Originally: Time to Reverse an Unwise Decision
“Je ne vais pas baisser les bras, la bataille ne fait que commencer.?
–Le Sénateur Rudolph Boulos visitant ses électeurs dans le département du nord-est, le 13 août 2008.
En ce moment de calamité, Haïti ne peut guère se permettre de se passer de l’un de ses derniers serviteurs publics de compétence et de probité.
Une simple dose de gestion compétente aurait pu sauver des milliers de vie, par exemple en s’assurant que la US Southern Command dispose des terrains nécessaires pour son entrepôt de sorte que les réserves abondantes soient ainsi pré-positionnées sur le sol haïtien, plutôt que de dépendre des hélicoptères d’un navire de guerre amarré au large.
Pourtant, le 18 Mars dernier le Président Préval a incité le Sénat haïtien à expulser peut-être l’un de ses membres les plus compétents, le sénateur Rudolph Boulos, vice-président du Sénat, pour la simple raison qu’il était compétent, qu’il était pragmatique et qu’il était indépendant.
Avant que Preval ne lance sa vendetta, Boulos ne l’avait jamais offensé et ne l’avait même pas critiqué publiquement.
Mais il était clair que connaissant le caractère de Boulos si Préval intentait une importante stratégie de “power-grabbing” comme bazarder la constitution et truquer les élections, le sénateur Boulos ferait obstacle.
Au cours de la débandade qui s’ensuivit pour trahir leur collègue, les sénateurs ont négligé le fait que conformément à la constitution, il leur a été explicitement nié le droit d’expulser un de leurs propres membres, à moins que ce membre n’ait été reconnu coupable d’un crime par une cour de justice.
Boulos n’a été reconnu coupable d’aucun crime. En conséquence, le 13 Juin, le tribunal civil de Fort-Liberté a décidé son expulsion illégale et a ordonné sa réintégration.
Dans les jours à venir, le Sénat appliquera la décision de Fort-Liberté. Ce sera un premier test de la capacité d’Haïti à respecter l’état de droit. En effet, si le sénat librement élu lui-même se moque de la loi, il n’y a nul autre endroit dans le gouvernement haïtien où la loi sera respectée.
L’affaire Boulos va bien au-delà de l’individu. En tant que sénateur élu pour six ans et organisateur de conférences visant à aboutir à un conseil électoral permanent et à une session plénière du Sénat, Boulos est apparu comme le défenseur des normes démocratiques du plus haut rang dans le gouvernement haïtien.
Il y avait certains autres ministres du gouvernement et des législateurs partageant cette tendance mais ils étaient trop sous la “coupe” de Preval ou ont simplement manqué de la ténacité et de l’esprit pratique de Boulos. Ils étaient peu nombreux dans l’opposition a égaler le succès électoral de Boulos : il a été élu trois fois à une écrasante majorité, touchant la corde sensible des pauvres gens du Nord-Est par sa constante attention à leurs besoins et l’emportant sur la fraude et la calomnie.
À ce jour, il jouit d’une forte popularité parmi les pauvres et pas seulement du Nord-Est.
Il a montré le courage de ses convictions en revenant brièvement sur le sol haïtien le 13 août. “Rudolph Boulos comme un cavalier sans peur et sans reproche revient au pays,» a titré Info Haïti.
“Balayant la menace d’arrestation et même les attentats contre sa vie, menacé de tous côtés ( d’une manière indépendante ) Rudolph Boulos est retourné mardi dernier comme promis.?
Comme le nouveau Premier ministre Michele Pierre-Louis assume sa fonction mélodieusement promettant l”inclusion” la véritable question est si le gouvernement peut tolérer une opposition à tout au delà de l’incapable et du symbolique.
Des calomnies et des pillages de bureaux ont déjà été infligées à deux autres sénateurs soutenant Boulos.
