Le représentant spécial du secrétaire général de l?ONU pour Haïti et chef de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH), Juan Gabriel Valdés, a estimé jeudi probable le report de quelques semaines du premier tour des présidentielles et législatives fixé au 8 janvier afin de favoriser une participation massive de l?électorat. Selon lui, une telle décision du Conseil Electoral Provisoire (CEP) pourrait bénéficier du soutien de la majorité des forces politiques engagées dans la course électorale.
Dans une interview au journal chilien El Mercurio, publiée jeudi à Santiago, le diplomate chilien qui se trouve actuellement en République Dominicaine juge que le processus électoral avance normalement tout en reconnaissant l?existence de sérieuses difficultés. “Du point de vue logistique, le Conseil Electoral Provisoire est en train d?évaluer certaines difficultés pour déterminer si la date du 8 va être maintenue ou s?il va se donner deux ou trois semaines supplémentaires pour terminer les préparatifs” a indiqué Juan Gabriel Valdés qui souligne que le problème principal demeure la distribution des cartes électorales et la localisation des centres de vote où les électeurs vont remplir leur devoir civique.
“Il y a 3,4 millions d?inscrits et nous autres nous voulons parvenir à distribuer 75 à 80% des cartes. Jusqu?à présent, un million de cartes ont été distribuées, nous devons en distribuer deux autres millions supplémentaires. Car, nous ne pouvons pas penser que tout le monde va se procurer la carte et nous ne pouvons pas non plus contraindre les gens à l?avoir” a poursuivi le chef de la mission onusienne.
Interrogé sur le rôle des Nations Unies dans le processus électoral, l?ambassadeur Valdés a rappelé que la tâche de la MINUSTAH consiste à accompagner le processus et non à se substituer aux haïtiens. “Ce qui importe pour nous est que les élections soient bonnes et acceptées par tous les participants” précise-t-il en marquant toutefois aussitôt le territoire de la communauté internationale à travers une phrase pleine de signification “Ce que nous ne pouvons accepter est l?interruption du processus électoral pour toute raison autre que logistique. Nous disons non parce que cela serait contraire à notre mandat”.
Par ailleurs, M. Valdés s?est félicité de l?état d?esprit jusque là pacifique des candidats. “Les candidats réalisent des activités propres à une campagne électorale, participent à des débats, organisent des meetings et des manifestations et les villes sont couvertes d?affiches électorales” a déclaré le diplomate chilien qui souligne l?absence de violences politiques, d?agressions physiques ou verbales entre les partis politiques. A son avis, le niveau de modération de leur langage a même surpris beaucoup de gens.
A propos de la sécurité des élections, Juan Gabriel Valdés affirme qu?il aurait préféré que la MINUSTAH dispose davantage de troupes, mais qu?elle devra se contenter des 6.400 soldats et 2.000 policiers qui sont actuellement déployés en Haïti, même s?ils seront tout juste suffisants. “En ce moment, nous n?avons pas de préoccupations particulières quant à de graves événements qui pourraient se produire. Mais, je dois rappeler que nous sommes vigilants parce que dans ce pays il y a des narcotrafiquants, des criminels, des individus de la pire espèce qui peuvent vouloir faire avorter le processus électoral. C?est le chaos qui leur convient” a conclu le numéro un de la mission internationale de paix dont le mandat arrivera à expiration le 15 février prochain, soit bien avant l?investiture du nouveau Président haïtien qui doit sortir des urnes. Initialement prévue le 24 février, en lieu et place de la date constitutionnelle du 7 février, l?intrônisation de ce nouveau dirigeant légitime tant souhaitée pourrait être repoussée en raison des zones de turbulence que traverse le processsus électoral dont la première étape, celle du 8 janvier, devient de plus en plus hypothétique. spp/RK
Radio Kiskeya
Le secrétaire général du CEP met en cause l?OEA dans les dysfonctionnements du processus électoral
Rosemond Pradel souhaite “l?haïtianisation du processus”
Posté le vendredi 30 décembre 2005
Par Radio Kiskeya
Le secrétaire général du Conseil Electoral Provisoire, l?ingénieur Rosemond Pradel, a mis en cause jeudi l?Organisation des Etats Américains (OEA) dans le blocage du processus électoral haïtien, à la veille d?une réunion cruciale avec les partis politiques sur un probable nouveau report des élections dont le premier tour est fixé au 8 janvier 2006.
Selon le conseiller électoral, les experts de l?organisation hémisphérique ont pris entièrement à leur charge la distribution des cartes électorales, de même que la répartition des électeurs par bureaux de vote. Il en est résulté que le calendrier de distribution des cartes accuse un retard considérable, tandis que la répartition des électeurs par bureaux de vote constitue un véritable gâchis, avec de multiples cas d?électeurs assignés à voter dans des bureaux fort éloignés de leurs lieux d?inscription et d?habitation.
?Il est temps qu?on cesse de choisir des boucs émissaires?, s?est exclamé M. Pradel en référence à des accusations dans la presse venant d?experts étrangers impliqués dans le processus électoral.
A l?instar de certains partis politiques, le secrétaire général du CEP s?est prononcé en faveur du ?rapatriement? du processus électoral, dans le sens d?une prise en main effective de l?organisation des élections par les autorités haïtiennes.
Les déclarations de M. Pradel sont venues amplifier un concert de critiques que s?adressent mutuellement différents acteurs impliqués dans le processus électoral haïtien. Les conseillers électoraux rendent le gouvernement, la communauté internationale et le directeur général du CEP, Jacques Bernard, responsables de l?impasse actuelle. A leur tour, ces derniers accusent le CEP.
La classe politique dans son ensemble estime pour sa part que les acteurs haïtiens et étrangers impliqués dans le processus sont tous responsables de l?échec, à un degré ou à un autre. Certains, parmi les dirigeants politiques et les candidats appellent déjà à un changement de gouvernement. D?autres mettent en garde contre un chambardement qui pourrait ramener la transition entièrement à la case départ.