Originally: Nouvelle Alerte de l?Initiative Citoyenne à la Nation
Le 17 novembre 2005
Il y a presqu?un an, le 9 décembre 2004, l?IC adressait ??aux démocrates et aux patriotes?? une première ??Alerte?? sur la conjoncture politique récente. Celle-ci concluait avec un appel au ??dialogue ouvert, discipliné, crédible ainsi qu?à la recherche constante de consensus (?) (pour) ??nous amener au bout du processus de transition et sur la voie de la normalisation politique.?? Environ un mois plus tôt, le 17 novembre 2004, commémorant le deuxième anniversaire de la ??marche de l?Espoir?? organisée à Vertières le 17 novembre 2002, l?IC publiait une ??Déclaration?? de circonstance avec la conclusion suivante: ??le miracle haïtien est encore possible, mais il faut que nous y croyions (?) Il faut que cette transition finisse avec les transitions qui n?en finissent jamais. C?est un pari à gagner.?? Un pari à gagner! C?est exactement le sous-titre du témoignage en textes et images que l?IC vient de mettre en circulation (septembre 2005) sur le ??Forum National sur
la Transition Démocratique??, tenu au Cap-Haïtien les 11-12 juin 2004.
Qu?est-ce à dire? D?abord et avant tout que cette nouvelle Alerte s?inscrit en droite ligne et dans la constance des préoccupations de l?IC depuis son émergence sur la scène citoyenne régionale et nationale. Ensuite, qu?elle se justifie pleinement par les développements inquiétants de la conjoncture politique actuelle caractérisée, on le sait par des incertitudes multiples et réitérées, non seulement sur la faisabilité des élections en termes opérationnels mais aussi et surtout sur leur crédibilité fondamentale (i.e pratique et politique). Car, après tout et sur le fond, à quoi serviront des élections bâclées et non crédibles (participation insuffisante, opérations désordonnées, etc.) sinon qu?à nous renvoyer à la case départ, i.e à une transition dans la transition? Ou pire: à ??la prise en charge internationale complète??, inscrite comme dénouement logique de l?actuelle quasi-occupation ou tutelle informelle (toutes choses restant égales)?
Nous sommes certes pratiquement en conjoncture de campagne électorale, même si le calendrier définitif se fait encore attendre et que le CEP continue de souffler le chaud et le froid à travers des porte-parole officiels ou officieux qui se contredisent allègrement ou sont en posture de confrontation avec le gouvernement, le Conseil des Sages, etc., voire, aujourd?hui, orphelins de l?éphémère ??Comité d?Appui?? qui devrait servir de guide ou de bouée de sauvetage au CEP. Une conjoncture de campagne électorale où sont alignés, grâce à la nouvelle confirmation du CEP, plus d?une trentaine de prétendants présidentiels de tout acabit.
Pourtant, après le carroussel mélodramatique des candidats à double nationalité, quelques certitudes émergent: la montée en force médiatique de secteurs liés à l?ancien régime, le regroupement de forces socio-politiques conservatrices, l?affirmation d?un nouveau discours populiste qui se veut ??modernisateur?? et ??éclairé??, la persistance (sous forme ponctuelle) de l?insécurité et des zones dites de non-droit (à la capitale), enfin les incursions idéologico-politiques de certains secteurs de la communauté dans l?arène des présidentielles.
Face à ce constat, l?IC, consciente des enjeux décisifs de cette conjoncture électorale pour l?avenir immédiat et à moyen terme de notre pays, interpelle, pour l?histoire, le gouvernement de transition, le CEP, le Conseil des Sages, les principaux amis d?Haïti au sein de la communauté internationale, les partis politiques du camp démocratique, les organisations de la société civile, spécifiquement le groupe des 184, et, d?une manière générale, les démocrates et patriotes qui croient en la possibilité d?un sursaut national salvateur.
Cette interpellation prend appui sur les demandes et exhortations suivantes:
-que le gouvernement de transition, le CEP et le Conseil des Sages, dans l?intérêt d?une sortie de crise durable, s?accordent, par un consensus négocié et transparent, pour différer la tenue des élections dans un délai maximal de deux (2) mois. Il s?agit de sauvegarder la crédibilité des élections et de garantir la représentativité du nouveau gouvernement issu de ces élections. La date du 7 février 2006 n?est pas une date fétiche, incontournable, pour la passation légitime du pouvoir aux nouveaux mandataires sanctionnés à travers des élections relativement (mais suffisamment) réussies d?un point de vue technique et politique.
-que la communauté internationale (i.e l?OEA, la MINUSTAH et les principaux amis d?Haïti au sein du système des Nations Unies) remplisse son mandat véritable qui est d?aider Haïti à sortir du cercle vicieux de la crise institutionnelle récurrente et à retrouver les voies fiables d?une normalisation politique acceptable, i.e pacifique, fonctionnelle et ouverte sur l?avenir.
-que les partis politiques du camp démocratique se regroupent et s?engagent dans la promotion d?alliances négociées afin de réduire significativement leur fragmentation actuelle et de favoriser une convergence positive de leurs forces pour une majorité décisive dès le premier tour des présidentielles. La demande d?une candidature consensuelle au sein du camp démocratique se profile de plus en plus comme une exigence patriotique face aux perspectives de régression dans l?arbitraire présidentiel, l?anarchie institutionnelle et le désordre politique érigé en système de gouvernement.
-que les organisations de la société civile, en particulier le groupe des 184, fassent front commun autour du camp démocratique afin de le consolider en ressources matérielles et humaines; qu?elles s?impliquent activement dans la mobilisation citoyenne pour les élections et redoublent de vigilance pour la tenue de ces élections qu?on nous promet ??sincères, honnêtes et crédibles??.
-qu?enfin tous les démocrates et patriotes, citoyens et citoyennes, en Haïti et à l?extérieur d?Haïti, ceux et celles qui par leurs sacrifices ont fait le 29 février 2004, répondent, selon leurs voies et moyens, à l?attente, exprimée sous tous les tons, par le peuple haïtien pour une sortie de crise durable, la fin de la transition et la mise sur pied d?un nouveau gouvernement légitime, fiable, honnête et garant de la récupération certaine de notre souveraineté nationale.
??Le miracle haïtien est encore possible, mais il faut que nous y croyions!??
Cap-Haïtien, le 17 novembre 2005
Saul GAUTHIER Fred E. DENIS
Coordonnateur Directeur Exécutif
Jean Gary DENIS Manel LOUIS
Directeur Planification Directeur des Réseaux
Et Développement Stratégique
Cary HECTOR Charles MANIGAT
Conseiller Conseiller