Originally: En Haïti, les Autorités s’Organisent pour Enrayer les Violences


Plus de 400 morts ces cinq derniers mois : partisans et adversaires d’Aristide ne désarment pas.


Le “télédiol” – le “téléphone arabe” haïtien – annonçait un bain de sang à l’occasion du carnaval. Mais, malgré quelques tirs le premier soir, la fête a été réussie. Ce succès récompense les efforts des casques bleus et du gouvernement provisoire pour endiguer la vague de violence déclenchée le 30 septembre 2004 par les “chimères”, les gangs se réclamant de l’ancien président Jean-Bertrand Aristide.


“La sécurité s’est améliorée depuis la fin décembre, lorsque la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti -Minustah- a complété ses effectifs”, explique Juan Gabriel Valdés, le responsable chilien de cette mission qui compte désormais 6 000 militaires et près de 1 500 policiers, pour la plupart originaires de pays sud-américains. “Avec la police nationale, les casques bleus ont occupé l’espace, y compris dans les quartiers les plus violents comme Cité Soleil, où les soldats jordaniens ont installé un poste permanent, ou Bel Air. Aucun des groupes armés n’est désormais en condition de déstabiliser le gouvernement ou de paralyser la capitale comme ils avaient tenté de le faire en octobre”, ajoute-t-il.


“OPÉRATION BAGDAD”


Après avoir été critiquée pour sa passivité, la Minustah a lancé une série d’opérations dans les “quartiers à risques”. Ces raids, menés avec la police haïtienne, semblent avoir brisé l’élan de “l’opération Bagdad” lancée par les partisans d’Aristide pour exiger son retour en Haïti. Des dizaines d’arrestations ont été opérées, mais la police, qui ne compte que 3 500 fonctionnaires mal équipés, a été accusée de graves violations des droits de l’homme par des organisations souvent proches de l’ancien président exilé en Afrique du Sud.


“Il y a des bavures policières graves, mais on ne peut pas parler de répression ciblée contre les “lavalassiens” -les partisans d’Aristide-“, estime Pierre Espérance, directeur de la Coalition nationale pour les droits des Haïtiens (NCHR), un organisme indépendant. “On ne peut oublier qu’Aristide a passé trois ans à armer les gangs dans les quartiers populaires et que la violence, parfois sauvage, a fait 403 morts entre septembre 2004 et janvier 2005. Les nouvelles autorités ont ouvert des enquêtes pour sanctionner les policiers coupables de violations des droits de l’homme, mais il faut aussi construire des prisons et nettoyer l’appareil judiciaire. Des bandits sont relâchés par des juges corrompus en échange de billets verts”, ajoute-t-il.


L’indulgence des autorités provisoires à l’égard des anciens militaires démobilisés par Aristide est un autre motif d’inquiétude. “S’ils ne sont pas délogés des villes et des zones qu’ils contrôlent et s’ils ne sont pas désarmés, il sera difficile de parler d’élections libres et démocratiques”, met en garde Pierre Espérance. Ces élections sont officiellement annoncées pour la fin de l’année, le 13 novembre et le 18 décembre.


Malgré de violents incidents, dont le dernier a fait quatre morts dans les rangs de la police, le gouvernement a choisi la voie de la négociation, offrant d’indemniser ces anciens soldats qui avaient joué un rôle important dans la chute de l’ancien président. Des paiements ont déjà été effectués, mais les ex-militaires refusent de remettre leurs armes.


Soumis à une forte pression du lobby financé par Jean-Bertrand Aristide, toujours actif aux Etats-Unis, Washington a suspendu une ligne de crédit qui devait faciliter le désarmement des anciens militaires. “Les élections auront lieu. On a bien fait des élections en Afghanistan, en Irak et, plus près de nous, en Colombie, où la violence est chronique. Encore faut-il qu’elles soient crédibles pour que le processus démocratique mûrisse”, souligne Leslie Manigat, intellectuel démocrate-chrétien et l’un des premiers à se lancer dans la course à la présidence. Il avait brièvement occupé le fauteuil présidentiel, en 1988, à la suite d’élections contestées, avant d’en être chassé par un coup d’Etat militaire.


“GRAND PARTI SOCIALISTE”


Malgré les efforts pour former des coalitions, notamment au centre gauche avec la création d’un “grand parti socialiste”, 91 partis ont manifesté leur intention de participer aux prochaines élections. Le grand point d’interrogation demeure la participation de la Famille Lavalas, le parti de l’ex-président Aristide.


Malgré le refus de ce dernier, plusieurs anciens barons de son régime, comme le sénateur Yvon Feuillé ou l’ex-premier ministre Jean-Marie Chérestal, penchent en faveur de la participation. Même si son influence a beaucoup baissé, Lavalas demeurerait la première force politique d’Haïti, selon un sondage confidentiel réalisé par Gallup pour l’ambassade des Etats-Unis. “La crainte de Washington est qu’un grand nombre de candidats au Sénat et à la Chambre ne l’emportent grâce à l’argent de la drogue et de la contrebande”, confie un homme d’affaires haïtien proche de l’ambassade américaine.



Originally: Le Changement Se Fait Attendre


Pratiquement un an après le départ forcé de Jean-Bertrand Aristide, Haïti ne parvient pas à panser ses plaies. La violence continue ainsi à durement frapper cette île, un récent rapport indiquant que plus de 400 personnes avaient été tuées au cours des quatre derniers mois. Des gangs armés imposent toujours leur loi sur des forces de police impuissantes. Face à cette situation, le Premier ministre intérimaire Gérard Latortue demande à la communauté internationale de tenir ses promesses d’aide.


Dans ce pays secoué par de multiples crises et coups d’Etat ces vingt dernières années, la publication d’un calendrier électoral fait figure de bonne nouvelle. Dévoilé samedi par les autorités haïtiennes, il prévoit la tenue d’élections législatives et présidentielles lors de deux tours fixés les 13 novembre et 18 décembre. Un scrutin municipal et local est aussi prévu le 9 octobre. Des échéances pour lesquelles un registre électoral permanent devrait établi, une première dans l’histoire de ce pays. Malheureusement, ces mesures qui vont dans le sens d’un retour à une vie politique démocratique s’accompagnent d’une annonce beaucoup moins encourageante pour l’avenir du pays. Il manque en effet plusieurs millions de dollars aux autorités haïtiennes pour pouvoir assurer le financement de ces élections générales dont le coût total minimum est estimé à 45 millions de dollars.


Cet exemple illustre la difficile situation que connaît ce pays sur le plan financier. L’aide économique massive annoncée lors d’une réunion organisée en juillet 2004 à Washington n’a été débloquée qu’au compte-gouttes et les caisses de l’Etat sont vides. « Environ 100 millions de dollars, à peine 10% de l’aide promise parc les bailleurs de fonds, sont arrivés. Nous voudrions un rythme de décaissement beaucoup plus actif », déclarait récemment au Monde le Chilien Juan Gabriel Valdes, qui dirige la mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah). Et à ce rythme, le Premier ministre intérimaire Gérard Latortue ne s’attend qu’au déblocage de 200 ou 250 millions de dollars supplémentaires d’ici le début 2006, un chiffre très faible en comparaison de la somme d’1,4 milliard promise voilà six mois. « Il y a trop de lignes budgétaires pour des études et des consultants, au détriment des réalisations. C’est dans la nature des organisations internationales et c’est ce qu’il faudrait changer », regrettait Gérard Latortue dans une interview publiée le 10 février par Le Monde.


