Originally: Haïti bilan 2007 : la quadrature du cercle ?

 

Dix-sept ans après l?arrivée au pouvoir du mouvement Lavalas et presque deux ans après celle de l?Espoir de René Préval- héritier politique de ce mouvement- oser rêver d?une autre Haïti relève de la quadrature du cercle. L?année 2007 s?achève, mais, comme les précédentes, laisse derrière elle un cortège de kidnappings, d?assassinats et de tentatives de meurtres, avec pour toile de fond l?impunité et l?extrême pauvreté. Les résultats des élections de 2006, imposés par la communauté internationale, n?ont rien apporté de positif et l?incapacité de la coalition gouvernementale  suscite de plus en plus de mécontentement qui pourrait, à court terme, se transformer en colère populaire si des mesures  urgentes et efficaces ne sont pas appliquées. Tous les éditoriaux faisant le bilan de cette année, démontrent l?échec de l?équipe actuellement au pouvoir mais aussi de la société haïtienne dans son ensemble.


 


Du côté gouvernemental, aucune vision claire de gouvernance ne pointe à l?horizon; du côté de la société haïtienne, idem : selon l?éditorial de fin d?année du Nouvelliste , « les causes de nos malheurs actuels semblent résider dans notre incapacité de nous renouveler, d’organiser ou de réaliser une véritable communauté nationale qui – à partir d’une structure politique, économique – travaille inlassablement à assurer l’avènement du progrès social ».[Quant à la communauté internationale, elle est toujours préoccupée par le sort d?Haïti, en témoignent les nombreuses visites de hauts dignitaires étrangers cette année, qui s?achèvent avec celle  du secrétaire d?État français chargé de la Coopération et de la Francophonie, Jean-Marie Bockel. N?en déplaise à cette communauté ou aux éternels optimistes qui souhaitent pratiquer la politique de l?autruche, le constat est pathétique mais incontestable : Haïti prouve aujourd?hui l?adage que « les peuples ont les gouvernements qu?ils méritent ».


 


À l?aube de cette nouvelle année, il est inutile de masquer la vérité : au contraire, nous avons le devoir d?oser la dire -une fois de plus- pour que la jeunesse haïtienne, qui représente 60% de la population du pays, ait un autre sort que celui des précédentes qui ont toutes, sans exception, été sacrifiées. En 2008, comment en est-on arrivé là ? Que faire pour amener les autorités et la société à prendre enfin le tournant vers la modernité ? Subirons-nous éternellement cette quadrature du cercle ou oserons-nous, dans un dernier sursaut, forger un autre avenir que celui de la médiocrité ? Voici quelques questions, difficiles il est vrai, auxquelles nous tenteront de répondre.


 


L?absence de vision gouvernementale


Mis à part notre révolution de 1804, qualifiée « d?exception haïtienne »[, nous avons échoué tout au long de l?Histoire. Notre révolution a été inachevée et n?a pas abouti à la naissance d?une véritable nation. Depuis, en reproduisant le modèle colonial, la société haïtienne s?est déchirée et a été gouvernée par des hommes incapables de réunir les citoyens autour d?un projet commun. Nos gouvernements se sont caractérisés par l?avidité du pouvoir, du sang, et l?absence totale d?une vision cohérente du et pour le pays. Dire que l?on a le gouvernement qu?on mérite paraît un lieu commun ou une injure à ceux qui revendiquent ? souvent mal – leur patriotisme. Pourtant la question n?est pas aussi simple qu?elle ne le semble au prime abord, car elle fait appel à la question de l?essence d?un gouvernement. Elle a trait à la planification de notre avenir. Qu?est-ce qu?un gouvernement et quels rapports entretient-il avec les gouvernés en termes de mérite ?


