Originally: Préval II: la continuité dans le changement ?

Deux mois après sa prise de fonction, certains observateurs s’accordent à
dire que le président René Préval n’a pas commis de «gaffe», en
particulier face à la communauté internationale. Son récent voyage en
Europe, le premier depuis son investiture officielle, a rapporté des
fruits parmi lesquels, la réadmission d’Haïti au marché commun caribéen
(Caricom) et des engagements fermes pour la construction de nouvelles
routes dans le cadre de la coopération entre Haïti et la France d’une
part et entre Haïti et la Banque Interaméricaine de Développement (Bid),
d’autre part. Ces résultats font suite à un autre acte concret pour Haïti
: la signature le 14 mai dernier de l’accord Petrocaribe avec le vice
président du Venezuela, José Vicente Rangel. Aujourd’hui, les
conséquences de cet acte se font déjà sentir avec la baisse des prix des
produits pétroliers à la pompe. 
           


Toutefois, alors que l’été 2006 s’annonce déjà chaud face à la
recrudescence du banditisme à travers la capitale, le Président Préval
reste pour le moins «frileux» face à deux dossiers cruciaux pour l’avenir
tant immédiat qu’à long terme du pays : l’insécurité et la justice.
Aucune déclaration ferme ni d’acte concret n’ont été enregistrés du côté
des nouvelles autorités haïtiennes. Il en est de même en matière de lutte
contre la corruption et contre la contrebande. De plus, depuis la
déclaration de politique générale du Premier Ministre Jacques Edouard
Alexis, ce dernier demeure étrangement silencieux alors que Préval domine
l’avant-scène politique. Allons-nous retourner vers un régime
présidentiel traditionnel ? 


A trente jours de l’expiration de sa période de grâce, le nouveau
gouvernement est déjà pressurisé par la précipitation des événements :
recrudescence des kidnappings, menaces des partisans de Jean-Bertrand
Aristide qui exigent leur réintégration dans l’administration publique et
affrontements entre bandes rivales dans la banlieue sud / sud-est de la
capitale qui auraient engendré officiellement au moins 22 morts et
plusieurs blessés le 7 juillet dernier alors que les chiffres officieux
évoquent une quarantaine de morts. Il faudra donc bien plus qu’un
Programme d’apaisement social pour contenir la violence, en particulier
dans la capitale, et si l’on doit reconnaître que Préval n’a fait aucune
promesse de Polichinelle, il est clair que le peuple haïtien, fatigué
voire écoeuré par de fausses promesses, attend aujourd’hui des actes
concrets à la fois dans la lutte contre la violence, la corruption et
dans la création d’emplois.


Combien de temps le nouveau gouvernement pourra-t-il continuer à
pratiquer la politique de l’autruche face aux anciens partisans
d’Aristide qui reviennent en force et  face aux gangs qui ont porté
allégeance au Président pendant la campagne présidentielle ? Le départ
précipité de l’ex-Premier ministre Gérard Latortue, sans explication
officielle et sans rendre compte à la nation de sa gestion au cours des
deux dernières années, ne constitue-t-il pas un mauvais précédent en
matière de gouvernance en particulier dans une transition que Préval
souhaite réaliser pendant son second mandat? L’absence de déclaration et
surtout de fermeté des nouvelles autorités face à la remontée de la
violence urbaine, permettra-t-elle une fois de plus et une fois de trop,
que la loi de la force remplace la force de la loi et du droit ?
Allons-nous assister, dans notre marronnage ancestral et coutumier, à la
continuité dans le changement ? Telles sont les questions auxquelles nous
essayerons de répondre dans notre grand dossier intitulé : Préval II : la
continuité dans le changement ?


