Originally: Thèmes de l?Emission de la semaine

Nous avons avec nous, sur les ondes de Radio Classique inter, le sénateur du Nord-est Rudolph Henri Boulos, , dans ses réflexions sur la conjoncture.
 
Rudolph Boulos, nous vous souhaitons la bienvenue une fois de plus sur les ondes de Radio Classique Inter.
 
RB : Issus de partis de masse, ainsi que tous les membres du cabinet ministériel, pourquoi Préval et Alexis ne se sont pas souciés du bien-être des plus vulnérables, ni des intérêts des plus démunis ?
 
SRB : Leur conception du pouvoir, est celle d?un pouvoir omnipotent. Que la possession et l?exercice de ce pouvoir soient une fin en soi et non un moyen. Un autre aspect de leur conception du pouvoir, c?est la capacité de pouvoir imposer une conformité absolue à leur volonté politique. Tous ceux qui ne se conforment pas à cette volonté politique sont écartés, exilés ou tués. Ce n?est pas pour la défense des intérêts du peuple qu?ils conquièrent le pouvoir. Pour tout ce qui, dans un sens ou dans un autre, aurait l?intention d?entreprendre activement la défense des intérêts du peuple, c?est l?exile ou la mort.
Le pouvoir épicurien, en jouir et en prendre plaisir, dans quelque soit le domaine, voilà ce qui reflète leur vrai état d?âme par rapport au pouvoir. Ils n?ont aucune notion du pouvoir service. D?ailleurs la perception de Préval du pouvoir est reflétée par ce métaphore puéril, mais cynique : « Nager pou sôti. » Ce n?est pas à lui de vous aider à en sortir. Président il n?assume aucune responsabilité envers qui ou quoi que ce soit. 
Tout ce qu?ils veulent, c?est la pérennité du pouvoir. Un pouvoir dont les petits copains, les grands mangeurs ont seuls la prérogative d?en jouir. Un pouvoir exercé exclusivement que par la république de Port-au-Prince. En d?autres termes, c?est une affaire de clan. 
 
RB : Courant le risque d?une catastrophe humaine, Préval quémande l?aide étrangère.
Il y a-t-il des mesures qu?il aurait pu prendre pour accompagner cette aide ?
 
SRB : Mendiants professionnels, ils n?ont aucune vision de la gestion des affaires de l?Etat. Ils ne veulent pas travailler avec le parlement. Qu?ils reçoivent sept milles tonnes de nourriture ou quinze milles tonnes d?engrais, ils vont les distribuer à ceux qui sont assis avec eux autour de leur table. Le peuple comme d?habitude ne recevra rien.
L?aide étrangère de par sa nature, malheureusement pour eux, n?a qu?un effet limité et temporaire. C?est un palliatif, pas une cure. Il faut rapidement investir dans le moyen et long terme. C?est ce que nous leur avons dit en janvier 2008. Nous leur avions demandé d?enlever temporairement la taxe sur le riz. Il ne s?agissait pas d?une subvention. Nous leur avons demandé de surseoir temporairement à la collection d?une taxe qui pénalise les plus vulnérables et les plus démunis. D?investir dans la chaîne d?alimentation des petites marchandes qui sont la courroie de transmission entre le producteur agricole, le paysan, et le marché. Ce dernier ayant besoin d?eau, de semences et d?engrais. Voilà des moyens de création d?emplois, qui affectent les familles des paysans, ainsi que celles des petites marchandes et qui stimulent la dynamique de la production nationale et du commerce intérieur. Dans la mesure où cette dynamique peut être soutenue pendant un temps plus ou moins long, elle aura pour effet, l?équilibre économique, la stabilité sociale et politique. Comme le décrit bien cette expression : « Graisse cochon an Kab cuite cochon an. »
Il faut donner aux jeunes de bourses d?étude dans les moyens modernes, tel que l?informatique, la comptabilité. Ouvrir leurs esprits à l?entreprenariat, pour qu?ils devenir propriétaire de leurs propres commerces. Donner leur accès au microcrédit. Pour que cette jeunesse, après avoir décroché un diplôme de fin d?étude, n?ait pas pour seule perspective de jouer au domino assis sur la galerie de la maison de leurs parents. Cette jeunesse doit se préparer à devenir fonctionnels, s?intégrer dans et augmenter le circuit de production nationale.         
 
RB : Prévale et Alexis s?enorgueillissent de l?équilibre macroéconomique.
Il y a-t-il des interventions que le gouvernement aurait dû faire pour accompagner et valoriser cet équilibre ?
 
SRB : Certainement oui ! Quand en janvier 2008 j?avais demandé de mettre en ?uvre mes recommandations, je suis allé visiter monsieur Hanabi de la Minustah, l?ambassadeur français, l?ambassadrice américaine, l?ambassadeur canadien, le représentant du FMI, pour leur demander si le maintien de l?équilibre macroéconomique doit se faire en dépit de la faim et de l?état de misère du peuple ? Ils m?ont tous répondu : « Non ! » Que c?est la responsabilité et le devoir du gouvernement haïtien de satisfaire les besoins du peuple qu?il gouverne. Qu?ils souhaiteraient que le gouvernement fasse ce que je leur ai proposé. Je suis allé plus loin. J?ai visité la conseillère économique du président Préval à la fin de janvier, pour lui demander ce que l?on pourrait faire ensemble pour soulager cette faim. Et je lui ai proposé ces trois formules.
Deux semaines après, la réponse, vous le savez tous. Le président est allé au Plateau Central pour dire au peuple qu?il ne peut pas faire de miracle. Et pire, si ce peuple avait besoin de quelqu?un qui pouvait faire des miracles, qu?on n?aurait pas dû l?élire.
C?est sûr qu?avec le surplus accumulé dans le trésor public, le gouvernement avait une opportunité en or pour investir dans l?humain, petit pont, écoles, petits dispensaires, employer des agents polyvalents dans la santé, l?agriculture, protection d?environnement. Avoir des jeunes qui deviennent des fers de lance du développement. En d?autres termes, un model haïtien adapté aux besoins haïtiens et aux conditions haïtiennes. Construire cette haïtianité qui nous fait défaut aujourd?hui. Cette identité unique à nous, avec un model ajusté à nos besoins.
Malheureusement, Préval et Alexis ont préféré se battre entre eux dans la perspective du contrôle de la passation du pouvoir en 2011. Au lieu de changer l?image du pays avec les ressources du pays, l?aide étrangère et l?aide technologique de la Diaspora. Ils ont en main 10 millions de dollars US donnés par la BID pour réintégrer la Diaspora. Ils n?ont absolument rien fait.      
 
