Originally: Themes de l’Emission de la Semaine
Thèmes de l?Emission de la semaine
Orlando le 29 août, 2008
Actualités Politiques : Grandes Lignes
Les dernières tergiversations de Préval dans la procédure de ratification des premiers ministres désignés, son comportement insouciant envers les priorités conjoncturelles, son obsession pour l?omnipotence du pouvoir personnel, son manque de scrupule quand aux tactiques qu?il emploie pour aboutir à la confiscation de l?appareil étatique, sans souci des dommages qu?il inflige aux institutions démocratiques, inquiètent énormément la communauté international en général et plus particulièrement les Etats-Unis et le Brésil. Une délégation de quatre sénateurs brésiliens envoyés par Lula, sera à la capitale au cours de la première semaine de septembre, pour officiellement s?informer de la situation. Il ne faut pas se faire d?illusion. Ils sont parfaitement informés dans les moindre détails de ce qui se passe sur l?échiquier politique et éprouvent de profondes inquiétudes.
Le gouvernement de Préval n?a rien fait pour diminuer l?intensité des problèmes qui ont provoqué les émeutes de la faim. La rentrée des classes, le cauchemar des mères de famille, est pour la semaine prochaine. Il n?y a jusqu’à présent, aucune décision, aucune mesure adéquate prise pour faire face de manière efficace à cette nouvelle crise qui viendra s?ajouter très prochainement à celle de la faim et de la cherté de la vie.
La communauté internationale réagissant aux émeutes de la faim, s?est engagée strictement dans une intervention caritative limitée dans le temps et dans l?action. Elle a laissé au gouvernement haïtien la responsabilité du choix des solutions permanentes et de leur matérialisation. Force est de constater et surtout de comprendre que face à cette crise la priorité des priorités pour Préval n?a été exclusivement que des machinations machiavéliques pour l?augmentation de l?omnipotence de son pouvoir personnel. Cette attitude irresponsable de Préval inquiète énormément la communauté internationale.
Son obsession pour le remplacement ou l?amendement de la Constitution de 1987 a refait surface, cette fois-ci avec plus de force et de conviction. Des 22 constitutions qui ont été adoptées au cours des deux siècles d?existence d?Haïti, 21 d?entre elles ont été conçues et rédigées par un homme et au service des intérêts d?un homme, exceptée celle de 1987. Et c?est ce qui explique, que Préval considère cette Constitution comme un carcan qui lui empêche de confisquer à volonté l?appareil étatique pour exercer un pouvoir despotique d?une part et de l?autre de pouvoir se succéder. Le model pour Préval, ce n?est plus Jean Bertrand Aristide. Au contraire, l?élève a déjà la certitude d?avoir dépassé son maître dans plusieurs domaines, et en particulier celui du maintien du pouvoir. La notion lavalassienne du pouvoir à vie avec alternance présidentielle, ne fait plus partie de sa vision du pouvoir. Son nouveau model, c?est plutôt François Duvalier, revu et corrigé, bien sûr, la présidence à vie. Ce n?est pas par hasard que dans les milieux proches de Préval, la nouvelle perspective du pouvoir prévalier, s?étale sur une durée de plus de 25 ans, depuis la radiation du premier sénateur du Nord-est, le vote de censure contre le premier ministre sortant, et la caducité d?un tiers du Sénat. Tous ceux que Préval avait perçu comme obstacle à l?expansion et à la pérennisation de son pouvoir, ont été écartés ou handicapés.
Certains sont persuadés que la réticence de Préval à ne pas vouloir répartir les ministères comme exigés par les chefs de partis politiques, vient du fait qu?il ne veut pas de ce nouveau premier ministre. Certes, Préval ne veut pas d?un premier ministre. Mais ce n?est pas la présence d?un nouveau premier ministre, peu importe qui, qui constitue un obstacle majeur à l?omnipotence présidentielle de Préval. D?ailleurs Alexis peut nous en dire long. Peu importe ce que disent les supporteurs de Michèle Pierre-Louis, forte personnalité, femme de tête, femme de terrain, elle se trouve déjà dans la même situation d?impotence que son prédécesseur.