L’insécurité : une gangrène qui se propage


«Du chaos l’ordre doit renaître », a lancé Mario Andresol au Sénat de la République après sa
ratification comme directeur général et commandant en chef de la Police
nationale d’Haïti pour un mandat de trois ans. Malgré la bonne foi de M.
Andresol et sa détermination à combattre l’insécurité, il est à craindre
que cette déclaration ne puisse se concrétiser. Comment l’ordre
renaîtra-t-il lorsque la PNH (la Police Nationale) ne dispose
actuellement que d’un policier pour 1.500 habitants, que les gangs sont
lourdement armés et que la police ne dispose même pas de ces armes ? Lors
de son installation il y a un an, le 22 juillet 2005, Mario Andresol
avait déclaré  que « le temps n’était plus à la rhétorique ».
Il avait aussi promis d’agir pour faire revenir « la paix des
cœurs » au sein de la population en assurant une « présence
effective et permanente » de la police afin de rétablir la confiance
envers l’institution. Un an plus tard, les souvenirs de l’été meurtrier
de 2005 sont vivaces dans la mémoire de tous et la recrudescence de la
violence et des kidnappings ces dernières semaines nous fait craindre un
autre été infernal. Quant à nos cœurs, quand ils ne flanchent pas sous
des crises cardiaques ou des infarctus dus au stress et à la peur du
quotidien, ils se gonflent de douleur au souvenir du meurtre atroce de
Jacques Roche il y a un an. Son souvenir nous hante et ses assassins
courent toujours. Comme ceux de Jean Dominique, comme ceux de Brignol
Lindor. En Haïti, le diable est omniprésent et Dieu se tait.


La majorité, quant à elle,
demeure encore trop silencieuse ; ceci malgré la diffusion inédite cette
semaine d’une émission débat autour du phénomène du kidnapping en Haïti
réalisée sur les ondes de la radio Caraïbe FM à l’occasion de la triste
commémoration, ce lundi 10 juillet, de l’enlèvement suivi de l’assassinat
du poète journaliste Jacques Roche. Cette initiative louable de
différentes organisations de droits humains et d’autres regroupements de
la société civile portera-t-elle des fruits ? Les appels des victimes
adressés à l’État pour qu’il prenne des mesures drastiques contre le rapt
seront-ils enfin entendus ?


Permettez-nous d’en douter pour plusieurs raisons. Tout d’abord, rappelons que René Préval a
dernièrement déclaré que la ratification de Mario Andrésol par le
Parlement constituait «un pas vers la réduction de l’insécurité».
Le deuxième pas à franchir, a-t-il dit, est la nomination d’un secrétaire
d’État à la Sécurité publique. Le gouvernement de Préval compte beaucoup
sur l’exécution du Programme d’apaisement social (Pas) et, de l’avis du
chef d’État, ce programme répond aux exigences de la population à moyen
terme. Toutefois, il dit miser sur des projets à long terme et non sur le
court terme. Malheureusement, les nominations susmentionnées ne font et
ne feront pas le poids devant la prolifération des armes légères dans le
pays : plus de 210.000 légales et illégales de tous calibres sont en
circulation en Haïti suivant des recherches menées entre 2004 et 2005 par
des organisations internationales, dont OXFAM et Amnistie Internationale.
De cette quantité, près de 170.000 se trouvent entre les mains de
particuliers, de simples citoyens, de services de sécurité et de la
police. Selon ces organisations, les bandes armées en possèdent plus de
13.000 et « ce sont des projections » avaient-elles souligné lors
de la présentation de leur rapport en janvier 2006 (1). Quant au
Programme d’apaisement social, il devrait être considéré en second lieu.
Le premier et le plus important doit être celui du désarmement. Comment
le chef de l’État peut-il parler de projet à long terme alors que sans
des mesures drastiques et urgentes contre l’insécurité, rien ne peut et
ne pourra être entrepris à moyen et long terme ? Qu’en est-il de la
promesse faite par le Premier ministre Jacques Edouard Alexis, lors de la
présentation de sa politique générale, de « mener  une lutte de
tous les instants contre toutes formes de criminalité et de réduire
significativement l’insécurité dans nos villes et dans nos campagnes
» ?  L’engagement de J. E. Alexis deviendra-t-il matière à
dérision comme celle de Gérard Latortue qui, il y a un an, déclarait
péremptoirement lors de la nomination de Mario Andrésol qu ’« à partir
d’aujourd’hui, c’est le commencement de la fin du règne de la violence,
de l’insécurité dans le pays » (2) ?          