Cette lourdeur des institutions internationales alimente sur place une colère grandissante. Le départ forcé du président Aristide avait suscité un immense espoir au sein de la population qui souffre énormément. Plus de deux tiers des habitants vivent sous le seuil de pauvreté et les conditions sanitaires désastreuses ont des conséquences dramatiques en terme de mortalité infantile. Or, les mois passent sans que la qualité de vie des habitants les plus humbles ne s’améliore. Et le mécontentement croissant exprimé dans les quartiers défavorisés pourrait bien être récupéré par les candidats proches d’Aristide lors des prochaines élections. Ce dernier vit exilé avec sa famille en Afrique du Sud, occupant un poste de chercheur honoraire dans une université de Pretoria. Un éloignement physique qui ne devrait pas l’empêcher d’avoir une influence sur le processus électoral en cours. Et il pourrait même se présenter à l’un des scrutins à venir, la commission d’enquête formée pour analyser les opérations financières de son gouvernement entre 2001 et 2004 n’ayant pas encore rendu ses conclusions. Une impatience grandissante


A la détérioration de la situation économique s’ajoute une recrudescence de la violence au cours des derniers mois. Selon la Coalition nationale pour les droits des Haïtiens (NCHR), une ONG basée aux Etats-Unis, 403 personnes ont été tuées par balles à Port-au-Prince depuis le 30 septembre, date à laquelle des partisans armés de l’ex-président Aristide ont lancé « l’opération Bagdad » en vue de son retour au pouvoir. Les principales villes du pays sont en fait régulièrement le théâtre d’affrontements entre la police haïtienne et les gangs armés qui contrôlent de nombreux quartiers, certains vivant du trafic de drogue. Et face à ces groupes lourdement équipés, les effectifs de la police nationale haïtienne (PNH), qui doivent aussi gérer la rébellion d’ancien soldats, sont bien faibles.


Cette dernière compte pourtant sur le soutien des soldats de la Minustah, qui ont pris le relais à la fin du mois de mai de la force multinationale composée de soldats américains, français et canadiens. Les pays fournissant des effectifs militaires à la mission onusienne sont beaucoup plus nombreux, le Conseil de sécurité ayant approuvé l’envoi de plus de 8 000 hommes sur place. Placé sous le commandement du Brésil, le pays qui a apporté le plus de soldats, le contingent de l’Onu compte environ 6 700 hommes dont la mission est notamment de participer au désarmement des groupes illégaux. Le gouvernement haïtien, qui avait fixé au 15 septembre la restitution des armes détenues illégalement, n’a pas su faire respecter ce délai. Et cinq mois plus tard, les forces onusiennes expriment clairement leur désir de mettre un terme à cette situation. « La Minustah est prête à recourir à la force contre eux s’ils ne déposent pas les armes », a prévenu lundi Juan Gabriel Valdes.


Cet avertissement souligne l’impatience dont commencent à faire preuve certains acteurs de la crise haïtienne qui savent que ce pays a besoin de changements drastiques pour espérer entamer une nouvelle ère politique. Les appels en ce sens se multiplient, émanant par exemple de l’Union africaine qui veut « aider à créer les conditions dans lesquelles un nouveau gouvernement puisse être démocratiquement élu en Haïti » ou de l’ancien président haïtien Leslie Manigat, premier candidat déclaré au prochain scrutin présidentiel. « Il faut donner à ce pays une chance », a déclaré à Radio France Internationale cet homme renversé en 1988 par un coup d’Etat militaire. Conscient de la nécessité d’accélérer le processus, Gérard Latortue a d’ailleurs procédé à un remaniement ministériel au début du mois de février pour « re-dynamiser l’action de son gouvernement ». Un changement fait, selon Gérard Latortue, en prévision des temps difficiles qui s’annoncent et destiné à éviter toute « cacophonie dans l’action gouvernementale ».



Originally: Haïti attend, depuis près d’un an, l’aide internationale promise


 

            Selon le représentant de l’ONU dans le pays, à peine 10  % des

fonds promis ont été versés. En six mois, la Minustah a dépensé près de 500

millions de dollars. A la représentation de l’Union européenne à

Port-au-Prince, on précise que “tous les engagements ont été confirmés”

            

            Près d’un an après la chute du président Jean-Bertrand Aristide,

le 29 février 2004, les Haïtiens attendent toujours l’aide économique qui

devait accompagner l’engagement militaire de la communauté internationale.

En septembre 2004, les ravages provoqués par la tempête tropicale Jeanne ont

encore retenu l’attention, avant que l’opinion mondiale ne soit sollicitée

par d’autres drames.


            Juan Gabriel Valdés, l’ex-ministre des affaires étrangères

chilien, qui dirige la mission des Nations unies pour la stabilisation en

Haïti (Minustah), ne cache pas son impatience. “Environ 100 millions de

dollars -80 millions d’euros-, à peine 10 % de l’aide promise par les

bailleurs de fonds, sont arrivés. Nous voudrions un rythme de décaissement

beaucoup plus actif”, dit-il. Lors d’une réunion à Washington en juillet

2004, les principaux bailleurs de fonds s’étaient engagés à hauteur de 1,4

milliard de dollars (1,1 milliard d’euros). Le Brésil, qui a envoyé le plus

gros contingent de casques bleus sur place, a menacé de retirer ses troupes

si les promesses d’aide ne se concrétisent pas rapidement. Le ministre

brésilien des relations extérieures, Celso Amorin, appelle la communauté

internationale à ne pas oublier Haïti.


            La lenteur de l’aide est d’autant plus choquante qu’en six mois

la Minustah a dépensé près de 500 millions de dollars (400 millions

d’euros). “Les dépenses ont été gonflées par les frais d’installation de la

mission, mais elles restent disproportionnées par rapport à ce qu’elles

laissent au peuple haïtien”, reconnaît M. Valdés. La lourde machine de l’ONU

s’est déployée en Haïti avec ses centaines de 4 × 4 rutilants et sa pléthore

d’experts, dont on dit à Port-au-Prince que les salaires atteignent

couramment 10 000 dollars par mois (80 000 euros).


            LE POIDS DES PROCÉDURES


            Dans le même temps, les conditions de vie de la population sont

toujours aussi misérables. Il y a un peu plus d’électricité, et les prix ont

un peu baissé pour quelques produits, mais les grands travaux créateurs

d’emplois tardent à démarrer. “Il faut trois mois d’échanges de lettres avec

Washington pour acheter du matériel informatique qu’on pourrait acquérir

beaucoup plus vite sur Internet. Même chose pour les véhicules, ce qui nous

oblige à en louer en attendant. Pour recruter un chauffeur ou un jardinier,

il faut une lettre de non-objection”, raconte Frantz Verella, le responsable

haïtien d’un projet de réhabilitation d’infrastructures financé par la

Banque interaméricaine de développement (BID). D’un montant de 77,8 millions

de dollars (61 millions d’euros), ce projet, approuvé en 2003, vient à peine

de démarrer. A la lourdeur des procédures de la BID s’ajoute l’incompétence

d’une partie du personnel de cette institution, “qui semblait avoir pour

consigne de bloquer les décaissements sous Aristide”.


