Rapport de la délégation sénatoriale au Canada

Une délégation de six sénateurs est venue au Canada pour une visite de familiarisation dans le but d?échanger avec les décideurs canadiens et d?augmenter la compréhension d?enjeux clés dans les relations canado-haïtiennes actuelles.

Originally: Une Étonnante Fuite en Avant

L?année est à sa fin et le moins qu?on puisse dire, ce n?est pas la joie. Nous attendons toujours les coups de marteaux de la reconstruction et les drapeaux des inaugurations. Tout est d?une maussade mélancolie, même le temps. Et la morosité menace de se transformer en angoisse quand le pétrole brut est à 99 dollars, que les inondations succèdent aux inondations, que l?on vend de respectables tracteurs au prix de la ferraille, tandis que l?étau de la misère et de la faim se resserre sur tout un peuple.


 


Il est alors surprenant, que dans cette conjoncture, les préoccupations de l?Exécutif semblent se concentrer sur la Constitution de 1987 rendue responsable de certains blocages dans le fonctionnement des institutions. Personne ne niera qu?il y a des problèmes d?application et des remaniements à effectuer à cette Constitution qui a distribué les pouvoirs à droite et à gauche dans le but de ne plus permettre que les droits des citoyens et citoyennes soient écrasés par les folies d?un pouvoir qui se voudrait absolu et hors-droit. Ainsi cette Constitution a voulu redonner vie aux chambres législatives, aux partis politiques, aux collectivités locales, à  la citoyenneté elle-même.


 


Mais  l?idée de faire des retouches, certaines corrections et d?éliminer certaines imprécisions de la Constitution de l987 après vingt ans d?usage, de non-usage et de mal usage semble tout à fait normale.


 


Par contre, affirmer  que la Constitution de 1987 serait une cause d?instabilité des institutions nous semble singulièrement exagérée.


 


Qu?on pense en effet à ce qui s?est passé, il y a vingt ans, de la bataille qu?il a fallu mener pour que cette Constitution soit appliquée par le CNG. Cette semaine  ramène l?anniversaire de l?événement le plus dramatique qui illustre bien ce conflit. En effet, le 29 novembre 1987, les premières élections organisées selon le requis de la nouvelle Constitution ont été  sabotées par les militaires de ce pays à coups de fusils. La plupart des citoyens et citoyennes exerçaient leur droit de vote pour la première fois. Après les batailles du mois de juillet 1987, le « rache manyok » et l?assassinat de trois candidats à la présidence, Louis-Eugène Athis, Yves Volel, Luc B.Innocent.et de l’avocat Lafontant Joseph, le CNG  n?a pas hésité ce jour-là à laisser une centaine de morts sur le ciment pour arrêter les premières élections démocratiquement organisées de ce pays. Si on avait des illusions, elles sont tombées, devant l?évidence d?un refus de la démocratie qui n?a pas eu de scrupules à faire assassiner des citoyens en train de voter et même des journalistes étrangers.


 


Plus lourd de conséquences,  les acteurs de ce forfait savaient bien que nulle enquête ne serait menée, que ces crimes tomberaient, comme tant d?autres, dans les oubliettes de l?impunité. Ce qui montre bien que les causes de l?instabilité viennent d?ailleurs que de la Constitution. Elles viennent de la complicité antidémocratique qui mine la conscience citoyenne. L?instabilité est créée et provoquée par l?entêtement  et la soif du pouvoir de personnes qui refusent d?accepter les limites posées par la Loi mère qu?ils avaient pourtant juré de suivre, de garder et de défendre.


 


Or, voici que dans ces temps incertains et souvent dangereux que nous continuons à vivre, nous terminons l?année 2007 sans que les élections prévues par la Constitution de l987 aient été faites. L?Exécutif, dans une fuite en avant impressionnante, a bloqué le cours des choses, revenant à l?incertitude du provisoire et réclamant une nouvelle Constitution avant la fin de son mandat, c?est-à-dire avant le 7 février 2011. Les résultats des élections de décembre 2006 ont attendu huit mois avant d?être publiés et n?ont été suivis d?aucune convocation aux élections, celles qui auraient mis fin à ce carrousel de CEP provisoires, et celles aussi qui auraient renouvelé le tiers du Sénat. En lieu et place de cela, donc, au lieu de suivre ce qui est imposé par la Constitution, nous assistons à un ballet dont le palais national est devenu le théâtre et où défilent tous ceux dont le Président recherche le consentement pour avoir une nouvelle Constitution avant la fin de son mandat.


 


 En fait, l?Exécutif se met en situation de  contravention, ce qui, la dernière fois, s?était transformé dans une en crise aigue, alors que  nous savons que l?article 136 de la Constitution déclare que le Président de la République «  assure le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l?Etat »


 et dans  l?article 150 : « Le Président de la République n?a d?autres pouvoirs que ceux que lui attribue la Constitution ». Le résultat est qu?on refait les mêmes erreurs qui avaient été faites dans un passé tout récent : on veut contourner la Loi.


 


La manière de procéder du Président de la République depuis son élection avait été jusqu?alors accueillie favorablement ubi et orbi. Mais, ce qui se passe depuis un certain temps surprend et inquiète car c?est la stabilité du gouvernement et du pays qui sont en jeu. C?est notre capacité de respecter l?ordre de la Loi qui est en cause, d?accepter sans arrière-pensée un modèle démocratique cohérent et participatif dans un balancement de pouvoirs et contre-pouvoirs, dans la liberté de s?exprimer, dans le respect de l?opinion des autres.


 


Jean-Claude Bajeux


25 novembre 2007  

Une déclaration citoyenne relative au respect de la constitution et en faveur des élections indirectes


 


Elle est signée par les partis politiques : Fusion, OPL, MOCHRENHA, PLH ; les organisations de la Société Civile : Centre ?cuménique des Droits Humains, Initiative de la Société Civile, Haïti Solidarité Internationale.

Les signataires de cette déclaration exigent du Président de la République le respect de la charte fondamentale qu?il a juré de respecter et de faire respecter lors de son investiture le 16 mai 2006. « Nous l?invitons également à se conformer aux prescrits de l?article 136 de la constitution, en assurant la continuité de l?Etat par la convocation des élections devant compléter les organes des collectivités territoriales, aboutir à la formation du Conseil Electoral Permanent et le renouvellement du tiers du Sénat », écrivent-ils.

Ces partis politiques et organisations de la Société Civile s?adressent aussi aux Sénateurs et Députés en leur demandant d?assumer « pleinement leurs prérogatives constitutionnelles comme co-dépositaires de la souveraineté nationale ».

Ils plaident par ailleurs « pour la tenue d?un sérieux débat national autour de la constitution, auquel participeront non seulement les grands pouvoirs de l?Etat, mais aussi les élus locaux, les partis politiques, les organisations de la Société Civile, les citoyennes et citoyens ».

Les auteurs de la déclaration citoyenne relative au respect de la constitution et en faveur des élections indirectes et sénatoriales partielles entendent « organiser des forums, colloques, tables-rondes, séminaires, débats, émissions de radio et de télé, rassemblement, publier des articles de journaux, à titre de contribution au respect scrupuleux de l?actuelle constitution jusqu?à ce qu?elle soit amendée selon les procédures prévues ».

Les autres partis politiques et organisations de la Société Civile sont invités à se joindre à cette démarche.

samedi 10 novembre 2007

Rapport de la Délégation du Sénat Haïtien

Une délégation composée de cinq sénateurs haïtiens a visité Washington pour observer les meilleures pratiques du Congrès et pour promouvoir la cause d?Haïti auprès de décideurs américains.