Originally: Importants troubles pathologiques chez des ouvriers haïtiens après l’administration de vaccins
Importants troubles pathologiques chez des ouvriers haïtiens après l’administration de vaccins
L’Union des Médecins Haïtiens (UMHA) a fait d’importantes révélations ce 11 août à propos d’une opération de vaccination conduite en mars et avril derniers dans la zone franche de Ouanaminthe, région frontalière nord-est.
Les vaccins administrés aux ouvriers de la zone franche de Ouanaminthe, ont produit des effets tels que : troubles menstruels et accouchements prématurés chez les femmes, troubles de la virilité, apparition de mamelles et production de substances lactiques chez les hommes.
L’UMHA a relevé que la campagne de vaccination s’était déroulée dans un contexte de troubles, suite au départ de l’ex président Jean Bertrand Aristide et de conflits de travail au sein de la zone franche.
L’UMHA recommande que l’Etat haïtien via le Ministère de la Santé Publique et de la Population se manifeste et assume ses responsabilités pour faire luire la lumière sur le dossier.
Suivent des extraits de l’État des lieux et des conclusions établis par l’UMHA. [gp apr 11/08/2004 18:30]
« Au plan sanitaire la zone franche dispose d’une clinique « Clinica de CODEVI » dirigée par un médecin haïtien qui sera remplacé 3 à 4 jours après la deuxième campagne de vaccination par un médecin dominicain pour des raisons jusqu’ici assez troubles. Le médecin est assisté d’une infirmière (de nationalité dominicaine) de deux auxiliaires (de nationalité Haïtienne).
La clinique reçoit les cas de santé mineurs et délivre au besoin des certificats médicaux. La clinique n’a aucun rapport administratif formel avec le système sanitaire haïtien. Elle dépendrait directement des structures sanitaires du bureau central du groupe M à Santiago.
Aucune assistance sanitaire des ouvriers par le Ministère des Affaires Sociales bien que l’ONA prélèverait sur chaque ouvrier une contribution à la fin de chaque semaine. Les malades dont leurs cas nécessiteraient une consultation spécialisée ou une hospitalisation doivent eux-mêmes faire face aux coûts. Ils doivent dans ces conditions avoir recours aux services soit d’une institution sanitaire publique ou privé du département soit d’une institution sanitaire de la république dominicaine.
Des entretiens avec les différents secteurs concernés par cette problématique vaccinale, on ne pourrait souligner qu’une chose, c’est le caractère contradictoire des points de vue et des différentes positions affirmées par des différents groupes.
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La question qu’on se pose, est-ce que les responsables de la clinique CODEVI ont choisi consciemment de se dérober à tout contrôle des autorités médico-sanitaires haïtiennes pour avoir les coudées franches afin de se servir d’ouvriers sans défense comme espèces d’expérimentation ?
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Le Dr Alejandra Anido, responsable de développement et des Ressources humaines du Groupe M, responsable des activités de la clinique CODEVI, nous a souligné que la clinique avait entrepris une campagne de sensibilisation des ouvriers une semaine ou deux avant les opérations. Le Dr Claude Joazard, un Médecin haïtien qui travaillait à l’époque à la clinique Zone Franche, était chargé de cette campagne de vaccination et de motivation des ouvriers. Le docteur Anido a précisé que cette campagne a bien eu lieu.
Le Dr Claude Joazard, auditionné sur ce problème, nous a déclaré qu’il était bien au courant de la campagne de vaccination et nous a précisé qu’il était effectivement chargé de la sensibilisation des ouvriers. D’ailleurs il y a lui-même participé activement, étant allé personnellement vers les femmes enceintes pour les porter à se faire vacciner.
De la nature du vaccin ou des produits utilisés
C’est la question la plus mystérieuse et la plus épineuse de toute cette histoire. C’est le point de divergence le plus marqué entre les différents protagonistes. Pour le Dr Anido Alejandra, ils ont entrepris une campagne de vaccination contre le Tétanos pour la santé des travailleurs et les besoins de la compagnie. Les travailleurs utilisent des machines pour la confection des habits. Ils peuvent facilement se piquer et contacter par la suite le tétanos, une pathologie mortelle.
C’est la raison pour laquelle qu’ils ont entrepris ces campagnes de vaccination pour immuniser les travailleurs afin de les protéger contre cette maladie très grave. Pour cela, ils ont utilisé le Tétanos Toxoïde, recommandé par l’organisation mondiale de la Santé (OMS).
