Contrairement aux dispositions de l’article 185 du décret électoral

En tant qu’institution attachée à la
promotion de l’intégrité des opérations électorales, il nous revient de constater que les
dispositions légales relatives au décompte des voix n’ont manifestement pas été
respectées.

Originally: Le directeur général du CEP, Jacques Bernard, annonce que les procès-verbaux seront disponibles sur le net dès jeudi

Posté le mercredi 8 février 2006
Par Radio Kiskeya



Le Conseil Electoral Provisoire a décidé de reporter à vendredi ou samedi la publication officielle des premiers résultats partiels du premier tour des présidentielles et législatives de mardi.


Lors d?un point de presse mercredi soir à Port-au-Prince, le directeur général du CEP, Jacques Bernard, a indiqué qu?en raison des retards énormes enregistrés dans l?acheminement des procès-verbaux au centre de tabulation “les premiers résultats qui avaient été promis pour mercredi “ne pourront être communiqués que vendredi soir ou samedi midi”. En revanche, le principal pilote du système électoral a promis que dès jeudi les résultats des procès-verbaux déjà comptabilisés seront disponibles sur le site internet du CEP.


Très mesuré dans ses propos, M. Bernard précise que seuls 567 des 810 centres de vote ont été jusqu?ici touchés. Ce qui représente 71 à 75% des centres. Pour Port-au-Prince, les opérations de dépouillement déjà réalisées concernent 237 centres de vote, soit 12% de la totalité des centres qui étaient fonctionnels mardi.


Le directeur général de l?institution électorale qui appelle la population et les partis politiques à la patience, affirme que “les résultats refléteront les choix du peuple haïtien et ne seront pas affectés par les irrégularités enregistrées”.


Le fonctionnaire a parlé d?un taux de participation hsitorique, alors que la conseillère électorale Josépha Gauthier a estimé à 80% le taux de participation, dans une interview à BBC Brasil. spp/RK






L’Afrique du Sud étudie la possibilité d’un retour en Haïti de l’ex-président haïtien Jean Bertrand Aristide une fois les conditions de sécurité seront réunies, a indiqué Nkosazana Dlamini-Zuma, ministre des affaires étrangères.

“C’est pour cela qu’il est important de voir ce qui se passe après les élections. De voir comment est le nouveau gouvernement, la sitabilité politique. Voir si un retour lui est favorable”, a déclaré la ministre sud-africaine des affaires étrangères à un journaliste de l’AFP au Cap.

“A notre avis, il n’est pas là pour la vie”, a-t-elle encore déclaré précisant que Jean Bertrand Aristide restera en Afrique du Sud jusqu’à ce que la situation en Haïti lui permette de rentrer. “s’il y a encore de l’instabilité, si sa sécurité n’est pas assurée”, a souligné la ministre.

Jean Bertrand Aristide, 52 ans, s’est réfugié en Afrique du Sud après avoir été renversé en février 2004 par une révolte populaire dans son pays

Posté le mardi 7 février 2006

Le secrétaire général de l?Organisation des Etats américains (OEA), José Miguel Insulza, qui est arrivé lundi à Port-au-Prince a prédit un second tour aux présidentielles et législatives haïtiennes dont le premier tour se déroulait mardi, selon une dépêche de l?agence espagnole EFE.


“L?OEA a travaillé pour que tout aille bien et qu?il y ait des élections normales” a déclaré le numéro un de l?organisation panaméricaine qui s?exprimait lundi lors d?une escale à l?aéroport international Las Américas de Santo Domingo avant de s?envoler pour Haïti à bord d?un avion des Forces Armées dominicaines.


Le diplomate chilien qui a estimé tout à fait plausible l?hypothèse d?un second tour -fixé au 19 mars dans le calendrier électoral- croit que dès mardi, l?on commencera à voir le profil du prochain Président d?Haïti. Pour José Miguel Insulza, qui parle “d?exagérations” sur le thème de l?insécurité, un deuxième tour n?impliquera pas forcément des violences ou des tensions en Haïti.


Le secrétaire général de l?OEA qui devait visiter au cours de la journée différents centres de vote, laissera Port-au-Prince mercredi. Des entretiens avec les autorités sur le processus électoral sont également inscrits dans son agenda.


L?OEA a joué un rôle de premier plan notamment dans les opérations d?enregistrement de 3,5 millions d?électeurs et dans la constitution d?un registre électoral national. spp/RK



Radio Kiskeya



De longues files d’attente devant les bureaux de vote,des groupes d’électeurs effectuant des kilomètres à pied pour se rendre aux bureaux de vote,des bousculades pour avoir accès aux centres de vote les haïtiens ont manifesté clairement leur volonté d’exercer leur droit de vote ce mardi 7 février 2006.

A l’aube des électeurs formaient des groupes ou cohorte pour braver le noir et l’insécurité afin d’arriver à 6 heures précise devant les bureaux de vote. L’enthousiame cédait la place souvent à la déception et dans quelques cas au découragement en raison de l’absence de matériels de vote ou des failles dans l’organisation de la machine électorale.

Les frustrations ont provoqué des débuts de manifestation à Fontamara ,quartier de la Commune de Carrefour (Sud de Port-au-Prince )ou à Carrefour Feuilles ,quartier de Port-au-Prince. La forte concentration des électeurs dans des centres de vote(regroupement de bureaux de vote)serait à l’origine des difficultés dans l’organisation du scrutin selon des observateurs. Un bureau de vote doit acceuillir 400 personnes, un centre qui regroupe 20 bureaux acceuille donc 8 mille personnes sur un périmêtre souvent réduit.

Curieusement la sécurité ,considérée comme la principale préoccupation a été le seul motif de satisfaction des autorités électorales.Des patrouilles de la Minustah et de la Police étaient présents aux abords des centres de vote et dans les principales artères de la capitale haïtienne.