Lorsqu?on évoque aujourd?hui la notion de « gouvernement », on lui donne irrémédiablement un sens politique. Pourtant dans la Grèce Antique, ce terme se référait tout simplement au gouvernail ou à l?art de piloter. Ainsi, gouverner, à l’origine, est un terme de navigation faisant référence à la maîtrise : maîtrise de l’embarcation, connaissance de la mer, des vents, des directions, etc. Montaigne sera un des  premiers philosophes à évoquer la notion du gouvernement de soi et à lui donner un sens psychologique, oublié de nos jours. Pour Montaigne, se gouverner, c’est exercer son empire sur soi-même, c’est régir et administrer sa vie en fonction de certaines règles de conduite qu’on s’impose librement. Essentiellement, gouverner se réfère tout simplement au verbe maîtriser : le gouvernement dirige les affaires publiques d’un État au sein duquel il détient et exerce le pouvoir ; il lui sert en quelque sorte de gouvernail, l’oriente, le contrôle, lui imprime une certaine forme de conduite par ses lois, par son pouvoir de coercition, par le respect de son autorité. Certes, un peuple qui est contraint par la force de se soumettre, comme ce fût le cas sous François Duvalier, ne mérite pas la répression. Même sous un régime aussi sanguinaire, des citoyens se sont révoltés et ont osé, au prix de leur vie, se dresser contre la tyrannie. Pourquoi ? Parce qu?ici, mériter se réfère à un principe moral liant le gouvernement au peuple qu?il dirige par un contrat social. Le gouvernement est choisi par un peuple pour exécuter sa volonté. Dans ce sens, aujourd?hui dans les démocraties contemporaines, le citoyen a aussi pour responsabilité de forcer un gouvernement élu à respecter ce contrat social et ne peut simplement abandonner son droit de regard aux élus. Selon l’interprétation d’Engels, «le gouvernement est le simple reflet du peuple duquel il émane et il est pleinement mérité par ses sujets, puisque si ce gouvernement est de mauvaise qualité, c’est que la qualité du peuple est également mauvaise. Plus encore, s’il a ce gouvernement, c’est qu’il en est digne »[6]. Or qu?est-il arrivé durant les dernières élections ayant permis à René Préval d?obtenir un second mandat ? « Le peuple haïtien a élu un président qui lui ressemble » a déclaré l?historien Michel Soukar à la 383ème édition de Métropolis[7]. De fait, tous les commentateurs politiques avaient tiré la sonnette d?alarme en soulignant qu?après l?échec patent du régime d?Aristide, il était très risqué d?élire un homme ? de surcroît, jumeau politique de l?ex-dictateur- qui avait admis avoir échoué lors de son premier mandat, se présentait comme candidat à la présidence sans aucun programme et, de plus, refusait de s?adresser à la presse haïtienne. Aujourd?hui, il est donc difficile de blâmer l?absence de vision et l?immobilisme de Préval et de la coalition gouvernementale puisque le candidat devenu président n?avait fait aucune promesse. Le peuple étant souverain, il a choisi un autre leader héritier d?un mouvement politique Lavalas, lui-même exprimant la dérive morale héritée du régime des Duvalier et des macoutes. Ces deux régimes ont fait d?Haïti un État failli, assisté et gangstérisé. Pourtant, ils sont tous les deux l?expression, depuis 1957, du populisme noiriste haïtien. 


 


Quid de la responsabilité de la communauté internationale ?


Dans la pratique de la nouvelle « Governance » appliquée par les anglo-saxons et en particulier les États-Unis au milieu des années 90, la notion de gouvernance moderne est davantage liée à « l’idée de gestion qu’à celle de pouvoir. Le terme refait surface dans les années 1990 pour « référer à un pilotage pragmatique des pouvoirs », tendant ainsi à reconquérir son sens politique initial ». La nouvelle notion de gouvernance appliquée dans le monde depuis la chute du mur de Berlin et dans un contexte de crise de l?État moderne, a encouragé les différents acteurs politico-économiques à repenser la manière de gouverner et les rapports entre l?État et la société. Or, selon les critères de la Banque Mondiale, la bonne gouvernance doit être axée autour des mots clés de l?efficacité, de la responsabilisation, de la participation et de la transparence. C?est ce que Bonnie Campbell, titulaire de la Chaire Charles-Albert Poissant de recherche sur la gouvernance et l?aide au développement à l?Université du Québec à Montréal, appelle un «managérialisme populiste». Sans entrer dans tous les aléas de la nouvelle politique économique mondiale qui ne sont pas à la portée du grand public haïtien, revenons sur un mot clé qui démontre que notre pays échappe aux critères de cette nouvelle gouvernance : participation. Ce mot est autant à la base des critères du FMI que de la mouvance Lavalas à l?époque d?Aristide. Pourtant, il faut admettre un principe simple qui conduit à l?inapplicabilité pour le moment- de ces normes internationales en Haïti : avant la participation de l?ensemble d?une population à un tel concept, faut-il bien qu?elle soit précédée de l?éducation et de la préparation. Or, plus de 60% des Haïtiens sont analphabètes, sans éducation et encore moins de préparation nécessaire à l?exercice de leur citoyenneté. Cette dernière est utilisée uniquement lors des élections, mais ensuite qu?en fait-on ?


