Originally: Thèmes de l?Emission de la semaine
Bonsoir chers auditeurs. Vous écoutez sur les ondes de Radio Classique Inter, l?émission Actualités Politiques, Grandes lignes, animée par Robert Bénodin.
Nous avons avec nous, sur les ondes de Radio Classique inter, Mirlande Hippolyte Manigat, Secrétaire Générale du RDNP sur la conjoncture de crise qui sévit en Haïti.
Madame Mirlande Manigat, nous vous souhaitons la bienvenue une fois de plus sur les ondes de Radio Classique Inter.
RB : Vous êtes venue à Miami pour participer à une convention de l?ODCA
Pouvez-vous nous faire un bref résumé de ce que vous espérez de cette convention ?
MHM : D?abord, je crois que je dois préciser pour nos auditeurs, ce que cela signifie. ODCA, c?est l?Organisation de la Démocratie Chrétienne en Amérique. C?est la branche latino-américaine de l?International de la Démocratie Chrétienne. Notre parti, le RDNP, est membre depuis très longtemps de l?ODCA. Donc ce n?est pas la première fois que je participe à une de leur réunion. Mais disons qu?il y a une double première. La réunion se teint à Miami. D?ordinaire, c?est dans un pays de l?Amérique Latine, l?Amérique Centrale ou l?Amérique du Sud. C?est la première fois que je participe en tant que Secrétaire Générale du RDNP.
Ce n?est pas une convention, c?est plutôt un séminaire, dont l?objectif est de discuter l?agenda démocratique pour les Amériques pendant le XXIe siècle. On aborde 5 aspects de cet agenda, politique, économique, social et droits humains, science et technologie et les rapport avec les médias. Parallèlement, il y a aussi une réunion de ce qu?on appelle la MUDCA, l?Union des femmes Démocrates Chrétiennes en Amérique. C?est ce qui explique ma présence à Miami.
RB : Finalement la réouverture des chambres législatives a eu lieu selon le rituel constitutionnel, en Assemblée Nationale, avec les 3e sénateurs présents. Joseph Lambert l?ex-président du Sénat a été chassé de son poste, accusé d?avoir ?uvré contre les intérêts de l?institution législative dont il était le président. On a acclamé le nouveau président et voté un nouveau bureau multipartite.
-Comment voyez-vous l?évolution de cette affaire ?
-Aura-t-on des élections renouvelant le tiers du Sénat et les élections indirectes ?
-La communauté internationale s?intéresse-t-elle aux élections indirectes ?
MHM : C?est une question à plusieurs volets. Je vais les prendre l?un après l?autre. Effectivement, il y avait une grande incertitude qui entourait la tenue de l?Assemblé Nationale le 14 janvier. Cette tenue qui était indispensable pour ouvrir la session, a eu lieu. Après il y a les réunions du Sénat lui-même. Et Joseph Lambert a été remplacé par Kéli Bastien. Il y a quand même une ombre qui plane sur ce transfert. Selon les deux, il s?agissait d?une sorte de pacte de succession. Moi d?abord, vous ensuite. Et ce qu?il y a de plus troublant, qu?on entende un autre sénateur dire, Kéli Bastien est maintenant président du Sénat. Après lui ce sera mon tour. Autrement dit, on a l?impression que c?est un jeu de chaise musicale. Que la présidence du Sénat est réservée à tour de rôle entre des copains. Je connais Kéli Bastien. Il a été député. Il a été président de la chambre. C?est un médecin. J?ai beaucoup d?estime pour le personnage. Maintenant il y a des problèmes qui se posent.
Votre deuxième question, c?est le renouvellement du tiers du Sénat et les élections indirectes. Je crois que cela dépend de la loi électorale qui est en cours d?élaboration. On ne sait pas si elle va seulement organiser les élections du tiers du Sénat, ou si elle va aussi inclure les élections indirectes.
Maintenant est-ce que la communauté internationale s?intéresse aux élections indirectes ? Je crois qu?elle est un petit peu déconcertée par la complexité des niveaux d?élections en Haïti. Cependant elle n?a pas à s?intéresser à ne pas s?intéresser. C?est une affaire nationale. Il faut donc que les Haïtiens fassent ce qu?ils ont à faire. Et la communauté internationale, du moins c?est le principe, sera bien obligé d?accepter les résultats. Ou alors elle contestera les résultats. Ce qu?elle n?a pas l?habitude de faire. Pour ma part je suis un peu circonspecte. J?estime, encore une fois c?est une affaire pour les Haïtiens. L?opinion de la communauté internationale, quoi qu?elle soit importante, étant donné le degré de dépendance de notre pays malheureusement, cette opinion n?est pas prioritaire dans la conjoncture.
RB : Certes, la man?uvre pour handicaper le Sénat a échoué. Cependant la volonté totalitaire de l?Exécutif demeurant invariablement le contrôle absolu du pouvoir législatif, assumons que les élections sénatoriales auront lieu. Le tandem Préval/Alexis ne sera-t-il pas tenté de réitérer la confiscation des élections, comme il l?avait fait pour celles du 21 mai 2000 ?