En milieu de journée le président du Conseil Electoral Provisoire a dans un communiqué rassuré les électeurs qu’ils pourront tous exercer leur droit de vote.Dans cet appel au calme M.Max Mathurin a précisé que le dénouement sera heureux pour cette journée.Le président du CEP a tenu a mettre l’accent sur le bon déroulement du scrutin dans les villes de province et dans plusieurs centres de vote de la capitale

Originally: Situation généralement calme dans le reste du pays

Posté le mardi 7 février 2006
Par Radio Kiskeya



Le Conseil Electoral Provisoire (CEP), confronté à de sérieux problèmes d?organisation, a décidé de prolonger l?horaire d?ouverture des centres de vote au-delà de 16 heures locales (21h00 GMT), a déclaré en fin de matinée le porte-parole du CEP, Stéphane Lacroix, au cours d?un point de presse.


Une cellule d?urgence a été mise en place en vue de remédier aux nombreuses irrégularités qui caractérisent le déroulement de la journée électorale qui a donné lieu à une mobilisation populaire record.


Le conseiller électoral Louis Gerson Richmé a indiqué que des réponses appropriées seront apportées rapidement aux différents problèmes enregistrés.


Par ailleurs, deux électeurs sont décédés à Port-au-Prince alors qu?ils tentaient d?exercer leur droit de vote dans de longues files d?attente. “Deux personnes sont mortes à Port-au-Prince, l?une d?une crise cardiaque, et l?autre par asphyxie”, a confié à l?AFP un responsable onusien sous le couvert de l?anonymat.


Mérilien Pierre, un homme de 76 ans qui souffrait d?hypertension, est mort asphyxié.


Si dans la capitale et ses périphéries, le dysfonctionnement de l?appareil électoral était évident en revanche, dans le reste du pays, la situation était généralement calme en dehors de quelques incidents isolés. Partout dans le pays, les électeurs étaient massivement mobilisés, renforçant le caractère historique de cette journée, vingt ans jour pour jour, après la chute du dictateur Jean-Claude Duvalier, le 7 février 1986. spp/RK

Haïti-Élections : entre le pire et le vide …



Le compte à rebours menant à la date fatidique s?accélère. La tension monte dans tous les camps. Tout semble indiquer qu?on s?achemine ce 7 février vers la réalisation des élections présidentielles et législatives voulues par la communauté internationale ; à moins d?un coup de théâtre de dernière minute (à ne pas écarter).


Si l?on tient compte des méthodes nouvelles adoptées et des choix technologiques privilégiés par le Conseil Électoral et ses partenaires internationaux, ces élections seront largement expérimentales. Elles seront également différentes des autres consultations connues jusqu?ici et pour cause, l?introduction de la carte digitalisée constitue un acquis extraordinaire dans le processus d?identification fiable des citoyens et représente, à elle seule, un acquis majeur en matière d?Etat civil en Haïti.


La modification aussi de la structure électorale et les concepts nouveaux qui vont de pair représentent sans nul doute une avancée dans la façon de réaliser désormais les élections en Haïti. Cela n?a pas été facile. La route a été longue, sinueuse et semée d?embûches. Mais, si l?on en croit les responsables du Conseil Électoral Provisoire, c?était le prix à payer pour avoir des élections plus ou moins crédibles, techniquement à l?abri de toutes manipulations partisanes comme ça a été le cas en l?an 2000. Donc, les nombreuses difficultés d?ordre sécuritaire, technique et logistique seraient derrière nous, selon les promesses faites par les autorités politiques, policières et électorales. Les haïtiens devraient pouvoir voter sans trop de problèmes, ce 7 février.


Une fois cette étape franchie, les préoccupations s?orientent de plus en plus vers la dimension politique de ce scrutin. Si du point de vue technique, d?éventuelles fraudes massives sont à écarter, qu?en est-il de la manipulation politique des résultats ? Ces élections, rappelons-le, se réalisent sous le contrôle de la MINUSTAH qui, ces derniers temps, n?a pas fait preuve de neutralité politique dans la gestion de ses rapports avec des secteurs opposés à Lavalas. Certainement, ces élections ne constitueront pas seulement un examen sur le plan de l?innovation technologique. Elles seront également un test grandeur nature à l?aune de laquelle on prendra la juste mesure de la maturité politique de l?électorat haïtien. Parce qu?en définitive, c?est du choix qu?il fera ou ne fera pas dans l?isoloir, que dépendra l?avenir de la première république noire. Nous y voilà.


Quelles sont les options qui s?offrent aux électeurs haïtiens ? Qu?on se le dise pour vrai, si dans son manque de rigueur le CEP a, de manière irresponsable, autorisé 35 candidats à se lancer dans la course au fauteuil présidentiel -le nombre ayant diminué avec le décès de l?un d?eux et le désistement d?un autre- qu?on se le dise pour vrai, il n?y pas 33 options. Donc, beaucoup d?appelés mais peu et très peu d?élus. Dès le départ, la bataille a toujours été entre Lavalas, symbolisé par l?un de ses fondateurs, René Préval, aujourd?hui candidat de la Plate-forme de l?Espoir et l?Entente (le groupe des 9), au sein de laquelle on compte une brochette de présidentiables tels : Evans Paul de l?ALYANS, Paul Denis de l?OPL, Serge Gilles de la Fusion des Sociaux-Démocrates, Leslie François Manigat du RDNP et Charles-Henry Baker de Respect/ Combat. Cependant, au fur et à mesure qu?évolue la campagne, les tractations, les coups de pouce aidant, certaines candidatures émergent tandis que d?autres déclinent au gré des sondages plus ou moins biaisés orientés par certaines ambassades. Mais aussi, selon des tests empiriques effectués sur le terrain par des professionnels aguerris de l?information il semblerait qu?on se dirige tout droit vers un match triangulaire entre René Préval, Leslie Manigat et Charles-Henry Baker.