 


La citoyenneté est l?armature d?une société. Elle fait aussi appel aux valeurs de cette dernière. En effet, « ce sont les gens ordinaires, les gens du peuple, qui font que le pays est bon ou mauvais. Individuellement, ils pensent qu’ils ne comptent pas beaucoup, mais ils deviennent importants en groupe [11]». Or, l?absence de vision des leaders haïtiens a aussi entraîné celle des citoyens. Dans leur majorité, ces derniers, tenaillés par la misère et la faim, n?ont ni la capacité intellectuelle ni le temps de s?occuper des affaires publiques du pays. Les autres, manipulés par un camp politique ou un autre, ont donné le triste spectacle de « l?occupation » de l?hôtel Montana par des partisans de Préval suite à la possibilité d?un second tour lors des élections de 2006. Ces citoyens là n?avaient pas comme référence les valeurs citoyennes mais bien celles que peuvent acheter un pouvoir ou un parti. Ces « citoyens » là ne se sont pas préoccupés du bien commun mais du leur. Or, lorsque la communauté internationale accepte et impose le verdict de la pression des rues, à la moitié de la population qui n?avait pas voté pour Préval, à quoi pouvait-on s?attendre ? Lorsque, chaque année, la diffusion d?un message d?Aristide est accompagnée d?une hausse de kidnappings et d?actes criminels, et que rien n?est fait pour empêcher une telle diffusion – ni de la part des autorités haïtiennes ni de la part de la MINUSTAH- comment ne pas compter les victimes par centaines ?


 


En 2007, l?ONU a recensé environ 200 kidnappings[12], principalement dans la capitale. Que dire des kidnappings officieux qui ont été négociés sans la police et la MINUSTAH ? Tant les autorités haïtiennes que celles de la MINUSTAH se complaisent à comparer ce chiffre à celui de l?année dernière en soulignant une baisse de ce phénomène. Mais chaque kidnapping en est déjà un de trop ! Dernièrement, une jeune femme a été kidnappée, grièvement blessée et violée pendant plusieurs jours par ses ravisseurs, même après le versement de la rançon par ses parents. Le chef des ravisseurs était un déporté connu pour ses crimes à l?étranger. Elle a échappé de peu à la mort mais quelle vie aura-t-elle désormais ? Pourtant, le Premier ministre vient de s?octroyer un satisfecit pour l?année écoulée. Et s?il s?agissait de sa fille ou de sa femme, que dirait-il ? Le président Préval a promis la semaine dernière d?en finir en 2008 avec les kidnappings et a reconnu devant les enfants que « les kidnappeurs avaient réussi à le démentir ». Mais qu?est-ce qui se fait concrètement pour arrêter ces horreurs, notamment les kidnappings d?enfants ? Qu?est-ce que les autorités ont fait pour ficher, surveiller les déportés criminels et demander l?arrêt de leur envoi systématique « aux pays amis d?Haïti » qui engendrent ces criminels ? Pourquoi Préval appelle les kidnappeurs à arrêter leurs actes odieux au lieu de leur imposer l?autorité de l?État ? Pourquoi les organisations de défense des droits de l?Homme crient-elles au scandale devant la détention préventive prolongée et, lorsque des libérations massives sont effectuées, ne font  le lien entre ces dernières et la hausse de criminalité que lorsqu?il est trop tard ? Pourquoi ces organisations des droits de l?Homme n?exigent-elles pas d?abord que le processus devant mener les criminels devant leur juge respectif soit accélérer plutôt que d?opter, avec le juge Claudy Gassant, pour la libération de criminels notoires, d?assassins connus, de violeurs et de kidnappeurs ? Tout ceci pour plaire aux normes d?une communauté internationale qui a mis Haïti sous perfusion économique alors qu?aucune réforme en profondeur n?a été entreprise par les autorités haïtiennes pour changer les conditions de l?impunité  en Haïti. « Toute société, pour se maintenir et vivre, a besoin absolument de respecter quelqu’un et quelque chose.[13]» Or, on ne respecte plus rien en Haïti?alors, on s?en remet à la Vierge, comme le 8 décembre dernier, en espérant un miracle alors que le destin de familles entières, de femmes et d?enfants est broyé à jamais.