RB : Qu?est-ce qui empêche aux investisseurs nationaux et étrangers de risquer leurs capitaux en Haïti ? 
 
SRB : Le capital national ou étranger a besoin de la présence d?un gouvernement responsable. Il faut qu?il y ait un Etat de droit garanti par la loi et par le gouvernement. Quand il constate ce qui s?est passé au cours des émeutes de la faim, la destruction ciblée des entreprises pendant 2 ou trois jours sans aucune intervention significative des forces de l?ordre, est absolument prohibitif. Ceci ne peut pas être la protection dont le capital a besoin pour être investi. L?investisseur étranger qui constate ce carnage n?a même pas besoin de se questionner sur les risques d?investissement dans un cadre anarchique pareil. Ceux qui y sont, y restent jusqu’à ce qu?ils dépassent leurs seuils de tolérance. L?Etat de droit, la sécurité, le droit de propriété sont indispensables. Le plus grand problème de la Diaspora est l?insécurité liée au titre de propriété, la jouissance du droit de propriété sans entrave. La Diaspora ne veut pas être la victime du chantage contant des gangs. La Diaspora a aussi peur de la corruption qui est omniprésente au sein de l?administration publique, de la justice, et de la police. Les gangs ont leurs racines dans tous les couloirs du pouvoir. Il y a aussi l?absence d?infrastructure. On peut avec arrogance et désinvolture révoquer un contrat à volonté, sans aucune raison valable.
Ce qu?ils ne comprennent pas, c?est que les investisseurs nous observent à la loupe. Que ce soit l?investisseur de la Diaspora ou des étrangers, ils veulent constater, le succès de ceux qui les précèdent, avant de prendre les risques eux-mêmes. La zone franche de Ouanaminthe devra être un succès. Si elle devient un succès, on aura au moins 10 autres zones franches qui s?établiront.
Ce gouvernement préfère pêcher en eau trouble. Il n?a pas la volonté de se concentrer sur l?accompagnement nécessaire pour que les entrepreneurs viennent en toute confiance investir. Que la communauté internationale puisse y mettre tout ce qu?elle peut pour encourager l?exemple de ces investisseurs qui seront suivi par d?autres.    
 
RB : Lavalas est le premier et le seul régime à  gouverner sous l?égide de la Constitution de 1987.
Pourquoi, depuis plus de 20 ans, les lavalassiens refusent-ils mordicus d?organiser les élections indirectes ?
 
SRB : Tout ceci est lié à la volonté de posséder et d?exercer un pouvoir présidentiel omnipotent. Il n?y a pas de partage de pouvoir. Il n?y a pas de possibilité de discussion ou de débat. Il ne permettra pas au premier ministre de trouver l?espace nécessaire pour gouverner. Ils n?accepteront pas la décentralisation. Ils n?accepteront pas la déconcentration. Le président est un chef omnipotent de qui toutes décisions relèvent exclusivement.
Ils ne permettront pas au parlement de fonctionner comme prescrit par la Constitution. Ils ne veulent pas que des gens de la province, des autres Départements viennent s?assoirent au conseil des ministres avec voix délibérative. En d?autres termes c?est l?exclusion pour maintenir l?exclusivité du pouvoir. Ils ne veulent pas perdre cette dictature de Port-au-Prince sur les provinces. La dictature exercée sur les CEP provisoires qui ne font que des sélections. La dictature sur des mairies qui devraient être encadrées par les Assemblées. La dictature qu?ils exercent par le maintien de la centralisation en lieu et place de la décentralisation. Ils viennent d?introduire une fonction qui n?est pas prévue par la Constitution, « le chargé de mission ». Ils donnent la prépondérance au maintien de la centralisation du pouvoir et de son exercice sans aucune considération pour le peuple et sa misère.
 
RB : Pourquoi était-il nécessaire de renvoyer le CEP qui a organisé les élections de 2006 pour le remplacer par un autre CEP ?
 
SRB : Il ne faut pas oublier quelque chose d?important, que ce soit à 48% que Préval a été élu dès le premier tour. Ils ne veulent pas que cela se répète. Il faut qu?ils aient un CEP qui soit totalement sous leur contrôle. Pour décider de ce qui se fera en 2009, la composition du parlement. Et en 2011 qui sera le président. L?enjeu est de taille.
Le CEP de 2006 était trop indépendant par rapport à leur régime. Ils ne voulaient pas prendre le risque de faire des élections officielles avec lui. On ne pourrait pas dicter qui sera candidat, qui ne le sera pas et qui sera le gagnant. Il faut un contrôle du personnel des BED, des BEC, des BV, des BI. Quelles seront les possibilités de magouilles au niveau de la tabulation des votes. Comment peut-on bloquer des candidats gagnants en annulant des élections à partir d?exceptions farfelues. Comment falsifier les procès verbaux de décompte. Toute ces man?uvres exigent une mainmise complète sur l?appareille électoral. Les conseillers doivent être absolument soumis au pouvoir exécutif. Il faut aussi des règlements intérieurs qui concentrent tout le pouvoir entre les mains du président du CEP. Ils n?ont qu?à faire pression sur un seul homme, comme dans le cas de Léon Manus.      
 
