Actualités Politiques : Grandes Lignes
Sommes-nous vraiment obliger d?attendre 90 jours pour savoir, à qui nous avons affaire ? Le tandem Préval/Alexis est-il vraiment en porte-à-faux face la réintégration des OP ? Quel régime ce tandem est-il en train d?établir ? Sommes-nous en train de descendre aux enfers, au lieu d?en sortir ? A quand les prochaines élections ? Est-ce possible d?établir un état de droit, avec la réintégration des OP ? Quand mettrons-nous fin à la violence et à l?impunité ? Voilà les inquiétudes et préoccupations de toute une nation à bout de souffle et aux abois.
Le pré-requis fondamental pour un leader ou un meneur d?homme, dans n?importe quel domaine, c?est la capacité de pouvoir communiquer pour convaincre, capter la confiance et obtenir le consentement de ceux qu?il veut diriger. Quant au pouvoir, c?est la notion relationnelle qui définit mieux les critères. Le pouvoir est un fait social, un réseau de relations, au lieu d?être quelque chose de substantielle que l?on possède. Pour qu?il ait pouvoir il faut au moins qu?il y ait un autre. Seul, on n?a le pouvoir que sur soi. C?est la qualité des rapports dans cette relation qui peut en faire une relation de pouvoir. La politique s?entend, se développe, s?organise et s?origine que dans le social. Il faut qu?on soit plusieurs. Cependant si les relations interindividuelles et interpersonnelles sont égales, il n?y a pas de pouvoir. Il ne suffit pas qu?il y ait relation, il faut qu?il y ait inégalité. Dans cette relation, il faut que l?un ait de l?influence sur les autres. Que l?un ait de la préséance sur les autres. Que l?un ait de l?autorité sur les autres. Que l?un ait le commandement sur les autres. Que l?un ait la domination sur les autres. Et enfin, que l?un assume le contrôle et la protection des autres. En d?autres termes c?est un rapport entre acteurs par lequel l?un d?eux amène les autres à agir autrement qu?ils l?auraient fait sans son influence. Préval n?a rien de ces caractéristiques, qui puisse lui permettre d?assumer ce rôle très difficile et très complexe pour exercer le pouvoir de chef d?état du pays le plus pauvre de l?hémisphère, en pleine déliquescence étatique et institutionnelle. Devenu chef d?état en deux fois, ceci aurait dû suffire pour le consacrer comme quelqu?un qui répond aux critères de la notion relationnelle du pouvoir. Cependant, il suffit de constater que ce soit les concours de circonstances et sa malléabilité qui lui ont valu ses deux mandats présidentiels. Utilisé dans un premier temps, par Aristide, et dans un deuxième temps, par Alexis, Préval a été catapulté deux fois au pouvoir, pour servir les intérêts des autres. Aristide voulait à tout prix avoir un second mandat. Alexis veut à tout prix être le prochain chef d?état. De fait, exerçant aujourd?hui son second mandat, Préval n?a jamais personnellement géré la première phase de la vie politique, la conquête du pouvoir. N?ayant jamais conquis le pouvoir, ayant toujours été le facilitateur, l?instrument de la politique et des ambitions des autres, Préval n?a jamais pris conscience de l?énormité de la responsabilité qu?il assume. Préval n?a jamais acquis l?habitude de s?affirmer, de développer la confiance en soi, d?atteindre le niveau d?assurance nécessaire pour pouvoir formuler et adopter une politique qui lui soit propre pour la mettre en application. Que ce soit pour le premier ou le second mandat, il n?a jamais assumé le pouvoir dans le but d?accomplir une vision qui lui soit propre. Quand on est venu le chercher pour qu?il devienne un candidat, pour les élections du 7 février 2006, ses conditions ont été de n?assumer aucune responsabilité de leadership pour sa campagne électorale, et de gagner dès le premier tour. A tous ces lacunes, s?ajoute le réflexe du marronnage politique, qui lui est très difficile de s?en débarrasser, pour avoir vécu pendant trop longtemps à l?ombre et sous l?influence d?hommes pour qui, il a développé consciemment ou inconsciemment une certaine admiration, une certaine soumission et une certaine attitude de subalterne qui frôlent le complexe d?infériorité (Aristide et Dominique). Dominique a été son maître à penser. La mort de Dominique lui a fait perdre sa boussole. Si ce qui apparaît à la surface nous permet de détecter, tant soit peu, ses traits de caractère, sa malléabilité, ses lacunes, ses faiblesses, que d?autres ont exploité, avec son consentement, et à leur profit, l?homme étant à la fois ange et bête, nous ne pouvons pas ignorer ce que nous cache l?autre face de la médaille que nous ne voyons pas. Il faut se rappeler, que c?est au pouvoir que nous avons appris, qu?Aristide est un maniaco-dépressif. C?est aussi au pouvoir qu?on s?est rendu compte des effets psychiques néfastes de diabète avancé sur François Duvalier ! Dans cette conjoncture de début de règne qui s?avère chancelante et dangereuse, l?opinion d?un psychanalyste vaut son pesant d?or.
Cela va sans dire qu?il n?y a pas de fumé sans feu. Après que les rumeurs se soient tues, on a appris par la suite que Préval soit tombé en syncope après un coup de colère, provoqué par Fils-Aimé et Célestin. Peut importe ce que ces deux hommes ont pu faire pour provoquer cette colère. Ce qui importe, est qu?on ne tombe pas en syncope parce qu?on jouit d?une bonne santé. Il faut qu?il y ait quelque chose qui cloche, pour provoquer une diminution momentanée de la circulation cérébrale. Ces causes sont généralement cardiaques, vasculaires ou nerveuses. A cause des responsabilités qu?ils assument face aux nations et pays qu?ils gouvernent, la santé des chefs d?état est d?intérêt public.