 


2008 : le glas a sonné


« La citoyenneté fleurit dans la démocratie et n’existe pas ailleurs. Un gouvernement démocratique n’est ni plus ni moins que la plus haute expression de ce qui est profondément ancré dans l’esprit du peuple ; c’est une association volontaire pour le bien commun[14]Quel est notre bien commun aujourd?hui ? Notre terre, Haïti. Une terre qui disparaît un peu plus à chaque saison cyclonique vers la mer en créant un nouveau type de réfugiés : les réfugiés environnementaux, qui s?ajoutent aux réfugiés politiques et économiques qui ont, entre autres, drainé 83% de notre matière grise vers l?étranger. Selon l?UNESCO, depuis les années 1990, le nombre de démocraties formelles dans le monde est passé de 76 (46.1%) à 117 (61.3%)[15]. Que nous a apporté cette démocratie à l?haïtienne ? Uniquement une certaine liberté d?expression. La communauté internationale se dit préoccupée par Haïti mais c?est cette même communauté qui a regardé, les bras croisés, le Rwanda s?enfoncer dans un génocide sans nom en 1994. C?est aussi cette même communauté qui a empêché qu?en 2004 nous puissions trouver notre voie vers un nouveau contrat social en intervenant dans la crise haïtienne, en coupant l?herbe sous le pied de la société civile mobilisée et, surtout, pour le comble de notre malheur, en transportant Aristide vers d?autres cieux d?où il empoisonne encore notre existence. Le Groupe des 184 s?est retiré et a mis son contrat social au placard en laissant tomber le bien commun d?une société qu?il avait rallié dans presque toutes ses composantes. Là encore, notre responsabilité est plus grande que celle de la communauté internationale qui ne cesse de nous répéter que le sort des Haïtiens dépend des Haïtiens eux-mêmes. Là encore, n?avons-nous pas mérité ce qui nous arrive? Où sont les leaders du Groupe des 184 aujourd?hui ? Où sont les intellectuels qui ont le devoir d?intervenir à contre-courant ? Dany Laferrière vient de dénoncer le silence des intellectuels qui, selon lui, sont des produits de leur société. «Une société qui n’est pas capable d’en produire de bons, d’honnêtes et de conséquents doit se poser de graves questions. Il n’y a pas que face au pouvoir qu’il faut prendre soin de créer une opposition, on doit susciter aussi une pareille démarche dans la vie civile[16]», écrit-il. « La première qualité d’un intellectuel c’est le courage. Et c’est ce qui manque le plus souvent de nos jours. (?) Or que remarquons-nous ces jours-ci face à nos problèmes de société? Nos intellectuels brillent par leur absence. Personne ne veut risquer ses acquis sociaux et économiques. Ils n’osent pas faire face à la montée des idées démagogiques et fascisantes. Ils préfèrent se réfugier parfois dans des combats plus fédérateurs comme l’environnement. Le combat pour un monde plus vert et plus respirable est un combat important. Mais veut-on respirer un air propre quand celui-ci est pollué par l’injustice, le racisme et l’exclusion? », questionne Dany Laferrière dans un Québec baignant de plus en plus dans l?intolérance envers les étrangers et qui stigmatise ces derniers, dont les Haïtiens, pour tenter d?expliquer sa grave crise identitaire.