            Côté haïtien, les problèmes ne manquent pas. “Il n’y a pas de

stratégie nationale, pas de planification ni de coordination entre les

ministères. Depuis quarante ans, on s’est acharné à détruire l’Etat, qui est

dans un état inimaginable”, souligne Frantz Verella. Plusieurs diplomates

craignent que la frustration de la population ne favorise les candidats

proches de M. Aristide lors des élections présidentielle et législatives,

annoncées pour le 13 novembre (premier tour) et le 18 décembre (second

tour). L’ex-chef de l’Etat Leslie Manigat, 74 ans, a lancé le premier, lundi

7 février, sa candidature à la présidence.


            A la représentation de l’Union européenne à Port-au-Prince, on

préfère garder un profil bas “pour ne pas envenimer le débat”. “C’est vrai

que les bailleurs de fonds ont été trop optimistes. On aurait dû expliquer

qu’il faut plusieurs mois pour obtenir les dérogations d’urgence.

L’important, c’est que tous les engagements ont été confirmés”, souligne un

diplomate européen. “La contrepartie haïtienne n’est pas toujours à la

hauteur. On nous a présenté des dossiers qui ne pouvaient être financés, ni

sur le fond ni sur la forme”, ajoute-t-il, tout en affirmant que les

décaissements européens des six derniers mois ont été supérieurs à ceux de

la même période de 2003.


            “Je crois en la bonne volonté des bailleurs de fonds”, dit le

ministre de l’économie et des finances, Henry Bazin. Cet ancien président de

l’Association des économistes haïtiens, réputé intègre et compétent,

explique les retards par “une certaine lourdeur, surtout des institutions

multilatérales, la période de vacances qui a suivi la réunion de Washington

et la vague de violence déclenchée par les partisans de l’ancien président à

partir d’octobre”. M. Bazin ajoute que le gouvernement ne reste pas les bras

croisés.


            “Lorsque nous sommes arrivés en mars, les caisses de l’Etat

étaient tout sauf pleines. En décembre 2004, les recettes fiscales ont été

supérieures de 75 % à celles de décembre 2003. Je constate un certain élan

de civisme fiscal, car les contribuables ont conscience que l’argent est

plutôt bien utilisé”, se félicite-t-il. “Notre politique de discipline et de

rigueur a été saluée par le Fonds monétaire international et nous permet

d’envisager un rapide retour à la croissance”, ajoute M. Bazin, citant la

revalorisation de la gourde, la monnaie haïtienne, et le ralentissement de

l’inflation, “passé de 40 % à 22%”.


            “Même si l’aide internationale n’arrive pas, nous ferons les

routes entre Saint-Marc et Gonaïves et entre Port-au-Prince et Mirebalais,

promet le ministre. Plus importante encore que l’aide internationale est

celle de la diaspora haïtienne, dont les transferts de fonds représentent

plus de 1 milliard de dollars par an.”


           



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            L’électricité est revenue, rationnée



            L’amélioration de la fourniture d’électricité a constitué l’un

des rares changements positifs dans la vie quotidienne des Haïtiens après le

départ en exil de Jean-Bertrand Aristide.


            Grâce à une aide budgétaire de 3 millions de dollars par mois

accordée par les Etats-Unis, les centrales d’électricité d’Haïti ont pu être

approvisionnées en carburant et les habitants de Port-au-Prince ont

bénéficié d’une douzaine d’heures de courant par jour. Mais l’enveloppe de

38 millions de dollars approuvée en juillet 2004, qui a aussi financé des

uniformes et du matériel scolaire, sera épuisée en février.


            La situation risque d’être d’autant plus critique que le barrage

de Péligre, la principale source d’électricité hydraulique, est à sec chaque

année entre février et mai. – (Correspondant)


            . ARTICLE PARU DANS L’EDITION DU 10.02.05




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           Trois questions à Gérard Latortue

            LE MONDE | 09.02.05 | 15h26

            Vous êtes premier ministre intérimaire d’Haïti. Pensez-vous que

les promesses d’aide internationale finiront par se concrétiser avant la fin

de votre mandat, en février 2006 ?



            Le grand bénéficiaire des promesses d’assistance faites par la

communauté internationale à Washington, en juillet 2004, sera le prochain

gouvernement. Sur le 1,4 milliard de dollars promis, je ne m’attends pas à

plus de 300 à 350 millions d’ici au début de 2006. Il y a trop de lignes

budgétaires pour des études et des consultants, au détriment des

réalisations. C’est dans la nature des organisations internationales et

c’est ce qu’il faudrait changer. Sur le plan de la coopération bilatérale,

je tiens à mentionner le Canada, qui est toujours prêt à nous donner de

l’argent.


            J’essaye aussi de développer l’utilisation des corps de génie

des armées latino-américaines pour les travaux d’infrastructure. L’armée

chilienne a déjà commencé. Au lieu de passer par de longues procédures

d’appels d’offres pour la construction de routes, je vais proposer au

président de la Banque interaméricaine de développement d’utiliser les

troupes latino-américaines qui sont ici dans le cadre de la mission de

l’ONU.


            Où en sont les procédures judiciaires annoncées contre l’ancien

président Jean-Bertrand Aristide ?



            Nous en sommes au niveau des enquêtes, il n’y a pas encore de

mise en accusation ni de demande d’extradition. Nous avons créé, à la fin de

l’année dernière, une commission présidée par l’ancien sénateur Paul Denis,

qui enquête sur les opérations financières du gouvernement précédent entre

février 2001 et février 2004. On a perdu du temps parce qu’il y a beaucoup

de complicités dans ce pays. Aristide a utilisé de nombreux prête-noms pour

faire tourner sa fortune.


            La décision des membres du gouvernement intérimaire de ne pas se

présenter aux élections favorise l’inertie de la fonction publique. Les

fonctionnaires ne font pas preuve de loyauté avec nous, car ils savent que

nous ne serons plus là dans un an. Mais la grande majorité des hommes

politiques de Lavalas -le parti d’Aristide-, surtout les anciens

parlementaires, disent que pour eux Aristide, c’est terminé. Ils le disent

aux ambassadeurs, aux Nations unies. Et s’ils ont peur, ce n’est pas du

gouvernement mais des réactions d’Aristide.


            Comment l’Union africaine a-t-elle changé d’avis à propos

d’Aristide ?



            J’ai vu Alpha Oumar Konaré, le président de l’Union africaine, à

Ouagadougou et à Bamako, et je l’ai invité en Haïti. Il est venu en

décembre. Il a rencontré tous les partis politiques et il s’est entretenu

avec Yvon Neptune, l’ancien premier ministre d’Aristide, qui est en prison.

Les lavalassiens lui ont demandé de les aider à convaincre Aristide

d’abandonner la présidence du parti pour permettre à ceux qui veulent être

candidats de se présenter. Oumar Konaré s’est rendu compte que la situation

décrite par Aristide aux Africains ne correspondait pas à la réalité. A son

retour, il est allé voir le président d’Afrique du Sud, Thabo Mbeki, pour

lui expliquer la situation.


            Propos recueillis par Jean-Michel Caroit


           

Originally: Forum SIP : Désaccord sur la notion d’ « urgence » en matière de liberté de la presse en Haiti


Port-au-Prince, 4 févr. 05 [AlterPresse] — La Société Interaméricaine de Presse (SIP) a organisé ce 3 février à Port-au-Prince un forum d’« urgence » sur la liberté de presse en Haïti, avec la participation de journalistes haïtiens et étrangers.


