Originally: La malédiction du CEP
Ce CEP traîne une existence de misPre. Les conflits internes de l’été dernier l’avaient fortement déjB ébranlé. Apparemment, le sacrifice de son premier président (Mme Roselor Julien) n’a pas permis de panser les blessures. On croyait l’avoir mis sur rail pour de bon lorsque les officines de la transition l’ont flanqué d’une sorte de comité de surveillance issu d’un autre comité de suivi. Mais les querelles de personne rebondissent de temps B autre. On ne sait plus B quoi s’en tenir tant les indiscrétions calculées et des déclarations intempestives de certains conseillers mettent en jeu la respectabilité de l’institution. Au fur et B mesure que l’on avance vers les échéances critiques, on sent que ça brasse en son sein. Avec la sélection des candidats pour la présidentielle et les législatives, on atteint seulement une premiPre phase critique oj le déchaînement des candidats évincés ne saurait laisser intact un organisme fragilisé déjB tant par les modalités de sa composition que par les frictions larvées.
Qui est allé faire un tour au local du CEP récemment ne manque pas d’Ltre frappé par ce spectacle de désordres qui abîment le prestige de l’institution. On y entre, on en sort, sans façon ; on interpelle, on crie, on tient des conciliabules dans des bureaux de conseillers. La caverne d’Ali Baba, quoi ! Des fonctionnaires sont contestés du dedans ; la confusion rPgne sur la publication de la liste des candidats agréés ; et ce n’est plus un secret pour personne que le calendrier électoral sera révisé.
On apprend par ailleurs qu’un comité d’appui au Conseil électoral provisoire a été créé. Composé de deux ministres, de deux membres du Conseil des sages et deux conseillers électoraux, ce comité ainsi nommé avec une certaine pudeur, aurait pour tâche de renforcer le CEP et de le rendre plus efficace, tout en reconnaissant les prérogatives de celui-ci comme instance autonome et sans intervenir dans ses affaires internes. C’est B n’y rien comprendre. VoilB une tutelle qui ne dit pas son nom et qui, comble d’ironie, comporte en son sein deux membres de l’institution.
Au fait, j’ai le sentiment que tout ce monde de la transition est parti sur des illusions et qu’avec le temps on cherche B réparer des dégâts, B compenser pour les failles révélées au jour le jour en espérant le mieux pour bientôt. On se garde prudemment de remonter B la source des difficultés. Un traitement bouts de semelle, quoi. Chemin faisant on accumule de nouvelles illusions. Au comité de suivi du 4 aoft 2004 dont on n’entend plus parler on ajoute un comité d’appui, qui ne peut Ltre qu’un pôle de confusion. Mete abse sou klou. On s’affole B l’approche des échéances et on continue de repousser les exigences de la planification réaliste et courageuse.
Il faut avoir le courage de regarder les choses en face. Pourquoi ne peut-on pas le faire? Trop d’intervenants, d’obligations de résultats, trop de calculs d’épiciers sans qu’on veuille tenir compte des difficultés inhérentes au systPme électoral et aux avatars de la culture politique haVtienne qui charrie de petits politiciens fouineurs sans bagages et sans horizon. Des prétentieux et des donneurs de leçon dont on n’a pas fini de mesurer la vacuité.
Je ne me gPne plus pour me citer :« Le fait mLme, écrivais-je le 3 aoft 2004, que cet organisme, constitué dans les circonstances politiques que l’on sait, se révPle incapable de maîtriser des problPmes de gestion apparemment simples, préfigure son incompétence B résoudre des problPmes électoraux autrement plus ardus. Il est clair que la mission du CEP politiquement délicate et techniquement complexe nécessite une vision claire de la chose électorale, des compétences éprouvées et une cohésion sans faille assurée par un leadership éclairé et des personnalités de haute exigence» Cela demeure vrai encore vrai aujourd’hui.