RB : A quoi servira un coup d?état contre le Sénat ?
 
SRB : L?objectif est clair. Et c?est peut être ce que je suis en train de payer. On a eu les yeux trop ouverts. En créant le dysfonctionnement du Sénat et en le discréditant, parce qu?on a un parlement bicaméral, c?est faire en sorte que la chambre basse ne puisse pas fonctionner avec un Sénat caduc. Ils ont besoin d?un blocage jusqu?en 2009. La sélection qu?ils vont faire sera dirigée d?en haut. Ils veulent d?un autre parlement croupion.
Il faut se rappeler qu?ils sont de nature des « tubeless ». Ils ne veulent pas de chambres parlementaires. Mon problème vient du fait que j?ai découvert cette stratégie trop tôt. C?est pour cela que j?ai engagé un combat depuis juin 2007. Lorsque à Kaliko en juillet 2007 les députés et sénateurs ont exigé l?installation des Délégués de Ville et des ASEC. Ça a été le premier choc. Lorsque nous avions demandé les élections pour le renouvellement d?un tiers du Sénat et que nous l?avions mis en exergue à l?avant-scène depuis septembre 2007, en invitant Jacques Bernard au parlement au Sénat de la République, pour nous expliquer ce peut être fait. Ça a été un second choc. Les voyage de Washington, d?Ottawa et de Mexico city, pour avoir des alliés dans les Sénats des parlements étrangers, faisant en sorte que la diplomatie parlementaire haïtienne fasse connaître la vérité au sujet de la situation parlementaire haïtienne. Et ne pas laisser à l?Exécutif le soin de nous diaboliser à volonté. Ils sont venus à Washington, pour rencontrer le congressiste Charles Rangel et lui faire savoir que ces parlementaires haïtiens ne sont que des voyous, des fumistes dysfonctionnels qui n?ont voté aucune loi. Ces parlementaires ne constituent que des éléments de blocage pour l?Exécutif. Les parlementaires avaient déjà adopté plus de 25 lois pour l?année. On a dû se rendre à Washington pour établir et faire savoir la vérité nous concernant.
Le gouvernement s?est formalisé. Pour qui Boulos se prend-il, pour qu?il aille contredire un chef d?état. Donc le gouvernement voulait la caducité du Sénat de la République en renvoyant les 3e sénateurs, en janvier 2008, en renvoyant le CEP pour le remplacer par leur propre machine, en rédigeant une nouvelle loi électorale faite sur mesure, pour éliminer certains parlementaires encombrants et enfin diluer la chambre basse en augmentant le nombre des députés. Fragilisant le quorum du Sénat, ils rendent le parlement bicaméral inopérant.            
 
RB : A mi-chemin de la fin du mandat de Préval, la stagnation économique persiste et le déclin s?accentue.
Il y a-t-il des mesures qui peuvent remédier à cette situation ?
 
SRB : Si avant, pendant et après la campagne électorale, vous n?aviez pas présenté de programme de gouvernement. Que la situation s?empire, il n?y a jamais eu, il n?y a pas et n?y aura pas de voie de sortie prévue par aucun plan ou par aucun programme. On devra nager pour en sortir. Si on avait un gouvernement sérieux. Si on avait une équipe sérieuse au pouvoir, voila ce qu?ils pourraient faire, prendre des mesures d?accompagnement pour le re-lancement de la production agricole, du commerce intérieur, entente commerciale avec la République voisine, entente pour la protection des concitoyens qui travaillent en République dominicaine en leur donnant des cartes d?identité nationale, pour en faire des citoyens ayant des droits protégés par un accord migratoire.
Il faut d?un premier ministre compétant. Il faut éliminer ce CNDDR. Mettre la sécurité dans les Sections communales pour permettre aux paysans à recommencer à faire l?élevage. En d?autres termes, ramener la stabilité politique, la sécurité des vies et des biens, avoir un gouvernement qui travaille au service de la population, mais pas au service de sa pérennité au pouvoir. Remplacer le désespoir par l?espoir.
Le président français Sarkozy a déclaré qu?il n?est au pouvoir que pour 5 ans. Si au cours de mes premiers 5 ans, je ne m?attelle qu?à préparer ma réélection, je ne vais rien faire, ou j?hésiterai à prendre des mesures nécessaires qui ne plairont pas à ces secteurs. Je préfère agir de la sorte. A la fin de mon mandat, face aux résultats, ils me diront s?ils sont contents ou non. C?est parce qu?il a une vision qu?il veut matérialiser, peu importe la popularité des mesures à prendre pour la réaliser. Il avait dit et avait présenté son plan de gouvernement. Il n?était pas muet, comme l?autre. On a voté pour lui et son programme de gouvernement. C?est de là que vient sa légitimité politique.
Arrivé sénateur de la République, des Délégués de ville et des ASEC, au mois de mai 2007 sont venus à moi pour me dire, quand je suis allez visiter le Département du Nord-est, nous avons été élus aux mêmes élections, vous êtes installé, nous ne le sommes pas. C?est une obligation que j?ai en face d?eux. Ils ne sont pas venus chez moi pour me demander de devenir leur sénateur, Au contraire, c?est moi qui suis allé chez eux pour leur demander de voter pour moi. Il faut que j?ais du respect pour l?expression de leur volonté politique, leur vote. Mais il faut surtout que j?agisse dans ce sens.
Quand en janvier 2008, je suis allé inaugurer une petite école, ils m?ont entouré pour me signifier une demande, en me disant, nous approuvons tout ce que vous avez fait jusqu’à présent. Cependant, nous avons un problème que nous ne pouvons pas résoudre. La petite marmite de riz est à 22 gourdes. Alors j?aurais dû fermer le bec, me boucher les oreilles, ignorer les gémissements de mes mandants, ne pas assumer mes responsabilités de sénateur du Département que je représente.
C?est ce que Sarkozy vient de dire. Il préfère ne pas être réélu, mais il doit délivrer ce qu?il a promis au peuple qui a voté pour lui. Il ne veut pas être dominé par l?obsession du maintien du pouvoir.  
 
