Thèmes de l?Emission de la semaine
Orlando le 29 juin, 2007
Actualités Politiques : Grandes Lignes
Bonsoir chers auditeurs. Vous écoutez sur les ondes de Radio Classique Inter, l?émission Actualités Politiques, Grandes lignes, animée par Robert Bénodin.
Nous avons sur les ondes de Radio Classique inter, Sauveur Pierre Etienne docteur en science politique. Nous allons faire avec lui un tour d?horizon de l?actualité politique haïtienne. Et nous parlerons un peu de son nouvel ouvrage.
Sauveur Pierre Etienne, nous vous souhaitons la bienvenue sur les ondes de Radio Classique Inter.
Robert Bénodin : Ca fait déjà quelques mois depuis notre dernière entrevue.
Pouvez-vous nous faire un bref résumé de ce qui a retenu votre attention, dans l?actualité politique haïtienne ?
Sauveur Pierre Etienne : En fait ma position n?a pas changé. Naturellement il y a des gens qui ne sont pas d?accord avec mon point de vue. Je crois que ce qui se passe en Haïti, entre ceux qui dirigent le pays, ou l?ont déjà dirigé, et particulièrement ceux qui le dirigent aujourd?hui, de temps à autre, sans faire attention, ils disent des choses. Ils parlent de recouvrir notre souveraineté. Donc, je dis que ce qui s?est passé en 2004, est exactement la même que ce qui s?est passé en 1994. L?Etat haïtien s?est effondré. Quand des dealers de drogue contrôlent les sommets de l?Etat. Nous parlons du palais national, de la primature, du parlement, de la police etc. C?est ce qui était arrivé sous Jean Bertrand Aristide. A partir du moment qu?on se trouve dans cette situation. Un Etat qui est déjà fragile qui atteint ce stade, tout le monde pouvait voir qu?il allait s?effondrer. Même ceux qui évitent d?utiliser ces termes, finissent par admettre dans leur façon de parler dans leur langage, que l?Etat s?est effondré. On a 10,000 hommes de troupe qui sont présents sur notre sol. Ceux ne sont pas des Haïtiens. Ceux sont des latinos. Il y a qui viennent d?Asie du Sud-est. Ils viennent de partout. Cela signifie que nous les Haïtiens, nous n?avons pas la capacité pour garantir le maintien de l?ordre dans notre pays, pour protéger les vies et les biens. Nous n?avons pas cette capacité, c?est ça que l?effondrement de l?Etat sous Jean Bertrand Aristide signifie. Donc, mon opinion sur ce point n?a pas changé.
Ce qui attire mon attention ces dernier temps. C?est le tintamarre que l?on fait autour de la campagne contre la corruption, contre le narcotrafic etc. C?est comme si, c?est aujourd?hui que des gens sont surpris et effarouchés, face au constat qu?il y a la corruption et le trafic de la drogue en Haïti. Comme si René Préval n?a pas été déjà président. Il n?a pas dirigé ce pays pendant 5 ans. Qu?il n?y a pas eu de trafic de drogue et de corruption pendant ses 5 ans au pouvoir. Jacques Edouard Alexis, comme si c?est pour la première fois qu?il est devenu premier ministre. N?a-t-il pas été premier ministre de facto ? Est-ce aujourd?hui qu?il est devenu premier ministre ? Il est surpris face à ces questions. Je ne prends ces gens au sérieux. Je dirais, que le trafic de la drogue et la corruption, sont des phénomènes structurels. Ceux ne sont pas des phénomènes conjoncturels. Ils sont liés. Ce système politique est basé fondamentalement sur la corruption. Quand nous parlons de corruption, il nous faut savoir qu?il y a à la fois des corrupteurs et des corrompus. En ce qui s?agit de corrupteurs et de corrompus, il nous faut savoir qu?il y a des gens qui ne s?accaparent pas du pouvoir directement. Mais ils ont une façon de faire, utilisant leur argent pour financer des candidats. Et puis après, ils s?accaparent du contrôle d?une série d?institutions de l?Etat, pour tirer profit de leurs investissements. Ou bien ils continuent à pratiquer leur trafic de drogue sans inquiétude, protégés par le pouvoir. Ou des banquiers qui s?amalgament dans toutes sortes de choses louches sous la protection du pouvoir. Finalement ils produisent des catastrophes qui proviennent de vastes activités d?escroquerie. Comme ça s?est passé dans l?affaire des coopératives. Aujourd?hui ceux sont les banques qui ont des problèmes. Certains vous disent que c?est parce que le président est lié à telle banque, qu?il s?attaque à une autre. Finalement nous connaissons l?histoire de ce pays. Nous connaissons ses problèmes. La question de corruption gangrène l?Etat. Que ce soit dans le parlement. Que ce soit à la présidence. Que ce soit au niveau de la primature, ou au niveau de la police etc. Nous savons tous ce qui se passe en Haïti. Pour changer cette situation, pour réorienter le cours des événements, ça exige que l?on ait une vision, un projet. Ca exige aussi que nous nous engagions dans une véritable lutte, dans un véritable combat contre la corruption, contre le trafic de drogue. Est-ce que ceux qui sont en place, ceux qui disent qu?ils sont les autorités du pays, est-ce qu?ils peuvent le faire vraiment ? Est-ce qu?ils ont la volonté ? Est-ce qu?ils ont la capacité ?
Parce qu?il nous faut finir par admettre qu?en ce qui s?agit du pays, nous ne pouvons pas parler ni d?autonomie, ni d?indépendance, ni de souveraineté. Si vous voulez faire une lutte contre la corruption, il vous faut nous dire clairement, si vous allez le faire avec l?Américain, avec le Canadien, avec le Français, ou avec la Minustah. Il leurs faut avoir le courage de nous dire clairement de quoi il s?agit. Et ce qu?ils comptent faire. Ils se sont eux-mêmes organisés pour qu?on les place au pouvoir. Il leurs faut demander à ceux qui les ont placé au pouvoir, quelles sont les raisons qui justifient leur présence au pouvoir ? Qu?est-ce qu?ils doivent faire ? Parce que le pays est dans une situation déplorable.
RB : Grâce aux efforts de la Minustah et de la PNH, il y a une amélioration de la situation sécuritaire. Cependant, nous remarquons une reprise sporadique du kidnapping et du meurtre.
En tant qu?observateur qu?est-ce qui explique, cette reprise sporadique ?
SPE : Il y a quelque chose qu?il nous faut dire. C?est un devoir de mémoire et même de vérité. En 57, vous connaissez très bien cette période. Vous avez vécu ces évènements. Il ne faut pas oublier, lorsque Pierre Eustache Daniel Fignolé était président. Quand un de ses conseillers, avait trouvé l?information que l?Armée préparait quelque chose, où des officiers avaient un projet de coup d?état contre son gouvernement. Ce conseiller politique lui avait suggéré d?armer le peuple du Bel Air et de La Saline. Parce qu?il y a un coup d?état qui se prépare contre nous, si nous ne distribuons pas d?armes au peuple, nous allons être victime du coup d?état.