Si l’absence de mesures concrètes contre l’insécurité est déjà
inquiétante, la mauvaise perception ou interprétation des causes de
l’insécurité peut être dangereuse voire suicidaire. À cet égard,
soulignons que ce mercredi à l’occasion du Forum sur la diaspora au
Karibe Convention Center, le chef de l’État a réitéré sa conviction que
le pays fait face à des actes de banditisme et non à une violence
politique . Préval essaye-t-il de nous leurrer, de se leurrer ou
de ménager les partisans d’Aristide ? Quoiqu’il en soit, la réalité sur
le terrain démontre qu’il a tort :



Les déclarations des partisans
de Jean-Bertrand Aristide réclamant leur réintégration au sein de
l’administration publique étaient clairement menaçantes : s’ils ne
retrouvaient pas leur place, ces membres d’OP avaient promis de passer à
l’action en annonçant le début d’une nouvelle opération dénommée «
chauve-souris ». Peut-on banaliser ces menaces alors que la violence et
les kidnappings ont pris une vitesse supérieure suite à ces premières ?
L’ «Opération Bagdad » n’a-t-elle pas infligé une leçon cuisante tant à
la MINUSTAH qu’au gouvernement de transition ? Comment expliquer qu’après
de telles menaces, le gouvernement ait déclaré piteusement qu’il allait
examiner les dossiers des anciens partisans d’Aristide révoqués au cas
par cas ? D’autre part, les chimères- avec le grand retour et le
soutien  de René Civil et de Paul Raymond- n’ont-ils pas annoncé une
manifestation d’envergure pour l’anniversaire d’Aristide ce 15 juillet ?
Si cette violence n’est pas politique, comment la qualifier ? Et de plus,
qui finance ces hommes  et dans quel but ?


Le week-end meurtrier du 7
juillet dernier à Martissant n’a-t-il aucune cause politique ? Les
groupes armés qui se sont affrontés faisant près de 40 morts, ont mené
selon la police « une bataille rangée » entre les gangs coalisés de Ti
Bois et Lame Ti Manchèt (L’armée des petites machettes) et d’autres
délinquants basés à Grand Ravine. Une bataille rangée entre qui et qui ?
Certains informateurs évoquent une guerre ouverte entre les gangs ayant
prêté allégeance à Préval et d’autres ayant juré fidélité à Aristide. Par
ailleurs, si la police a annoncé que des mesures avaient été prises de
concert avec la MINUSTAH pour permettre à la population de vaquer à ses
occupations, comment expliquer l’exode massif qui a transformé Martissant
en un quartier fantôme ? Des familles entières, craignant la fureur des
tueurs de Grand Ravine et de Ti Bois, ont dû prendre la fuite pour se
réfugier ailleurs. D’autre part, les témoignages accablants sur l’ampleur
des atrocités commises par les brigands ne manquent pas. Un jeune homme,
ayant requis l’anonymat, a confié à Radio Kiskeya et à SIGNAL FM avoir
été informé de l’assassinat de sa mère et de son jeune frère âgé de
treize ans. La première aurait eu le bras coupé à coups de machettes
avant d’être achevée par balles. Comment croire aux mesures annoncées par
la police lorsque l’on sait que Martissant et toute la zone Sud et Sud
Ouest de la capitale est livrée à elle-même depuis deux ans et que les
gangs y règnent semant la terreur, les crimes et les viols ? D’autre
part, on retiendra aussi que le gouvernement n’a pipé mot sur cette
tuerie.