RB : Dans le secteur secondaire :
-Industrie manufacturière,
-Eau,
-Electricité,
-Bâtiment,
-Travaux publics.
 
Qu?est-ce qui aurait dû être fait ?
 
SRB : En ce qui s?agit de l?industrie manufacturière, ce qui va donner du rendement le plus rapidement possible, c?est la protection des zones franches, permettre la double vacation, pour que les usines puissent travailler jour et nuit. Elles pourront employé deux fois plus de personnes. L?investissement en capitaux, c?est la machinerie. Quand l?usine ne peut pas fonctionner à toutes les heures à cause d?une prime excessive qu?on impose pour les ouvriers travaillant la nuit, alors que ceux sont deux groupes d?ouvriers différents, ceci constitue un handicap.
 
-Pour l?eau, il faut reboiser les bassins versants. Il faut irriguer les grandes plaines. Vous vous imaginez que Dauphin a 44 milles hectares à proximité de 4 rivières qui versent leurs eaux dans la mer. Dauphin n?est pas irrigué. Ça c?est dans le Nord-est près de Fort-Liberté. Avant d?entrer à Port-de-Paix, il y a une rivière qui s?appelle Trois Rivières. Ces trois rivières traversent deux grandes plaines, Moustique et Labre. Ces deux plaines ne sont pas irriguées. On n?a pas besoin de plus de 40 millions de dollars pour irriguer toutes ces plaines pour produire et donner du travail.
 
-Electricité, continuer la collaboration avec le Venezuela. Doter les villes de petites centrales. Permettre aux collectivités et aux mairies la gestion de ces centrales. Il faut casser le monopole de l?EDH qui est une boite de corruption, inefficace et politique. L?EDH ne fait que maintenir les villes de province dans le ténèbre le plus absolu. Si je vous dis qu?on a dépanné une génératrice de 420 kilowatts qui était en panne depuis 10 ans, en 4 jours, le 15 Août 2007 à l?occasion de la fête patronale de Ouanaminthe. Ça n?a pris que 4 jours seulement après 10 ans qu?elle était tombée en panne.
 
-Bâtiment, augmenter la disponibilité de prêts hypothécaires. Stimuler la construction de logement secondaire pour la Diaspora dans nos montagnes et sur nos plages.
 
-Travaux publics, continuer le travail de construction de routes. Améliorer les routes secondaires avec des TPTC départementaux. On a 10 TPTC départementaux, un par Département, avec 2 à 4 camions, un rouleau compresseur, un backloader, un grader. Si avec tous ces équipements on demande aux petits TPTC d?arranger une route secondaire, de la niveler, ils exigent que vous leur donniez la gazoline. Ils ont une mauvaise supervision. Il faut que les autorités locales aient un droit de supervision sur ces services déconcentrés. Un maire a plus d?obligation envers sa population, parce qu?il est élu. Alors que le directeur départemental est envoyé par Port-au-Prince. Des fois il n?est même pas du Département, il est transféré au Département. Ce n?est pas son problème que les habitants de l?Acul des Pins ne peuvent pas descendre avec leurs marchandises pour aller  les vendre en ville à Fort-Liberté.
C?est ce qui doit être fait.  
 
RB : Dans le secteur tertiaire :
-Commerce,
-Hôtel,
-Transport,
-Communication,
-Autres services.
 
Qu?est-ce qui aurait dû être fait ?
 
SRB : Définitivement nous avons besoin de formation de jeunes, pour qu?ils soient équipés pour devenir des entrepreneurs ou avoir accès à l?emploi. Après 12 ans d?école, il n?a vraiment rien en main. Quand on lui donne une formation même de 9 ou 11 mois. En moins de deux ans j?ai donné dans le Nord-est au moins 600 bourses d?étude, pour apprendre la comptabilité et l?informatique. Une compétence qu?ils peuvent offrir sur le marché du travail. Ce n?est pas les 12 ans d?école qui leur donneront cette compétence. Il faut leur donner accès au microcrédit pour entreprendre un petit commerce.
 
-Commerce, il concentrer tout l?effort sur les petites marchandes avec l?accès au crédit à bon marché. Une petite marchandes ne peut pas payer 45% l?an comme taux d?intérêt, alors qu?à Port-au-Prince on paie 20%. Avec un taux usuraire de 45%, quelque soit le genre de commerce qu?on entreprend, on va perdre le capital parce que la marge de profit est amincie. On doit envoyer les enfants à l?école. On doit les vêtir et les nourrir. Il faut baisser le taux d?intérêt.
 
-Hôtel, c?est d?abord la construction. Et ensuite c?est l?emploi pour gérer le fonctionnement de l?hôtel. Faciliter la construction de petits hôtels dans toutes les villes de province. Crédit pour la construction, franchise pour certains éléments de la construction de ces hôtels, céramique, fenêtre, toilette etc. Il y a des exemples de ces hôtels a Jacmel, au Cap, a Ouanaminthe a Fort Liberté etc. Nous ne sommes pas en train de faire de la démagogie. Les entrepreneurs et les models d?entreprises sont déjà à pied d??uvre, pour témoigner que ceci est viable. A court terme une industrie de la construction peut devenir le moteur de l?économie. Vous vous imaginez qu?en République dominicaine, il y a plus de 300 milles Haïtiens qui travaillent dans la construction. L?hôtel affecte l?économie à court, moyen et long termes. L?hôtel produit du travail et apporte des devises.
 
-Transport, activer la construction des routes. Réglementer le transport en commun pour protéger les usagers. Réparer les routes secondaires.
 
