Originally: Important remaniement du gouvernement haïtien
PORT-AU-PRINCE, 31 jan (AFP) – Le Premier ministre haïtien Gérard Latortue a procédé lundi au remplacement de ses ministres des Affaires étrangères, de l’Intérieur et du Commerce, “pour redynamiser” l’action de son gouvernement, accusé récemment de laxisme et de mauvaise gestion des dossiers.
“Il fallait redynamiser l’action gouvernementale”, a-t-on expliqué dans l’entourage du Premier ministre. Aux Affaires étrangères, Yvon Siméon a été remplacé par l’ancien général Hérard Abraham, qui était jusqu’à présent ministre de l’Intérieur et des Collectivités territoriales, a déclaré à l’AFP le directeur de cabinet de la présidence haïtienne, Michel Brunache.
A l’Intérieur et aux Collectivités territoriales, Gérard Latortue a nommé Michel Bernardin qui représentait jusqu’à présent le gouvernement dans le département de l’Ouest (équivalent d’un préfet).
Marie Claude Bayard, une industrielle responsable de l’association des industries d’Haïti (Adih), prend la tête du ministère du Commerce et de l’Industrie ainsi que celui du Tourisme, une double fonction qu’occupait Danielle Saint-Lot, a-t-il ajouté.
Ces changements, qui interviennent une semaine après un remplacement du directeur de cabinet et du porte-parole du Premier ministre, cités dans une affaire de corruption présumée, ont été accueillis avec circonspection dans les milieux politiques haïtiens.
“L’exécutif a pensé en procédant à ces changements qu’il redynamiserait l’action gouvernementale”, a expliqué Ariel Henri, membre du Conseil des Sages, une instance d’accompagnement du gouvernement de transition. “Ces changements n’étaient pas ceux qui étaient désirés par le Conseil qui avait fait un certain nombre de propositions au gouvernement”, a-t-il toutefois indiqué à l’AFP, sans précisions sur ces dernières.
Au nom des partis sociaux-démocrates haïtiens, Micha Gaillard a espéré que la politique étrangère haïtienne “sera plus dynamique”. “Nous maintenons un soutien critique à ce gouvernement”, a-t-il souligné, rappelant que sa formation ne demandait pas à y participer. “Cette nouvelle équipe devra jouer sa partition de manière neutre dans la réalisation des élections” prévues en fin d’année, et “nous aurons un regard particulièrement vigilant sur le nouveau ministre de l’Intérieur”, a averti le responsable socialiste.
“On ne sent pas vraiment avec ce remaniement une volonté claire du gouvernement de mettre fin à la répression et à l’injustice qui s’exercent à l’encontre des membres du parti Lavalas” (parti de l’ex-président Jean Bertrand Aristide), a déploré en revanche l’ancien sénateur Gérald Gilles, membre de cette formation. “A l’approche des élections, nous voulons un gouvernement plus inclusif”, a-t-il dit.
Gérard Latortue est au pouvoir depuis le 9 mars 2004 et la mission principale de son gouvernement est d’assurer la transition politique en Haïti en attendant l’élection à la fin de cette année d’un nouveau président.
Sur le plan diplomatique, le gouvernement a été notamment critiqué pour avoir tardé à changer des diplomates qui étaient proches d’Aristide, qui a quitté ses fonctions le 29 février 2004 sous la pression d’une insurrection armée et celle des Etats-Unis, de la France et du Canada. Il vit aujourd’hui en exil avec sa famille en Afrique du Sud.
Le dossier des anciens militaires qui réclament le rétablissement d’une armée en Haïti a aussi souffert d’une mauvaise gestion. Ces ex-militaires, démobilisés depuis la suppression de l’armée en 1994, continuent d’occuper plusieurs bâtiments publics (commissariats notamment) dans des villes de province.