Enfin, on ne saurait clore ce
chapitre sans évoquer la responsabilité de la MINUSTAH. L’émission
spéciale sur les kidnappings retransmise par Caraïbes FM cette semaine a
permis- si cela était encore nécessaire- de démontrer non seulement
l’inefficacité des troupes onusiennes à appliquer leur mandat mais elle a
aussi pointé du doigt leur complicité avec les gangs dans les
kidnappings. Même si la porte parole de la MINUSTAH a apporté un démenti
formel à ces allégations, il lui faudra faire ses preuves pour
rétablir une confiance depuis longtemps perdue. Notons que de plus en
plus de sénateurs et de députés se montrent préoccupés par la
recrudescence de la violence et nombre d’entre eux questionnent aussi la
responsabilité de la MINUSTAH dans le pourrissement de la situation.
«  La sécurité n’est pas uniquement une priorité pour les
Haïtiens. Elle est aussi, et surtout la préoccupation première de la
Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) et
également celle de tous ceux qui sont en Haïti pour aider le peuple
haïtien », a déclaré le porte parole de la MINUSTAH, Sophie de la
Combe lors d’une conférence de presse le jeudi 6 juillet à l’Hôtel
Christopher. Quand est-ce qu’on arrêtera de prendre les enfants du Bon
Dieu pour des canards sauvages ? Il est grand temps que le gouvernement
impose son autorité au lieu de se laisser mener par le bout du nez par
une force d’occupation étrangère. Á cet égard, soulignons la remarque du
sénateur Jean Gabriel Fortuné, membre de la Commission Défense, Justice
et Sécurité publique, qui s’est abstenu de voter pour la ratification de
Mario Andresol en précisant que  « s’il faut approuver un
directeur général de la police, il ne devrait pas être sous coupe réglée
de la MINUSTAH ». On se souviendra aussi de celle de René
Préval qui, après avoir désigné une nouvelle fois Mario Andresol comme
chef de la Police, a précisé : « l’international me dit de travailler
avec lui ». Par cet ajout, le Chef de l’État soulignait-il qu’il ne
cautionnait pas Andresol ou a-t-il saisi l’occasion pour prendre
apparemment ses distances d’un chef de la police connu pour être proche
de lui ? Préval redoutait-il qu’on l’accuse de vouloir politiser la
Police Nationale ? Quoiqu’il en soit, aujourd’hui que nous disposons d’un
Parlement légitime, il faut que les élus redressent la situation en
questionnant le rôle de la MINUSTAH mais aussi en se prononçant sur
l’immunité judiciaire accordée aux forces internationales. Le cas récent
du viol et meurtre d’une adolescente irakienne à Bagdad par cinq soldats
Américains devrait nous servir d’exemple. Le 9 juillet écoulé, l’armée
américaine les a inculpés et le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki
a demandé une révision de l’immunité judiciaire des forces
internationales en Irak (3). Lors de son interview accordée au journal
français Le Monde, le président de la République a déclaré que
«  Le gouvernement doit être plus présent. La Minustah devra
travailler non seulement en accord avec le gouvernement, mais je dirai
presque sous la supervision du gouvernement, de l’Etat haïtien. ». Le
« presque » n’était pas nécessaire M. le Président et la Nation vous
soutiendra si vous passez de la parole aux actes.


La justice et la corruption : des dossiers brûlants et pendants


Il est clair que sans un
système judiciaire adéquat et sans une lutte contre la corruption,
l’impunité continuera a régner en maîtresse absolue avec toutes les
conséquences néfastes que cela entraînera pour l’ensemble de la société
haïtienne. Á ce sujet, le départ précipité de Gérard Latortue reste
questionnable et constitue un mauvais précédent en matière de
gouvernance. Le gouvernement devrait exiger un compte rendu à la Cour
supérieure des comptes et ce dernier devrait être publié…mais pour ce
faire, les nouvelles autorités doivent aussi donner l’exemple. Or, six
ministres seulement et le chef de l’État ont déclaré leur patrimoine à la
justice. Il faut immédiatement remédier à cette situation. D’autre part,
au début du mois, le nouveau gouvernement avait exigé des responsables de
l’ancienne administration la restitution de biens appartenant au
patrimoine de l’Etat. Dans un communiqué signé du Premier ministre, le
gouvernement, accordait à toutes les personnes concernées un délai
expirant le vendredi 7 juillet pour « restituer de tels biens aux
institutions publiques qui en sont les dépositaires ». Le délai a
expiré. Quelle suite a été donnée à cet ultimatum ?


La justice haïtienne n’est pas
non plus exempte de mesures arbitraires. Le 19 juin dernier, le
secrétaire exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains
(RNDDH), Pierre Espérance, a affirmé que l’impunité est la principale
cause de la résurgence du climat d’insécurité dans la capitale. Pierre
Espérance a rappelé que des juges d’instruction ont libéré sans motif
valable les auteurs de viol, de kidnapping et d’actes de violence. «
Les juges d’instruction accordent des " mains levées " à
tout bout de champ en faveur des bandits arrêtés par les forces de
l’ordre », a-t-il déclaré. La justice haïtienne ne devrait-elle pas
être épurée au même titre que la Police Nationale ?


Quant au retrait, la semaine
dernière, par le gouvernement du président René Préval de la plainte pour
vol de « millions de dollars » déposée aux États-Unis par le gouvernement
intérimaire de Gérard Latortue à l’encontre de Jean Bertrand Aristide, il
restera inacceptable tant que les autorités n’auront pas expliqué le bien
fondé d’une telle décision. Les explications fournies à ce jour sont bien
faibles et ne justifient pas la gravité d’une telle décision dans un pays
connu pour être champion en matière de corruption et d’impunité. Ce
retrait a semé le trouble dans les esprits.  La justice ne peut en
aucun cas être complice de la dilapidation des fonds publics.