MHM : C?est bien possible. Vous savez que les précédents ont leur impacte, leur influence. La tentation peut exister. Je crois que le contexte est différent. Vouloir contrôler les chambres, c?est assez manifeste. Si les chambres se montrent dociles, il n?aura pas besoin de les dissoudre. Mais il y a un risque majeur. C?est qu?il n?y ait pas d?élection. Et qu?on se retrouve le 2e lundi du mois de mai, avec la date constitutionnelle de la fin de la session, sans qu?il ait eu ces élections. Je peux ajouter que, ce qui est en train de se passer maintenant, risque de se reproduire. Car dans deux ans, ceux qui avaient été élus pour 4 ans, peuvent bien prendre comme précédent, comme jurisprudence, ce qui est entrain de se passer maintenant. Donc rééditer le 21 mai 2000, ça c?est bien possible. Mais confisquer complètement le pouvoir législatif, la tentation peut exister. Cependant je crois que ce sera plus difficile qu?en 1999 et en l?an 2000.
RB : Il y a jusqu’à présent un malaise manifeste au sein du nouveau CEP provisoire, même après l?adoption des nouveaux règlements généraux. Les Conseillers promettent le nouveau projet de loi électorale pour bientôt.
Peut-on croire, que la loi électorale sera promulguée de sitôt par le parlement?
MHM : Techniquement, il ne devrait pas y avoir de difficulté, ni pour préparer la loi, ni pour la faire voter par le Sénat et par la chambre, ni pour la promulguer. Etant donné qu?il y a divers documents. Il y a diverses lois électorales. Le dernier décret électoral, s?ajoute aux lois précédentes pour servir en quelque sorte au moins de brouillon. C’est-à-dire il ne devrait avoir grand-chose à changer.
Ce qui est en cause c?est la volonté d?accélérer les choses. Car étant donné qu?il s?agit d?une loi. Il est bon de rappeler quel sera l?itinéraire de ce document. Il est en train d?être préparé par le Conseil Electoral. La Constitution ne permet pas à ce conseil de déposer le projet directement devant le parlement. Il doit l?acheminer à l?Exécutif qui a accès au parlement. Mais la Constitution dit que l?Exécutif l?achemine au parlement pour les suites nécessaires. Ca veut dire quoi ? Cela veut dire que le texte qui sera acheminé à l?Exécutif peut ne pas rester en état. C’est-à-dire que l?Exécutif déjà lui-même, peut y apporter quelques modifications. Il ne peut pas le retourner au CEP. Car l?Exécutif a un pouvoir supérieur à celui du CEP. Il l?achemine en priorité à la chambre des députés.
La chambre des députés trouve qu?il y a 5 ou 6 articles avec lesquelles elle n?est pas d?accord. Elle les modifie. Elle envoie le texte avec les modifications au Sénat. Le Sénat peut être d?accord avec ces modifications, ou ne pas les approuver. S?il ne les approuve pas, il doit le renvoyer à la chambre des députés. La Constitution dit qu?une commission bicamérale pourrait peut être apurer les divergences de manière à ce que ce texte soit voté exactement dans les mêmes termes par les deux chambres, soit envoyé à l?Exécutif. Si l?Exécutif n?est pas d?accord avec les modifications apportées par l?une ou l?autre, ou par les deux séparément, il peut dire, je vous renvoie le texte. Et la Constitution dit, si à ce moment là les deux chambres votent à une certaine majorité, elles envoient le nouveau texte à l?Exécutif. Là l?Exécutif est obligé de promulguer. C’est-à-dire le président signe le texte, lui appose le sceau de la République et l?envoie au Moniteur pour publication.
Vous voyez en évoquant ces différentes étapes, nous rencontrons autant de pierres d?achoppement, si, il n?y a pas la volonté politique d?accélérer les choses. Il y a un denier point d?achoppement, que l?on retrouve dans toute l?histoire parlementaire haïtienne. C?est qu?il n?y a pas un délai pour l?Exécutif, pour qu?il envoie au Moniteur. Dans l?histoire parlementaire haïtienne, il y a eu différents cas, où la chambre ou le Sénat a fait dire à l?Exécutif, nous vous avons envoyé 5 ou 10 lois adoptées. Vous les avez adoptées vous-même. Vous avez signé. Mais vous ne les avez pas fait promulguer. C’est-à-dire que vous ne les avez pas envoyées au Moniteur pour être publiées. Donc c?est une tactique que le mécanisme même du système d?adoption des lois permet d?appliquer.
Encore une fois j?insiste. S?il y a la volonté politique ceci peut être fait rapidement. S?il n?y a pas la volonté politique. Si on veut faire durer les choses. La procédure d?adoption des lois, permet aussi bien aux deux chambres qu?a l?Exécutif de faire durer les choses. Donc, il n?est que d?attendre. Je ne sais pas quelles sont les nouvelles du jour, Je ne sais pas si le CEP a finalement envoyé le texte. Cependant en Haïti, on doute fort que les choses vont s?accélérer avant le carnaval. Ce sera peut être après le carnaval. Encore ce sera un prétexte. Même si le carnaval produit une certaine excitation auprès de la population, il ne paralyse pas la vie de l?Etat ni de la nation. On attend. Nous devons tout simplement attendre.
