Originally: Thèmes de l?Emission de la semaine
Thèmes de l?Emission de la semaine
Orlando le 2 févier, 2007
Actualités Politiques : Grandes Lignes
Certes, nous sommes tombés des nues, abasourdis par le scandale de la SOCABANK. Cependant, force est de constater et d?admettre que grâce aux efforts conjugués de Gabriel Valdès, de Boniface Alexandre et de Gérard Latourtue, lavalas a pu charrier, par le biais des dernières élections, une bonne partie du fatras de la 47e législature et de l?exécutif lavalassien, pour les étaler à l?avant-scène de l?échiquier politique. Le scandale de la tôle et du riz de la 47e législature c?est circonscrit au sein de la fanmi lavalas, en vase clos. Ceux sont des législateurs nommés par un régime qui sont soudoyés par l?exécutif du régime. D?ailleurs on ne pouvait pas s?attendre à rien de mieux, venant du leader de ce secteur qui n?a utilisé, depuis son avènement au pouvoir, que l?intimidation, le népotisme et la corruption. C?est un fait irréfutable, qu?il n?y a jamais eu entre lui et l?élément de base de son parti, l?OP, qu?une relation de mercenariat, rien d?idéologique ou de doctrinal. De plus, ceci s?est passé au sein d?un régime, alors qu?il battait de l?aile. Cependant, ce que nous sommes en train de vivre aujourd?hui, tout au début d?un nouveau gouvernement, c?est autre chose. L?attitude initiale un peu hautaine des membres de la 48e législature, « parce qu?élus et non nommés », ne laissait pas prévoir qu?ils se ravaleraient plus bas que leurs prédécesseurs et s?aviliraient aussi crapuleusement de sitôt. Le scandale de la SOCABANK est différent de celui de la tôle et du riz de la 47e législature, mais totalement différent. Ce n?est pas au sein d?un parti, d?un bloc ou d?un secteur que la corruption a eu lieu, entre législateurs nommés par l?Exécutif. C?est le secteur privé qui s?achète une majorité de sénateurs, qui prend position pour contrecarrer une mesure de l?exécutif prise pour protéger non-seulement les intérêts des actionnaires d?une banque, mais du public, 150,000 déposants et épargnants.
La gestion de la SOCABANK a accusé un déficit de un milliard quatre cent millions de gourdes (1.400.000.000.00) dans ses fonds propres. Pour compenser à ce déficit et garantir sa solvabilité, la Banque centrale a dû injecter un milliard neuf cent millions (1.900.000.000.00) de gourdes des fonds de l?Etat, au sein de la SOCABANK. Qu?est-ce qu?il y a de plus compliqué que nos bons sénateurs n?ont pas pu comprendre ? Pourquoi veulent-ils empêcher sa prise en charge ?
Les actionnaires majoritaires et les administrateurs de la banque ont eux-mêmes utilisé 60% du portefeuille de crédit de la banque. Parmi eux, deux actionnaires importants ont à eux seuls accaparé 43% du portefeuille. Il s?agit de prêts où les intérêts ne sont pas versés et les capitaux ne sont pas remboursés. Ces actionnaires prêtent à des taux d?intérêt nettement inférieurs à ceux pratiqués par la banque et, dans certains cas, ils placent à la banque même les sommes empruntées à des taux d?intérêt plus élevés que ceux pratiqués par la banque. Des pièces sont disponibles établissant dans quelle proportion se pratiquaient des détournements et des malversations de toutes sortes. Dans ce cas, qu?est-ce qui peut être négocié ? Ce n?est pas seulement l?Exécutif qui veut négocier avec des bandits de bidonvilles ! Des sénateurs veulent à leur tour négocier avec des « bank robbers » ! Il ne faut pas se tromper et vouloir en même temps tromper les autres. C?est du bien commun et du bien commun seulement qu?il s?agit, quand on négocie en Démocratie ! Il est absolument impossible de trouver et de négocier le bien commun dans le cadre de détournement et de malversation de fonds bancaires !
La BRH a certainement fourni des explications sur les motifs de la non conclusion d?un accord de sauvetage de la SOCABANK. Le gouverneur de la BRH estime que, contrairement aux critiques, la BRH s?est montrée plus contraignante envers les deux banques POMOBANK et La Banque de l?Union Haïtienne qui étaient en difficulté, qu?à l?endroit de la SOCABANK. La SOCABANK fait actuellement l?objet d?une poursuite exercée par l?Etat haïtien, via la Direction Générale des Impôts (DGI) qui a commis 3 avocats pour assister et représenter l?Etat haïtien. Il y a-t-il un problème à poursuivre des banquiers accusés de détournement et de malversation ?