Fignolé n?est pas un homme que j?admire. J?ai toujours dit qu?il est un populiste. Mais on a toujours dit de lui qu?il était honnête. Il y a des gens qui me l?ont confirmé vraiment. A ce moment là, Fignolé a eu le courage de dire à son conseiller, j?aurais pu être d?accord pour distribuer des armes au peuple. Mais il vous faut me dire comment on va s?y prendre pour le désarmer.
Si nous ne distribuons pas d?armes au peuple, on sera victime du coup d?état. Sans doute lorsque l?histoire va juger mon gouvernement, on dira simplement que nous étions une bande d?idiots, des naïfs. Mais, si nous distribuons des armes au peuple, et nous ne sommes pas victimes du coup d?état. Par la suite l?histoire dira que président Fignolé était un irresponsable. Je préfère passer pour l?histoire comme un idiot et un naïf, que de passer pour un irresponsable.
C?est ce qui nous est arrivé aujourd?hui. Lorsque quelqu?un est au pouvoir, vous dites que vous êtes président, vous avez le courage de distribuer des armes dans une série de quartiers populaires à des gens qui disent qu?ils sont vos partisans. Parce que vous ne croyez pas dans les institutions. Vous ne croyez pas dans la Police. Ce n?est pas seulement l?Armée que vous avez démantelée. Je ne dis pas que vous aviez été seul à démanteler l?Armée. C?est parce que les Américains étaient d?accord, que cela c?est passé de cette façon.
Mais pour distribuer des armes à tous vos partisans dans les quartiers populaires, vous avez commandé des fusils d?assaut AK47, M14, M16, M1, et une quantité de pistolets, sans avoir une milice comme sous Duvalier.
Parce que sous Duvalier, tout le monde savait qui était son commandant en chef. Tout le monde savait qui était madame Max Adolf. Tout le monde savait ce que pesait Zacharie Delva. Qui était Astrele Benjamin dans le Sud. Qui était Annette Balmire dans la Grande Anse. C’est-à-dire que, la milice avait une chaîne de commandement. C?est sûr qu?elle a fait des exactions. Mais quand un milicien commet une exaction, on peut aller auprès d?un commandant macoute pour porter plainte. Ou si la victime est l?ami d?une autorité, elle peut aller porter plainte contre le milicien.
Mais ce qu?on a eu sous lavalas, sous Aristide et Préval, ceux sont des bandes armées des gangs organisées par un pouvoir. Quand vous distribuez ces tas d?armes à vos partisans, ils tuent, détruisent et font des exactions en votre nom. Mais parallèlement ils règlent aussi leurs propres affaires. Avec leurs armes, ils organisent la sécurité des trafiquants de drogue. Ils travaillent pour eux. Ces gangs sont devenues autonomes. Ils ont lancé l?Opération Bagdad, en tuant et en décapitant pour Jean Bertrand Aristide. C?est vrai. Mais en même temps ils réglaient aussi leurs propres affaires en s?enrichissant. C?est ce qui explique qu?Aristide ayant son palais à Tabarre, ces chefs de gangs avaient leurs petits palais à Cité Soleil. Ils entreprennent le kidnapping. Ils deviennent autonomes. Ils font de l?argent. Ce ne sont pas des gens à qui vous pouvez offrir 50,000 gourdes ou 100.000 gourdes par mois. D?ailleurs, demandez à un médecin, à un ingénieur, à un professeur, à un agronome, s?ils touchent 50,000 ou 75,000 gourdes par mois s?ils sont employés de l?Etat. Or à des hommes sans profession, vous ne pouvez pas offrir 200,000 gourdes par mois comme salaire. Parce que organisant le kidnapping, ils font entre 40,000 et 50,000 dollars US par semaine.
Or on dit, qu?il y a entre 200,000 à 300,000 armes qui circulent dans le pays. C?est sûr que l?on ne peut pas déterminer le nombre. Personne ne le sait.
Finalement quand la Minustah et les Etats-Unis font de la pression, vous avez été obligé de laisser tomber ceux qui ont supporté votre campagne électorale pour vous catapulter au pouvoir. Certes, ils ont été délogés. Ils ont capitulé. Ils sont en fuite. Ils enterrent et cachent leurs armes. Mais il arrive un moment où ils sont obligés de satisfaire leurs besoins d?agent. Ceux sont des personnes qui sont kidnappées, qui sont violées qui sont tuées etc. Nous le déplorons.
Mais, quelque chose qu?il nous faut avoir à l?esprit, lorsque vous avez fonctionné avec quelqu?un en tant qu?autorité, cette personne ayant développé un certain niveau de confiance, il croit qu?il incarne le pouvoir. Quand ils font du kidnapping, sachant qu?ils appartiennent au pouvoir lavalas, ce n?est pas une illusion. Dans des cas de kidnapping, ce sont des sénateurs qui les appellent pour leurs dire de ne pas kidnapper telle ou telle personne, de relâcher telle ou telle personne. On peut comprendre que ces chefs de gangs ont des connexions directes dans les institutions qui entre guillemet représentent ce qu?on peut appeler l?Etat haïtien. Qui pour moi n?existe pas. Donc quand on atteint cette phase, même quand on fait de la pression et des menaces de mort, ces chefs de gangs ne peuvent pas vous prendre au sérieux. Parce qu?ils savent que c?est par le biais du black-out que vous vous réunissez avec eux au palais, à la primature ou n?importe où. Il faut que les citoyens du pays sachent, que lorsque vous dites qui vous êtes des autorités, il y a des saletés avec qui les autorités d?un pays ne peuvent pas se mêler.
Quand Jean Bertrand Aristide recevait des criminels, des chefs de gangs au palais national, et invitait la presse à venir constater qu?il s?entretenait avec des chefs de gangs. Aujourd?hui ceux qui sont au pouvoir, ne se sentant pas aussi audacieux qu?Aristide, c?est à la faveur du black-out qu?ils le font. A partir du moment qu?on entre dans cette dynamique. Qu?on prend quelqu?un qui était le porte-parole de l?Opération Bagdad, pour en faire un membre de la commission de désarmement etc. Tous les criminels savent à partir de ces faits qu?ils font partie du pouvoir. Ils n?ont pas peur de qui que ce soit. Même quand la Minustah fait de la pression, ils savent que ceux sont des latino-américains qui viennent créer momentanément des problèmes dans leurs patelins. Ils sont certains que ces patelins leurs appartiennent. Ceux sont eux qui sont au pouvoir et qui l?exercent.
Mais s?il y avait une équipe au pouvoir qui n?était pas lié avec eux dans les activités de drogue, de crime et de gang, que cette équipe ne travaille pas pour eux. Il y aurait un signal très fort qui serait lancé. Mais les chefs de gang vous disent qu?ils ont des contacts dans tel cabinet, dans telle commission, tel bureau de la primature, tel bureau de la présidence. Quand ils ont quelqu?un à eux dans les couloir du pouvoir, s?ils se trouvent dans un embarras, ils peuvent toujours s?en tirer sans difficulté. Il y a dans cette situation une dimension psychologique. Quand les criminels savent, qu?ils ont accès au pouvoir. Qu?ils reçoivent de l?information du pouvoir. Ils savent là où ils peuvent, ou ne peuvent pas opérer. Je crois que dans ces conditions, ce ne soit pas facile de mettre fin à la corruption. Et pour la question de distribution d?armes, comme avait dit Daniel Fignolé, les reprendre, c?est absolument impossible.