RB : Reginald Delva, expert en sécurité, tire la sonnette d?alarme, signalant qu?une quinzaine de cas d?enlèvement ont été recensés ces derniers jours par les autorités. Il rejette les considérations des responsables de la Minustah qui comparent les statistiques du kidnapping en Haïti avec ceux des pays étrangers.
Quelles sont vos appréhensions et inquiétudes concernant l?insécurité ?
MHM : Je vous donnerai d?abord mon sentiment en ce qui concerne, ce que j?appelle un décalage, entre ce que disent les autorités et le vécu des citoyens. Je crois que les citoyens sont plus proches des propos tenus par Reginald Delva. Parce que vous savez qu?il y a des cas de kidnapping qui ne sont pas rapportés dans la presse. Des gens qui préfèrent faire le silence, surtout s?ils payent. Si c?est la police qui délivre, à ce moment là c?est difficile de faire le silence. Il faut savoir quand même, pour beaucoup de familles à l?épreuve psychologique, morale, s?ajoute un certain gène. Elles ne veulent pas révéler qu?un des leurs a été kidnappé. Il y a ce décalage. Je crois que l?opinion des citoyens et celui de Delva sont plus proches de la réalité que les propos faussement rassurants du gouvernement ou de la Minustah.
Je dirais qu?il y a un argument que je n?accepte pas. C?est vrai, statistiquement, il y a plus d?insécurité à Miami, à Washington, à Chicago, qu?en Haïti. Mais ce n?est pas cela qu?il faut voir. Il faut voir deux choses. La première c?est qu?aux Etats-Unis au moins il y a le 911. Les gens peuvent appeler pour crier « au secours ». Nous avons un numéro fourni par la police. Mais la police est impuissante techniquement, faute de moyen logistique, à répondre à tous les appels qu?elle reçoit. L?autre aspect que je voudrais signaler. C?est que je n?aime pas la comparaison avec les pays étrangers. Il faut faire la comparaison, avec ce qu?était Haïti, il y a quelques années. Nous n?avions pas une situation de ce genre. En Haïti, la pratique du kidnapping était totalement inexistante, il y a quelques années. Voilà le point qu?il faut souligner.
Mes appréhensions et mes inquiétudes concernant l?insécurité, elles sont grandes. Parce que je ne perçois pas précisément cette volonté politique de combattre efficacement l?insécurité. Les citoyens ont l?impression qu?ils sont livrés à eux-mêmes. On leurs demande de l?argent. Ils font ce qu?il faut. Ils empruntent. Ils font appel à leurs parents à l?étranger etc. pour payer la rançon. Donc je ne vois pas vraiment la fin de cette situation.
RB : Préval et Alexis, pour commémorer le jour de l?Indépendance, le 1er janvier, et participer à l?ouverture des chambres législatives, le 14 janvier, ont lancé leurs messages à la nation. En général ces discours ont été sévèrement critiqués.
Pouvez-vous partager avec nous votre opinion, concernant ces messages ?
MHM : Paroles, paroles, paroles? Lorsqu?on est au gouvernement, on doit parler, bien entendu. Mais qu?attend la nation ? Elle attend des actes. Elle n?attend pas des belles paroles. Elle est vraiment saturée de paroles. Je voudrais rapporter deux propos que j?ai entendus lors d?un micro-trottoir réalisé par des radios. La première, un citoyen a dit : « Le gouvernement est aveugle, sourd et muet. » C?est tout dire qu?il ne voit pas, qu?il n?entend pas. Il dit que le gouvernement est muet. Non ! Le gouvernement parle. Cependant ce qu?il dit évidemment ne touche pas les citoyens. La deuxième expression, c?est que : « Paroles ça yo, yo pas voyé nan maché. » Le vécu des citoyens c?est par exemple la vie chère. Maintenant, vous parlez, vous faites de belles promesses. Mais comment, à quel rythme, dans quel délai, ces promesses vont-elles se concrétiser ? Voilà la situation !
RB : Après ces quatre grands messages lancés tambour battant en début d?année, par la présidence et la primature, croyez-vous que le pays émergera de la stagnation, comme un Ph?nix de ses cendres ?
MHM : Ca, pas du tout ! Ou alors, à moins que par l?incroyable le gouvernement se réveille, adopte des mesures énergiques, et n?applique plus de pansement sur une jambe de bois. Relever de ses cendres comme le Phoenix. L?image est belle. Elle est allégorique. Malheureusement la politique ne se fait pas avec ses représentations allégoriques.
RB : Haïti étant le pays le plus pauvre de l?hémisphère, la cherté de la vie doit être un souci majeur, si ce n?est le souci majeur des plus démunis.
Que fait le gouvernement, pour alléger le poids de ce fardeau pour les masses qui sont à bout de souffle et aux abois ?
MHM : Encore une fois ce sont des promesses, des analyses, évidemment. Il annonce ce qu?il va faire. Mais jusqu’à présent, on ne voit pas de plan. On ne voit pas les étapes. On ne voit pas très bien dans quelle direction, il recherche les moyens pour résoudre ce problème de vie chère. Pour stopper l?escalade des pris d?abord. Ensuite pour essayer de les faire baisser. Ce sont deux initiatives successives. Mais ces deux doivent se réaliser par l?application de mécanismes cohérents. Et là, on ne voit absolument pas de cohérence.