Le dilemme pour l?électeur sera de choisir entre le passé et l?avenir, mais aussi entre le pire et un certain vide…


Le Pire


Dans l?hypothèse d?une victoire démocratique de René Préval, à moins d?un revirement spectaculaire de sa part, le pays saura à quoi s?en tenir. On ne voit pas comment Préval pourrait abandonner ses pratiques et méthodes lavalassiennes, douloureusement expérimentées par le peuple haïtien pendant ces 15 dernières années. Ce sont justement ces pratiques de pouvoir, dominées par le déni et l?autisme, qui ont accéléré la déchéance d?Haïti à tous les niveaux et ont abouti à la perte de la souveraineté du pays. Les déclarations du candidat favori du camp Lavalas, souvent réservées à la presse internationale, confirment les pires appréhensions qu?inspire sa candidature, toute sa campagne ayant été axée sur des attaques préventives contre une éventuelle majorité parlementaire d?opposition qui émergerait et dont il n?aurait pas le contrôle. En s?exprimant ainsi, René Préval s?inscrit dans une constante lavalassienne qui renvoie à des pratiques antérieures au cours desquelles il avait tout simplement renvoyé le Parlement dont il était devenu le pire ennemi.


Dans ses différentes interventions, il endosse la philosophie lavalassienne par sa façon de traiter les problèmes de sécurité, de justice ou d?exil. Avec une nouvelle administration Préval au Palais National, ce sera “un back vers le futur garanti”. Dans ces conditions, comment l?accession au pouvoir une nouvelle fois du “frère marassa d?Aristide” ne peut pas être synonyme d?un retour en force de l?anarcho-populisme avec son cortège de méfaits : le double jeu, le double langage, le chantage de la pseudo-lutte des classes, la corruption, l?impunité, la confusion idéologique, qui loge Taïwan et Cuba bizarrement à la même enseigne, la démagogie triomphante, les chimères, les kidnappeurs, les violeurs de femmes et j?en passe. Et le retour …des barons Lavalas avec en prime la fin possible de l?exil de Jean-Bertrand Aristide. Avec l?arrogance affichée ces jours-ci par les secteurs les plus radicaux et les plus corrompus de Lavalas qui n?ont pris aucun recul par rapport à leur effroyable mais, qui de préférence, glosent de l?échec de la transition, il est difficile d?envisager une conversion de Préval à la démocratie représentative. Revanchards, ils s?apprêtent à reprendre le pouvoir avec leur nouveau leader, disent-ils ; ils le clament haut et fort. Comment, otage de l?aile la plus criminelle, la plus corrompue et la plus mafieuse de Lavalas, Préval pourrait-il prétendre pouvoir diriger autrement ? Comment compte-t-il endiguer le trafic de la drogue, la contrebande, les prébendes ?


Comment va-t-il se défaire du poids du vote des bandits notoires, kidnappeurs, violeurs de petites filles, de filles et de femmes et assassins qui l?appuient ouvertement. Il ne s?agit pas de procès d?intention mais, de faits objectifs. Ce Préval-là dont il est question dans l?article, n?est pas le gentil père de famille, mari ou ami attentionné. Il s?agit de l?homme public qui a été à l?origine d?un régime ayant des comptes à rendre à la nation en tant que comptable, auteur et co-auteur de tout ce qui s?est passé dans ce pays pendant 16 ans. Ce Préval-là n?est pas un saint, n?en déplaise à ses copains. Au contraire, il porte de lourdes responsabilités dans la crise actuelle que connaît le pays pour avoir été celui qui a organisé un coup d?Etat électoral en deux temps : le 21 mai et le 26 novembre 2000 en faveur de son jumeau Aristide.


Le Vide


Dans l?hypothèse de l?élection d?un membre de l?Entente, les choses risqueraient d?être moins claires. D?abord, parce que tout au long du processus électoral, les forces politiques qui composent ce groupe -éléments déterminants dans la chute d?Aristide- n?ont jamais pu articuler et proposer au peuple une alternative sérieuse et cohérente à Lavalas. Au lendemain du départ du dictateur, elles se sont dispersées en provoquant la dissolution inopportune de la Plate-forme démocratique, fer de lance du mouvement GNB et véritable creuset de la diversité politique et sociale engagée dans une lutte active en faveur de la démocratie. Le pays a assisté, médusé, à l?explosion des égos. Chacun croyant que son heure est arrivée, la pléthore des candidatures est devenue inarrêtable. Dans la folie qui a gagné cette faune politique, la rationalité est devenue un vain mot. Ce comportement infantile a eu pour effet d?engendrer la disparition du momentum de l?opposition démocratique à Lavalas, a semé la confusion et morcelé du même coup l?électorat potentiellement acquis à ce secteur. Les leaders n?ont jamais été, à aucun moment, en mesure de formuler collectivement des propositions en vue de résoudre les multiples problèmes auxquels la nation est confrontée.


Ils ont préféré passer le plus clair de leur temps à courir les conférences, à signer des protocoles et des codes d?éthiques façonnés par la communauté internationale pour se neutraliser les uns les autres tout en s?accrochant désespérément à leurs ambitions personnelles. Il n?y a pas eu de bagarres, mais nul n?est dupe. Cette bataille sourde de chefs n?a pas abouti comme ailleurs à des primaires qui auraient été salutaires. Elle a débouché de préférence sur l?affaiblissement d?un projet démocratique alternatif aux tenants du statu quo ante. Donc, en quelque sorte, le camp de l?Entente s?est discrédité auprès d?un électorat en quête de changement, d?autant plus que certains leur tiennent rigueur et les associent à l?échec de la transition. Même s?il faut reconnaître que ce secteur n?a pas totalement perdu tout le pouvoir de convocation qui était, il y a deux ans, le sien. Comme en atteste le succès de la grève du 9 janvier et du sit-in du 16 janvier contre l?insécurité galopante. Reste à savoir si ces gains ponctuels pourront se convertir en résultats durables lors des consultations cruciales du 7 février. Les candidats de l?Entente qui n?ont pas su faire montre de courage et de leadership, confient à l?électeur la redoutable tâche de décider seul du destin de la nation. Ils n?ont pas livré la marchandise et laissent sur leur faim de nombreux citoyens déchirés, sans consignes précises.