Il y a un problème qui se pause au sujet de la crédibilité des autorités du pays. Ils parlaient de carotte et de bâton. Ils ont même comparé ces criminels aux généraux de l?Armée d?Haïti. Bien que ces hommes étaient dans une institution. Nous savons ce que l?Armée d?Haïti représentait. Ils étaient aussi impliqués dans la drogue et le crime. Mais c?était néanmoins une institution. Quand Jacques Edouard Alexis dit que nous avions négocié avec le général Cédras, pourquoi nous ne négocions pas avec Amaral Duclona ? Pourquoi nous ne négocions pas avec tous les autres criminels etc. ? Quand quelqu?un se dit premier ministre et qu?il répète des choses aussi énormes et inouïes. Vous ne pouvez pas croire qu?à partir de simples menaces, les bandits vont déposer les armes. Les bandits vous considèrent comme un bandit, un bandit comme eux. Quand vous dites qu?eux et Cédras se valent. Les bandits savent que c?est faux. Ils savent ce que c?est que l?Armée d?Haïti. Ils savent que c?était une institution. Que la Constitution la reconnaît. Il n?y a pas dans notre Constitution quelque chose que l?on appelle bandes armées. Quand le premier ministre parle de cette façon, les messages ne sont pas clairs. Chacun les interprète à sa façon. C?est ce qui explique que quand les pressions se font par la Minustah, ces bandits pensent que ceux sont des latino-américains qui viennent momentanément leur donner des problèmes, alors que ce pouvoir leur appartient.
Une fois que psychologiquement le bandit croit qu?il est toujours au pouvoir, là vous avez des complications. Et ce n?est pas facilement que l?on peut résoudre le problème d?insécurité. Le problème d?insécurité ne peut être remis à la Minustah, à Jacques Edouard Alexis et à Préval seulement. Il faut pouvoir trouver comment s?organiser pour que la société civile puisse prendre la question en main. Et comment la population civile peut s?impliquer.
Parce que quand les gens sont tués, des filles sont violées, même si nous n?étions pas haïtiens, comme cela se passe au Darfour, ça devrait nous affecter. Ce que nous souhaitons. Que les organisations de la société civile, la population, les citoyens qui ne sont pas mêlés aux crimes, aux viols, aux trafics de la drogue etc. Il faut qu?il y ait un faisceau qui se forme pour qu?il y ait une sorte de synergie qui se crée pour se battre contre la corruption, contre l?insécurité, contre le trafic de la drogue, pour ne pas le laisser entre les mains de Jacques Edouard Alexis et René Préval seulement. C?est un combat qui concerne tous les haïtiens, de l?intérieur comme de l?extérieur. Ils ont intérêt dans cette lutte. Parce qu?aujourd?hui, on ne peut pas accepter qu?on ait pitié de nous. Parfois nous devenons même risibles etc. On ne peut pas aller à Washington où on vous intime l?ordre de combattre la corruption et la drogue. Et soudainement, vous vous lancez tambour battant. Non. Quand quelqu?un est un dirigeant, il faut faire preuve de responsabilité. Il faut assumer sa responsabilité. Le combat contre la drogue et la corruption doit être votre combat. Ceux ne sont pas les dirigeants d?autres pays qui doivent vous obliger à faire ce combat. C?est ainsi que j?analyse ce genre de question.
RB : La sécurité étant un thème de premier ordre, quand il s?agissait de Désarmement, Démantèlement et de Réinsertion, on avait évalué que le nombre d?armes en circulation avoisinait les 300,000. Certes il y a eu plusieurs arrestations et incarcération de chefs d?OP armées. Mais la quantité d?armes récupérée est insignifiante et marginale par rapport à cet inventaire.
Quelles sont vos appréhensions concernant la quantité d?armes qui sont encore en circulation ? Avons-nous affaire à une trêve, ou à un début du rétablissement de l?autorité de l?Etat ?
SPE : Il y a quelque chose qu?il nous faut admettre, que nous ne pourrons jamais savoir quelle est la quantité d?armes qu?Aristide a distribué. Je parlais à un fonctionnaire de l?état, il m?a dit qu?un jour il se trouvait à l?aéroport en train de travailler, quand soudainement on y débarque une quantité de caisses. Il s?est décidé de les vérifier. Il trouve que ceux sont des caisses d?armes. Et qu?il est forcé de les saisir. C?était une affaire de 450 fusils de calibre 12 qui se trouvaient dans ces caisses. Finalement on a fait savoir que ces fusils appartiennent à Tabarre. Pour ne pas perdre son job, il a dû automatiquement capituler.
Quand quelqu?un dit qu?il a une fondation qui s?occupe de démocratie. Et qu?en un jour, vous faites entrer dans le pays 450 fusils. Il est arrivé qu?aux élections de l?an 2000, ce soit Jean Bertrand Aristide qui avait prêté des armes à la police. Lorsque les élections ont eu lieu dans la Grande Anse, parce qu?elles n?ont pas eu lieu au même moment que les autres Départements, Jacques Edouard Alexis était allé représenté lafanmi lavalas, et Pierre Denizé était allé représenté KOREGA. C?est deux autorités sont venues pour empêcher aux deux groupes de s?affronter. Finalement Louis Gérald Gilles, venu en avion, débarque à la Grande Anse avec son bazooka sur le dos. Lorsque Alexis et Denizé se sont vus obliger de se rendre à la Grande Anse pour empêcher aux deux groupes de s?entre tuer, cela veut dire que l?Etat n?existe pas. L?absence de l?Etat ne s?est pas posée seulement depuis 2004.
Ce que je veux dire que nous ne pouvons pas savoir ni la quantité, ni les types d?armes qu?ils ont fait entrer dans le pays pour être distribués. Ils n?ont tellement pas de sens de responsabilité, ils n?ont pas la capacité pour organiser quoi que ce soit. Je me demande si Aristide, Préval, Alexis, la police et les autres qui ont ?uvré dans la distribution d?armes, savent quelle est la quantité d?armes qui a été distribuée dans le pays de façon illégale. Est-ce que ce sont des armes qui devraient être destinées à l?institution policière ? J?ai l?impression qu?il n?y a aucun dossier concernant l?inventaire de ces armes. La seule chose dont on peut être sûre, c?est qu?il y a beaucoup d?armes, parce qu?elles ont fait beaucoup de dégâts. Beaucoup de gens ont été tués. Il y a eu beaucoup de crimes par armes à feu.
Ont-ils récupéré des armes ? Oui, mais comparé à la quantité qui est en circulation, c?est dérisoire. Quand on demande de remettre les armes, traditionnellement on les met dans des sachets en plastic avec un peu de graisse, et on les enterre. En d?autres termes, on cache les armes pour ne pas les remettre. Maintenant, avez-vous la capacité d?occuper le territoire de telle façon, que si quelqu?un reste en possession de son arme, il ne peut pas l?utiliser ? Un fusil d?assaut n?est pas une poupée. Ce n?est pas un pistolet. Quand quelqu?un a un fusil d?assaut entre les mains, cela se voit. En d?autres termes peut-on faire en sorte que celui qui reste en possession de l?arme ne peut plus l?utiliser ? Il y a 10,000 hommes de troupe en Haïti. Car ceux sont des hommes de la Minustah, les généraux et colonels brésiliens, qui doivent connaître leurs capacités pour gérer ce problème.
