Originally: Haïti 2004: un Pays à rebâtir, une Nation à édifier.
Face à la dérive évolutive de notre pays, après 200 ans révolus d ‘ indépendance, nous devons faire notre mea-culpa, reconnaître humblement que nous avons fait fausse route et penser sérieusement à rebâtir notre pays et à édifier enfin une Nation digne de ce nom. Mais, cette fois, il faut le rebâtir et l ‘ édifier sur une base économique solide, seule capable d ‘ assurer et de garantir sa stabilité et sa pérennité. Car, l e mal absolu qui ronge et détruit notre pays est fondamentalement d ‘ ordre économique.
Ce mal, qui se manifeste par la pauvreté, l ‘ infortune, l ‘ exclusion de la grande majorité de la population et la dégradation évolutive de l ‘ environnement, constitue le bouillon de culture idéal, le laboratoire le plus performant pour produire ou engendrer les différents monstres, satrapes et prédateurs qui ont dirigé notre pays tout le long de son histoire. Si ce problème n ‘ est pas abordé ou traité à bon escient et à la rigueur, nous courons le risque de nous retrouver avec un autre monstre, du même acabit ou pire, à la tête du pays.
C ‘ est également ce mal qui explique les tares et les défauts les plus avilissants de la population: Analphabétisme, Ignorance, Illettrisme, Malnutrition, Maladies, Surpopulation, Surpeuplement des centres urbains, Bidonvilles, Promiscuité, Mendicité, Délinquance, Drogues, Violence, Crime, Impunité, Dégradation de l’Environnement et de la qualité de Vie, «Braceros», «Boat-people», Corruption, Dette interne, Dette externe, Mauvaise gouvernance, Ingouvernabilité (Entité Chaotique Ingouvernable), Mise sous Tutelle, Occupation etc.. Et là, on tombe en plein dans un pernicieux cercle vicieux: Plus on est ignorant, mal nourri, malade, mal gouverné ou ingouvernable, sous tutelle ou sous occupation, plus on s’enfonce dans la pauvreté et moins on est capable d’en sortir .
Que faire: ? Au commencement était le verbe ??.. suivi immédiatement de l’ économie.
A un problème économique, il faut une solution économique et non une solution essentiellement et uniquement politique.
1) Faire ou actualiser l ‘ inventaire des ressources naturelles et humaines dans chaque Département en vue de l ‘ Aménagement du territoire.
2) Création dans le pays a) d ‘ un Fonds d ‘ investissement dans les Infrastructures de base: électricité, télécommunications, routes, adduction d ‘ eau courante, canaux d ‘ irrigation, port, aéroport. b) d ‘ un fonds d ‘ entretien des routes et d ‘ un service public chargé de la construction et de l ‘ entretien des voies publiques. c) d ‘ une banque de développement disposée à investir dans les domaines suivants: Tourisme, Industrie des loisirs et du bien-être, Halieutique, Industrie informatique, Agriculture, Agro-industrie.
3) Construire le réseau routier du pays: 5000 kms de routes revêtues à standard international, faisant le tour du pays et reliant entre elles toutes les villes et les communes, de la périphérie comme de l ‘ intérieur, afin de désenclaver et rompre l ‘ isolement de toutes les régions du pays.
4) Construire l ‘ autoroute de l ‘ électricité, tout le long du réseau routier, c ‘ est-à-dire des lignes fiables de transmission de l ‘ électricité, le réseau à haute tension , couvrant le pays du nord au sud et de l ‘ est à l ‘ ouest, de telle sorte qu ‘ il soit possible d ‘ installer à l ‘ avenir une grande centrale à n ‘ importe quel endroit du pays et d ‘ amener le courant dans les coins les plus reculés du territoire selon les besoins. On évitera ainsi le morcellement de la production en de petites centrales au diesel peu performantes avec un coût de fonctionnement très élevé et dont la durée de vie est relativement très courte.
5) Tendre à une production accrue d ‘ électricité, en termes de milliers de mégawatts (4000 à 5000 MW), capable de satisfaire les besoins en électricité de l ‘ industrie du bien-être et des loisirs, des dizaines de chaines d ‘ hôtels qui seront construites le long de nos côtes, de nos stations balnéaires, des stades modernes de jeux, des palais des congrès dans nos différents départements, des maisons de vacance et de retraite pour personnes agées au haut de nos montagnes à climat tempéré, de l ‘ agro-industrie, de l ‘ industrie halieutique(pêche), des zones franches, des parcs industriels, des ateliers, des manufactures, des usines, des écoles, des hôpitaux, des universités etc., etc.