-Communication, je crois que ce secteur a fait montre d?un miracle. Quand on considère CONCEL et DIGICEL, on voit des gens qui ont une vision, qui ont du dynamisme, qui sont prêt à investir jusqu’à 300 millions de dollars US. Qui offrent la possibilité à 2 millions de personnes de se communiquer. C?est un facteur modernisateur qui stimule le commerce. Je souhaite que l?on protége cette industrie. Il ne faut pas permettre aux petits copains et aux grands mangeurs de s?immiscer dans cette industrie pour la faire éclater.    
 
RB : Avec un déficit de 1 milliard de dollars US l?an, n?était-ce les transfères venant de la Diaspora évalués à 1.6 milliard de dollars l?an, le pays aurait été déjà en faillite depuis belle lurette.
Que doit faire ce gouvernement pour sortir de cette spirale de déficit constant ? 
 
SRB : Ceux qui envoient ces transfères à leurs familles, offrent une preuve de solidarité extraordinaire envers ceux qui vivent dans le pays et le pays lui-même. Il y a des fois que ces gestes de solidarité vont au-delà du cercle familial pour inclure des amis en difficulté. En d?autres termes la contribution de la Diaspora est d?un apport énorme et substantiel dans l?économie du pays.
Mais il faut comprendre que l?on peut faire mieux, comme acteur dans l?investissement, pour augmenter l?influence de la Diaspora dans les décisions politique et économique. Il nous faut investir dans la construction d?un autre type de l?Etat décentralisé. Ça doit commencer par la base, au lieu du sommet vers la base. C?est à la Diaspora d?améliorer l?effet des transfères qui aujourd?hui sont investis uniquement dans la consommation. On doit aller au-delà. Il faut avoir une politique d?investissement, pour déclancher une nouvelle dynamique dans l?économie, en étudiant comment investir dans les localités, petits ponts, écoles, pompes manuelles à eau, bourse d?étude. C?est un model mexicain que nous avons vu l?autre jour, quand les 8 sénateurs sont allés au Mexique à la fin du mois de novembre. Ils nous ont montré le model que la Diaspora mexicaine a mis en place. Comment ils sont allés dans les sections communales pour devenir un partenaire constructif avec une vision beaucoup plus large, de comment aider.
La population du Nord-est m?a toujours dit la chose suivante : « Sénateur ne persistez pas à me donner le poisson. Montrez moi comment pécher. » C?est précisément ce que la Diaspora peut faire. Le gouvernement mexicain ajoute sur chaque dollar qu?investit la Diaspora, il en investit 3. C?est la formule 3 + 1 du model mexicain. On ne pourra pas trouver cet apport du coté  du gouvernement haïtien. N?empêche qu?il nous faut investir, pour que la Diaspora puisse devenir un élément porteur de changement. L?investissement ne devra pas dépasser 10%. Il peut être aussi modeste que 1% ou 1/10 de 1% des transfères. Entre 10 centimes et 1 dollar sur chaque $100 de transfère, investi dans les associations communales de la Diaspora, engagées dans le social principalement. L?objectif est clair, reconstruire et influencer.                    
 
RB : Le fonctionnement du CNDDR devient de plus en plus un objet de suspicion. Quelle est donc la fonction réelle du CNDDR ?
 
SRB : C?est organiser l?impunité. Situé au palais national ce n?est pas pour rien. C?est le CNDDR qui décide quel bandit appartient à son groupe pour le faire libérer, s?il est capturé. A qui distribuer des armes. A qui assurer la protection et l?impunité. Quels bandits qui n?appartiennent pas à leurs groupes pour les garder en prison. Le CNDDR opère ce trie, pour organiser sa milice. Ce comportement n?est digne que d?un Etat voyou. C?est à partir de ces critères que l?on décide qui peut être juge. C?est précisément la raison qu?ils s?opposent catégorique aux élections indirectes. Si c?est le président qui décide du renouvellement des mandats des juges, on peut voir immédiatement l?importance du pouvoir dont jouit le président sur le système judiciaire.
Le CNDDR jouissant d?une grande immunité et d?un grand pouvoir, garanti celle de ceux qui agissent comme exécuteurs de basses ?uvres du gouvernement. Le CNDDR est devenu un repère de bandits, au service de l?Etat. Le CNDDR est chargé de la formation d?une milice politique, qui sème la terreur, garantit la libération de ses miliciens à chaque contravention avec la loi. Il va encore plus loin, il cherche à leurs donner une certaine respectabilité. Ils sont impliqués dans le kidnapping, le viol, le vol, l?assassinat. Tout ceci a un objectif politique. Le directeur de la PNH ne cesse de réitérer à la radio le fait que des bandits sont relâchés peu de temps après leur arrestation par des juges. Au Cap, au cours de ce mois, on a eu pas mal de scandale. Le directeur de la PNH pour ce département ne cesse de répéter que ce sont les bandits relâchés par les juges qui sèment la terreur et le deuil dans la population.  Mais qui nomme les juges ? Qui les reconduit à la fin de leur mandat ? Le président de la république, sans aucun respect des prescrits de la Constitution. C?est normal. Les Assemblées territoriales n?existent pas. Toutes les autorités des Collectivités territoriales ne sont pas constituées.
 
RB : L?insécurité est devenu le cauchemar des familles haïtiennes.
L?insécurité relève-t-elle de la criminalité ou de la politique ?
 
SRB : L?intensité de l?insécurité varie selon les besoins politiques du moment. Pourquoi l?insécurité augmente-t-elle automatiquement à la veille des élections, à la veille d?un changement, à la veille d?une décision de l?Exécutif, ou à la veille de la nomination d?un premier ministre ? C?est voulu. Et c?est clair que ce soit à dessin.
 