La corruption en Haïti
est devenue un tel cancer qu’il nous faudrait plusieurs grands dossiers
pour la traiter. Toutefois, juste ces jours derniers, l’opinion publique
est en droit de se questionner sur la dernière interpellation de Dany
Toussaint qui, une fois de plus, s’est terminée en queue de poisson.
Comment des activistes violents tels que René Civil et Paul Raymond,
connus notamment pour avoir profité des « caisses noires » de la Téleco (
la Compagnie Nationale de Télécommunications) peuvent-ils circuler
librement en osant prononcer des conférences de presse ?
Qu’adviendra-t-il des commissions telles que l’UCREF (l’Unité Centrale de
Recherche et d’Enquête Fiscale) et autres sous ce nouveau gouvernement ?
Quelles seront les mesures prises à l’encontre des contrebandiers qui
font perdre des millions de dollars par an au pays le plus pauvre du
continent ? À la question du journal Le Monde concernant les
mesures prises pour affronter la corruption, le Président Préval avait
répondu qu’il « ne suffit pas d’avoir un homme intègre, il faut un
système qui permettra d’être sûr que la corruption n’existe
pas.(…)  Il faut des procédures simples, transparentes et
vérifiables ». On les attend impatiemment M. le Président ! Mais
n’oublions pas que « la pire des corruptions n’est pas celle qui brave
les lois ; mais celle qui s’en fait à elle-même » (5)


« Dans une société bien
réglée, le bons doivent servir de modèle et les méchants d’exemple»
(6), dit le dicton mais en Haïti c’est l’inverse qui a toujours été de
mise. Même la composition actuelle du Sénat de la République en est
l’exemple à certains égards…Lors de la présentation de sa politique
générale, le Premier ministre Jacques Edouard Alexis avait déclaré que
« nous nous trouvons à la croisée des chemins. Nous devons nous
engager dans la bonne direction, en prenant avec courage les grandes
décisions qui s’imposent. » Le gouvernement de transition avait, par
sa nature même et le fait qu’il n’avait pas à plaire à un électorat,
l’opportunité de prendre des décisions impopulaires mais utiles à la
Nation. Non seulement il ne l’a pas fait mais Gérard Latortue s’est
révélé être un pantin onusien et un traître à la nation. L’accord
de février dernier signé avec la MINUSTAH a définitivement révélé le vrai
visage de Latortue.


 À 30 jours de l’expiration de l’état de grâce du gouvernement Préval/Alexis, ce dernier
doit passer de la parole aux actes. Le nouveau gouvernement est désormais
au pied du mur. Si des mesures urgentes et fermes, voire drastiques, ne
sont pas entreprises immédiatement, le climat politique et social que
l’on cherche à assainir, va s’empoisonner davantage. Après le ‘’bon‘’
départ pris par Préval, cette dégradation serait regrettable et peut-être
irrattrapable. Comme l’a stipulé Claude Moïse dans son éditorial du 10
juillet dernier, le nouveau gouvernement doit donc « s’expliquer,
expliquer et prendre des mesures énergiques pour sauvegarder sa
crédibilité, faire renaître la confiance dans les dirigeants et dégager
l’horizon. Il ne peut plus tergiverser. Le jeu force à couper (7) ».
Dans le cas contraire, le nouveau gouvernement élu ne fera que perpétuer
la  tradition haïtienne du pouvoir : la continuité dans le
changement.



Nancy Roc, Montréal le 14 juillet 2006



Plus de 200.000 armes
de tous calibres en circulation, dont 13.000 détenues par les gangs,
Alter presse, 16 janvier 2006



Haïti : « Le temps n’est
plus à la rhétorique », déclare le nouveau directeur de la police,
Alter presse, le 22 juillet 2005



Cinq soldats américains
accusés de viol et de meurtre, Le Devoir, page B1, le 10 juillet
2006



René Préval : « N’envoyez
pas de l’argent, mais des techniciens », Le Monde du 28 juin
2006



Citation de Louis de
Bonald



Citation de Louis de Bonald –
Extrait des Maximes et pensées



Le jeu force à couper,
Claude Moïse, Le Matin, Editorial du 10 juillet 2006