Nonobstant la dénonciation faite, par le sénateur Gabriel Fortuné, révélant que les sénateurs qui ont voté pour l?adoption de la résolution du 25 janvier exigeant le retrait de toutes les mesures prises et la recherche d?une solution négociée entre la BRH et la SOCABANK, soient soudoyés par un des actionnaires majoritaires qui se trouve aujourd?hui au Japon ; Il est fort difficile de comprendre la logique de cette résolution, alors qu?il y ait eu antérieurement des négociations pour un accord de sauvetage de la SOCABANK, dont la BRH a fourni des explications sur les motifs de la non conclusion. Les législateurs n?ayant offert aucune raison pour disqualifier ces négociations qui ont eu lieu entre les autorités de la BRH et la SOCABANK ; Sur quelle base veulent-ils les outrepasser ?
Il est maintenant évident que l?action publique doit être mis en mouvement contre ceux qui ont perpétré les détournements et les malversations de toutes sortes à la SOCABANK, forçant une injection venant des fonds de Banque d?Etat, pour maintenir sa solvabilité et l?intégrité du système bancaire. Il est aussi important que les sénateurs qui ont été soudoyés par les deux actionnaires majoritaires de la SOCABANK, soient investigués. Mais que le président du sénat ne soit pas celui qui organise le conseil d?investigation, pour une raison bien évidente, qu?il fait parti de la liste des sénateurs présumés soudoyés. Ce conseil d?investigation doit, en vérité, être indépendant.
On a eu des enquêtes administratives depuis le départ de Jean Claude Duvalier, il y a 20 ans, en passant récemment par celles du CEA, sur l?administration lavalas, la semaine dernière par celles de la chancellerie du gouvernement intérimaire, et maintenant nous osons croire qu?au moins on aura celles des sénateurs de la 48e législature qu?on devra mettre sur la sellette. On persiste à vouloir croire que l?impunité ne concerne uniquement que le domaine des crimes de sang. La corruption, le détournement et la malversation constituent aussi des crimes passibles de punitions très sévères en Démocratie. Qu?a-t-on fait de toutes ces enquêtes administratives ? Même quand dans la pratique, les enquêtes n?aboutissent jamais à des poursuites judiciaires, il faut au minimum exposer ces sénateurs pour ce qu?ils sont, pour que leurs constituants ne les reconduisent pas aux prochaines élections. Ce sera, au pis aller, une façon d?épurer le corps législatif.
Il y a un argument contraire qui, d?une part, veut que dans l?immédiat le besoin de reconstruction et de consolidation des institutions soit primordial, et d?autre part, le danger que le tandem Préval/Alexis peut récidiver, prétextant le dysfonctionnement du corps législatif pour le dissoudre.
C?est absolument clair que cet argument contraire suggère implicitement le traditionnel « casser feuille convri ça ». En d?autre terme la tolérance du mal qui fondamentalement a provoqué et a maintenu la déliquescence institutionnelle comme norme pendant un demi-siècle. Peut-on vraiment reconstruire et consolider une institution étatique avec des hommes sur qui planent des suspicions de corruption ? La consolidation de l?institution dépend, d?une part, du poids et du respect de l?autorité que l?on accorde à l?institution dans les rapports de forces dans la gestion du maintien de la cohésion sociale. D?autre part c?est le caractère et la personnalité des hommes et des femmes responsables de la gestion et du fonctionnement de l?institution qui constituent les « building block » avec quoi l?institution se construit et se consolide. De même qu?il prend des hommes neufs pour construire un monde nouveau, réciproquement il prend des hommes d?état pour construire et consolider une institution étatique.
Quant au danger que le tandem Préval/Alexis pourrait récidiver dissolvant le corps législatif, pour se procurer d?un autre totalement domestiqué, avec des élections confisquées, c?est un faux problème. Pendant 5 ans, toutes les élections, des législateurs et des Collectivités Territoriales, se feront sous son contrôle. D?ailleurs si ces législateurs sont aujourd?hui achetables, taillables et corvéables à merci, ils seront toujours disponibles et disposés à servir les intérêts du plus offrant et dernier enchérisseur. Pensez-vous que nous courrons le risque de perdre des hommes d?état par la dissolution ? On ne peut perdre que ce qu?on a ! On n?en a jamais eu !