6) Concevoir, élaborer et pratiquer une politique de conservation de l ‘ eau: A cette fin, équiper tous nos cours d ‘ eau, de ? barrages-réservoirs ? de retenue d ‘ eau servant, soit à en assurer la régulation, soit à pourvoir à l ‘ alimentation des villes en eau, soit à l ‘ irrigation des cultures, soit à l ‘ alimentation des nappes phréatiques, soit à produire de l ‘ électricité. Aucune goutte d ‘ eau ne devrait aller se perdre inutilement dans la mer. Citernes géantes, chateaux d ‘ eau et lacs collinnaires compléteront la panoplie des moyens de conservation de l ‘ eau, sans oublier le curage et la remise en état des canaux d ‘ irrigation des terres agricoles.
7) Doter le pays d ‘ un service moderne de télécommunications permettant aux haïtiens de communiquer entre eux et avec l ‘ extérieur et favorisant l ‘ utilisation des nouvelles technologies de l ‘ information et des communications (NTIC).
8) Aménager et mettre en opération les différents Ports et Aéroports de province.
9) Edifier de nouvelles villes et de nouveaux villages en des endroits ou sites appropriés dans les différents départements afin de regrouper les populations rurales et faciliter leur approvisionnement en services essentiels de base: électricité, eau courante, téléphone, écoles, hopitaux, marchés publics, églises, centre de loisirs, stades de jeux, etc..
A partir de ces infrastructures de base modernes et fonctionnelles on pourra mettre les haïtiens au travail, libérer les forces productives, attirer des investisseurs, créer des emplois, produire des richesses, générer et développer une économie solide, en particulier une économie de service, capable de financer les solutions à nos problèmes majeurs d ‘ éducation, de santé et d ‘ hygiène publiques, d ‘ environnement (déboisement), de sécurité publique et de démocratie etc.. Notre souveraineté dans l ‘ interdépendance est à ce prix.
Avec un tel programme, le chômage sera complètement résorbé ou réduit à sa plus simple expression pour les dix prochaines années et le pays sera en mesure de garder en son sein ses ressources humaines, ses cadres, ses cerveaux, ses bras. Finis les ” boat people ” sur les côtes de la Floride, des Bahamas, de Cuba,. Finis les braceros dans les bateys dominicains etc.. Nous avons besoin d ‘ eux pour nous développer, nous avons du travail pour eux.
Pour cela, il faut repenser et surtout réorienter l ‘ aide internationale à Haïti avec l ‘ ambition de faire une oeuvre utile et durable. Car, soyons réalistes, Haïti n ‘ a pas les moyens de financer seul cet ambitieux programme.
Tout comme le pauvre a besoin de la solidarité du riche pour s ‘ en sortir, Haïti, PMA de son état, a aussi besoin, pour s ‘ en tirer, de la solidarité des pays riches, principalement de la France, Elle qui est assujettie par une obligation d ‘ ordre moral et par un devoir de solidarité vis à vis de son ancienne colonie.
Cependant, au lieu d ‘ une aide humanitaire sans fin ni cesse, le plus souvent dérisoire, à la limite contre-productive, qui, à l ‘ évidence, ne fait que maintenir Haïti dans un état permanent de pays assisté et de dépendance avilissante, la communauté riche internationale avec la France en tête, bilatéralement et à travers le PNUD, doit s ‘ engager, (dette morale et devoir de solidarité obligent), à nous apporter une aide massive en termes de milliards de dollars (5 milliards) dans la réalisation de ce programme-minimum certainement non exhaustif, mais combien indispensable pour atteindre les objectifs, chers à nous tous, d ‘ emplois productifs, de création de richesses afin d ‘ éradiquer ce mal absolu qui a pour nom: pauvreté, infortune, et exclusion sociale. C ‘ est une question de vie ou de longue agonie. Cynique!!!. Car ces quelques miettes, que l ‘ on nous jette à chaque instant, à grand renfort de publicités pour se donner bonne conscience, ne suffiront point à nous permettre de nous stabiliser pour pouvoir avancer seul: Rebâtir Haïti et édifier enfin la Nation haïtienne. De plus les pays riches doivent consentir à l ‘ élimination pure et simple de la dette externe d ‘ Haïti. Une Haïti moins pauvre, devenue désormais pays émergent, ne sera plus réduit à demander l ‘ aumône et pourra acheter davantage de produits manufacturés des pays qui l ‘ ont aidé.