RB : Le pays est à un Carrefour, où :
-le chef de gouvernement ainsi que ses ministres sont démissionnaires depuis le 12 avril,
-les candidats à la primature ont des difficultés à se faire confirmer,
-le quorum du Sénat est fragilisé avec l?absence de 12 sénateurs,
-l?économie est en pleine stagnation,
-la cherté de la vie a provoqué un ras-le-bol,
-les émeutes de la faim sont suivies d?une manifestation contre l?insécurité,
-le milieu international est inquiété par l?instabilité politique,
-Aucune mesure n?est prise jusqu’à présent pour obvier à la catastrophe.
 
Quand est-ce que le pays sortira de cette spirale ?
 
SRB : Nous sommes à un carrefour où la volonté du chef d?état pour nous faire sortir de cette spirale, est inexistante. Ce qui est plus grave, l?internationale est démissionnaire face à ce moment politique, mais néanmoins présente. Donc, s?il n?y a pas de volonté politique du chef de l?état, si la force d?occupation n?en fait pas une préoccupation majeure, la sortie de cette spirale est impossible. La spirale est-elle sans fin ?
Il n?y a pas de réponse à cette question. Pour le moment, les moyens ne sont pas perceptibles.    
 
RB : Préval a-t-il intérêt dans la confirmation d?un premier ministre par le parlement, on vient d?éliminer deux candidats à la primature coup sur coup ?
 
SRB : Si comme l?avait dit monsieur Mulet, le parlement est le maillon faible de la Démocratie, après la destitution du premier ministre, ce sera le tour du parlement. Il faut que le parlement soit vigilant. Et il doit avoir un plan, une politique pour ne pas se faire dissoudre par l?Exécutif.
Si on veut être rationnel, la réponse est oui ! Parce que nous ne sommes pas dans le rationnel, mais bien dans l?irrationnel, on se trouve dans un théâtre de l?absurde. On attend Godot, une figure allégorique qui est porteur de solution, faiseur de miracle. Préval a déjà fait savoir qu?il ne peut pas faire de miracle. Tout ce qui l?intéresse, c?est sa survie politique, la présidence à vie, le changement de la Constitution de 1987, qu?il accuse d?être la source d?instabilité. Vingt et une Constitutions on été rédigées par un homme au service d?un homme. Finalement on a une, celle de 1987, qui n?a pas cette caractéristique. Elle n?a pas été rédigée par un homme pour un homme. Certes, elle n?est pas parfaite. Mais le fait fondamental est qu?elle ne sert pas les intérêts personnels exclusifs d?un homme. Elle n?a pas été taillée sur mesure par qui que ce soit, au service de qui que ce soit.
La réponse à la question est malheureusement, Non !  Il n?a aucun intérêt. Il n?en veut pas. Il perçoit la primature comme une camisole de force, ainsi que le parlement.
 
RB : Il est évident que l?insatisfaction est générale et le mécontentement est manifeste. Entre les deux pouvoirs exécutif et législatif, qui sont également blâmables pour l?état des choses, lequel des deux est le plus condamnable ?
 
SRB : Je ne veux pas placer de jugement. Mais la primature et la présidence sont celles qui dirigent. Le parlement par exemple a le droit de regard sur ce qui est inclus au budget. La population peut blâmer le parlement s?il exerce mal son contrôle. Mais elle doit blâmer la primature parce qu?elle a la responsabilité de faire et d?agir. Si le parlement trouve que rien n?est fait, il revient de droit au parlement de sanctionner le premier ministre. C?est l?Exécutif qui gère l?argent. Il est en contrôle de toute la machine administrative. Il doit pouvoir apporter des soulagements à court et à moyen terme. Ils ont accès aux technologies et aux techniciens. Il n?a pas besoin de faire de miracle. Il y a des model et des exemples qu?il peut suivre. D?ailleurs, pas plus loin que de l?autre coté de la frontière. On ne peut pas blâmer le parlement pour le non fonctionnement et l?insuccès  de l?Exécutif. Le plus grand tort va à l?Exécutif. Le parlement aurait dû faire plus de pression pour forcer l?Exécutif à produire plus au profit du peuple.
Au Sénat, en janvier le premier ministre est venu avec son entourage de ministres, on a passé quatre heures à lui demander de faire quelque chose pour soulager la misère du peuple. Il nous a répondu constamment qu?il ne pouvait rien faire. On lui a proposé d?enlever la taxe sur le riz. Il nous a dit qu?il ne peut pas nous donner une réponse sur le champ. Qu?il va y penser. De janvier à avril, jusqu?aux émeutes de la faim, nous n?avions pas eu de réponse de la primature.  
 
RB : Le fait que Préval ait été obligé de se réunir avec les membre du CPP et Alexis premier ministre démissionnaire, montre qu?aujourd?hui il y a de fait trois protagonistes qui sont à l?avant-scène politique, Préval, Alexis et Aristide. Les ambitions présidentielles d?Alexis sont connues. Préval et Aristide sont en compétition pour l?intronisation de leurs dauphins.
Pensez-vous qu?en 2011, le pays s?émancipera du régime lavalassien ? Si non, des trois protagonistes qui pensez-vous aura le haut du pavé ? 
 
SRB : Je suis obligé d?utiliser la même réponse que madame Saint Lôt avait donnée la semaine dernière. Je n?ai pas une boule de cristal. En effet la batail de 2011 est enclenchée, mais au dépend d?un population qui vit dans des condition désastreuses. Ils sont tous trois des acteurs majeurs à l?avant-scène politique. Ils ont beaucoup de forces entre leurs mains, mais des forces destructives. La population abasourdie par la pauvreté et la misère, continue à être victimisée, à chaque fois que l?un des trois ou les trois acteurs à la fois se décident à faire preuve de leur capacité de violence. La nation est consciente aussi du fait que l?intérêt national est foulé au pied. C?est la population, surtout les universitaires, les paysans qui doivent entrer dans le combat pour défendre leurs intérêts, pour revendiquer leurs droits. Ils ne peuvent plus se comporter en spectateurs et laisser faire, lorsqu?ils sont de fait les plus grandes victimes. Cette compétition pour le pouvoir, un combat sans merci et sans trêve, est en train de s?intensifier au dépend des intérêts de la nation. Il est temps que le peuple passe de la situation passive de victime pour devenir un acteur, cette fois-ci pour défendre ses propres intérêts, et non de devenir les chaires à canon défendant les intérêts des démagogues qui sont à l?assaut du pouvoir.           
 
