy Hériveaux – Maryse Narcisse ? Il y a de cela quelques mois, dans une réunion à Montagne noire, chez Neptune, ce dernier avait fait cette remarque : « Aristide ne peut pas prétendre vouloir diriger ce qui se fait en Haïti à partir de l?Afrique du Sud. » L?un des participants s?est formalisé. Il a traité Yvon Neptune d?ingrat, en laissant la réunion en trombe. C?est un fait connu dans le milieu lavalassien. Ceci dit, on ne peut pas croire que la décision du CEP de se prononcer dans ces circonstances, en faveur du groupe Neptune – Sô Anne, soit innocente ! De plus le fait que Préval ait ?uvré pour reconduire Kelly Bastien à la présidence du Sénat en lieu et place de Rudy Hériveaux, alors qu?il y avait au préalable un accord entre les 3 sénateurs Bastien, Hériveaux et Latortue pour que Hériveaux succède à Bastien et Latortue à Hériveaux.
La réaction d?Hériveaux, face à cette décision du CEP, est claire. Il accuse Préval d?être le pire ennemi de lavalas. Aristide aurait pu, sans coup férir, mettre fin à la confusion et calmer l?atmosphère, en déclarant clairement qui représente son parti. S?il ne dit mot, c?est évident qu?il a intérêt dans cette confusion. Pécheur en eau trouble invétéré, ayant une propension pour la bagarre et la violence, il n?a aucun intérêt, à dissiper la confusion, à calmer la situation, ni ménager Préval. Force est de constater et surtout de comprendre dans cette conjoncture, que les deux uniques chefs d?état lavalassiens, pas pour les mêmes raisons, n?ont aucun intérêt dans la réussite des élections du 19 avril 2009. D?ailleurs il suffit de voir la qualité des candidats que les deux, lavalas et lespwa ont charrié à l?avant-scène pour les représenter, des repris de justice, des narcotrafiquants, des assassins, des déchoukeurs, etc., pour comprendre que même s?ils ne se sont pas donnés le mot pour provoquer la bagarre. C?est tout comme !
La question est de savoir, si la communauté internationale qui finance toutes ces élections, s?est fait prendre bêtement dans un piège, sans le savoir ? Ou, est-ce que dans ce tour de force, pourra-t-elle s?imposer pour sauf-garder, sa pertinence ?