Une des choses que je pourrais dire au sujet de ce qui se passe maintenant. Si vraiment il y avait un pouvoir légitime et crédible, il aurait pu inviter les organisations de la société civile à participer avec lui dans le processus de désarmement en demandant une mobilisation citoyenne. On arriverait à une situation que tous ceux qui seraient en possession d?armes illégales et qui les auraient enterrées, ne pourront pas les déterrer. On pourrait faire une campagne de sensibilisation qui montre aux citoyens le danger qui existe dans cette question d?armement et qui les contraignent à coopérer avec l?Etat. Mais, l?Etat n?existant pas c?est un problème. Est-ce que c?est l?étranger qui va le faire pour vous, ces 10,000 hommes de troupe ? Non !
Si, mis à part la détermination de s?accaparer du pouvoir politique, ces autorités manifestaient quelque soit la volonté. D?ailleurs, n?ont-ils pas avoué qu?en faisant campagne, ils n?ont rien dit. Vous ne pouvez pas venir exiger d?eux ni projet, ni vision. Ils ne sont pas intéressés dans de telle chose. Mais s?ils avaient des projets et des visions, on pourrait arriver à une situation où effectivement, ils pourraient dire voilà la décision que nous prenons.
Qu?est-ce qu?on a en Haïti, quand l?Etat n?existe pas, les forces qui doivent maîtriser et avoir le monopole de la violence légitime n?existent pas. Comment s?appellent-elles ? C?est l?Armée, la Police et la Justice. Dans n?importe quel pays du monde, ceux sont ces forces qui constituent l?appareil répressif de l?Etat. Il y a un autre type d?appareil qui a aussi le monopole fiscal. Est-ce que vous avez une institution où effectivement vous recrutez des fonctionnaires sur concours qui sont compétents dans les domaines de taxation et d?impôt. Pour que ce ne soit pas seulement quand l?étranger nous jette des miettes que nous pouvons organiser et satisfaire les besoins du pays, sécurité etc.
Nous sommes dans un pays où pour la collection d?ordures, c?est le Venezuela qui a dû contribuer 4 millions de dollars et une brigade, Trinidad aussi a contribué 3 millions de dollars pour la collection d?ordures. Qui est-ce qui s?en vante, quelqu?un qui se dit être le président de cette République. C?est quelque chose que même un porte-parole de la présidence dans un pays sérieux où l?Etat existe, ne se permettrait pas de répéter. Vous allez accepter en sous-main de l?argent d?un autre pays pour collecter de l?ordure chez vous. Quand un pays est incapable de collecter l?ordure chez lui, le problème de l?existence de l?Etat ne peut plus se poser. Le problème de l?existence de l?Etat se posant à un niveau beaucoup plus élevé et très sérieux, il ne peut pas se ravaler en terme d?incapacité de collection de fatras. C?est dans cet état que le pays est réduit. Nous sommes tous obligés de constater et cerner cette réalité. C?est la catastrophe ! C?est la débandade ! C?est le désastre !
D?ailleurs, un président qui vous dit qu?on a 25 million de dollars en caisse, mais qu?on n?a pas la capacité pour les dépenser, parce qu?on n?a pas dans le pays des gens pouvant créer des projets. Que s?est-il passé ? En payant à des bandits, à des chimères, tel que Paul Raymond, René Civil, 300,000 à 400,000 gourdes par mois. Vous leur donnez 5 à 6 millions de gourdes pour aller faire du désordre dans les rues. Et vous trouvez des médecins, des ingénieurs, des agronomes, des avocats, des professeurs, des sociologues, des économistes, des techniciens, qui sont obligés avec leurs familles de laisser, d?abandonner, de fuir le pays. Il nous faut constater la quantité de cadres qui ont abandonné ce pays, pendant les 15 dernières années. Vous comprendrez que les ressources humaines de ce pays sont hors du pays. Et arrivés à l?étranger, ce n?est pas qu?ils mènent une vie plus extraordinaire. Ce n?est pas qu?ils sont en train de travailler dans leurs professions. C?est plutot pour la question de sécurité, pour que leurs femmes, leurs fils et leurs filles ne soient pas violés par des vagabonds, qu?ils ont été obligés d?abandonner le pays. Finalement, les gens qui ont la responsabilité de diriger le pays, ceux sont eux qui se plaisent à dire qu?il n?y a pas de cadre dans le pays. Ceux sont eux qui ont mené une politique qui a obligé tous les cadres à fuir le pays. C?est une situation catastrophique.
Comment doit-on faire face à cette situation ? Naturellement nous devons dire que c?est d?abord leur responsabilité. Certes, c?est la responsabilité de tous les Haïtiens. Ils peuvent nous dire que 48% des électeurs ont voté pour eux. Qu?ils ont un mandat pour ça. Nous, en tant que citoyen, nous pouvons opiner. Nous pouvons dire ce que nous pensons sur un ensemble de questions. Mais nous n?avons pas de mandat. Ils n?ont pas vraiment un mandat. Mais ceux sont eux qui sont au pouvoir. Ceux sont eux qui sont supposés fournir des réponses aux questions.
Quand vous dites que vous êtes en train de diriger, même au XIIe siècle en Europe, dans les cas de justice, les rois devaient rendre justice. Et la justice en ce temps là marchait de pair avec la sécurité citoyenne. La protection du citoyen était primordiale. Donc si au moyen age, ceci se faisait en Europe. Voilà que nous sommes au XXIe siècle, dans un pays où des gens vous disent qu?ils sont président et premier ministre etc., ils ne peuvent pas garantir les vies et les biens des citoyens. Donc s?ils ne peuvent pas faire ce minimum, comment peuvent-ils donner une réponse au chômage en Haïti ? C?est une chose qui est en train de ravager le peuple en Haïti ! Quand vont-ils être capables de donner une réponse à l?éducation en Haïti ? Dans quel moment vont-ils être capables de donner une réponse à la dégradation environnementale ? Quand pourront-ils poser le problème de la crise énergétique et de la construction d?infrastructure dans le pays ? Voilà que ceux sont le Venezuela et Cuba qui se battent pour voir comment ils vont prendre Haïti en charge. Et le bruit cour que l?asphalte donné par le Venezuela est vendu en République dominicaine. Lorsque ces problèmes sont posés en ces termes, nous pouvons dire que c?est une situation qui dépasse notre imagination. Un pays ne peut pas atteindre une telle décadence, pour que ceux soient deux pays, mais pas deux grands pays. Venezuela, c?est vrai, a de la matière première, du pétrole etc. Cuba faisant face à la question d?embargo, depuis plus d?une quarantaine d?années. Aujourd?hui ceux sont ces deux pays qui disent qu?ils vont nous prendre en charge. Parce que nous Haïtiens nous ne valons rien du tout, même les détritus de chez nous, nous ne pouvons pas seul les collecter. C?est dans cette situation déplorable que nous nous trouvons ! C?est exceptionnellement grave ! Que faire ? Nous l?avons dit. Il faut poser les problèmes. Et trouver des solutions à apporter. Voilà que nous avons un président qui nous dit, que personne ne vienne me causer des problèmes. Parce que je n?ai jamais dit ou promis quoi que ce soit. Et à ceux qui l?ont mis au pouvoir, il leurs dit, vous m?avez mis là, sans savoir ce que vous vouliez faire. C?est un vaste cirque, une tragicomédie. C?est dans ce piège que nous nous sommes fait prendre.