L’affaire Boulos est ensuite l’un des principaux test pour savoir si Haïti est dirigée par une dictature, avec toutes les incohérences et les souffrances populairesce que cela implique. Boulos a été plus qu’expulsé, il a été menacé et exilé. S’il n’avait pas pris la fuite immédiatement, il aurait été arrêté et soumis à des mauvais traitements, peut-être tué. Un mandat d’arrêt a été établi, quoique non signé, parce qu’ils ne pouvaient pas trouver de motifs.
Un sénateur Lavalas proche du palais a dit que Boulos serait tué s’il était arrêté. Un informateur proche d’anciens membres de gangs que Préval garde au palais présidentiel a dit que la méthode aurait été des injections pour provoquer un coma diabétique.
Parmi l’intelligentsia démocratique haïtienne, la réaction à ce scandale a été une complaisante indifférence. Alors même qu’un des leurs était arraché de chez eux, ils semblaient considérer cela comme une sorte de curiosité ne les concernant pas.
Les dirigeants du propre parti politique de Boulos, “Fusion des sociaux-démocrates,” ont à peine levé le petit doigt lorsque l’un de leur principal élu a été expulsé du pays. “Fusion” en effet! Et à ce jour, “maman” est le mot des intellectuels et écrivains démocratiques d’Haïti.
Pourtant si l’on soutient que rien de plus ne pourrait être attendu de cette classe politique ratée d’Haïti alors certainement les Nations Unies et les nations democratiques importantes sur la scène internationale comprendraient le danger pour la stabilité politique d’expulser un chef de file, dûment élu “opposant”.
Se basant sur leur expérience dans leur propre pays, ils pourraient également s’interroger sur la réaction de toute une province d’électeurs ayant vu leur sénateur favori éloigné sans ménagement. Bien au contraire, le soutien à Préval de la communauté politique occidentale est tel que face au Président élu, rien n’a été fait.
Boulos a même été empêché de faire part de ses inquiétudes à de hauts responsables américains. En tant que Président élu, Préval a été désigné comme le facteur de stabilité. L’administration Bush et les Nations Unies lui ont remis le contrôle politique. Telle est la déférence à Préval que quoiqu’il fasse, l’expulsion d’un sénateur ou sa passivité face aux urgences nationales répétées ou ses intrigues pour fixer des élections et disposer de la Constitution, ne peuvent les détourner de leur choix actuel.
Cette approche sera celle de l’administration Bush jusqu’à la fin de son mandat mais restera un casse tête pour la prochaine administration. Historiquement, les présidents d’Haïti ne sont pas des facteurs de stabilité : c’est tout le contraire. Ce n’est pas pour rien que la Constitution de 1987 cherchait à limiter sévèrement leur pouvoir.
Dans sa quête du contôle exclusif du pouvoir, le président haïtien typique est tout à fait disposé à démolir les fondations et nombreux sont ceux qui ont exactement fait cela. Loin de stabiliser Haïti, une politique aveugle de déférence à leurs égards apporte le résultat contraire.
Ce serait plutôt une mise en place judicieuse du soutien international basée sur un équilibre prudent entre tous les groupes d’intérêts importants et les institutions qui construiront lentement l’écheveau de stabilité en Haïti.
Le réseau qui les maintient ensemble est la procédure démocratique, un gouvernement constitutionnel etl’acceptation croissante des règles du jeu.
C’est cette culture de la responsabilité qui peut éventuellement l’emporter sur la corruption. Le soutien devrait être retiré aux acteurs qui violent ouvertement les règles sinon la structure ne sera jamais construite.
Au delà des électeurs du Nord-Est privés de leur droit électoral, un dernier groupe a été victime d’une expulsion par tromperie : la diaspora haïtienne.