RB : Le taux de chômage demeurant jusqu’à présent à 75%, quel est l?effet de cette calamité sur la délinquance ?
MHM : Je ne nie pas l?effet sur la délinquance. Cependant, il y a une prudence à observer. Car il y a des jeunes qui sont au chômage, et c?est la majorité, qui ne deviennent pas des délinquants. Il faudrait peut être essayer d?éviter que l?on explique la délinquance par le chômage. Il y a certainement une relation. Le dés?uvrement, la désespérance, le besoin d?argent etc. le constat que le père ne travaille pas, que le frère ne travaille pas non plus, l?un d?eux peut être tenté de recourir à la délinquance. La délinquance c?est quoi ? C?est l?argent facile. En une nuit avec un kidnapping, ils peuvent réaliser ce qu?ils auraient réalisé en un an etc. Je crois qu?il faut se garder de trop lier dans une perspective de cause à effet la délinquance en Haïti et le chômage qui en serait la cause principale. Il faut vraiment essayer de ne pas tomber dans cet excès là. Il y a une relation, on ne peut pas le nier, mais cette relation, elle n?est pas absolue, et elle ne s?exprime pas dans tous les cas.
RB : Préval dans l?un de ses messages a promis de faciliter l?investissement.
L?établissement de l?état de droit est-il un pré-requis essentiel et fondamental à l?investissement de capitaux ?
MHM : Il faudrait le lui demander ! Evidemment, les investissements ne viennent pas, pour causes. Car quiconque aurait un peu d?argent à investir, ne viendrait pas en Haïti. Même si, par exemple certaines conditions, par exemple le niveau des salaires qui est l?un des plus bas, si non le plus bas de la région. Il n?y a pas de protection sociale etc. Les syndicats sont mal organisés. Autrement dit les syndicats ne vont pas présenter de problème. Ce sont des facteurs essentiels qui ne sont pas positifs mais qui pourraient stimuler l?investissement. Or je ne vois pas venir l?investissement. Car il y a des pré-requis, comme vous l?avez dit. Il y a des pré-requis au niveau des infrastructures, l?électricité, les routes, l?eau etc. Il y a des pré-requis d?ordre juridique. C’est-à-dire, le respect des règles. Le code de l?investissement qu?il faudrait revoir. Il y a aussi le risque de corruption. Quiconque vient investir en Haïti sait qu?il doit prévoir un petit « tcho-tcho » à coté, pour que le dossier avance etc., etc. ? Et tout ceci se ramène effectivement à l?Etat de droit. Parce que l?Etat de droit, c?est le respect, c?est l?établissement de règles fixes, de règles cohérentes, de règle justes. Et le respect de ces règles aussi bien par les gouvernants que par les gouvernés. Or pour l?instant, il n?y a pas d?investissement en Haïti.
RB : Prévale dans l?un de ses messages a parlé d?augmentation de la production agricole. Aujourd?hui, les plantations de bananes de l?Arcahaie et de Léogâne sont victimes, ravagées par la Sigatoka, depuis quatre ans.
Que font Prévale, Alexis et le ministre de l?agriculture, agronomes de profession, pour combattre cette maladie ? Ont-ils intérêt dans l?importation de la banane venant de la Dominicanie ?
MHM : S?agissant de la banane, il y a trois événements qui se sont succédés. Vous savez que le marché haïtien est contrôlé, envahi par les produits dominicains. Or après le cyclone Noël, le gouvernement dominicain constatant la destruction de pas mal de champs de banane et d?autres produits agricoles, avait décidé de suspendre de limiter les exportations vers Haïti. Autrement dit il y a une source d?approvisionnement de bananes en Haïti, qui s?est fermée, ou qui a été considérablement réduite. Je peux vous dire qu?une banane en Haïti maintenant coûte 10 à 15 gourdes.
Deuxième fait, c?est cette épidémie de la Sigatoka qui frappe les bananerais. C?est venu d?Asie. Cette semaine précisément, le nouvelliste a publié des photos de bananes de plants de banane. On voit d?ailleurs que les fruits sont très chétifs. Et les feuilles sont très symptomatiques de l?extension de cette épidémie. Car elle deviennent jaunâtre et puis rougeâtres. Donc on alerte de nouveau sur l?existence de cette épidémie qui existe en Haïti depuis quatre ans.
Troisième évènement, la grève et les manifestations des étudiants de la Faculté d?Agronomie, qui se plaignent. Leur cahier de doléances comprend des critiques concernant l?organisation des cours. Ce qui est frappant, ils se disent : « A quoi allons nous servir après notre diplôme ? Car l?Etat ne prévoit rien pour nous employer. Nous passons de années à étudier. Nous avons trois ou quatre agronomes à la tête de l?Etat. Et pourtant nous nous engageons dans une voie sans issue. » C?est ça qui me frappe.