En définitive, dans la perspective d?un pouvoir dirigé par un membre de l?Entente, on peut difficilement prévoir son mode d?articulation. S?agira-t-il de la victoire d?une personne ou d?un large secteur démocratique ? Attendons voir …


 

Originally: «Charlito» est convaincu de l’emporter dès le premier tour

Port-au-Prince — La majorité dès le premier tour? C’est dans le sac. La
violence et les kidnappings à Port-au-Prince? Il promet des résultats dans les
90 jours. Les relations avec un Parlement qui lui serait hostile? «A piece of
cake». À l’entendre, Charles-Henri Baker, candidat présidentiel aux élections
d’aujourd’hui en Haïti, va tout régler d’un claquement de doigts. Suffira
d’appliquer son slogan: ordre, discipline, travail… «Faut un président qui
n’est pas voleur, qui veut travailler. Ça ne sera pas aussi difficile qu’on le
pense», affirmait hier «Charlito», à 24 heures des élections, dans une entrevue
au Devoir à son quartier général, un bunker entouré de hauts murs coiffés de
barbelés.
Trois millions et demi d’électeurs vont aux urnes aujourd’hui dans le cadre des
premières élections présidentielle et législatives organisées depuis la chute de
Jean-Bertrand Aristide, poussé à l’exil en février 2004, mais dont l’ombre
continue néanmoins de planer sur la mémoire haïtienne. Ces élections sont un
moment clé dans l’histoire de cette pauvre et confondante Haïti, que la
communauté internationale «accompagne» à coups de dizaines de millions de
dollars. Et c’est un scrutin que M. Baker, âgé de 50 ans, est convaincu de
remporter dès aujourd’hui. «Ce serait la plus grande surprise de ma vie si je ne
réussissais pas dès le premier tour», affirme-t-il en appuyant sur chaque mot.
Sent-il que d’autres candidats le chauffent ? Il réfléchit un instant et soupire
: «Manigat, peut-être, et Evans Paul.» Mais certainement pas René Préval :
«Impossible qu’il l’emporte si les élections sont libres et honnêtes.»


Vers un second tour
Vu le nombre de candidats à la présidence — ils sont 33 –, les observateurs
s’attendent pourtant tous à ce qu’aucun d’entre eux ne franchissent aujourd’hui
la barre des 50 % des suffrages et que, donc, la tenue d’un second tour, prévu
pour le 19 mars, soit nécessaire. Ensuite, deux sondages Gallup, qui rendent par
ailleurs les gens dubitatifs, donnent le candidat René Préval, un ancien
président associé dans l’opinion à Jean-Bertrand Aristide, en tête des
intentions de vote.
M. Baker n’en a cure. Parfait débutant en politique, il a les qualités du
politicien télégénique : grand, mince, posé, s’exprimant avec aisance et sens
pratique. Candidat indépendant dont on n’attendait pas grand chose au départ, il
est, de fait, la grande surprise de la campagne. Mais il a aussi la peau claire,
très claire, dans un pays où la majorité est noire à 95 % — et c’est un
«bourgeois», riche industriel du secteur du textile, rentré des États-Unis il y
a six ans, issu d’une famille de l’élite commerçante honnie qui habite les
hauteurs tellement plus fraîches des quartiers riches de Pétion-Ville, pendant
qu’en bas, tout en bas, la majorité de la population vit sans eau courante, sans
électricité, sans le sou. «Un homme d’affaires mulâtre appartenant à l’élite ?
Ça n’a pas été un problème pendant la campagne», rétorque-t-il.
Et puis, un bourgeois peut-être, mais un bourgeois avec une conscience sociale.
D’abord, il fut fondateur, avec son beau-frère André Apaid, du Groupe des 184,
cette large coalition de 184 organisations de la société civile, du monde
politique et du secteur du commerce, qui s’est farouchement opposée à M.
Aristide. Ensuite, il tient pour preuve de ses sensibilités sociales sa façon de
traiter les 350 employés de son usine de vêtements (qui étaient 900 avant que
l’économie ne s’effondre) : leur revenu quotidien (125 gourdes, soit environ 3
$US) est presque le double du salaire minimum légal, se défend-il, l’entreprise
leur procure des assurances et couvre la moitié du repas du midi.


L’indispensable sécurité
Priorité des priorités d’un président Baker ? Mettre fin à l’insécurité et
désarmer les gangs du bidonville de Cité-Soleil. «On a 90 jours pour faire ça.
De cela découle tout le reste. On ne peut pas se permettre d’échouer.» Et comme
65 % des 8,3 millions d’Haïtiens sont paysans, il faut d’urgence relancer
l’agriculture, qui est complètement à plat. Il créerait une banque agricole
(«Pouvez-vous croire qu’aucun gouvernement n’a jamais pensé à le faire ?») et
distribuerait des engrais. Il ferait des choses aussi élémentaires que faire
déboucher les canaux d’irrigation. La relance agricole pourrait, à son avis,
créer à brève échéance 300 000 emplois dans la seule région de l’Artibonite,
dans le centre. De sorte que, le pays réduisant sa dépendance alimentaire à
l’endroit des importations, la cherté de la vie diminuerait, vu les coûts de
production inférieurs en Haïti. «Mathématique», dit M. Baker, en faisant des
calculs sur un bout de papier.
Comment s’y prendra-t-il pour remédier au dysfonctionnement chronique des
relations entre la présidence et le Parlement ? Et pour réanimer un État doté
d’un budget anémique de 800 millions $US ? «On a eu une dictature et, après, on
est tombé dans une deuxième dictature… Le défi, c’est de développer une
culture politique à la faveur de ces élections.» Il compte que le pacte de
collaboration qu’il a conclu avec huit autres partis d’opposition tienne, comme
convenu, pour les deux prochaines années. Il minimise le poids politique des
forces pro-Aristide : «une minorité bruyante qui ne représente pas plus de 3 %
de la population». Il est confiant qu’une fois mis en place un gouvernement
«capable de prouver qu’il gère l’argent sans se le mettre dans les poches», la
communauté internationale débloquera enfin les centaines de millions promis en
aide au développement.
M. Baker affirme que sa campagne a coûté jusqu’à maintenant 1,6 million $US. Le
laxisme des lois de financement électoral en Haïti fait planer sur plusieurs
candidats des insinuations de donations étrangères. «Tout vient du peuple
haïtien, se défend M. Baker. On n’a pas reçu un centime des États-Unis.»