 


Ceci nous amène à conclure en invitant les Haïtiens à questionner le modèle d?une démocratie occidentale, et plus particulièrement nord-américaine, que l?on a voulu nous imposer et que, reconnaissons-le, nous avons toujours voulu imiter. Qu?a-t-il donné ? La prolifération de la drogue et des gangs, des enfants attaquant leurs propres écoles en tuant leurs camarades avant de se suicider, un face à face dangereux entre l?Occident et les pays musulmans, des stars réduites au scandale de la saga des «people» sur le Net et dans les médias, le dopage dans le sport, l?argent comme valeur principale et j?en passe. Le modèle capitaliste est en train de s?effondrer, en témoigne le choix de l?homme de l?année par TIME Magazine : Vladimir Poutine ! Qui l?aurait cru ? Ce chef d?État qui, selon les propres termes de cet hebdomadaire de renom, n?est pourtant ni « un démocrate selon la définition occidentale», ni un «parangon de la liberté d’expression[17]», a reçu cette distinction parce qu?il a choisi l?ordre avant la liberté et a réussi à replacer la Russie à la table des puissances mondiales et à lui apporter la stabilité. Le TiME prévoit ainsi que Poutine fera de la «Mère Russie» un pays d’un genre nouveau, ne répondant ni aux canons politiques de l’Ouest, ni à ceux de l’Est.


Préval n?a certainement pas l?envergure ni la détermination d?un Poutine et n?arrivera jamais ni à séduire ni à convaincre par ce qu?il est. Il doit donc accepter de décider de faire des choix urgents.  Il nous faut des résultats et vite. Si nous avons coutume de dire que tout est prioritaire en Haïti, il faut aussi savoir donner la priorité à certaines priorités : la première, demeure la restauration de l?ordre et de la sécurité; la seconde, la relance de la production nationale afin de nourrir la population ; et la troisième, la création de vrais emplois. Il n?y a là rien de sorcier et rien que nous ne puissions faire à notre manière et selon nos critères. Le glas a sonné et un sursaut national est le passage obligé pour ne pas nous enfoncer dans la médiocrité et une nouvelle crise nationale dont pourrions ne pas nous relever.


Il faut aussi qu?en parallèle, nous accordions une attention particulière à notre environnement. Non pas en choisissant  ce dernier comme thème de carnaval en invitant le peuple à de basses «grouillades» sur un problème aussi dramatique mais en le mobilisant pour planter des arbres, en le conscientisant, en prenant des dispositions pour arrêter la mafia connue qui saigne nos carrières et nos réserves forestières et en trouvant une alternative au charbon de bois. Enfin, il faut trouver le moyen d?inclure la diaspora dans les affaires nationales et le transfert des connaissances afin de former des cadres dans un pays qui est majoritairement habité par des analphabètes et où les corrompus, les lâches et les ignares prétentieux ont trop souvent pignon sur rue. Pour cela, comme dirait Jean le Rond d?Alembert, il faudrait qu?on apprenne, une fois pour toutes « dans ce pays-ci, à respecter les talents dont on a besoin pour son plaisir et pour son instruction, et à ne pas croire qu’après les avoir outragés et avilis on les regagne par des caresses


Si nous osons rêver et ?uvrer, sincèrement, activement et tous ensemble, à l?avènement d?une démocratie adaptée aux problèmes et à la culture haïtienne, nous pourrons nous dresser contre la consécration de la mondialisation néolibérale. Pour cela, il ne faut cependant par être dupe, mais plutôt développer des stratégies alternatives de résistance. « À la gouvernance privatisée qui ne convie la société civile dans ses instances de négociation que pour mieux entériner les décisions favorables au secteur privé, doit être opposée une véritable gouvernance citoyenne qui permettrait de pallier aux dysfonctionnements de la démocratie représentative, sans pour autant signifier le déclin de l’État, conçu comme un moyen d’émancipation collective. La finalité de ce projet de gouvernance doit être collective, et non pas au profit de quelques uns[18] Alors, et alors seulement, nous pourrons dire que nous aurons l?espoir, le vrai, de sortir de la quadrature du cercle infernal dans lequel nous nous enfermons depuis 1990.


Nancy Roc, Montréal, le 1er janvier 2008.