Il y a un problème de la banane chez nous. Qui est un problème économique, social, qui est au niveau du système éducatif, au niveau universitaire, avec l?affaire des étudiants de la Faculté d?Agronomie. Et jusqu’à présent je n?entends pas le gouvernement intervenir, en ce qui concerne la rareté de la banane. Vous savez combien la banane entre dans l?alimentation quotidienne des Haïtiens. Mais maintenant la banane est devenue hors de prix. Parce que nos bananerais ne produisaient pas suffisamment. Elles ont été affectées par le cyclone Noël. Il y a une réduction du coté de la République dominicaine. Et pour ajouter au drame, nous avons l?extension de cette épidémie. Vous avez dit dans les plaines de l?Arcahaie et de Léogâne, et selon les témoignages, dans d?autres régions aussi du pays, là où cette épidémie de Sigatoka s?est étendue.
RB : Prévale dans l?un de ses messages a parlé de modernisation de l?administration publique.
A-t-il le personnel nécessaire ? Sans électricité, peut-on parler de modernisation et encore moins de moderniser l?administration publique ?
MHM : Vous savez que dans l?administration publique que l?on critique volontiers. On dit qu?elle est pléthorique. Mais elle est insuffisante en termes statistiques en comparaison des besoins de gestion administrative de l?Etat. Mais au sein de cette fonction publique, nous avons des techniciens qui pour l?instant sont complètement désabusés. Ils fonctionnent dans la routine. Ils n?ont pas de perspective d?amélioration de l?emploi, d?amélioration de salaire, de progrès dans la hiérarchie de l?administration publique. Cependant ils sont compétents. Mais leur compétence est en train de se stériliser. Donc la modernisation de l?Etat, suppose le changement en profondeur des structures d?accueille de la fonction publique, de façon à rendre l?Etat beaucoup plus performant. Pour l?instant, là encore nous tombons dans la même question, des paroles, des paroles, des paroles? \
La presse fait des enquêtes en envoyant des journalistes peu connus anonymes, essayer de remplir des papiers, d?effectuer des formalités auprès de l?administration publique. Et la presse dénonce précisément l?inertie d?un organisme comme la DGI, qui est tellement importante, non-seulement pour la perception des impôts, mais pour la préparation des actes etc. Les résultats de ces enquêtes sont absolument ahurissants. On est loin de la modernisation. On est absolument loin. Avant l?électricité qui permettrait l?informatisation, il y a les structures elles-mêmes qui sont sclérosées, paralysées de sorte que les citoyens ne peuvent même pas obtenir de la fonction publique des services auxquels ils ont droit. La modernisation elle n?est pas pour demain.
RB : Accompagnant ces quatre messages de début d?année, il y a-t-il un plan d?action qui dit comment on va accomplir ce qui est annoncé et promis dans ces discours ?
MHM : S?il y a un plan, il demeure absolument inconnu. Je ne le perçois pas.
RB : Depuis le catapultage de Préval et d?Alexis en février 2006, il y a eu des promesses, 750 millions de dollars faites en juillet 2006, pour stimuler l?économie.
Pourquoi sommes-nous jusqu’à présent dans cette situation de stagnation économique ?
MHM : Mais il y a pire. Les 750 millions de dollars, chaque bailleur de fonds a ses mécanismes, ses usages et ses exigences. Mais je ne crois pas que la totalité des 750 millions de dollars soit déboursée. Il y a pire. Il y a un débours qui est fait dans certains cas, qui n?a pas été utilisé. Il y a dans le budget national des sommes votées, prévues et qui ne sont pas utilisés. Pourquoi ? Parce qu?il n?y a pas de plan. Il n?y a pas de vision. Il n?y a pas de perspective de réalisation économique. Il n?y a pas de projet. Il n?y a pas de planification.
Les bailleurs de fonds même les mieux disposés se retiennent. Je veux dire, ils ne poussent pas en avant. Parce que certains organismes financiers internationaux peuvent promettre 40 millions de dollars, par exemple pour construire une route. Cependant, ils ne déboursent pas les 40 millions de dollars d?un coup. Il y a un échéancier. Un des éléments de cet échéancier, c?est par exemple l?appel d?offre, pour contracter l?entreprise qui offre le plus de garanti en terme de qualité/prix. Et à ce moment là on débourse une partie. Mais il y a un audite qui est fait. Vous dites que vous commencez la route et que vous prendrez 6 mois pour les premiers travaux. Nous déboursons pour les premiers travaux. Où sont les travaux ? Si les travaux ne sont pas faits, le deuxième débours n?interviendra pas.
Donc il y a différentes questions qui explique la stagnation économique. En particulier le manque de sérieux avec lequel le gouvernement traite les questions économiques.
RB : Au lendemain du départ d?Aristide pour l?exil, on s?est engagé dans une réforme de la PNH.
A quel point sommes-nous ?
MHM : Elle en cours de manière cahin-caha. Je n?ai pas beaucoup d?information sur ce qui se fait. Il y a de l?argent voté pour recruter de nouveaux membres. Mais ce qui attire mon attention. Une fois qu?on est en train de former une nouvelle promotion, j?ai l?impression qu?on les forme peut être en 6 mois. Je ne connais pas le contenu de cette formation. Mais je m?imagine quand même que pour des jeunes qui n?ont jamais tenu une arme, qui ne connaissent pas l?ABC des fonctions policières. 6 mois ça me parait très court. On les envoie tout de suite parfois dans des endroits sensibles. Alors qu?il faudrait peut être les entraîner par des stages auprès d?aînés. En outre leur armement, on leur apprend la technique du maniement des armes, mais aussi, l?opportunité de l?utilisation de l?arme.