La rencontre, a laquelle prenait part plusieurs dizaines de personnes, dont des journalistes, a été motivée par la « préoccupation » de la SIP sur la situation de la liberté de la presse en Haïti. Mais, la notion d’« urgence » ainsi que la vision générale de la situation de la liberté de la presse en Haïti aujourd’hui, a divisé les divers intervenants au forum.


« Les autorités ne s’intéressent pas à la protection du droit des journalistes »


Selon Sergio Munoz, Éditeur du quotidien américain Los Angeles Times et Président de la Commission Chapultepec de la SIP, les violations contre les médias et les journalistes se poursuivent sans relâche en Haïti.


Munoz, qui dirigeait les débats, a souligné « les violences des dernières semaines » contre 2 journalistes du quotidien haïtien Le Nouvelliste, agressés le 14 janvier dans le quartier chaud de Belair (centre de la capital), et le cas d’Abdias Jean, un journaliste de 25 ans, abattu le 14 janvier dans le quartier populaire Cité de Dieu (Ouest de Port-au-Prince). « Les autorités ne s’intéressent pas à la protection du droit des journalistes », a déploré Munoz.


Le journaliste Don Bohning, ancien correspondant en Amérique latine du quotidien américain The Miami Herald a affirmé que « j’ai l’impression que la presse haïtienne est toujours sous pression politique comme durant les années précédentes ». Évoquant, entre autres, le cas d’Abdias Jean, il a affirmé que « maintenant la situation paraît plus difficile ».


Le Secrétaire Général de l’Association des Journalistes Haïtiens, Guyler Delva, a également soutenu que la situation actuelle représente une « urgence », et, selon lui, « le terme convient mieux aujourd’hui que sous le régime de l’ex président Jean Bertrand Aristide ». Sous Aristide, « tout le monde dénonçait les violations de la liberté de la presse, mais actuellement aucun organisme n’en parle », a dit Delva. Il a demandé au gouvernement « des actions et non des paroles, contre ceux qui ont tué Abdias Jean ou ont agressé les journalistes du Nouvelliste ».


« La période d’urgence c’était plutôt en 2003 »


Max Chauvet, éditeur du Nouvelliste et dirigeant de l’Association Nationale des Médias Haïtiens (ANMH), a exprimé des réserves sur la notion d’« urgence » employé par la SIP dans le cadre de ce forum. « La période d’urgence c’était plutôt en 2003 (sous le régime d’Aristide) et non aujourd’hui », a-t-il indiqué. Il a fait savoir que durant cette époque « il y a eu une politique systématique de violations contre les journalistes et les médias dits indépendants ».


Même si « les médias et les journalistes doivent faire face à pas mal de défis », a estimé Chauvet, « des progrès » ont été enregistrés depuis la chute du régime d’Aristide, malgré « des obstacles ». « Je ne suis pas là pour défendre un gouvernement », a déclaré Chauvet, « mais nous devons mettre les choses à leur place », a-t-il ajouté.


« Les faiblesses institutionnelles, l’incapacité d’établir le calme et de conduire des enquêtes sérieuses en vue de la justice, affectent la société en général », a poursuivi Max Chauvet. Il a aussi parlé d’ « intolérance » et pour lui, « la liberté de la presse n’est pas encore une valeur acceptée par tous ». Il a relevé qu’ « il est indispensable que les journalistes s’unissent et que les organisations du secteur se dynamisent ».


Pour sa part, le Directeur du Centre Oecuménique des Droits Humains (CEDH), Jean Claude Bajeux, a déclaré que « je ne vois aucune menace contre la liberté de presse en Haïti ». « On se trompe de débat », a ajouté Bajeux.


A propos de l’affaire Abdias Jean, Bajeux a estimé qu’il n’y a pas d’information sur ce qui s’est passé. « Qu’est ce qui empêche les journalistes de nous dire ce qui s’est passé », s’est-il interrogé.


Concernant une controverse entre le Premier Ministre Gérard Latortue et Guyler Delva (Correspondant de Reuters), pour avoir diffusé une information jugée erronée par le bureau du Chef du gouvernement, Bajeux a soutenu le droit du gouvernement de protester contre certains fonctionnements de la presse, sans que cela ne soit assimilé à une menace contre la liberté de la presse. « Pourquoi la presse ne débat pas de la question », s’est-il demandé.


Selon le Directeur du CEDH, « l’urgence » aujourd’hui est de désarmer les groupes violents qui sèment la terreur dans des quartiers de Port-au-Prince. Il a cité en exemple le cas de Belair, où de nombreux actes de violence ont été enregistrés depuis le 30 septembre dans le cadre d’une opération conduite par des partisans d’Aristide en faveur du « retour physique » de l’ancien Président.


La SIP a adopté l’idée d’un « forum permanent » et de solidarité avec Haïti, au lieu de forum « d’urgence », en vue du « renforcement » et d’une plus grande « professionnalisation » de la presse haïtienne, selon Sergio Munoz.


« Peut-être est il nécessaire d’étendre notre travail sur la question de la liberté de la presse », a commenté Ricardo Trotti, Directeur de l’Institut de Presse de la SIP

Originally: Haïti : Nouveau cabinet ministériel en place


P-au-P., 4 févr. 05 [AlterPresse] — Un nouveau cabinet ministériel est officiellement en place en Haïti après son investiture ce 3 février, suite à des hésitations qui ont fait reporté la cérémonie qui était auparavant prévue pour le 1er février.


Finalement, les deux nouveaux membres de ce gouvernement sont Georges Moïse, nommé au Ministère de l’Intérieur et Jacques Fritz Kénol a qui a été confié le portefeuille du Commerce.


A la dernière minute, le 1er février, l’Exécutif était revenu sur sa décision de nommer l’actuel délégué du Département de l’Ouest, Michel Bernardin, au Ministère de l’Intérieur. Des informations circulaient sur l’implication présumée de Bernardin dans des actes de violation des droits humains en 1966, sous le régime du dictateur François Duvalier.


L’Exécutif est revenu également sur le choix de Marie Claude Bayard, Présidente de l’Association des Industries d’Haïti (ADIH), comme ministre du commerce, à cause de sa double nationalité (haïtienne et américaine).


Dans son discours lors de la cérémonie d’investiture, le premier ministre Gérard Latortue a réaffirmé que les priorités de son gouvernement sont d’abord l’organisation des élections, la sécurité et la justice. « La mission la plus importante qui nous attend cette année c’est l’organisation et la réalisation des élections », a déclaré Latortue, promettant de « faire l’impossible pour créer les conditions d’élections libres honnêtes et démocratiques ».


Les autres priorités du gouvernement, énoncés par Latortue, sont la baisse de l’inflation, la création d’emplois, la construction d’infrastructures, la bonne gouvernance, l’éducation, la jeunesse et les sports, l’environnement, la santé publique et le Cadre de Coopération Intérimaire (CCI), établi en juillet 2004 en partenariat avec la communauté internationale.


Le Président provisoire Boniface Alexandre a exprimé sa « profonde préoccupation » face au « fléau » de la corruption. Il a demandé aux responsables des organismes de l’État de « sévir avec la plus grande rigueur » contre les corrompus.