Originally: Koffi Annan propose également le renouvellement et la réévaluation du mandat de la MINUSTAH


Posté le mardi 7 février 2006
Par Radio Kiskeya



Le secrétaire général des Nations Unies, Koffi Annan, a reconnu mardi que les élections présidentielles et législatives haïtiennes avaient connu une participation massive et se déroulaient “sans incident notable”.


Le porte-parole du secrétaire général, Stéphane Dujarric, qui s?exprimait au nom de M. Annan, a indiqué que la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) contribuait à résoudre certains problèmes techniques à l?origine des retards enregistrés dans le démarrage des opérations de vote.


Lundi, le sous-secrétaire général de l?ONU chargé des opérations de maintien de la paix, Hedi Annabi, avait annoncé un déploiement maximal des effectifs de la MINUSTAH à l?occasion de ces consultations.


Par ailleurs, le secrétaire général de l?ONU a recommandé au Conseil de sécurité de renouveler pour six mois le mandat de la mission onusienne qui expire le 15 février. Dans son dernier rapport sur la mission rendu public mardi à New York, Koffi Annan estime que le rôle de la MINUSTAH mérite d?être réévalué afin qu?elle contribue davantage “à la réforme de la Police Nationale et au renforcement du système judiciaire haïtien”.


Environ 9.000 casques bleus sont déployés en Haïti. Depuis le 1er juin 2004, la mission internationale de paix a pris le relais de la Force Multinationale dépêchée à Port-au-Prince, le jour même de la chute de Jean-Bertrand Aristide, le 29 juin 2004. spp/RK

 En dépit des différences évidentes entre les peuples palestinien et haïtien, leur trajectoire sociopolitique n’est pas sans présenter des points de convergence, ne serait-ce que, entre autres, par le marasme de leurs institutions politiques et la place occupée par leur diaspora respective dans la vie nationale.


Pour des raisons diverses, ces deux peuples ont depuis longtemps été au centre des enjeux idéologiques d’importance dans la géopolitique mondiale.


Ce n’est pas par hasard si la nation haïtienne, dès sa naissance, a été mise au ban des nations occidentales. En se libérant du joug de l’esclavage, elle se présentait comme un modèle à tous les peuples asservis. À cause de cela, depuis plus de 100 ans, elle a été combattue de toutes les façons. Qu’aujourd’hui encore elle attire l’attention pour d’autres raisons ne fait que souligner encore une fois sa position de pion sur l’échiquier de la politique internationale.


En ce qui concerne la Palestine, aussi paradoxal que cela paraisse, elle est la meilleure assurance pour les Juifs contre l’oubli de l’Holocauste par les Occidentaux. C’est elle qui empêche la plaie de se cautériser et maintient vivants l’effort ou le devoir de mémoire.


Position stratégique


S’il est important de noter que le statut politique de la Palestine dérive de la culpabilité de l’Occident envers le peuple juif, il est encore plus important de comprendre sa position stratégique dans le casse-tête du Moyen-Orient et la façon dont elle est appréhendée par la communauté internationale en lien avec la nature de l’État d’Israël.


 L’ironie du dernier scrutin palestinien, c’est qu’à un moment où la Palestine est sous la loupe bien entendu d’Israël mais surtout des membres du quartet (ONU, Union européenne, États-Unis, Russie), personne dans les capitales occidentales ou au Moyen-Orient n’avait vu arriver l’oxymoron explosif que représentent les 74 sièges du Hamas sur les 132 que compte l’Assemblée.


L’absurdité de la situation, c’est que, pressée par l’Occident de se soumettre aux activités démocratiques que sont les élections, conformément aux exigences du processus de paix, la Palestine en arrive à une institution législative dominée par un parti considéré comme étant terroriste et dont la charte prône la violence et la destruction d’Israël. Comme quoi il ne suffit pas toujours de faire les gestes de la démocratie pour recueillir des fruits démocratiques…


Or ce qui s’est passé en Palestine risque fortement de se produire en Haïti lors des prochaines élections.


Même aveuglement en Haïti


Beaucoup d’analystes sur le terrain savent que le climat qui règne en Haïti depuis longtemps n’est pas propice aux élections. Au coeur de la capitale existent plusieurs zones de non-droit que n’ose pas franchir la police nationale avec ses équipements rudimentaires, pas plus que le contingent de la MINUSTAH malgré la protection de ses chars d’assaut.


En conséquence, plutôt que d’observer l’emprise policière sur les quartiers dangereux, avec le temps, c’est le contraire qui se voit avec l’extension géographique de ces derniers. Il s’ensuit que les auteurs de kidnappings contre rançons, de viols, de meurtres, etc., ne sont nullement inquiétés; leur contrôle de la situation est tel qu’ils ont l’assurance que leurs crimes demeureront impunis.


Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ces malfrats qui sévissent sans discontinuer ne sont pas toujours des affamés que l’occasion d’enrichissement appâte; ce ne sont pas non plus des anarchistes, si on veut entendre par ce terme des individus qui se contentent de défier la loi ou l’autorité. Leurs crimes et la situation sociale chaotique qu’ils génèrent sont orchestrés pour avoir des finalités politiques précises. La question à poser, en l’occurrence, est celle de savoir à qui profitent les crimes et le chaos social qui en découlent.


À cette question, beaucoup d’observateurs haïtiens de la scène politique connaissent la réponse. Voilà pourquoi, depuis plus d’un an, ils n’arrêtent pas de tirer la sonnette d’alarme.


