Originally: Funérailles samedi d?une ex-otage, Lorency Cavalier

Les funérailles d?une ex-otage, Lorency Cavalier, 27 ans, ont été chantées dans l?émotion et l?indignation, samedi en l?église St Charles de Carrefour (banlieue sud de Port-au-Prince). La jeune femme qui travaillait à l?ONG américaine Rasanbleman Medya Pou Aksyon Kominotè (RAMAK), est décédée le 30 juin dernier à l?hôpital Lumière de Bonne Fin, dans la périphérie de la ville des Cayes (196 km au sud de la capitale), deux mois environ après avoir été enlevée, maltraitée et humiliée par des bandits armés.


Une assistance nombreuse composée entre autres de religieuses, des parents, amis et collègues de travail de Lorency lui a rendu un ultime hommage. Au bord des larmes, ses anciennes condisciples des écoles congréganistes du Sacré-C?ur, des Salésiennes et de Marie-Anne ont tour à tour apporté leurs témoignages sur la vie de la défunte qu?elles ont toutes décrite comme une personne simple, amicale et chaleureuse.


Dans son cercueuil, Lorency Cavalier, célibataire, fille aînée d?une famille de trois enfants, était méconnaissable. Sa dépouille allait être incinérée à l?issue de la cérémonie religieuse, samedi en milieu de journée.


La victime qui ne s?était jamais remise du choc dévastateur de son enlèvement, avait séjourné sans succès dans des hôpitaux de New York et de Santo Domingo. Elle était finalement revenue en Haïti pour s?éteindre à Bonne Fin, des suites d?une série de complications cliniques. Certains ont même été jusqu?à avancer l?hypothèse d?un suicide.


Bien que sa famille ait été contrainte de verser une rançon pour obtenir sa libération, mademoiselle Cavalier qui avait pu retrouver les siens après onze longs jours de captivité, a été traitée sans ménagement par ses ravisseurs à l?instar de beaucoup d?autres avant et après elle.


Samedi, pendant qu?à Carrefour on pleurait le départ prématuré de Lorency, à l?église Sainte-Anne (centre de Port-au-Prince) la désolation était totale à l?occasion des obsèques d?une autre victime du kidnapping, une adolescente de 16 ans, de condition sociale modeste. Enlevée et violée une première fois, en avril dernier, près de chez elle à Carrefour, la fille a été reprise par les mêmes kidnappeurs et retrouvée morte à la rue Lamarre, quartier à hauts risques du centre de la capitale ; ceci peu après l?arrestation de deux des présumés ravisseurs. Question de faire comprendre aux victimes que seul le droit au silence leur est reconnu.


Il y a quelques jours, les funérailles d?une autre ancienne otage avaient été chantées à Port-au-Prince. Il s?agissait d?une employée de banque qui s?était suicidée après avoir été violée à plusieurs reprises par des kidnappeurs. Des photos authentiques ont montré ces derniers jours que des preneurs d?otages- dont Emmanuel Coriolan alias “Do m Laj” (j?ai le dos large), un chef de gang tué en juin par la police- se sont faits incruster des boulettes métalliques dans leurs pénis dans le but sadomasochiste de dévorer les parties génitales des femmes kidnappées qu?ils violent à c?ur joie, dans la plupart des cas.


La violence extrême exercée impunément, depuis septembre 2004, contre la population de Port-au-Prince par des bandes armées en majorité favorables à l?ex-Président Jean-Bertrand Aristide et l?apparition en Haïti de pratiques terroristes telles les séquestrations, ont considérablement modifié le mode de vie des citoyens terrorisés dans leur vie quotidienne alors qu?ils sont appelés à élire de nouveaux dirigeants à la fin de l?année.