Le cabinet a pris fonction en présence du corps diplomatique, de plusieurs hauts fonctionnaires d’institutions étatiques dont ceux du Conseil Electoral Provisoire (CEP) et du Conseil des Sages. L’absence de nombreux dirigeants politiques était cependant remarquée. [gp apr 04/02/2005 00:30]


Liste des Ministres et Secrétaires d’État


Ministres


-  Hérard Abraham — Affaires Étrangères, des Cultes
-  Bernard Gousse — Justice et Sécurité Publique
-  Georges Moïse — Intérieur et Collectivites territoriales
-  Henry Bazin — Economie et Finances
-  Roland Pierre — Plan, Coopération Externe
-  Philippe Mathieu — Agriculture, Ressources Naturelles et Développement Rural
-  Jacques Fritz Kénol — Commerce, Industrie et Tourisme
-  Fritz Adrien — Travaux Publics, Transports et Communications
-  Pierre Buteau — Éducation Nationale, Jeunesse, Sports et Education Civique
-  Magali Comeau Denis — Communication et Culture
-  Josette Bijoux — Santé Publique et Population
-  Pierre Claude Calixte — Affaires Sociales
-  Adeline Magloire Chancy — Condition Féminine
-  Alix Baptiste — Haitiens Vivant à l’Étranger
-  Yves André Wainright — Environnement


Secrétaires d’État


-  Frantz Léandre — Jeunesse, Sports et Service Civique
-  Lemercier Georges — Finances et Affaires Économiques
-  David Bazile — Sécurité Publique
-  Paul Berne — Jeunesse, Sports et Éducation Civique
-  Jaunasse Élysée — Mines, Énergies et Télécommunications

Originally: Persistance du Climat de Violence et d’Insécurité et Violation des Droits Humains des Personnes Privées de Liberté :

 

La Coalition Nationale pour les Droits des Haïtiens (NCHR) est profondément préoccupée par la persistance du climat de violence, d’insécurité et d’impunité dans le pays et par la situation alarmante qui sévit au niveau des centres de détention et de rétention de la capitale et des villes de province.


Cette violence est l’œuvre de divers groupes armés, tels que : des partisans Lavalas et policiers renvoyés de l’institution policière, des anciens militaires et des partisans de l’ancienne opposition à Aristide, des membres du Front de Résistance, ceux du Front pour l’Avancement et le Progrès d’Haïti (FRAPH) et des gangs armés.


L’Appareil Judiciaire, la Police Nationale d’Haïti (PNH) ont une grande responsabilité dans le climat d’impunité régnant dans le pays.


Les Partisans de Lavalas et les Policiers Renvoyés de la PNH


Au lendemain du départ du Président Aristide, les nouveaux dirigeants de la Police Nationale ont pris un ensemble de mesures tendant vraisemblablement à l’épuration de l’institution policière. Certains policiers impliqués dans les violations graves de droits humains ou soupçonnés d’être des partisans zélés de l’ex-Président ont été renvoyés de l’institution avec les biens et matériels de l’Etat en leur possession. Beaucoup de ces anciens policiers sont suspectés de participation active dans l’Opération Bagdad lancée le 30 septembre 2004 par les partisans armés de Jean Bertrand Aristide dans le but d’exiger son retour au pouvoir.


Le but de cette opération est de mettre la capitale à feu et à sang aux fins d’imposer, par la terreur, Aristide comme étant incontournable dans la résolution de la crise politique. Des personnes sont tuées, décapitées tant dans la population civile que dans les rangs des agents de la PNH ; des biens privés et publics sont saccagés ou détruits. Les instigateurs de cette opération s’installent dans les quartiers populeux, y sèment le deuil et instaurent un climat de terreur. Plus de quatre (4) mois après, cette situation continue à paralyser les activités des citoyens (Scolaires, Commerciales, loisirs, …) au point qu’aujourd’hui, il existe à la capitale, des zones de non droit et d’autres, à haut risque, telles : Fort National, Wharf Jérémie, Bel Air, Village de Dieu, Cité Soleil, Solino, Poste Marchand, la Saline, Delmas 2, Saint Martin, etc.


Le bilan de ces actes de violence est lourd. Le tableau suivant donne en quelque sorte une idée des meurtres enregistrés, de septembre 2004 à janvier 2005 :


Meurtres enregistrés


Septembre 2004


Personnes tuées par balle : 103


Policiers tués par balle : 8


Total tués : 111


Octobre 2004


Personnes tuées par balle : 86


Policiers tués par balle : 3


Total tués : 89


Novembre 2004


Personnes tuées par balle : 70


Policiers tués par balle : 2


Total tués :72


Décembre 2004


Personnes tuées par balle : 92


Policiers tués par balle : 2


Total tués : 2


Janvier 2005


Personnes tuées par balle : 33


Policiers tués par balle : 4


Total tués : 37


Total tués


Personnes tuées par balle : 384


Policiers tués par balle : 19


Sources : NCHR, HUEH, PNH et JILAP


Les Anciens Militaires et des Partisans de l’Ancienne Opposition à Aristide


Les Forces Armées d’Haïti (FADH) ont été dissoutes après le retour à l’ordre constitutionnel en 1994. Dans le cadre du vaste mouvement visant à renverser l’ancien régime, certains anciens militaires ont repris les armes et combattu à côté de certains partisans armés de l’opposition à Aristide. Ce dernier parti, les militaires remobilisés pavoisent en tenue de combat avec des armes de guerre, occupent des bâtiments privés et publics, installent d’anciens chefs de section dans certaines sections communales de la république, réclament le retour des Forces Armées d’Haïti dans leurs casernes et le paiement de dix (10) années de salaires. En dépit de l’entente intervenue et la décision du gouvernement d’octroyer une indemnité compensatoire aux démobilisés de 1994, ces derniers refusent de déposer les armes. Ils alimentent l’insécurité et la violence à travers le pays, particulièrement au Cap-Haïtien, à Ouanaminthe, à Hinche, à Mirebalais, à Port-au-Prince et à Petit Goâve, où ils s’en prennent aux policiers et saisissent des matériels de l’Etat.


Les anciens militaires sont bien armés et constituent une grave menace pour la population civile en général et le processus électoral en particulier. Dans certaines zones du pays ces anciens militaires s’associent à des bandits pour terroriser la population. A titre d’exemple : à Petit Goâve, les bandes de Dady Ostiné (Ti Kenley), évadé du Pénitencier National le 1er janvier 2004, et de Rodolphe Louis (Rood) agissent avec la bénédiction des anciens militaires qui les considèrent comme des militants ayant combattu le régime déchu, donc, intouchables.


-  Rodolphe Louis (Rood), s’est présenté en personne à Petit Goâve, armes à la main pour libérer Tidieu ainsi connu qui serait impliqué dans l’assassinat, le 6 janvier dernier, des policiers Léandre Louis Jean et Willy Lafrance, à Carrefour de Barett, localité située dans la première section communale Bino (1ère plaine) de Petit-Goâve.


Ces groupes armés terrorisent la population Petit Goâvienne et les utilisateurs de la nationale # 2. Ils bloquent à leur guise ce tronçon de route, dérobent ses utilisateurs.