Après une expédition de pêche pour trouver d’autres prétextes, les persécuteurs de Boulos se sont entendus sur sa prétendue « double nationalité » l’accusant de présenter un passeport américain dans différents aéroports ( probablement afin d’entrer par la file la plus courte ). Pourtant, Boulos est né de parents haïtiens, il n’a jamais renoncé à sa citoyenneté haïtienne, et de ce fait demeure Haïtien en vertu de l’article 11 de la Constitution. La seule façon de prouver le contraire serait dans une cour de justice; L’arrêt de Fort-Liberté a ainsi statué : “Les questions relatives à la nationalité ou aux attributions d’un citoyen sont du ressort exclusif des tribunaux civils.”
Plus précisément, l’interdiction constitutionnelle de la double citoyenneté entrerait en jeu si Boulos avait regagné l’ambassade américaine et ait posé une réclamation contre le gouvernement haïtien comme un citoyen américain. Il n’a jamais fait une telle chose. Il n’a pas de telle chose.
En tant que citoyen haïtien et sans plus de protection contre la conduite du gouvernement que n’importe quel autre citoyen haïtien, il a fui le pays pour sa propre sécurité.
Pendant plusieurs années, la Diaspora haïtienne a lancé un appel aux autorités haïtiennes pour obtenir des droits politiques proportionnés à l’énorme contribution monétaire qu’elle apporte. Cette année, cette contribution a atteint $2 milliards avant même que les demandes de secours suite à l’ouragan aient été faites. La diaspora haïtienne est aussi le dépositaire de quatre des cinq Haïtiens possédant des diplômes universitaires.
A côté, en République dominicaine, observant la richesse et les talents de leur diaspora, les fonctionnaires dominicains leur ont largement ouvert les portes lors des scrutins récoltant une énorme récompense de la diaspora : Voyage, tourisme, investissement et retraite. Démarrant du même niveau, le PNB de la République Dominicaine est maintenant cinq fois plus élevé que celui d’Haïti.
Les fonctionnaires haïtiens ont répondu aux appels de leur Diaspora par des promesses en l’air, mais maintenant Preval a donné la vraie réponse : pour le péché présumé de détenir un passeport américain, un sénateur haïtien dûment élu peut être expulsé et chassé du pays.
Cela indique plusieurs choses à la diaspora : ils sont malvenues, à l’exception de leur argent; leur compétence et leur capacité de direction, qui pourraient sauver Haïti, ne sont pas désirées par le gouvernement; il n’y a pas de sécurité pour leurs investissements, leur propriété ou même leur personne.
Le traitement de cette affaire sera également un test pour le nouveau gouvernement de Michele Pierre-Louis, qui est depuis longtemps à la tête de l’Open Society Institute, une ONG d’Haïti.
À ce titre, elle a été l’avant-garde de l’une des plus importantes fondations américaines contre l’arbitraire, l’abus et la répression gouvernemental. Dans la commission qui a été mobilisée contre Boulos ce n’était pas seulement des sénateurs, mais aussi de hauts fonctionnaires envoyés par le précédent premier ministre qui y ont participé. Michele Pierre-Louis était disposée à accepter l’appui de la fondation américaine pendant plusieurs années. Elle doit maintenant publiquement et avec insistance révoquer la participation de son gouvernement dans cette affaire sordide.
La calamité qui a entraîné des inondations dans sept des dix départements est communément décrite comme une catastrophe naturelle. Un simple regard autour des Caraïbes confirmera cependant, qu’ailleurs les dommages ont été contenus par une gestion rationnelle, la même qualité de gestion qu’Haïti a récemment démontré lors de des élections libres et juste de 2006 et que sa Diaspora affiche régulièrement dans des professions aux États-Unis et dans d’autres pays développés. Boulos est l’un des rares haut membre du gouvernement à apporter ce niveau de capacité directoriale. Il l’a déjà utilisée pour élaborer un programme de lutte contre la faim et rattraper des élections afin de rétablir la légalité. Tant Préval que le Sénat devraient immédiatement faire bon accueil au retour de Boulos et dans la crise humanitaire actuelle, le mettre au travail pour diriger le salut des milliers de vies menacées.