RB : Deux mois après les émeutes de la faim, c?est le ras-le-bol face à l?insécurité. Alors que les émeutes de la faim ont eu lieu dans la violence, la marche contre l?insécurité a été pacifique.
Qu?est-ce qui explique cette différence entre ces deux expressions d?insatisfaction et de mécontentement ?
 
SRB : C?est une bonne question. Cela dépend de qui a initié ces manifestations et à quelle fin. Les émeutes de la faim ont été manipulées pour pouvoir destituer le premier ministre. Donc exploitation du mécontentement de la population, qui est exacerbée par le phénomène de la cherté de la vie. Qu?il y ait eu spontanéité au début des émeutes de la faim, elles ont été récupérées par la suite pour faire valoir l?omnipotence du pouvoir présidentiel. Le mardi matin on injecte des casseurs dans les manifestations pour en augmenter la violence et exacerber les dégâts. Il fallait que la somme des dégâts soit inacceptable pour se trouver un bouc émissaire, quelqu?un qui doit payer la facture. Evidemment, l?ex-premier ministre.
Dans le deuxième cas, alors que l?insécurité est programmée pour révolter la société et la forcé à accepter un sauveur (Godot), qui viendra libérer cette société de ce mal. Il est important de laisser la société civile de manifester en toute quiétude en toute sécurité, faire valoir son ras-le-bol. Pour ça il faut une ambiance de sécurité, pour que le nombre soit au rendez-vous. Donc le rendez-vous avec le nouveau premier ministre. C?était en vue de rendre désirable un nouveau premier ministre capable de faire face à ce défit de l?insécurité, basé sur son expérience dans le domaine. 
 
RB : Cette marche pacifique est d?abord une revendication du droit à la sécurité citoyenne. Elle s?est engagée dans une interaction avec le gouvernement, remettant des plis au ministère de la justice, à la PNH et au palais de justice.
Pourquoi ce mépris, cette fin de non recevoir de la part du gouvernement face à la revendication légitime d?un droit ?
 
SRB : Il se cherche une politique de déstabilisation. Préval se veut être un leader de crise. Anarchopopuliste il ne vie que par le désordre. Il veut manipuler passant d?une crise à une autre. De quel état de droit et de quel droit s?agit-il ? Les droits ne peuvent pas être revendiqués dans un état sans institution démocratique qui respecte ses citoyens. Dans un état où  les bandits sont recyclés comme des mercenaires de la terreur par la Commission Nationale de Démobilisation, de Désarmement et de Réinsertion, logée au palais national, le siège de la présidence. C?est exactement la raison du mépris. Les citoyens ainsi que leurs revendications légitimes sont foulés au pied. C?est le message quand on n?a pas reçu les plis présentés par les manifestants. C?est une façon de nous cracher au visage.
 
RB : Considérant le comportement de ces gouvernants, il y a-t-il lieu de croire que ce groupe qui est au pouvoir aujourd?hui soit concerné par le bien-être de la nation ?
 
SRB : Ils sont concernés par la pérennisation de leur pouvoir. Ils excluent le reste. Ce qui cause la fuite des cerveaux vers la Diaspora. C?est l?exclusion d?une force inestimable de capacité de travail dans tous les domaines. Il y a 12 milles jeunes universitaires qui sont en République dominicaine qui n?ont pas de carte d?identité nationale. Exclusion d?un sénateur élu en trois tours pour 6 ans par un peuple souverain. La conscience du bien-être de la nation ne peut pas s?exprimer par l?exclusion.   
 
21-OOOOOOO 
RB : Comment expliquer le rejet coup sur coup de Jacques Edouard Alexis et d?Ericq Pierre malgré le support de la communauté internationale dont ils bénéficient ? 
 
SRB : Alexis a été renversé pour une raison bien simple. Il est ouvertement candidat à la présidence. Il veut remplacer Préval. C?est un péché impardonnable en politique haïtienne. Pour une suspicion de velléité présidentielle, on est guillotiné sur place. Alexis ne le cachait pas. Ceci a été un coup dur pour l?international. Ils ne peuvent pas comprendre ce qui se passe. Ils pensaient pouvoir dialoguer avec Alexis. Ils pensaient qu?Alexis comprenait comment reformer l?Etat. Ils étaient convaincus qu?ils pouvaient faire un bon bout de chemin avec lui. Ils travaillaient d?arrache-pied avec lui. La communauté internationale a péché par omission. Elle aurait pu conseiller au premier ministre de faire de la gestion politique, et non de la politique électorale.
Pour Ericq Pierre, il a mal lu les intentions du président omnipotent. Il est bien d?être un serviteur zélé de l?international, d?être le gardien de leur orthodoxie macroéconomique. Il faut aussi avoir un pragmatisme du terrain qui est nécessaire. L?intérêt de la population n?est pas dans la discipline de politique macroéconomique. Après deux ans, la population n?a rien obtenu de cette politique macroéconomique. Les députés livrés à eux-mêmes ne savent quoi dire à la population. En plus, il est arrivé disant qu?il sera prêt à commencer avec son gouvernement dès le premier jour. Dire ceci à un président très sensible pour l?omnipotence de son pouvoir, constitue une menace.
 