Il m?est arrivé dans mes tournées en province de visiter quelques casernes de police. Franchement, pour certaines c?est vraiment le dénuement total. Par exemple un caserne dans une ville sur la frontière. Alors que de l?autre coté de la frontière en République dominicaine, vous voyez des casernes flambants neufs avec des équipements etc. Du coté haïtien de la frontière, c?est la désolation. La manière dont l?Etat traite ceux qui sont chargés d?assurer le maintien de l?ordre. Et ceux qui sont sur la frontière, ont même la tache implicite de surveiller la frontière. L?Etat ne leur donne pas les moyens matériels pour accomplir leurs taches.
RB : On avait formé une commission de réflexion sur le rétablissement de l?Armée d?Haïti.
Si elle fonctionne, qu?a-t-elle accompli de concret ?
MHM : Ma réponse va être très brève. Si elle fonctionne c?est un secret bien gardé. Car la population n?en sait absolument rien. C?est une façon de dire que je ne crois pas qu?elle fonctionne.
RB : De temps à autre, l?interpellation du premier ministre par des membres de l?une ou de l?autre chambre législative, refait surface.
Il y a-t-il une volonté politique derrière cette affaire ? Ou est-ce tout simplement un rideau de fumé ?
MHM : Je crois qu?il s?agi d?un jeu, un peu malsain. Et qui n?illustre pas les rapports qui doivent exister entre les deux pouvoirs, l?Exécutif et le Législatif. Les députés avaient annoncé urbi et orbi au mois de décembre, que si le 14 janvier, le premier ministre ne démissionnait pas, eux-mêmes ils allaient démissionner.
Que je sache le premier ministre n?a pas démissionné. Mais que je sache les députés non plus n?ont pas démissionné. Il y a une interpellation décidée au Sénat. L?ex-président du Sénat avait décidé de ne pas poursuivre. Alors qu?en droit parlementaire, toute interpellation doit connaître une issue. Laquelle issue est un vote d?approbation ou de censure. Donc c?est un jeu. Et les citoyens se demandent, à chaque fois qu?on menace d?interpeller le premier ministre, est-ce que le premier ministre ne fait pas ce qu?il estime devoir faire pour sauver sa tête ? C’est-à-dire recourir à la corruption, ou à l?intimidation.
Donc voilà où nous en sommes. Alors que c?est une affaire sérieuse, une interpellation même d?un ministre ne devrait pas obéir à des calculs. Ou alors se faire à la légère. L?interpellation du premier ministre c?est évidemment la chute du gouvernement. C?est l?application d?un pouvoir que la Constitution donne à l?une ou l?autre chambre. Mais on a l?impression que ceci se fait avec légèreté. C?est un jeu. Et ce jeu est débilitant. Ce jeu ne renforce pas l?Etat de droit. Et ce jeu ne renforce pas non plus la confiance des citoyens. Ils ont l?impression qu?entre le premier ministre, les députés et les sénateurs, c?est un jeu de copains. Je vous demande ceci, si vous ne le me donnez pas, je vous colle une interpellation, et vous verrez ce que vous verrez. On ne voit rien du tout. Brusquement on ne parle plus d?interpellation. On ne parle plus d?obligation de démission du premier ministre. Qu?est-ce qui s?est passé ? On est en droit quand même d?avancer toutes sortes de conjectures.
RB : Il y a-t-il lieu de s?inquiéter d?un retour éventuel d?Aristide en Haïti de sitôt ?
MHM : Je ne sais pas si c?est son intention. Je sais que c?est celle avouée de ses partisans en Haïti. Je ne sais pas non plus si c?est l?intention du gouvernement. Cependant je crois, il faut que le président Aristide se pose lui-même la question, est-il opportun pour lui de retourner au pays ? Parce que on met en parallèle en Haïti, sans avoir d?information concrète, sérieuse prouvée à ce sujet. On met en parallèle deux retours, le retour de deux ex-présidents, le retour de l?ex-président Duvalier et celui d?Aristide. Est-ce que ce ne serait pas aussi un jeu pour compliquer la situation politique du pays, qui est déjà quand même assez complexe. Au RDNP nous estimons que l?exile est impie. Mais dans le cas du président Jean-Claude Duvalier, il y a une action judiciaire pendante. Dans le cas du président Aristide, il est maintenant en Afrique du Sud. Il est le protégé du président Tabo Mbeki. Le président Tabo Mbeki vient d?essuyer un échec au sein de son propre parti. Il n?est plus le leader de l?ANC. C?est un autre qui a pris la place. Quel est le sentiment de cet autre ? On apprend que la presse sud africaine pose les questions, mais de cet hôte, nous l?entretenons, il est un peu encombrant etc. il devrait retourner dans son pays. Ce retour est conditionné par divers facteurs, les propres intentions du président Aristide, les propres intentions du gouvernement actuel, et surtout l?évolution de l?actualité en Afrique du sud.