Ils bénéficient de la complaisance ou de la protection du pouvoir central avec lequel, ils entretiennent de très bons rapports. Certains chefs des bandes de la zone ont intégré l’administration de certaines institutions publiques. Et, déjà ils commencent à mettre en danger la vie de certains dirigeants de l’administration locale.


Le Front de Résistance


Aux Gonaïves, les membres du Front de Résistance qui avaient pris les armes contre le gouvernement Lavalas sont encore armés. Ils créent un climat de terreur et de violence. Ils occupent les postes clés de l’administration publique locale. Ils ont fait usage de leurs armes à feu pour détourner l’aide humanitaire destinée aux sinistrés de la tempête Jeanne qui a ravagé la ville des Gonaïves et ses périphéries, du 17 au 19 septembre 2004.


Les personnels des organismes nationaux, internationaux et de la Croix Rouge Internationale, travaillant aux Gonaïves, ont fait l’objet de nombreuses attaques par les membres du Front.


Le 13 novembre 2004, une fillette de 6 ans, Francesca Gabriel, a été criblée de balles par Ferdinand Wilfort, (Ti Will), un membre influent du Front de Résistance dans le cadre d’ une affaire insolite l’opposant à un amant de sa concubine. En dépit d’un mandat d’amener émis contre lui, il continue de jouir de l’impunité sans s’inquiéter outre mesure.


Les Gangs Armés


Les gangs armés n’ont pas chômé, ils sont beaucoup plus actifs à Port-au-Prince en général et dans les quartiers populaires en particulier. Ils s’entretuent, ils tuent, volent, violent, kidnappent les gens. Ils incendient, saccagent les biens privés et/ou publics. En un mot, ils prennent la population en otage.


L’Appareil Judiciaire


L’Appareil Judiciaire représente, à sa façon, un élément non négligeable dans la persistance de l’insécurité en Haïti. Les membres de l’Opération Bagdad arrêtés par la Police sont libérés sans aucune forme de procès contre des « pots-de-vin ».


Il est clair que la question des Magistrats corrompus constitue un des problèmes épineux qui gangrène l’Appareil Judiciaire ces derniers jours. Les cabinets d’instruction sont bourrés de dossiers, mais très peu de cas aboutissent à des procès. La question de main levée du mandat d’écrou devient une véritable plaisanterie. Beaucoup de criminels dangereux sont libérés purement et simplement par ce canal. Les Magistrats concernés ne font montre d’aucune conscience de magistrats ou même de citoyens oubliant que l’impunité engendre la récidive.


Les Centres de Détention(Prisons)


Plus de la moitié des centres de détention ont été lamentablement saccagés et au moins un (1) incendié au cours du mois de février 2004. Sur vingt et un (21) centres de détention, quatorze (14) fonctionnent actuellement dans des conditions extrêmement difficiles. Elles sont surchargées. La population carcérale jusqu’au 20 janvier 2005 ne compte que cinq pour cent (5%) des individus ayant fait l’objet d’une condamnation. Quatre vingt quinze pour cent (95%) de la population carcérale sont en attente de jugement. Une telle situation est inacceptable à un double point de vue : les personnes privées de liberté ont des droits dont celui d’être jugé dans un délai raisonnable, et cela doit compliquer la gestion de la prison.


Des personnes arrêtées sont transférées et abandonnées dans des juridictions éloignées, à l’insu des autorités judiciaires desquelles dépendent ces détenus. L’exemple le plus frappant est celui de Jacques Mathélier, ancien délégué du Sud et d’autres activistes Lavalas  : Jean François Claude Cadet, Bertin Dimanche et Dieudonné Jean Robert, tous arrêtés aux Cayes puis transférés au Pénitencier National le 15 juillet 2004 et abandonnés depuis.


Une délégation de la NCHR s’est rendue aux Cayes, le 28 décembre 2004 dans le but de rencontrer les autorités judiciaires sur les cas de ces détenus et de les sensibiliser sur la nécessité de les ramener aux Cayes et de faire avancer le traitement de leur dossier. Les promesses faites en ce sens attendent toujours d’être concrétisées. La visite de la délégation a été une énorme surprise pour les parents de Jean François Claude Cadet qui ont cru que ce dernier était tué en prison. Elle n’avait aucune nouvelle de son lieu de détention. Il a fallu planifier une visite au Pénitencier National le 12 janvier 2005 avec certains membres de la famille pour leur assurer que le détenu est bien vivant. Combien de parents de détenus sont encore aujourd’hui dans cette situation ?


Les Centres de Rétention (Garde à Vue)


Les centres de rétention communément appelés « garde à vue » se retrouvent dans les sous commissariats et commissariats de police. Ils reçoivent des personnes interpellées ou arrêtées par la police. Ils sont dotés d’un service d’investigation qui a pour devoir de préparer le rapport de police, et, le cas échéant d’acheminer les retenus au tribunal dans les quarante huit (48) heures qui suivent leur arrestation.


Depuis le lancement de l’Opération Bagdad et la montée vertigineuse de la violence à travers le pays et à Port-au-Prince en particulier, la PNH dans ses interventions contre les fauteurs de troubles, a procédé à beaucoup d’interpellations et d’arrestations. Les centaines de personnes retenues dépassent largement la capacité des policiers des services d’investigation, en termes de moyens logistiques et de ressources humaines. Mais cela ne saurait expliquer que des personnes passent jusqu’à trois (3) mois en rétention sans être déférées par devant leurs juges naturels en violation flagrante et répétée de l’article 26 de la Constitution de 1987 qui stipule :


« Nul ne peut être maintenu en détention s’il n’a comparu dans les quarante-huit heures qui suivent son arrestation, par devant un juge appelé à statuer sur la légalité de l’arrestation et si ce juge n’a confirmé la détention par décision motivée ».


L’analyse des cas suivants autorise à se demander si cette disposition constitutionnelle n’est pas de fait mise en veilleuse :


-  Cathil Jean Claude est arrêté le 15 octobre 2004 par une patrouille policière à la suite d’échanges de tirs. Il est aujourd’hui encore, gardé à vue au Commissariat de Port-au-Prince pour enquête ;


-  Pierre James arrêté le 28 octobre 2004 sous le chef d’accusation de vol de véhicules, est toujours gardé à vue au Service d’Investigation et d’Anti Gang (SIAG) ;


-  Madai Bien Aimé, arrêté pour enquête, est gardé à vue au commissariat de Port-au-Prince sans chef d’accusation depuis le 21 octobre 2004 ;


-  Cardestin Duval, arrêté pour enquête dans la zone de La Salines, le 21 octobre 2004, est depuis gardé à vue sans chef d’accusation au Commissariat de Port-au-Prince ;


-  Destin Michelet, arrêté le 18 octobre 2004 dans la zone de Fort National, est depuis gardé à vue au Commissariat de Port-au-Prince ;


-  Philippe Robenson, arrêté le 4 octobre 2004 pour vol d’arme à feu est toujours gardé à vue au Commissariat du “cafétéria” ;


-  Forestal Jean Nady, arrêté le 3 octobre 2004 pour détention illégale d’arme à feu, est depuis gardé à vue au Commissariat du “cafétéria” ;


-  Alcé Ernst, arrêté le 17 septembre 2004 pour enquête est depuis gardé à vue au Commissariat du “cafétéria” ;


-  Fresnel Pierre alias Saddam Hussein, arrêté pour enquête le 26 octobre 2004 est depuis gardé à vue au Commissariat du “cafétéria“.