Pourquoi a-t-on tenté de précipiter l?installation du premier ministre, mardi dernier, en circonvenant la ratification de sa politique générale par le parlement, une violation constitutionnelle flagrante (article 158) ? Pourquoi l?arrêté présidentiel nommant les membres du gouvernement ? Certes les parlementaires sont montés au créneau. Neuf sénateurs exigent l?annulation de l?arrêté présidentiel nommant les membres du nouveau gouvernement avant l?approbation de la politique générale du premier ministre désigné, par le parlement. « Quel sera le sens du vote des parlementaires si les ministres sont déjà en poste », voilà l?argument des 9 parlementaires.
Il est absolument logique que les ministres d?Alexis lui soient totalement solidaires dans l?échec de son gouvernement. Pourquoi pensez-vous que Préval ait reconduit 8 de ces ministres, précisément les titulaires des ministères qui ont cette pénétration tentaculaire de toutes les strates sociales de la nation haïtienne ? N?ayant pas pu se procurer d?une base politique, c?est par le biais de ces ministères que Préval compte confisquer les prochaines élections et faire main basse sur l?appareil étatique. Dans l?éventualité de la ratification du nouveau premier ministre par les deux chambres, la loyauté de ces 8 ministres qui sont titulaires des ministères les plus importants du gouvernement, sera-t-elle pour le nouveau premier ministre ou pour Prévale qui les a reconduits ? Dans l?exécution du plan machiavélique de confiscation des prochaines élections, Michèle Pierre-Louis pourra-t-elle s?y opposer, ou devra-t-elle se compromettre en emboîtant le pas ?
Il nous faut aussi prendre en considération le fait que ce gouvernement n?inspire pas confiance aux bailleurs de fonds. Que l?aide étrangère à Haïti passe presque exclusivement par les ONG. Non seulement qu?Haïti ait décroché la classification du pays le plus corrompu du monde sous le régime lavalas. Mais, le président actuel a été le 1er premier ministre et 2e président de du régime lavlas. Le 19 juillet 2004, les bailleurs de fonds à la Banque mondiale avaient offert 1 milliard 350 millions de dollars US d?aide à Haïti. Les technocrates du gouvernement Alexandre/Latortue n?ont pas pu créer des projets capables d?absorber cette offre. Le 26 juillet 2006, 750 millions de dollars US ont été offerts au gouvernement Préval/Alexis. Le gouvernement Préval/Alexis comme son prédécesseur n?a rien reçu pour les mêmes raisons. Jacques Edouard Alexis se proposait de solliciter des fonds d?aide internationale évalués à 4 milliards de dollars US, à travers le Document de Stratégie Nationale pour la Croissance et pour la Réduction de la pauvreté (DSNCRP). On a le droit de se bercer d?illusion, de rêver et de viser haut. Mais, dans ce cas en particulier, un gouvernant responsable doit se rendre à l?évidence que, si on n?a pas pu recevoir moins, on ne pourra pas recevoir plus.
Pensez-vous que ce nouveau premier ministre, comme par enchantement, puisse effacer du revers de la main, le palmarès de pays le corrompu du monde, quand les données utilisées par Transparency International pour cette classification, proviennent précisément de la Banque mondiale ? La question qui immédiatement vient à l?esprit : S?il en est ainsi, de ce « catch twenty two » quand est-ce qu?on en sortira ? On en sortira, que quand on finira par comprendre et accepter que l?élément de blocage pour l?aide internationale, c?est le régime lui-même. La solution ne peut pas être simplement une question de nomenclature. Cette permutation de lavalas à LESPWA, cette duperie n?a convaincu personne, encore moins la Banque Mondiale et ses bailleurs de fonds !