RB : Est-il de l?intérêt des partis politiques de faire de la pression pour exiger la tenue des élections indirectes ?
MHM : Les élections indirectes présentent un intérêt majeur qui est constitutionnel. C’est-à-dire la formation du Conseil Electoral Permanent. Aussi le problème n?est pas de savoir, si c?est de l?intérêt de X ou de Y. Le problème est de savoir quand est-ce qu?enfin on va appliquer la Constitution, pour mettre sur pied ce Conseil Electoral Permament.
Je vous dirai personnellement, car je pratique la sincérité, que c?est alambiqué. Les dispositions constitutionnelles sont alambiquées pour former le Conseil Electoral Permanent. A partir de ces fameuses élections indirectes qui vont permettre si vous voulez par un rapport du plus bas niveau, vers le plus haut, d?arriver des ASEC aux Assemblées Communales et Assemblées Départementales. Lesquelles Assemblées Départementales vont choisir les membres du Conseil Electoral Permanent. Ceci est extrêmement compliqué. Mais c?est ce que dit la Constitution. Donc on n?y échappe pas. Cependant on peut toujours penser à poser le problème d?une révision constitutionnelle, ou de l?élaboration d?une nouvelle Constitution, trouver un moyen un petit peu plus efficient pour former le Conseil Electoral Permanent.
RB : Nous sommes tout au début de l?année 2008. Pour les Etats-Unis, on peut, sans prendre trop de risque, prédire la victoire des Démocrates à l?urne.
Quelles sont vos prédictions pour l?année 2008 en Haïti ?
MHM : J?avoue que j?ai moins de certitude que vous en ce qui concerne les élections américaines. Mais c?est vous qui vivez ici. Vous êtes en première loge, pour avoir des informations, pour évaluer. Moi voyant les choses de l?extérieur, je dis que ces élections comportent de très grandes marges d?incertitude. Qui sera le candidat choisi par la convention démocrate, puis après par la convention républicaine ? Maintenant à partir de là, quelles sont les chances de X ou de Y ? Vous affirmez, Vous dites que vous ne vous tromperez même pas. Vous dites que ce sera un démocrate. Ce sera madame Clinton ou Obama ? Attendons pour voir. Le temps électoral est particulièrement long et complexe aux Etats-Unis.
Maintenant, les prédictions pour Haïti. D?ordinaire je ne fais pas de prédiction. Je n?ai pas le privilège de voir l?avenir. Je peux à partir du présent anticiper, ce qui peut se passer. Avec ces précautions là, je dirais personnellement, que je ne vois pas des choses positives. Je vois une dégradation de la situation politique. Je vois la progression d?un mécontentement populaire. Je n?envisage pas pour autant, que ce mécontentement va déboucher sur une situation analogue à celle de 2004, avec l?issue que l?on connaît. Cependant ce mécontentement peut aggraver lui-même la situation politique. C?est ce que je vois, malheureusement pour notre pays. A moins que, c?est mon optimisme qui prend le dessus, enfin le pays sorte par un processus tout à fait naturel de la situation dans laquelle il se trouve. Et qu?enfin, nous puissions, nous les Haïtiens conscients, patriotes, décidés à s?engager dans le relèvement du pays, nous puissions entamer ce relèvement du pays.
RB : Il y a plusieurs déclarations que Prévale vient de faire dans l?Artibonite. Ceci a alarmé les gens qui opinent ouvertement sur les ondes, et manifeste ostensiblement et sans équivoque leurs mécontentements. D?une part le fait que Prévale déclare que le gouvernement est incapable de résoudre le problème de la cherté de la vie. De l?autre, il se plaint du fait qu?à l?ODVA on ait volé l?équipement, sans proposer quoique ce soit. Il y a, dans ce que j?ai lu sur Radio Métropole l?expression d?une sorte de découragement face à ces deux discours.
MHM : Là c?est la confirmation. C?est l?aveu d?impuissance. Qu?un chef d?Etat dise que je ne peux pas. Il pourrait dire que les problèmes sont là. Ils sont grands. Je vais essayer de trouver des solutions adéquates. Je ne vous promets pas la lune. Je ne vous promets pas que tout sera résolu dans un délai raisonnable. Mais cependant qu?il dise : « Je ne peux pas. » Ecoutez, si vous ne pouvez pas, abandonnez ! Ne restez pas ! Car on ne vous a placé là dans les circonstances que l?on sait. Sur lesquelles nous ne reviendrons pas. On ne vous a pas placé là pour vous entendre vous gémir. Si vous-même vous vous gémissez, nous autres de la population qu?est-ce que nous devrions faire ? Gémir aussi avec les mains à la mâchoire. « Pay a gain madichon » Le pays est foutu. Ceci ne contribue pas à alléger le climat général du pays. Donc, ceci s?ajoute en quelque sorte à ces anticipations en ce qui concerne la vie du pays en l?an 2008.
RB : Cette manifestation dont nous venons de parler, montre qu?il y a la probabilité d?une éruption du mécontentement.
MHM : Mais oui, c?est ce que je vous dis. Dans les perspectives que j?envisageais. Je vois ce mécontentement. Et ce mécontentement peut déboucher sur n?importe quoi. C?est ça le problème ! C?est ça le danger !