RB : Le deuxième thème prioritaire, c?est la réforme du système judiciaire. Ce n?est un secret pour personne que le système judiciaire est en pleine déliquescence et est corrompu jusqu?aux os. Pour empirer les choses ce gouvernement est en train de réintégrer des magistrats révoqués antérieurement pour toutes sortes de méfaits.
Pensez-vous que l?établissement de l?état de droit peut se faire, sans la réforme judiciaire ?
SPE : Il y a un problème en Haïti, On parle de l?Etat de droit en Haïti. Mais l?Etat de droit a quelque chose qui le précède. C?est l?Etat tout court ! Il faut qu?il y ait un Etat, pour pouvoir définir la nature de cet Etat. Pour pouvoir dire si c?est un Etat moderne. Est-ce que c?est un Etat de droit ? Est-ce que c?est un Etat autoritaire ? Est-ce que c?est un Etat social totalisé ? Ou est-ce une forme, où l?Etat est en contrôle de tout ? A ce moment là on entre dans la définition de la nature de l?Etat. Mais avant de définir la nature de quelque chose, il faut d?abord qu?elle existe. J?ai déjà dit qu?il n?existe pas.
Dans l?état où l?appareil judiciaire se trouve, l?état de la police, l?état des institutions chargées de collecter les recettes de l?Etat, contribution etc. Il y a des choses si on les dit, cela peut choquer. On peut même m?accuser d?être duvalieriste. Même sous Jean Claude, malgré tout ce que l?on dit, il y avait des concours qui étaient organisés pour être employé par la poste, au ministère des affaires étrangères etc. Ceux qui y croyaient, ont participé. Je n?y croyais pas, je n?y ai pas participé. Mais je connais des gens qui ont participé, qui vraiment n?ont pas eu de parrain et qui ont été embauchés. S?il vous plait sous Jean Claude Duvalier, on prenait des gens dans l?administration publique sur concours ! Voilà qu?aujourd?hui, on est arrivé dans une situation où il n?y a plus de recrutement sur concours. Vous êtes membre de quel parti politique ? A quel gang appartenez-vous ? Etc. C?est sur cette base que l?on recrute les gens aujourd?hui. Qui sont vos amis, ou vos parents ?
Ce qui m?étonnerait, c?est de voir une justice qui fonctionnerait bien en Haïti. Que la police fonctionnerait bien. Que les contributions fonctionneraient bien. Je dirais à ce moment là qu?il y a quelque chose qui cloche en Haïti. Parce qu?un pays où l?Etat s?est effondré les choses ne peuvent pas bien fonctionner. Parce que la justice fait partie du monopole de la contrainte civile légitime. Quand on parle de la coercition, on parle du monopole de pouvoir de contraindre les gens. L?institution qui exerce ce pouvoir c?est l?Etat. Et la justice fait partie de ce qu?on appelle l?appareil répressif de l?Etat. Donc, l?Etat n?existant pas, c?est certain que la justice est en plaine déliquescence, de même que la police. Il faut se rappeler ce qu?a dit la Minustah tout au début, sachant comment l?Etat est organisé, il faut qu?il y ait un travail d?épuration au sein de la police. Il y a des gens qui faisaient partie de la police parce qu?ils étaient simplement des membres du parti lavalas. Il y en a d?autres qui étaient attachés à Tabarre, exécutant les basses ?uvres d?Aristide, c?est ce qui les a qualifié pour être recrutés à la police. N?ayant reçu aucune formation policière, ils portent l?uniforme. Il y a même eu une promotion de lafanmi lavalas. A partir du moment où les institutions sont organisées de cette façon, l?effondrement de l?Etat devient automatiquement incontournable.
Si vous proposez de reconstruire l?Etat, il faut que l?on ait un projet clair. Pour ceux qui sont allés aux élections, il fallait présenter les étapes par lesquelles nous devons passer pour reconstruire, renforcer et consolider les institutions. Etant donné que l?on ne sait pas pour quelle durée la Minustah sera présente. Kofi Annan avait déclaré que ce sera pour une période de 10 à 20 ans. Il faut au moins qu?elle fasse 5 ans. Qu?est-ce qu?on va faire après ces 5 ans ? Il ne faut pas qu?après 2 ans on n?aille encore leur demander de venir nous sauver. C?est ce qu?Aristide, effrayé par l?avancement des rebelles, leur a demandé !
Si vous n?avez aucune vision. Vous n?êtes même pas conscient de la situation dans laquelle vous vous trouvez. Comment allez-vous savoir quoi faire pour en sortir ? On ne peut pas prétendre vouloir résoudre les problèmes de façon isolée. Non ! On doit avoir une approche globale. On peut vouloir organiser la justice parfaitement bien. Et si la police n?est pas solide et aussi bien organisées que la justice, que va-t-il se passer ? Si vous n?avez pas de forces de sécurité publique, de service de renseignement, et s?il n?y a pas une volonté au niveau du pouvoir exécutif, au niveau du pouvoir législatif, dans l?appareil judiciaire, s?il n?y a pas des mécanismes qui sont établis qui peuvent permettre effectivement qu?il y ait une prise en charge, des mises en place pour atteindre le moment où l?heure aura sonné pour que la Minustah s?en aille. Pour que nous puissions dire que l?Etat s?est effondré, mais voilà ce que nous avons fait pour le reconstruire et le renforcer. Mais, maintenant cet Etat est prêt à assumer ses responsabilités. Ils ne sont pas conscients que l?Etat se soit effondré. Ils vous disent qu?ils n?ont aucune vision. Ils ont été catapultés au pouvoir, ne sachant pas pourquoi on leur a assigné cette tache. Donc ce n?est pas étonnant que la justice ait des problèmes. Que l?on réintègre des juges corrompus qui ont été antérieurement révoqués. En fait la question est de savoir, est-ce que ceux qu?on est en train de réintégrer sont moins bons que ceux qui n?ont pas été révoqués ? De fait dans ce système les juges corrompus sont ceux qui dans cette société étalent leurs richesses et fréquentent les hautes sphères de la société. Ils sont considérés dans l?échelle des valeurs de cette société, comme étant les plus intelligents et les plus influents. Ceux qui ne sont pas corrompu et qui vivent strictement de leur maigre salaire, sont placés aux derniers échelons de la société frôlant la misère de près. Ils sont plutôt considérés, selon la même échelle de valeurs, comme des idiots, des inflexibles n?ayant aucun sens pratique des choses.
Quand dans cette société, c?est aux corrompus que l?on attribue les valeurs. Ceux sont les corrompus qui sont respectés dans cette société. Il nous faut aussi admettre que dans notre société, il y a aujourd?hui une crise de valeur. Ceux sont de fait, les corrompus qui sont en vedette et qui jouent le rôle de model dans notre société. La crise dans laquelle nous nous trouvons ce n?est pas seulement une crise étatique, mais aussi une crise sociétale. Cette crise attaque la société dans tous ses fondements.