Le Vaccin se présente sous forme d’un flacon de 5cc contenant une substance transparente. Son administration ne nécessite pas de mélange. Le Dr Anido n’arrive pas à comprendre pourquoi les travailleurs se disent présenter des troubles pathologiques à la suite de l’administration de ces vaccins.
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Les travailleurs victimes de ces campagnes de vaccination semblent être d’un autre avis. Certains ont précisé qu’ils n’avaient pas vérifié la nature des substances, ils avaient eu peur, ils se fermaient les yeux en se faisant piquer. D’autres ont souligné qu’ils ne sont des expert ni en biochimie, ils ne sont non plus des médecins, une chose dont ils sont surs, on leur avait injecté un mélange de deux substances : l’une blanchâtre, laiteuse en apparence, l’autre transparente.
C’est avec le développement des troubles médicaux qu’ils ont pensé de manière rétrospective à l’injection de substances abortives ou stérilisantes. Ils pensent avoir reçu du Dépoprovera. Effectivement, le vaccin tétanos toxoïde est un vaccin sans trop grande innocuité qui peut-être administré à tous les âges, à tous les groupes d’individus : Hommes ou Femmes enceintes ou non, sauf chez les personnes qui ont une sensibilité connue ou un terrain allergique à ce produit.
L’idée d’entreprendre des campagnes de vaccination pour protéger les travailleurs contre cette grave maladie reste louable. S’agît-il vraiment du mobile réel et du véritable objectif de la direction de CODEVI à travers ces campagnes de vaccination ? A-t-on vraiment utilisé du tétanos toxoïde au cours de ces campagnes de vaccination ? Remarquons que si les points de vue des Docteurs Anido et Joazard se rencontrent sur la nature de la dénomination de la substance mais ils divergent sur la présentation. Si le Tétanos toxoïde a été le seul produit utilisé au cours de ses campagnes de vaccination, il demeure curieux de dénombrer autant de cas à la même époque dans une population d’ouvriers aussi restreinte.
Conclusion
Initialement la commission s’est donnée comme mission de répondre aux questions suivantes : Quel a été le but réel de cette campagne de vaccination ? La nature exacte du ou des produits injectés ? Les effets secondaires de ces produits ? Les plaintes des victimes sont elles fondées et réelles ? Les liens de causalité entre les complaintes des victimes et les produits administrés.
A l’issue de cette mission, grande est la frustration de la commission de ne pas pouvoir toujours répondre de manière exhaustive à chacune de ces interrogations. Cependant à partir des témoignages et visite des lieux, consultation des dossiers la commission a pu constater les faits suivants :
1- Il existe une clinique à la zone franche de CODEVI pour les ouvriers, dont le fonctionnement est régi uniquement par les institutions sanitaires de la République Dominicaine sans aucun rapport, voire un certain contrôle du MSPP ou du Ministère des Affaires Sociales.
2- Tous les ouvriers ainsi que le médecin (Dr Joazard) de la clinique CODEVI affirment à l’unanimité que les campagnes de vaccination ont lieu aux mois de mars et avril 2004, contrairement au calendrier fourni par le responsable de la clinique CODEVI.
3- L’absence d’un carnet de vaccination précisant la date, la dose et la nature du vaccin administré.
4- La plupart des complaintes des ouvriers portent sur les organes génitaux et apparaissent entre une semaine à un mois après la deuxième campagne de vaccination.
5-A coté du tétanos Toxoïde qu’on a pensé avoir été administré dans la grande majorité des cas, il faut accentuer les recherches pour éliminer l’utilisation de substances à visée abortive, contraceptive voire stérilisante au cours de ces campagnes de vaccination (les prostaglandines).
Recommandations
1-Urgente nécessité pour l’Etat haïtien via le Ministère de la Santé Publique et de la Population de se manifester et d’assumer ses responsabilités pour faire luire la lumière sur les points suivants :
les objectifs réels et les modalités de ces campagnes de vaccinations
nature exacte des produits utilisés au cours de ces campagnes. Les tests immunologiques et la chromatographie seraient indiqués dans ces conditions vu les délais de ces injections.
2- Nécessité de contrôle et de renforcement des services sanitaires fournis aux ouvriers par le MSPP et le Ministère des affaires Sociales.
3- Assistance psychologique aux ouvriers présentant des complaintes à l’issu de ces campagnes de vaccination.
4- Mise en place d’un plan de surveillance à moyen et à long terme de l’état de santé des ouvriers présentant des troubles qui seraient liés aux campagnes de vaccinations. »