RB : Si nous considérons ce qui est sur l?échiquier politique, les acteurs politiques et les instruments politiques. Certes, le RDNP est le principal parti d?opposition. Mais on ne voit aucun autre parti qui soit en opposition. La majorité des paléo, crypto et néo-lavalassiens sont dans le pouvoir.
MHM : Oui, même quand ils osent critiquer le gouvernement, ils ne peuvent pas le faire de manière trop profonde. Parce qu?ils sont au gouvernement et bénéficient quand même de certains avantages de leurs collaboration avec le gouvernement.
Comment peuvent-ils critiquer ? On pourrait bien leur dire, si vous critiquez, eh bien enlevez vos ministres. Renoncez à tous les avantages dont vous jouissez de la part de gouvernement. Nous sommes dans l?opposition. Nous n?avons rien à voir avec le gouvernement. Le RDNP applique une attitude critique, on aime dire constructive. Moi je veux dire par là que dans un sens bien précis. Quand nous observons quelque chose qui se passe au gouvernement avec lequel nous ne sommes pas d?accord. Nous ne nous contentons pas de dire que nous ne sommes pas d?accord. Nous nous demandons toujours, si nous étions au pouvoir comment aurions-nous réagi ? Comment aurions-nous traité tel ou tel problème ? Car il y a des problèmes que nous n?aurions pas eus. Car ceux sont des problèmes nés d?une dégradation de la situation. Mais il y a d?autres problèmes qui pourraient se présenter de manière spontanée. Comment nous, nous les aurions traités ? Certainement de manière différente.
Mais cependant ceux qui sont au gouvernement, ne peuvent pas se payer le lux et prendre le risque de trop critiquer le gouvernement, Car le gouvernement peut les chasser à n?importe quel moment. Donc ils marchent un petit peu sur les ?ufs. Tantôt ils donnent un petit coup de patte au gouvernement. Mais le plus souvent ils trouvent des choses positives. Ils balancent un peu leurs points de vue. Tandis que nous, notre attitude est franchement une attitude d?opposition au gouvernement.
RB : Il y a quelques mois, on parlait d?amendement de la Constitution ou de sont remplacement. Il y a des rumeurs qui circulent concernant la formation d?une Assemblée constituante par le gouvernement Préval/Alexis. Est-ce vrai ou faux ?
MHM : Ca je ne sais pas. On ne peut pas organiser une Assemblée constituante dans l?anonymat. Est-ce qu?il est en train de faire les contactes nécessaires ? C?est possible. Jusqu’à présent je ne vois pas poindre la formation d?une Assemblée constituante.
RB : Travaille-t-on sur les amendements ?
MHM : On n?en parle plus. C?est comme ça en Haïti. Une question surgit. On en parle pendant une ou deux semaines. Et puis tout retombe. Alors que très souvent ces questions sont liées à des problèmes extrêmement sérieux, importants pour l?avenir de la nation.
RB : Quand est-il des lois sur la formation des magistrats ?
MHM : Il y a une opacité qui entoure l?action gouvernementale qui est délétère et qui ne joue pas en faveur de la Démocratie. Parce que la Démocratie ne signifie pas, qu?on dise tout à la population, mais qu?on dise quand même l?essentiel à la population. S?il y a des lois qui sont en train d?être fabriquées. Qui sont déposées. Qui sont en train d?être discutées. Voilà, c?est du domaine public. Ca devrait être du domaine public.
Si ça se fait en privé, en catimini, on est en droit de se demander qu?est-ce qui se cache derrière le secret qui entoure telle ou telle initiative ?
RB : Il y a une commission qui vient d?être formée par Youri Latortue et Kéli Bastien sur la double nationalité. Mais ils ont élargi la base de l?investigation. Ce n?est pas seulement le sénateur Rudolph Boulos qui est ciblé, on veut investiguer tous ceux qui sont dans le gouvernement et dans les pouvoirs.
Que pensez-vous de cette commission ?
MHM : Dans la mesure où cette commission serait sérieusement établie. Qu?elle aurait les moyens de sa politique, de l?objet de sa création. Et qu?il y ait un suivi. Qu?effectivement s?il y a des parlementaires qui ont été indûment élus, parce qu?ils ont dissimulé le fait qu?il avait une autre nationalité, ce serait une bonne chose.
Mais encore une fois je suis très prudente, quand j?observe la création de comités et de commissions etc. Attendons les faits ! Attendons les résultats !
RB : Nous vous remercions en vous présentant nos compliments pour une participation très brillante à l?émission. Et nous vous demandons de dire le dernier mot.
MHM : Je n?aime pas le dernier mot. Puisque nous aurons d?autre rendez-vous.
RB : Le dernier mot pour cette entrevue.
MHM : Je dis que comme toujours, ça a été un plaisir, dans la mesure que j?ai pu contribuer à éclaircir certains points, même si le schéma de l?émission ne permet pas de trop s?étendre. Parce que il y a eu beaucoup de questions. Donc il fallait répondre de la manière la plus concise possible. Si j?ai été utile d?une manière ou d?une autre, vous m?envoyez particulièrement satisfaite. Et je vous dis bonsoir.
RB : Merci beaucoup.