Préalables ou prérequis pour consolider les fondements de la Nation haïtienne.
1) Réconciliation entre les différentes catégories sociales, entre ? moun an deyò ? et ? moun la vil ? , entre paysans et citadins, entre les bossales et les créoles, entre les riches et les pauvres, entre les patrons et les ouvriers, entre les haïtiens de l ‘ intérieur et ceux de l ‘ extérieur (diaspora) etc., avec la ferme conviction et la détermination de vouloir et de pouvoir vivre ensemble. Le pauvre doit savoir qu ‘ il a besoin du riche pour sortir de la pauvreté et de l ‘ exclusion sociale; Il doit donc ? aimer ? le riche. En revanche, le riche doit savoir qu ‘ il a un devoir de solidarité envers le pauvre. Que cette solidarité, si elle est bien pratiquée et utilisée, se révélera toujours payante. Une véritable symbiose à bénéfice réciproque en résultera: le pauvre, s ‘ il est discipliné, sortira de la pauvreté et deviendra riche et le riche deviendra plus riche. A cet effet, nous devons cultiver, développer chez tous les haïtiens le culte de la richesse et de l ‘ abondance, au lieu du culte de la pénurie et de la pauvreté. Ici, je prends le risque de blasphémer: La pauvreté est un péché!!!
2) L ‘ existence d ‘ une société civile organisée responsable, participante, consciente de ses devoirs civiques, prête à s ‘ engager et à s ‘ investir dans le milieu, dans les infrastructures de base, les Universités, les écoles, les hôpitaux etc.. et ne pas tout attendre de l ‘ Etat. Une société civile prête à se mobiliser pour dire non chaque fois que l ‘ intérêt général est menacé, sans pour autant s ‘ immiscer dans la politique politicienne. «Il faut faire, agir et non subir».
3) Réconciliation entre l ‘ Etat et la Société civile. Ces deux entités consubstantielles et inséparables, doivent coexister pacifiquement, agir en partenaires économiques et sociaux et participer ensemble, côte à côte, à la recherche et à l ‘ application des solutions aux problèmes collectifs.
4) Un système judiciaire impartial fiable, non corrompu, indépendant et non inféodé au pouvoir politique en place.
5) Respect absolu des biens privés. Respect absolu des biens publics (biens de l ‘ Etat, Patrimoine national). Respect absolu des Institutions. Respect absolu des lois.
6) Lutte implacable contre la corruption et contre l ‘ impunité.
7) Gestion saine et transparente des finances publiques.
8) Bannir et renoncer à la violence sous toutes ses formes, en particulier le ? coupé tèt boulé kay ? pour résoudre nos problèmes, politiques ou autres. Là où il y a de la violence ? coupé tèt boulé kay ? , l ‘ argent fuit, les cerveaux fuient, faisant ainsi perdre au pays les deux éléments fondamentaux indispensables à son développement économique et social. La paix sociale est indispensable au progrès et au développement économique.
9) Créer les conditions de sécurité, de justice et de fiscalité non oppressive, pour attirer les investissements nationaux et étrangers. 10) Pratiquer une poltique de décentralisation avec déconcentration (délégation de certains pouvoirs de décision aux agents ou organismes locaux) pour permettre aux énergies et potentialitiés locales de s ‘ exprimer. Il faut laisser aux populations locales et régionales la possibilité de s ‘ impliquer, de s ‘ investir.
11) ?’Dépolitiser” toutes les Institutions de l’Etat, et du pays en général, l’Ed’h, la Téléco, le Conatel, l’APN, l’AGD, L’AAN, l’OFNAC, l’HUEH, l’OFATMA, les hôpitaux publics en général, la CAMEP, le SMCRS, la Cour supérieure des comptes, la PNH, les Tribunaux, l’ONA, l’OAVCT, l’ONM, la DGI, les Archives nationales etc., etc.. Ces institutions ne doivent plus fonctionner comme des Institutions gouvernementales. Ces institutions, qui ont une fonction d ‘ utilité collective, une fonction sociale, une fonction de service publique, doivent être mises à l ‘ abri des influences partisanes le plus souvent néfastes des autorités en place (népotisme, favoritisme de clan ou de parti, clientélisme, ?’ clientélaide ” , sinécure, corruption, vol, fraude etc.) http://www.lakaymagazine.com/issues/200405/editorial.htm
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