Pourtant, cette analyse haïtienne de la situation sociale en Haïti n’a jamais pu percer le mur de l’indifférence des administrations internationales, pas plus que celle des représentants onusiens en Haïti. On en veut pour preuve le fait que là où la répression aurait été appropriée pour enrayer l’insécurité endémique qui sévit depuis trop longtemps à Port-au-Prince, les forces étrangères se sont contentées d’adopter le mode de l’expectative.


Il y a en filigrane une raison déjà signalée. Avec la déliquescence de ses institutions, Haïti est devenu une plaque tournante pour beaucoup d’ambitions régionales ou hémisphériques. Au-delà du projet de favoriser la stabilité des institutions du pays, dont certains groupes d’intérêt étrangers n’ont cure, Haïti est plutôt perçu comme le lieu de prédilection où certaines ambitions peuvent le mieux se réaliser. D’où le mot d’ordre cynique que beaucoup semblent adopter : «qu’importe si Haïti va vers un naufrage, pourvu que nous ayons des bénéfices pour la réalisation de notre mandat». Sans compter, par ailleurs, que les bénéfices peuvent découler du naufrage lui-même…


Par conséquent, plutôt que d’avoir des élections dans de mauvaises conditions — des conditions surdéterminées par des manoeuvres criminelles qui risquent de fausser le jeu de la démocratie –, il est cent fois préférable de les retarder, quitte à prolonger la période de transition, cent fois préférable que les élections ne viennent pas légitimer la mainmise des tenants de tout poil de la violence et la guerre inévitable des groupes sociaux.


Il y a en effet un risque très grand qu’Haïti se retrouve avec des résultats qui constituent non seulement une insulte au credo démocratique comme en Palestine mais, surtout, un crime contre une population qui a déjà connu son lot de souffrances. Ce risque, le Conseil de sécurité l’a pris en insistant pour que les élections aient lieu coûte que coûte le 7 février.

Originally: José Miguel Insulza qui participe activement à l?observation des élections, estime que les haïtiens devraient avoir le profil de leur prochain Président dès mardi



2:30 p.m.


Le secrétaire général de l?Organisation des Etats américains (OEA), José Miguel Insulza, qui est arrivé lundi à Port-au-Prince a prédit un second tour aux présidentielles et législatives haïtiennes dont le premier tour se déroulait mardi, selon une dépêche de l?agence espagnole EFE.


“L?OEA a travaillé pour que tout aille bien et qu?il y ait des élections normales” a déclaré le numéro un de l?organisation panaméricaine qui s?exprimait lundi lors d?une escale à l?aéroport international Las Américas de Santo Domingo avant de s?envoler pour Haïti à bord d?un avion des Forces Armées dominicaines.


Le diplomate chilien qui a estimé tout à fait plausible l?hypothèse d?un second tour -fixé au 19 mars dans le calendrier électoral- croit que dès mardi, l?on commencera à voir le profil du prochain Président d?Haïti. Pour José Miguel Insulza, qui parle “d?exagérations” sur le thème de l?insécurité, un deuxième tour n?impliquera pas forcément des violences ou des tensions en Haïti.


Le secrétaire général de l?OEA qui devait visiter au cours de la journée différents centres de vote, laissera Port-au-Prince mercredi. Des entretiens avec les autorités sur le processus électoral sont également inscrits dans son agenda.


L?OEA a joué un rôle de premier plan notamment dans les opérations d?enregistrement de 3,5 millions d?électeurs et dans la constitution d?un registre électoral national. spp/RK






Un bilan partiel fait état de 5 morts et plus de 20 blessés au cours de la journée électorale du 7 février .L’incident le plus grave a été enregistré dans la 5 eme circonscription de Moulin dans la ville de Gros Morne dans le département de l’Artibonite.

Lors du déroulement des opérations de vote un policier qui avait tué par balles un électeur a été poursuivi et lynché par la population qui entendaient venger la mort du citoyen. 4 autres personnes ont été bléssés par balles alors qu’ils poursuivaient le policier après son forfait.

A Pétion Ville dans le quartier de frères,un électeur agée de 76 ans,Pierre Erilien, probablement victime d’une crise cardiaque ,a perdu la vie alors qu’il s’apprêtait à exercer son droit de vote.

Non loin de là à Delmas 65 une jeune fille dont l’identité est inconnue est décédée probablement par asphyxie.

Dans la section communale de Fond Jean Noel un jeune homme a perdu la vie lors d’un accident de la circulation alors qu’il se rendait a un centre de vote. Des informations font état de 15 personnes blessés dans la commune de Saint Louis du Nord 15 électeurs ont été blessés lors de l’éfondrement d’une passerelle.

Le représentant du sécrétaire général de l?ONU dans une entrevue au journal espagnol ABC affirme que les élections constituent la dernière oportunité de revenir à un gouvernement démocratique en Haïti.


En cas d?échec des élections le conseil de sécurité de l?ONU n?aura pas d?autre choix que de placer Haïti sous protectorat martelle Juan Gabriel Valdes. Dans un article titré “Les élections sont l?ultime opportunité pour le pays ” l?envoyé spécial du journal ABC, Manuel Cascante rapporte les déclarations du chef de la Minustah concernant la présence des Nations Unies en Haïti.


Juan Gabriel Valdes affirme que les troupes de L?ONU devraient passer au moins deux à trois années suplémentaires dans le pays. En ce qui concerne les violences à Cité Soleil l?ambassadeur Valdes explique qu?il ne veut pas transformer ce bidonville en un champ de bataille puisqu?il n?y a pas de forces armées qui s?y affrontent ni de guerrillas mais des individus en armes qu?il faut désarmer et réeduquer.


Répondant aux questions du journaliste Manuel Cascante sur les élections du 7 février Juan Gabriel Valdes s?est déclaré confiant “les Haïtiens aiment voter et nous avons 9 mille casques bleus sur place pour garantir la sécurité des électeurs. D?autre part le journal El Periodico de Catalogne dans un article en date du 6 février affirme que le gouvernement espagnol envisage de retirer ses 200 soldats de la Minustah apès les élections.