On a eu déjà 3 grands sommets, Washington, Cayenne et Montréal. Le quatrième aura lieu à Port-au-Prince, le 25 juillet 2006. Ce sera la Conférence internationale des bailleurs de fonds. Les contacts de Préval étant plutôt au Sud, Chavez, Castro, Lula, Kirchner et Bachelet, qui ne détiennent pas les courroies de la bourse. Cette Conférence est cruciale, pour le redémarrage de l?économie. Il est évident qu?envers les lavalassiens, depuis 2001, jusqu’à nos jours, et particulièrement envers le gouvernement d?Aristide, les Etats-Unis, le Canada et la France se sont montrés très durs à la détente. Le second mandat d?Aristide a subit un embargo total d?aide étrangère. L?embargo n?a pas été une affaire personnelle. On a refusé l?aide au régime anarchopopuliste qu?Aristide imposait en ce temps là. Or ce que nous constatons, c?est que le tandem Préval/Alexis apeuré par la pression des OP, tend à vouloir les réintégrer dans son gouvernement. Il est bruit que le calme qui est revenu ce vendredi, est dû à une rencontre avec les chefs d?OP qui ont pris la capitale en otage, mercredi et jeudi de cette semaine. Face à cette capitulation certains hauts dirigeants de la Minustah disent qu?ils ont les mains liées. Etant à l?ordre du chef d?état constitutionnel, ils n?ont reçu jusqu’à présent aucune demande ou aucun ordre spécifique de lui, concernant ceux qui sont les responsables de l?insécurité. Réintégrer les OP équivaudrait à une transformation instantanée du nouveau gouvernement en une copie conforme du gouvernement d?Aristide II.
Ce n?est pas par hasard qu?à quelques jours de la Conférence internationale de bailleurs de fond, que soudainement des OP lourdement armées, sortent de la Cité Soleil, où elles se sont repliées, pour venir récupérer leurs territoires. Pour pouvoir augmenter la pression et forcer avec plus d?efficacité leur réintégration dans le nouveau gouvernement, la récupération de leurs territoires leur est indispensable. L?efficacité de la prise en otage de la capitale, est proportionnelle à la superficie de l?espace territorial que ces OP récupéreront. Elles en ont fait l?expérience avec l?Opération Bagdad (zones de non droit). Veulent-elles faire coïncider la prise en otage de la capitale et la conférence des bailleurs de fonds, pour faire pencher la balance plus facilement en leur faveur ? C?est possible. A cette phase avancée de l?évolution des événements, le tandem Préval/Alexis est-il toujours en porte-à-faux au sujet de l?intégration des OP ? Le profil bas de la Minustah et de la PNH, est-il dû à l?indécision de Préval ou à une volonté de faciliter cette réintégration des OP ? Il faut se rappeler, dans ces circonstances, que ces deux forces ne se trouvaient nulle part, lors de l?utilisation de la pression des rues et de l?occupation de l?hôtel Montana, pour la proclamation de la victoire de Préval, le 16 février 2006. Sommes-nous en train de constater un retour à la domestication traditionnelle de la force publique par le pouvoir exécutif ? Jusqu’à présent il n?y a rien qui montre que l?on soit sorti de l?auberge !
Bien que René Civil soit légalement en liberté provisoire et reste à la disposition de la justice, il a déjà récupéré son territoire, il circule en voiture, sous haute escorte sécuritaire. René Civil stratège et exécutant connu « d?étau bouclier » et de « l?opération Bagdad » reprenant du poil de la bête, a organisé les manifestations du 15 juillet dernier. Refusant de respecter les consignes de la PNH et de la Minustah, il a intentionnellement enfreint le parcours qui lui avait été autorisé. Si les membres des OP ne sont pas tous réintégrés, René Civil l?est, et pas officieusement. Sa première mission, à sa sortie de prison, a été la ratification du premier ministre Jacques Edouard Alexis, par le biais de la pression des législateurs du béton. Si le 15 juillet, il a enfreint le parcours qui lui avait été autorisé, il l?a fait d?autorité, sans encourir de risque.
Il est évident que ce ne sont pas les fonds qui manquent pour organiser les élections incomplètes du Nord-est et celles des Collectivités Territoriales. Les Etats-Unis, le Canada et la France ont déjà alloué chacun quatre millions de dollars, mais refusent de les verser tant qu?il n?y ait pas de calendrier. Le CEP déclare qu?il est prêt. Pourquoi les renvoie-t-on sine die ? Avec les OP qui reprennent violemment le haut du pavé, le tandem Préval/Alexis est en train d?attendre que la récupération de leurs territoires, soit suffisamment avancée pour qu?il aille re-confisquer les prochaines élections, comme, il l?a fait le 21 mai 2000.
Les faits viennent de prouver qu?Aristide gérant le maintien du pouvoir, avec la violence anarchopopuliste des OP, a fait juste le contraire. Il a réduit considérablement la sphère de l?autorité de l?état. Ce faisant, a perdu à la fois le support des pays les plus influents de l?échiquier politique haïtien, le contrôle des OP, le contrôle des évènements, et enfin le pouvoir. Si c?est la volonté de Préval d?adopter les mêmes moyens, il glissera très certainement sur cette pente, pour subir le même sort que son frère siamois. Entre temps, c?est la nation haïtienne qui fera une fois de trop les frais de ce choix funeste.