Le Service Départemental de la Police Judicaire (SDPJ), prend un malin plaisir à procéder à des arrestations dont la finalité est de jeter les personnes appréhendées dans les garde-à-vue de l’aire métropolitaine sans se soucier de les présenter aux tribunaux. En témoignent les cas suivants.


Le 21 janvier 2005, la NCHR s’est rendue au Service d’Investigation et Anti-Gang (SIAG) et au commissariat du “cafétéria“.


-  Au Service d’investigation et de l’Antigang (SIAG), elle a dénombré quarante trois (43) personnes gardées à vue dont vingt quatre (24) sont sous les ordres du Service Départemental de la Police Judiciaire (SDPJ) ;


-  Au Commissariat du “cafétéria”, elle a compté vingt neuf (29) retenus dont onze (11) sont gardés sous les ordres de la SDPJ. Parmi eux, le retenu le plus récent fut appréhendé le 1er décembre 2004. Les responsables de ce commissariat ont affirmé qu’ils ont produit une demande d’intervention en faveur de ces personnes auprès des instances du SDPJ. A leur grand étonnement, le SDPJ leur a demandé un rapport sur ces dernières ; ce qui laisse comprendre que le SDPJ ne dispose même pas de fichier fiable sur des personnes retenues pour enquête.


Presque la moitié des personnes en garde à vue dans les centres de rétention dans l’aire métropolitaine sont sous les ordres du Service Départemental de la Police Judiciaire (SDPJ).


La Police Nationale d’Haïti(PNH)


Il ne fait aucun doute que l’Opération Bagdad conduite avec une cruauté sans pareille appelle, de la part des forces de l’ordre, une réaction de fermeté. Mais c’est aussi là que la police doit montrer son degré de professionnalisme. Elle doit se préoccuper d’une part à minimiser les dommages collatéraux, ce qui ne semble pas être le cas, et d’autre part à éviter la tentative d’utiliser les mêmes méthodes inhumaines de combat que les bandits.


La Police Nationale d’Haïti (PNH) travaille depuis quatre (4) mois environ dans des conditions extrêmement difficiles en vue de rétablir l’ordre dans les zones de « non-droit » à la Capitale.


La NCHR note que certaines interventions policières dans les quartiers populeux sont soldées par de graves dommages collatéraux. Elle est préoccupée également par le fait que des cas d’arrestation suivis de disparitions et/ou d’exécution soient mis aujourd’hui encore (près d’un an après le départ d’Aristide) à la charge de la PNH :


-  le 19 janvier 2005, lors d’une intervention de la PNH à Cité de Dieu, Abdias Jean, aurait été maîtrisé puis froidement abattu ;


-  le 19 janvier 2005, Wilbert Jeanty, Jean Casimir Pierre, Jean Louis, Saurel Marcellus et Thomas Fils Aimé qui revenaient de l’aéroport, auraient été arrêtés par une patrouille policière, tout près de Bâtimat. Depuis, ils sont portés disparus. Toutes les démarches faites par la NCHR à travers les commissariats et prisons de la zone métropolitaine se révèlent infructueuses ;


-  le 17 janvier 2005, Ederson Joseph (Pouchon), âgé de 17 ans, a été tué chez lui à la ruelle Estimé (zone Pourpelard), au cours d’une opération de police consécutive à l’attentat dont fut victime dans la zone, la veille, le chef du cabinet du Premier Ministre ;


-  le 14 janvier 2005, aux environs de huit heures trente (8h30) du soir, Réjouis Jean Roosevelt, selon ses parents, aurait été arrêté par une patrouille policière de la Garde-côte, à Source Corossol. Son cadavre a été retrouvé tôt, le matin du 15 janvier 2005, sous le pont de Lamentin, zone Route Rail ;


-  le 5 janvier 2005, Jimmy Charles arrêté au Fort National par une patrouille de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH) fut conduit à l’Antigang. Suite à son audition par devant le Tribunal de Paix Section Sud, les 10 et 12 janvier 2005, il fut libéré suivant un ordre de mise en liberté du juge Ambroise Gabriel. Son corps a été retrouvé à la morgue de l’Hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti (HUEH), le lendemain de sa libération, soit le 13 janvier 2005. Tout laisse supposer qu’il n’ait pas eu le temps de rentrer chez lui.


-  le 4 janvier 2005, la PNH a mené une opération au Village de Dieu. Au moins, sept (7) personnes ont été tuées dont Angela Amazan, une jeune fille de 16 ans, élève de 6ème année fondamentale ;


-  le 1er décembre 2004, une mutinerie s’est éclatée au Pénitencier National, où dix (10) détenus ont trouvé la mort et quarante sept (47) blessés. Deux (2) mois après l’enquête se poursuit en dépit des promesses faites par les autorités que les conclusions seraient connues sous peu ;


-  le 13 novembre 2004, à 2 heures du matin, Jean Léonel, Junior Derazin, Donald Derazin et Marie France Dufresne, la concubine de Junior ont été enlevés chez eux à Martissant 1, Impasse Tempête, par des hommes vêtus de noirs. Leurs corps ont été retrouvés à huit (8) heures du matin à la morgue de l’Hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti (HUEH) ;


-  le 26 octobre 2004, au Fort National, sept (7) jeunes, tous originaires du Bel Air, après avoir été maîtrisés, furent torturés et exécutés sommairement par un commando armé, habillé en noir, à bord d’un véhicule non identifié. Six (6) autres jeunes furent enlevés puis libérés par leurs ravisseurs dans la zone de Titanyen. Trois (3) mois plus tard, les résultats de l’enquête ouverte se font encore attendre ;


La NCHR, compte tenu des difficultés rencontrées sur le terrain dans les zones à risque, n’est pas en mesure, pour l’instant, de confirmer que l’enlèvement, la disparition et l’exécution sommaire entrent dans la stratégie de la police pour contrer l’Opération Bagdad. Toutefois, vu le nombre de plaintes enregistrées en ce sens, elle croit nécessaire d’exiger de la police et de la justice l’ouverture d’enquêtes sérieuses sur les cas dénoncés afin que les auteurs de telles violations des droits humains soient identifiés, jugés et punis.


La NCHR salue les efforts des responsables de la PNH dans la lutte contre les policiers impliqués dans les cas de violations de droits humains et de malversations. Toutefois, il ne suffit pas de les renvoyer de l’institution mais aussi et surtout les transférer par devant la justice répressive pour qu’ils soient sanctionnés conformément à la loi.


Conclusions et Recommandations


La NCHR déplore que le programme de désarmement annoncé à grand renfort de publicité soit resté au stade de vœu pieux jusqu’à aujourd’hui et que la population soit prise en otage partout par des groupes armés. Une telle situation si elle n’est pas corrigée risque de compromettre l’organisation générale des élections cette année.


Elle condamne également les interventions policières qui ne tiennent pas compte des principes de base relatifs à la conduite des hostilités.