Détruire est facile. Quand il s?agissait de distribuer des armes, de donner des badges à ceux qui sont des trafiquants de drogue pour les immuniser contre tout interception policière. Là encore, récemment, il s?agissait de 420 Kilo de cocaïnes interceptés à Léogâne. Mais combien sont passés sans être interceptés ? Aujourd?hui il y a des doutes qui planent au sujet de qui sont impliqués ou ne le sont pas aux plus hauts sommets de l?Etat dans l?affaire de drogue de Léogâne. Ce n?est pas seulement la justice mais l?Etat qui s?est effondré.
Détruire l?Etat a été un projet lavalas. Ils ont réussit à le détruire. Il est très facile de détruire. Qu?on le veuille ou non, personne ne peut mettre la capacité de destruction d?Aristide en doute. Il a donné des preuves de ce dont il est capable. Mais construire, reconstruire va être un problème. Faire face aux problèmes de construction ou de reconstruction cela requière de grandes capacités, de grandes réflexions. Il exige l?élaboration etc. Et nous ne croyons pas que ce soit le point fort de lavalas ou de LESPWA. Donc on peut comprendre que cette entreprise est complexe et difficile. Je ne crois pas qu?ils ont des cadres et des ressources humaines adéquats. De toute façon c?est notre pays. Nous souhaitons que tout se passe bien. Ce sont les gens qui vivent dans le pays qui vont continuer à être victimes. Et la majorité de ceux qui en seront les victimes, n?ont rien à voir avec la politique. Nous souhaitons que l?Etat puisse commencer à fonctionner pour déboucher sur ce que l?on appelle l?Etat de droit.
Il y a un ensemble de citoyens qui ont des droits et qui ont aussi des devoirs. Il faut que leurs droits soient respectés. Et qu?ils remplissent leurs devoirs envers l?Etat. Nous ne sommes ni aux Etats-Unis, ni au Canada, ni en France. Ce n?est pas la réalité de notre pays malheureusement. Nous souhaitons que cette société assume ses responsabilités, pour sortir de l?impasse où nous nous trouvons.
RB : Le troisième thème prioritaire, c?est la stagnation économique. Dans son bilan annuel Alexis s?est vanté de la stabilité macroéconomique. Elle ne réduit ni le chômage, ni la misère, ni le prix des biens et des services. Les masses continuent à manger quotidiennement la vache enragée.
Quelle votre opinion de ce bilan annuel d?Alexis ?
SPE : Il y a des gens qui ont été à l?école, mais qui n?en sont jamais sorti. J?ai entendu Jacques Edouard Alexis dire, alors qu?il est premier ministre, qu?il est un scientifique et un chercheur. Quand quelqu?un dit qu?il est un scientifique et un chercheur, c?est dans le laboratoire qu?il se cantonne. Vous ne pouvez pas vous installez à la primature ou au palais national ou au parlement, et dire que vous êtes en même temps un intellectuel, un chercheur et un scientifique. On ne peut pas mélanger ces choses. A partir du moment où quelqu?un quitte son laboratoire, la sphère de l?université, on ne peut plus être un chercheur et un scientifique. C?est comme Raymond Barre qui serait premier ministre en Haïti, et dirait qu?il est un économiste. Non, il n?est plus économiste. Il est un premier ministre. Parce que quand on devient homme d?état, on assume d?autres responsabilités. Quelle est la différence entre vous et le chercheur ou le scientifique ? C?est que comme chercheur, vous êtes dans votre laboratoire en train de travailler. Vous pouvez commettre des erreurs. D?autres chercheurs vous critiquent. C?est d?ailleurs par ce biais que la science progresse. Mais quand vous êtes un homme d?état, vous prenez des décisions qui peuvent affecter les citoyens. Il y a des gens qui peuvent être détruits par votre décision. Il y a des vies qui peuvent être mises en danger par votre décision. Il y a des citoyens, qui auront leurs femmes et leurs enfants violés et tués, parce que vous avez refusé de prendre une décision, ou que vous avez pris une mauvaise décision. Vous ne pouvez pas dire que vous êtes un chercheur, alors que vous êtes premier ministre. Non, vous êtes un homme politique. Vous avez des décisions que vous prenez qui peuvent aider le pays à sortir de l?impasse, ou qui peuvent empirer la situation. Donc là, il vous faut assumer vos responsabilités.
Dès qu?on entre dans une dynamique pareille, des personnes qui sont au pouvoir, qui ne savent même pas qu?ils sont au pouvoir, qui ne comprennent même pas qu?ils sont des politiciens, qui vous disent qu?ils sont des chercheurs. Ils méconnaissent leur rôle !
Ils parlent de bilan économique. Des fois ils vous disent qu?ils ont étudié dans telle université. Ils parlent de questions macroéconomiques. Quand on parle de cadre macroéconomique, il faut bien comprendre que ça n?a rien à voir avec ceux qui meurent de faim, et qui sont dans le chômage etc. Vous parler de stabilisation macroéconomique, de décisions pour plaire à la Banque mondiale et à la FMI, d?accord. Mais ça n?a rien à voir avec ce que l?on appelle le panier de la ménagère. Les personnes qui peuvent dépenser 300 à 400 gourdes pour manger, ceux qui travaillent bien sûr. Cette stabilité macroéconomique n?a rien à voir avec eux. Vous dites que sur le plan macroéconomique le pays n?a aucun problème. Ce serait comme quelqu?un qui est dans le cadre microéconomique en train de tracer des courbes, d?offre et de demande etc. Mais derrière ces courbes qu?il trace, il ne se soucie pas de combien centaine ou millier de personnes qui meurent de faim chaque jour. Le problème qu?on a en Haïti, c?est que certains hommes restent accroché à leurs cahiers, à leurs notes, aux livres qu?ils ont utilisés à l?université. Ils pensent que devenu ministre des finances, ils peuvent continuer à tenir le même langage comme s?ils étaient toujours dans le cadre de discutions à l?université. La stabilité macroéconomique n?a rien à voir avec le peuple haïtien. Ceci concerne les gendarmes du monde, les institutions financières internationales qui établissent et dictent les marches à suivre. Si vous faites ce qu?elles prescrivent, voilà les types d?aides qu?elles peuvent vous donner. Si non, elles vous laissent crever.
Quand il vous dit voilà mon bilan. Demandez à Jacques Edouard Alexis, combien d?enfants qui ne peuvent pas aller à l?école ? Combien d?enfants qui ne mangent pas chaque jour ? Demandez lui le taux de chômage, à combien l?estime-t-il en Haïti. Il n?en sait rien !
Ils vous disent assez souvent que les choses marchent bien que quand le milieu international leur donne de l?argent. Ils assistent à des conférences où on leurs fait des promesses etc. Mais ils ne se soucient pas des conditions matérielles d?existence de la population. Ce que cette population vit chaque jour, pour dormir, pour manger, pour trouver l?eau pour se baigner, pour faire la lessive etc.