Le chef de la Minustah a déclaré au journal qu?il doit se rendre à Madrid dans les prochains jours afin de convaincre le chef du gouvernement espagnol,Jose Luiz Rodriguez Zapatero, et le ministre de la défense,José Bono, de maintenir les troupes espagnoles au sein de la force onusienne.

| 06.02.06 | 14h11  ?  Mis à jour le 06.02.06 | 14h11
PORT-AU-PRINCE, CAP-HAÏTIEN ENVOYÉ SPÉCIAL


  
Vingt ans après la fin de la dictature des Duvalier, les Haïtiens élisent un nouveau président de la République et un nouveau Parlement, mardi 7 février. Ce scrutin, organisé sur fond de violences et placé sous la vigilance de plus de 9 000 casques bleus, doit clore la parenthèse institutionnelle qui a suivi le départ en exil de l’ancien président Jean-Bertrand Aristide, en février 2004.


Depuis deux ans, ni le gouvernement provisoire, ni la Mission de stabilisation des Nations unies (Minustah), ni les bailleurs de fonds ne sont parvenus à améliorer le lot quotidien de la population. Les promesses d’aide ont tardé à se concrétiser. La misère et le chômage ont encore progressé dans ce pays, le plus pauvre des Amériques.


Pas plus que la première force d’intervention, composée de troupes américaines, canadiennes, chiliennes et françaises, la Minustah n’a désarmé les bandes qui sèment la terreur à Port-au-Prince. Retranchés dans l’immense bidonville de Cité-Soleil, ces gangs, où se retrouvent partisans de M. Aristide, trafiquants liés aux cartels colombiens et policiers corrompus ont multiplié les enlèvements.


“Les violences ont baissé au cours des derniers jours et je subodore un taux de participation élevé”, anticipe Claude Moïse, éditorialiste au quotidien Le Matin. Sur les principaux axes de la capitale, les casques bleus brésiliens ont renforcé les barrages. Les véhicules suspects sont arrêtés et fouillés. Les Haïtiens n’ont pas oublié le massacre de la ruelle Vaillant, qui avait interrompu les élections en novembre 1987. “Même s’il y a des incidents localisés, le processus électoral sera mené à son terme”, promet le chef de la Minustah, Juan Gabriel Valdés.


“On sent plus d’optimisme dans la population, qui veut voter mais, s’il y a des problèmes, les nouvelles vont circuler vite avec les téléphones cellulaires”, note Yves Colon, le responsable d’une ONG. Candidat démocrate-chrétien à la présidence, Leslie Manigat raille les journalistes étrangers à la recherche d'”exotisme pathétique” et en quête du “scoop de la commisération sur Cité-Soleil, comme si Haïti n’était plus que Cité-Soleil en zoom”.


PLAN DE SÉCURITÉ


Les responsables de la Minustah soulignent le calme qui prévaut en province. A la tête du contingent déployé dans le nord d’Haïti, le capitaine de frégate chilien Francisco Fierro Espic présente, confiant, le plan de sécurité qui sera appliqué le jour du scrutin. Seuls deux petits drapeaux rouges clignotent sur l’écran de son ordinateur portable, marquant les localités du Borgne et de Plaisance, où des commissariats ont été attaqués par des inconnus armés.


“La question est de savoir si René Préval passera au premier ou au second tour”, dit un journaliste. “Je préfère René Préval : c’est lui qui a réparé le boulevard et le lycée Boukman”, annonce Frantz Ulysse, un étudiant rencontré sur la place d’Armes du Cap-Haïtien. “Oui, renchérit un de ses camarades, je vais voter No 1 pour l’espoir (le rassemblement qui soutient M. Préval). Je pensais d’abord voter pour le pasteur Chavannes Jeune, car je suis protestant, mais c’est “Ti-René” qui va gagner.”


M. Préval a obtenu le soutien financier de riches bourgeois et de banquiers, et la dynamique qui le porte semble avoir gagné la classe moyenne. “Ce pays n’a pas besoin d’un beau parleur comme Manigat, mais de quelqu’un qui le remette au travail. René Préval a l’expérience du pouvoir : c’est le seul président qui a fini son mandat sans être traité de voleur ou d’assassin”, dit Frantz, un gérant d’entreprise.


Après avoir vécu dans l’ombre de M. Aristide, René Préval s’est démarqué de son ancien mentor. Sous la pression de leur base, les dirigeants de la Famille Lavalas, le parti de l’ancien président, ont néanmoins décidé de le soutenir. “Nous avons passé la consigne de voter Préval et non Bazin, car Marc Bazin (le candidat initialement choisi par la Famille Lavalas) n’a jamais décollé”, confie l’un des “barons” du parti, Rudy Hériveaux.


 

LE MATIN 3 février 2006


Au premier tour des élections législatives et présidentielles du mardi 7 février, les électeurs auront à choisir un président parmi les 33 prétendants, 30 sénateurs sur 309 candidats et 99 députés sur 1069. La campagne a surtout résonné des prestations des candidats à la présidence, principaux porte-parole de leur parti. Les commentaires tournent autour de leurs exploits. Des sondages sont publiés ou diffusés sous le boisseau. Si l?on en croit les résultats que l?on colporte et si la campagne massive de visibilité leur correspond, René Préval de la coalition Lespwa, Charles Henri Baker du groupe Respè/Konba et Leslie François Manigat du Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (RNDP) sont donnés pour favoris. Cependant, aucun d?entre eux n?aura la majorité au parlement si l?on doit se fier à un sondage du 29 janvier denier que nous avons eu le privilège de consulter.  


Les formations pivots


Il faut d?abord prendre en considération la présence des partis dans les différentes circonscriptions. Il apparaîtra une coïncidence entre le nombre de leurs candidats et leur poids dans les intentions de vote. Ce sont ceux-là que nous appelons les partis pivots. Comme le montre les tableaux de répartition des candidatures à la députation et au Sénat, ce sont les mêmes qui viennent en tête tant en nombre qu?en probabilité de gains, selon les sondages. Il s?agit de Fusion, OPL, Lespwa, Alyans.