RB : Aux élections de 2006, l?influence des latinos en Haïti a été évidente.
En novembre 2010 qui aura le haut du pavé, Latinos vs Nord Américain ? 
 
SRB : Dans ce cas, il nous faut avoir recours à un troisième larron. Il nous faut l?influence haïtienne. Il nous faut prévoir pour 2011. Il faut que tous ces petits boutiquiers, ces perpétuels candidats à la présidence, s?engagent dans une réflexion avec les étudiants de universités haïtiennes, qui pourraient leur montrer la voie d?une solution haïtienne. Nous ne pouvons pas aller vers 2011 en ordre dispersé. Pour éviter que la solution soit Latino ou Nord américaine, toutes les composantes de la société devraient s?engager à élaborer un plan stratégique. Les universitaires doivent être le fer de lance de ce grand mouvement pour la reconstruction de la nation. C?est eux et eux seulement qui peuvent nous guider dans la voie de la définition de l?intérêt   
National. Il nous faut évité que le Brésil ne nous exploite comme des cobayes dans leur laboratoire d?expérimentation pour se trouver un siège permanent au Conseil de Sécurité de l?ONU et satisfaire ses ambitions hégémoniques sud-américaines. La Minustah est le seul projet sud-américain que partage les pays de cette zone coiffé par le leadership brésilien. La réussite de ce projet doit justifier la capacité de leadership du Brésil, d?être le pôle sud-américain dans la reconfiguration multilatérale du monde. Il n?y a pas de bénévolat de la part des acteurs de la communauté internationale. Chacun joue pour défendre ses propres intérêts et tirer ses marrons du feu. 
 
Le Nord-américain soustraite au Latino ce problème qu?il n?a pas réussit à résoudre, depuis un siècle. Donc sans valeur ajoutée pour lui. Je ne crois pas que le Nord-américain soit intéressé à s?investir directement aujourd?hui. Bien entendu, tant que la marmite qui est en train de bouillir n?explose pas.
 
Il faut que nous assumions nos responsabilités pour sortir de ce gouffre. Personne ne nous en sortira. Que nous ne laissions pas, les perpétuels ambitieux de la présidence, nous convaincre, une fois de trop, par leurs démagogies, de solutions qui sont contre nos intérêts.  
 
RB : Avec la pérennisation de cette kyrielle de crise sans solution, on s?inquiète du danger d?une réelle mise sous tutelle.
Partagez-vous cette inquiétude ?
 
SRB : Mon inquiétude est de toute autre nature. Ils ont déjà 9 milles troupes étrangères sur notre sol national. Je ne peux plus m?en inquiéter. Je m?inquiète sur la durée de leur présence. Quand est-ce que nous allons commencer à reconstruire cet Etat-nation avec ses institutions ? Quand est-ce que nous allons commencer à garantir la sécurité des vies et des biens, pour qu?ils s?en aillent ? L?international n?est pas présent à vie. Il n?est présent que pour nous accompagner. Il nous faut réaliser que nous sommes seuls de Haïtiens. Qu?en tant que tel nous sommes les seuls à pouvoir défendre vraiment les intérêts nationaux. Quand commencerons-nous à prendre en charge notre sécurité ? Ces troupes étrangères sont-elles ici pour protéger le palais national ? Ont-elles été envoyées pour sécuriser la population haïtienne ? Ces troupes sont-elles présentes sur notre sol pour pérenniser un état de fait, ou pour aider à la reconstruction d?une nation ? Quand est-ce qu?on aura un gouvernement responsable capable de reconstruire un Etat et une nation avec les Haïtiens de l?intérieur et de la Diaspora sans exclusion cette fois-ci, pour faire en sorte qu?ils soient fières de leur identité nationale, l?haïtianité  ?
C?est ça mon inquiétude. Je ne peux pas constater des troupes étrangères qui coûtent 500 millions de dollars par an, passer 10 à 20 ans sur notre sol. Ce n?est pas acceptable. Excepté si on est démissionnaire et désintéressé. Il faut être prêt à engager cette batail, jusqu?au bout. Il faut qu?après notre départ pour l?au-delà qu?on dise que nous avons reconstruit cette fois-ci pour de bon cet Etat-Nation. Il ne faut pas que nous retournions dans cette situation humiliante d?Etat en faillite et de nation irresponsable que l?on doit mettre sous tutelle à des intervalles de dix ans. Voilà mon inquiétude !
Vous vous imaginez qu?aucune de ces 565 Sections Communales n?a pas un agent de l?ordre rural, un policier. Que les paysans sont littéralement laissés pour compte. Ils ne peuvent plus faire d?élevage, leur épargne. C?est dans ce sens qu?il nous faut commencer à créer une prise de conscience et de la volonté d?aller en avant. Je vois cette prise de conscience et cette volonté  dans la jeunesse haïtienne. Elle a compris que si elle ne se soulève pas pour se défendre, elle va disparaître. 
 
RB : Que voyez-vous à court et à moyen terme dans cette situation ?
 
SRB : Avec cette gestion de pouvoir, nous allons rester dans l?insécurité, dans l?instabilité politique. On n?aura pas une amélioration économique et sociale. Je ne vois rien de bon à court terme. A moyen terme, la marmite continuant à bouillir. Elle ne pourra pas contenir ni la chaleur, ni la vapeur. La société civile et les étudiants ont déjà manifesté leur refus de continuer dans cette voie. Ils veulent se libérer de ce carcan. Ils veulent d?une société qui fonctionne comme toutes les autres nations.
 
RB : Je vous remercie pour une participation brillante à cette émission. Nous souhaitons vous éviter une prochaine fois.
 
SRB : Merci beaucoup. C?est toujours un plaisir de participer à ces dialogues. Ça me permet de faire des réflexions pour voir plus clair. La jeunesse universitaire voit clair.
Merci encore pour l?invitation. Je profite de l?occasion pour saluer tous les auditeurs de la Radio Classique Inter.