Ces problèmes sont connus en Haïti. Si vous êtes une personne de la classe moyenne, vous êtes un socioprofessionnel, vous avez un emploi. Il vous faut être une personne très dure et même méchante, pour ne pas aider ni vos parent, ni vos amis pour survivre. Si quelqu?un qui vit en Haïti n?a personne qui vit à l?étranger, il n?a pas de famille proche, mère père, frères s?urs qui veulent faire de la solidarité avec lui, il est en train de périr en Haïti. Est-ce que Jacques Edouard Alexis comprend ce problème ? Il vous parle de macroéconomie. Mais il ne sait pas ce que ces gens sont en train de vivre chaque jour dans ce pays. Non seulement il ne le sait pas. Cela ne l?intéresse pas. Circulant à toute vitesse, en voiture à vitre fumée, il ne voit même pas les gens des rues. Il suffit de les regarder pour voir instantanément qu?ils ont des problèmes. Il n?est pas conscient de ce problème.
C?est là le rôle du parlement. Quand vous dites que vous êtes parlementaires, vous n?avez pas à poser des questions au président. Mais quand c?est le premier ministre qui vient au parlement, vous pouvez lui poser des questions. Pour lui demander de combien d?argents qu?un citoyen a besoin avec une épouse et deux enfants, une famille de 4 personnes, pour manger ? Combien de personnes qui travaillent dans ce pays ? Quel est le taux de chômage ? On doit faire comme si on est à l?étranger, comme au Canada, aux Etats-Unis, en France parlant du panier de la ménagère. En Haïti on ne peut même pas parler du panier de la ménagère. Les gens s?organisent dans un restaurant des aveugles, ou il prend un Arlequin etc. C?est de cette façon que les gens survivent. Ces choses là n?intéressent pas ceux qui disent qu?ils sont ministre des finances.
En terme d?infrastructure, regardez bien votre pays. Il est évident. On n?a pas besoin de passer 3 jours à l?école pour savoir que le pays est en malaise. Alexis puisqu?il sait que cette question de palabre tout simplement, quand il vient au parlement. Très souvent on dit qu?il y a des distributions de faveurs qu?il offre aux parlementaires pour leur faire baisser le caquet. Et faire en sorte qu?on ne le nuise pas. C?est un vaste cirque. C?est une vaste plaisanterie.
Pour que quelqu?un vienne me dire que l?économie du pays est solide. C?est ce qu?il a dit. Il peut bavarder et faire son discours. D?ailleurs s?il ne fait pas ce genre de discours, comment peut-il, lui aussi devenir président ? Quand vous les voyez au pouvoir. Ils ne sont pas en train de faire des choses pour le bien du pays. Entre eux, ils sont plutôt concernés par l?idée de savoir, qui sera le successeur de Préval. Préval leur a fait croire qu?il est très malade et même moribond. Ils sont en train de constater le contraire. Ils sont beaucoup plus concernés par la question, quand mon tour arrivera-t-il ? Quand est-ce que je serai président ? C?est là que ce trouve leurs priorités !
RB : Le quatrième thème prioritaire, c?est la compétence et la performance de ce gouvernement. Préval et Alexis ont tous deux manifesté publiquement leurs intentions de remanier le cabinet ministériel. Nous savons que ce cabinet ministériel est le produit de négociation entre l?Exécutif et les partis représentés au Parlement.
Ce remaniement se fera-t-il à travers les mêmes négociations, ou le tandem Préval/Alexis pourra-t-il imposer un cabinet ministériel de son choix ?
SPE : il y a un problème en Haïti. Comme je vous l?ai dit, l?Etat n?existe pas. Je crois que vous êtes d?accord avec mois sur cette question. Même quand on parle de partis politiques, de députés et de sénateurs, de président et de premier ministre, logiquement, étant donné qu?il n?y a pas de parti majoritaire, si nous voulons tenir compte de notre Constitution, on dirait qu?il n?on pas la capacité pour le faire. Il leurs faudrait le faire avec leurs alliés. Ceux qui sont d?accord avec eux. Je crois que ceux qui sont d?accord avec eux s?effondreront avec eux. Parce qu?ils n?iront nulle part. Mais sachant qu?en Haïti, il n?y a pas d?état. De même que quand il y avait la rumeur que l?on allait se débarrasser d?Alexis, il a voyagé dans quelques pays, rencontrant des ministres d?affaires étrangères de pays puissants pour des photos opportunités. A son retour en Haïti, il fait savoir qu?il bénéficie du support de ces autorités étrangères. Un ambassadeur puissant appelle quelques parlementaires pour leurs demander de surseoir. Et tout rentre dans le calme. Ces parlementaires se retirent la queue entre les jambes.
Il y a des pays qui peuvent dire ce qui doit être fait. D?ailleurs ils sont les seuls à pouvoir le faire. Le jour où la Minustah se décide de ne pas mettre leurs chars dans les rues, les partisans d?Aristide peuvent rouer Préval et Alexis, comme ils ont l?habitude de le faire. Nous n?avons pas les moyens de notre politique. Que ce soit au niveau du parlement, au niveau des partis politiques etc., dans l?état où le pays se trouve. Pouvez-vous dire que vous voulez renverser un gouvernement ? Le président peut le dire, le chef de gouvernement peut le dire, qu?ils veulent changer de gouvernement, sans tenir compte des partis politiques qui sont dans le parlement, Mais là encore, au dernier moment, celui qui détient vraiment le bâton, c?est lui qui va décider. Je ne sais pas comment appelle-t-on ce bâton. Certains disent que c?est le bâton de Moïse. Mais ceux qui sont réellement en charge, que vous soyez députés ou sénateurs, que vous soyez président ou premier ministre, une fois que vous avez une décision à prendre, ceux qui sont en charge décident de la validité de cette décision. Le pays n?étant pas indépendant, l?Etat n?existant pas, ils vous disent ce qu?ils veulent, point final. Ils vous disent que c?est eux qui financent la Minustah. Baissez le caquet, voilà ce que nous voulons faire. Ces autorités vont faire ce qu?on leurs demande de faire.
Vous avez entendu ces autorités parler de carotte et de bâton, elles ne veulent pas de violence etc. Et peu de temps après, elles changent de position à 180 degrés. Elles exigent la remise des armes ou la mort. Ou bien elles se rendent à Washington, et à leur retour, tambour battant, elles déclarent une campagne anti-corruption et anti-drogue. Alors que le problème aurait pu se poser bien avant. Quand vous ne voulez pas faire ce que vous devez faire, et qu?on vous en intime l?ordre, vous allez confondre, vitesse et précipitation. Et ça va résulter dans la catastrophe que nous vivons maintenant.
La reconfiguration du gouvernement ne se pose pas comme problème. Nous ne sommes même pas conscients que l?Etat n?existe pas chez nous. Ceux qui détiennent vraiment le maillet, nous forcent à emboîter le pas dans les directions qu?ils veulent. Si nos autorités n?étaient pas disposées à exécuter leurs ordres, elles n?accepteraient pas à assumer les postes qu?elles détiennent.
Préval peut dire tout ce qu?il veut. Quand on est venu lui proposer de redevenir président, s?il ne le voulait pas, il aurait pu refuser ou se cacher. Et on n?aurait pas pu le forcer. Personne ne peut venir aujourd?hui nous raconter des bobards. Tout le monde sait comme ça s?est fait. Tout le monde sait qui a participé à la réunion en République dominicaine. Qui a rencontré qui. Qu?est-ce qui a été négocié. Aujourd?hui, vous êtes président, c?est parce que vous avez accepté les conditions. Ces hommes doivent accepter leurs responsabilités.