Des 58 candidatures à la députation et 19 au Sénat présentées par la coalition Lespwa de René Préval, il y a respectivement 16 et 10 à figurer dans la catégorie « probabilité », c?est-à-dire en compétition au premier et au deuxième tour.


Pour le groupe Respè/Konba de Charles Henri Baker, 8 sur 39 candidats à la députation et un sur les 9 au Sénat, seraient donnés comme gagnants potentiels. Pour le RDNP de Leslie François Manigat, sur 60 postulants à la députation et 19 au Sénat, il y en aurait 10 et un. En prenant en considération ses alliances avec le MPH, d?une part, Latibonit an aksyon (LAA), d?autre part, le RDNP aurait cinq présences probables au Sénat et 31 à la Chambre des députés.


Ce sont les partis Fusion (Fusion des sociaux-démocrates haïtiens) et OPL (Organisation du peuple en lutte) qui pourraient avoir une majorité relative au niveau du parlement si l?on tient compte de leur présence dans les circonscriptions et de leur poids dans les intentions de vote. Fusion aurait 38 élus sur 84 candidats à la députation et 11 élus sur 24 candidats au Sénat. Comme la Fusion, l?OPL  présente 84 candidats à la députation mais 22 au Sénat. Il ferait aussi bien que son adversaire également socialiste avec  39 et 12 élus potentiels.


Viennent ensuite les candidats de l?Alyans d?Evans Paul avec 4 probabilités pour le Sénat et 32 pour la députation et ceux de l?Union du pasteur Chavannes Jeune avec 4 pour le Sénat et 15 pour la députation.


Au niveau des partis nouvellement créés, la Mobilisation pour le progrès d?Haïti (MPH) de Samir Georges Mourra fait la différence avec 2 favoris pour le Sénat et 14 pour la députation.


Pour sa part, l?alliance Lavalas, regroupant le Mouvement pour l?instauration de la démocratie en Haïti (Midh) et l?Organi- sation fanmi lavalas (Lavalas), a fait enregistrer 42 candidats à la députation et 17 au Sénat.  Parmi eux, seulement 9 seraient en bonne position pour la députation.


Un parlement Entente ?


Sous l?instigation de la Fondation Nouvelle Haïti (FNH), neuf partis et regroupements politiques se sont entendus autour d?un protocole d?accord, « Entente politique pour la démocratie et la modernité », à travers lequel ils se sont engagés sur un ensemble de points visant à promouvoir la démocratie, la stabilité et la modernité. L?Alliance démocratique (Alyans), le Parti fusion des sociaux démocrates haïtiens (Fusion), le Grand front centre droit (GFCD), le Mouvement chrétien pour une nouvelle Haïti (Mochrenha), l?Organisation du peuple en lutte (OPL), le Parti libéral haïtien (PLH), le Ras- semblement des démocrates nationaux progressistes (RDNP), le regroupement Respè/Konba et la coalition Union sont les principaux signataires de ce document.


À travers cet accord, les partis signataires se sont engagés à reconnaître les résultats des prochaines élections  qui seront proclamés par le Conseil électoral provisoire (CEP) et qui seront confirmés par les instances d?observation tant nationales qu?internationales. Ils se sont également entendus pour gouverner ensemble soit au sein d?un gouvernement « d?entente nationale et d?ouverture tout en respectant le principe de la majorité parlementaire » ou dans d?autres postes.


Les partis signataires se sont engagés à définir également une stratégie unitaire pour conjurer toute menace contre la démocratie. Dans le cadre de la prochaine présidentielle, ils se sont entendus pour faire front commun derrière celui d?entre eux qui ira au second tour. Au parlement, ils ont prévu de constituer un bloc parlementaire avec une majorité confortable.


Ces neuf partis qui ont signé l?Entente, à eux seuls, regroupent 500 candidats à la députation et 137 au Sénat. Ensemble, ils auraient 35 élus potentiels au Sénat et 157 à la Chambre des députés.


En considérant les deux alliances ente le RDNP et le MPH, d?une part, et celle entre le parti de Leslie François Manigat et Latibonit an aksyon (Laa), d?autre part, le groupe RDNP/ MPH/Laa aurait 5 favoris au Sénat et 31 à la députation. Ajouté au score précédent, l?Entente aurait 40 compétiteurs sérieux pour le Sénat et 178 pour la députation. Peut-on parler déjà d?un parlement Entente ?


Un autre élément à ajouter au tableau de la configuration éventuelle du parlement, c?est la possibilité des résultats d?un regroupement des forces Lavalas. C?est-à-dire Lespwa/ Pont/Lavalas. On aurait à ce moment, pour ce groupe, 12 compétiteurs sérieux pour le Sénat et 29 pour la députation.


Une énergique campagne en faveur de la candidature des femmes a marqué l?organisation de ces élections. Le Conseil électoral provisoire (CEP), dans l?article 240 du décret électoral a même prévu de doubler le financement public de « tout parti politique, groupement ou regroupement de partis qui présente au moins 30 % de candidats de sexe féminin et qui réussit à en faire élire 20 % ». Un « réseau des femmes candidates pour gagner » a été créé par-delà les clivages partisans. Soutenu par des organisations féministes d?ici et d?ailleurs, il a bénéficié de la sympathie sinon de l?appui agissant de plusieurs secteurs de la communauté internationale. Qu?en est-il en termes de présence et de participation des femmes au processus ?


Sur les 44 partis et regroupements politiques, seulement 25 ont présenté des candidatures féminines. Parmi les 35 candidats à la présidence, on note une seule femme : Judie C. Roy.


Au niveau de la députation, sur les 99 circonscriptions, on retrouve des femmes candidates dans seulement 36. On répertorie 23 candidates au Sénat réparties comme suit: 6 pour la Fusion, 4 pour Fanmi Lavalas, 3 pour JPDN, 2 pour le RDNP, une pour chacun des autres partis.


Jacques Desrosiers


jadesro@yahoo.fr