La NCHR invite les autorités concernées à prendre cet ensemble de mesures en vue de remédier à de telles situations et de permettre au peuple haïtien de jouir effectivement de ses libertés et droits fondamentaux :


1) Ordonner la publication des résultats d’enquêtes menées par les commissions créées par les autorités autour des événements du Fort National et du Pénitencier National, survenus respectivement les 26 octobre et 1er décembre 2004 ;


2) Former un comité de travail sur la problématique des personnes en détention préventive prolongée ;


3) Former une commission d’enquête indépendante sur les cas d’exécution et/ou de disparition mis à la charge de la PNH en vue de fixer les responsabilités ;


4) Renforcer et dynamiser le Service Départemental de la Police Judiciaire (SDPJ) et les Services d’Investigation en vue de les mettre en mesure de remplir leur mission avec efficacité ;


5) Mettre l’Inspection Générale en mesure de participer à toutes les opérations d’envergure de la PNH en vue de relever et de sanctionner les bévues policières ;


6) Prendre toutes les mesures pour que la Police Nationale d’Haïti soit opérationnelle à travers tout le territoire national et à Petit Goâve en particulier ;


7) Faire comparaître les personnes gardées à vue devant leur juge naturel selon le vœu de la loi ;


8) Mettre à la Disposition des Magistrats des moyens adéquats de travail et de renvoyer du système les magistrats corrompus ;


9) Désarmer les groupes armés sans considération d’ordre politique, économique et

Originally: Des élections en novembre et décembre en Haïti, toujours en quête d’avenir

Les Haïtiens vont être appelés aux urnes les 13 novembre et 18 décembre pour deux tours de scrutin présidentiel et législatif, mais leur quotidien ne s’est guère amélioré depuis la disparition il y a près d’un an du régime Aristide.


“Le Conseil électoral provisoire haïtien a remis au gouvernement le document électoral fixant les dates des prochaines élections”, a déclaré samedi à l’AFP un membre du CEP, sous le couvert de l’anonymat. Il est prévu deux tours de scrutin pour la présidentielle et les législatives, les 13 novembre et 18 décembre, précédés par des municipales le 9 octobre, a-t-il précisé.


Ces premières élections générales depuis la chute le 29 février 2004 de l’ex-président Jean Bertrand Aristide, poussé à l’exil par une insurrection armée, les Etats-Unis, la France et le Canada, se voulaient à l’origine être la consécration d’un redressement du pays.


Mais ce dernier ne semble pas s’être produit, en dépit des multiples promesses d’aide internationale. “Haïti est maudit”, “il n’y a pas eu d’évolution du niveau de vie”, peut-on entendre dans les rues sales de Port-au-Prince, grouillantes de vendeurs à la sauvette, où des cochons errent et où les feux de signalisation ne fonctionnent pas.


Les responsabilités sont multiples dans l’Etat le plus pauvre du continent américain, où la majorité des 8 millions d’habitants vit avec moins d’un dollar par jour.


Si l’Onu et plusieurs pays ont promis de ne pas répéter les erreurs du passé et soutenir Haïti sur le long terme, l’aide financière n’a guère été débloquée. Cause majeure, selon un spécialiste du sujet : les projets qui pourraient être financés n’existent pas. Haïti manque de personnels qualifiés, de conseillers techniques capables de réaliser des études, de mener des appels d’offres.


Le gouvernement transitoire du Premier ministre Gérard Latortue n’a pas de son côté répondu aux espérances. Des enfants continuent de mourir de faim à Port-au-Prince, des commissions sont créées et défaites pour incompétence, les retards s’accumulent tant dans la formation d’une nouvelle police qu’en matière de désarmement ou de gestion des ordures.


Conséquences : la criminalité se développe, le trafic de drogue reste florissant comme vient de le prouver la saisie à Montréal de 218 kilos de cocaïne dans un avion venant d’Haïti, et la corruption se répand comme un cancer.


Très récemment, Gérard Latortue a dû se séparer de son directeur de cabinet et de son porte-parole, après un scandale de détournement de sacs de riz, destinés aux plus démunis et mis en vente sur le marché…


“La capacité des Haïtiens à prendre leur destin en mains est inexistante”, résume sous couvert d’anonymat un responsable occidental en poste en Haïti, en dénonçant leur égoïsme et individualisme.


L’Onu n’est pas à l’abri des reproches. Prévoir seulement 22 mois de transition pour un pays dans la misère depuis des décennies était illusoire et une gestion directe du pays par les Nations unies, comme au Kosovo, aurait facilité sa remise sur pieds en deux ou trois ans, estime-t-il.


Dans cet Etat francophone de 8 millions d’habitants, les 6.500 Casques bleus, dirigés par un général brésilien, parlent espagnol, anglais, portugais, parfois chinois. En dépit de leurs patrouilles, casqués et portant gilets pare-balles sous un soleil de plomb, l’insécurité reste le problème numéro un.


“Ils nous protègent de la police”, ironisent certains Haïtiens. Des violations des droits de l’homme et des exécutions sommaires ont été dénoncées et des officiers ont été démis de leurs fonctions pour des cas de vols et d’enlèvements. La police promet des enquêtes et assure respecter l’Etat de droit.


Dans la capitale, des quartiers restent sous la coupe de gangs tandis qu’en province ce sont d’ex-militaires réclamant le rétablissement d’une armée dissoute dans les années 90 qui revendiquent le contrôle de plusieurs villes.

Originally: Le Canada en désaccord avec les commentaires pro-Aristide de Chavez. L’Onu aussi…


Le gouvernement canadien exprime son désaccord avec les déclarations du président vénézuelien Hugo Chavez selon lesquelles Jean Bertrand Aristide demeure le « vrai président d’Haïti ».

Le conseiller spécial du Premier ministre Paul Martin pour Haïti dit respecter la position de M.Chavez mais soutient que M.Aristide fait partie du passé. Denis Coderre rappelle que la communauté internationale à travers le Conseil de Sécurité de l’Onu a entériné la démission d’Aristide ( en date du 28 février 2004) et supporte le processus de transition en Haïti.

Dans une interview accordée au correspondant de Radio Métropole à Montréal, Goudou Jean Numa, le député Coderre a poursuivi qu’il faut dissocier M.Aristide du parti Fanmi Lavalas. L’envoyé spécial du Canada qui revient de mission en Haïti indique qu’il faut promouvoir de nouvelles têtes au sein de Fanmi Lavalas, le parti de l’ancien président où Jean Bertrand Aristide est le chef à vie, selon ses statuts. Parmi les nouveaux dirigeants en vue, M.Coderre cite Gérald Gilles et Jean Claude Desgranges.

Le leadership de ces responsables est contesté par le nouveau comité directeur de Fanmi Lavalas formé le 16 décembre dernier et composé entre autres de Lesly Bony, Lesly Gustave, Jean Marie Samedi et Félito Doran. Ce comité affirme avoir l’appui de M.Aristide et souligne qu’il est le seul à représenter Fanmi Lavalas.

Pendant ce temps, l’Onu exprime également des réserves sur les propos de M.Chavez. Tout en se refusant de faire des commentaires, Juan Gabriel Valdez, représentant spécial du secrétaire général de l’Onu, a souligné que l’ensemble des pays de l’Amérique Latine tant à l’Oea qu’à l’Onu supporte les élections générales de la fin d’année en Haïti.

Le dimanche 30 janvier à Porto Alegre, M.Chavez avait déclaré qu’Aristide était le vrai président d’Haïti et indiqué que les gouvernements de l’Amérique Latine étaient d’accord avec cette position. Hugo Chavez avait proposé comme solution à la situation actuelle en Haïti la tenue d’un référendum sur le retour d’Aristide.