RB : Le cinquième thème prioritaire, c?est la participation d?Haïti au CARICOM. Le sommet US CARICOM a été un échec. Il n?y a eu aucune participation d?expert américain. Les média l?ont ignoré. Les dignitaires américains n?ont pas participé. Haïti s?est fait humilier. Durant ces trois jours la participation d?Haïti au sommet a été ignorée totalement. De la cérémonie d?ouverture et à travers les différents ateliers, aucun dignitaire ni expert haïtien a été retenu comme intervenant.
Est-il de l?intérêt d?Haïti d?être membre à part entière, ou simplement observateur comme notre voisin limitrophe ? Que dictent les données signalétiques d?Haïti et ses intérêts ?
SPE : Naturellement, vous avez posé une question qui est un peu compliqué. Quand nous prenons en considération ces petits pays. L?Haïtien a l?habitude de dire d?eux, des petits pays insignifiants, sans consulter aucune donnée. Mais quand vous comparez Haïti à ces petits pays, mais sans se préoccuper de leur taille. Voyez le revenu per capita. Voyez leur produit national brut, leur produit intérieur brut. Pour se rendre compte qu?ils nous sont supérieurs. Dans l?état où vous vous trouvez, on vous invite à participer par faveur, par solidarité ethnique. On nous a donné un statut d?observateur. Ca a trop duré. Nous voulons les intégrer, mais Haïti n?est pas encore prête. On ne sait pas si dans 15 ou 20 ans les choses évolueront.
Nous sommes dans une situation, où nous sommes les premiers à prendre notre indépendance, excluant les Etats-Unis comme pays blanc. Mais comme pays vraiment colonisé qui en 1804 s?est libéré. On nous considère comme un model à ne pas suivre. Dès que Guadeloupe et Martinique posent le problème d?indépendance, on leur rappelle, ne voyez-vous pas Haïti ? Quand on considère ces petits pays, la Jamaïque par exemple, qui est le plus grand d?entre eux, voyez comment ils vivent. Voyez comment l?Etat est organisé chez eux. Voyez le problème de chômage. Voyez la question de santé. Voyez la question d?éducation. Ils ont des universités là où ils forment leurs cadres, West Indies University. Mais avant ça, c?était dans les grandes universités de l?Angleterre, c?est là qu?ils formaient leurs cadres. Lorsque vous vous trouvez dans une situation où ils savent la situation des cadres dans votre pays, l?Etat n?existant pas, vous ne pouvez pas leurs demander de vous prendre au sérieux. S?ils vous prenaient au sérieux, vous pourriez croire qu?ils sont en train de se moquer de vous. Vous êtes un pays qui fait pitié.
Si vous étiez dans un pays où l?Etat existerait, avec des dirigeants, des projets et des visions, un problème se serait posé. Si notre pays était normal, pour ce que nous représentons dans les Caraïbes, il vous faudrait débattre, s?il nous faudrait être membre du CARICOM, ou faudrait-il que nous formions une organisation à trois ? Naturellement il y a un problème politique qui se pose, les systèmes politiques ne sont pas les mêmes. Que pourrait-on faire à trois entre Haïti, République dominicaine et Cuba, pour ce que nous représentons, considérant notre taille et notre population ? Les Dominicains et les Cubains nous traiteraient comme des fous. L?économie et la société dominicaines nous dépassent. Ils ont une grande avance sur nous. Vous n?êtes pas au niveau de la République dominicaine. Malgré la question d?embargo, l?investisseur américain attend que l?ouverture se fasse pour qu?il puisse venir investir à Cuba. Il n?est pas d?accord pour que ce soit l?Espagnol, le Canadien et d?autres qui seuls peuvent investir. Ils peuvent critiquer Cuba. Mais au moins à Cuba, l?Etat existe, il y a des cadres, on peut investir sans crainte absolue de perdre.
Maintenant, Venezuela entre en scène avec sa politique. Mais c?est le Venezuela qui vous dit ce qu?il veut faire pour vous. Vous ne pouvez même pas dire au Venezuela ce que vous voulez. Vous n?avez aucun projet. Quand on vous demande ce que vous voulez, vous ne le savez pas. Pendant que Hugo Chavez était là avec le vice président cubain, ils vous disent que Castro malade, les a appelé au moins cinq fois. Si je suis l?ambassadeur d?un pays et que je négocie. J?ai un mandat pour négocier. A partir du moment où le président de la république appelle cinq fois, il vous faut démissionner aussitôt les négociations terminées. C?est une preuve d?irrespect et de manque de confiance. Si on voit que Castro même malade, est obligé de penser pour deux pays, c?est très grave. Préval le dit lui-même. Il aurait dû avoir honte de le répéter. C?est Castro qui pense pour le pays, parce qu?on n?a aucune vision. C?est Hugo Chavez qui dit ce qui doit être fait pour ce pays. On ne peut pas poser la question à nos dirigeants, quels sont vos projets ? Voilà nos projets et nos priorités. Et à eux de nous dire, voilà où nous pensons que nous pourrions vous aidez. Dans quel domaine aimeriez-vous recevoir notre aide ? Haïti est incapable de tenir un tel dialogue. Il nous faut l?admettre. Même pour la question de crise énergétique, c?est le Venezuela qui décide pour vous. Parce qu?il réalise que vous n?y comprenez rien. Nos autorités ne comprennent même pas l?importance de l?énergie dans le développement d?un pays. C?est Cuba qui vous dit, qu?il vous donne trois millions d?ampoules pour éclairer Port-au-Prince. Ou face à l?état d?insalubrité du pays, c?est Chavez qui vous envoie 4 millions de dollars et une brigade pour ramasser vos ordures. C?est Trinidad qui nous envoie 3 millions de dollars pour ramasser du fatras. Si vous vous cherchiez vraiment des partenaires, c?est dans le cadre de la collection de détritus que vous allez solliciter leur aide ? Il est étonnant d?entendre un chef d?Etat parler de telle chose. Même un porte-parole de la présidence ne peut pas prendre la chance d?en parler. C?est une affaire qui concerne la mairie de Port-au-Prince. Cela n?aurait pas dû être du domaine de la présidence. Quand vous êtes réduit à ce niveau, comment pouvez croire que le CARICOM puisse vous prendre au sérieux ?
Il faut se rappeler qu?ils appartiennent au Commonwealth britannique. Ils ont chez eux un régime parlementaire. Ils ont des traditions politiques des missions britanniques. S?ils vous prenaient au sérieux les Bahaméens n?auraient pas lâché leurs chiens à la poursuite des Haïtiens, quand ils viennent les importuner sur leur territoire. Ils ont fait couler intentionnellement un de nos voiliers, causant des pertes de vie. Ils ne nous prennent pas au sérieux. Vous êtes un pays qui fait pitié. Ils prétendent qu?ils veulent vous comprendre, en se demandant qu?est-ce qu?ils peuvent faire pour vous ? Sous Duvalier on s?est comporté en mendiant arrogant. Dans leur grands discours, ils brandissent leur nationalisme, tout en sollicitant des coups de main. Même notre statut de PMA, nous l?avons perdu.
(A continuer)