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Actualités Politiques : Grandes Lignes
L?insécurité persiste. Le désarmement n?est pas encore entamé. On attend anxieusement l?exécution des calendriers de décaissement. Au CEP, le panier à crabe se porte bien et fonctionne à merveille.
On a l?impression qu?après l?élection, on n?a pas consenti totalement au résultat en faveur de la présidente élue. La rotation de la présidence que propose Hubert de Ronseray et qu?appuie Mgr Guire Poulard, n?est que l?annulation pure et simple du résultat de l?élection. Or ce n?est précisément pas l?élection qui est en cause. On a travaillé du jeudi 5 au vendredi 6 août, jusqu’à 2 heurs du matin, et on se félicite d?avoir obtenu un accord signé pour mettre-fin aux échanges d?insultes. On a précisément pris l?effet pour la cause, sans résoudre le problème. Mis à part les incompatibilités de caractère, les prérogatives que la présidente a exercées, recrutant sans l?approbation de la commission de recrutement, dans des domaines clés tels que la comptabilité et les opérations électorales, situent clairement le conflit, dans le cadre du contrôle de la fonction de recrutement.
Les conseillers électoraux se sont malheureusement entendus sur l?application des règlements internes du CEP dirigé par Alix Lamarque, adoptés le 26 mars 2001, qui centralisent le contrôle du CEP entre les mains du président du conseil. Tout passe par sa supervision au sein de l?institution électorale.
Le président représente le CEP auprès du gouvernement, de la population et des instances nationales et internationales. Il dirige les réunions du Conseil et est responsable de l?organisation et de la supervision des activités administratives et techniques de l?institution. Le président veille au respect des règlements intérieurs et du code de déontologie en référant les contrevenants au Conseil pour les sanctions éventuelles. Il contrôle et supervise les décisions prises par le Conseil, signe avec le secrétaire général toutes les correspondances du Conseil et avec le trésorier tous les chèques émis sur les comptes du CEP. Avec le président de la commission de recrutement, il signe les avis de nomination ou de révocation agréés au Conseil. Il assume la coordination de toutes les instances gouvernementales ayant à collaborer avec le CEP dans le cadre de la tenue des élections.
En d?autres termes, ces règlements internes, plaçant sur le président du CEP presque la totalité des responsabilités, lui confèrent réciproquement presque la totalité des pouvoirs. Le problème est qu?on a consenti à mettre en application sans modification, par paresse ou par complaisance, des règlements internes conçus par des fonctionnaires d?un régime autoritaire caractérisé par la concentration absolue du pouvoir et on s?étonne maintenant du résultat. Si la présidente se comporte en Ayatollah, c?est évidemment à partir des pouvoirs et des responsabilités que lui confèrent ces règlements internes. La rotation de la présidence tous les 3 mois, servira à quoi ? A banaliser la présidence ! Mais, pas à décentraliser les pouvoirs au CEP. On aura 9 Ayatollahs qui attendront leur tour pour imposer leurs points de vue, défaire ce qui a été fait et faire à leurs guises. Cette solution amènera à la pagaille et non à la décentralisation du pouvoir du président du CEP. On a besoin d?un et d?un seul président pour maintenir la cohérence et la cohésion de l?institution. On n?a pas besoin de solution charlatanesque. Si dans cette conjoncture, post-lavalas, il faut à ce CEP une ambiance plus décentralisée pour que les délégués des différents secteurs puissent participer plus efficacement et plus directement à la gestion de l?institution électorale, qu?on modifie ces règlements internes ou qu?on adopte de nouveaux règlements internes qui reflètent les exigences de cette conjoncture. On ne négocie pas, on ne s?accommode pas à une loi qui est en conflit avec la réalité, on l?amende ou on la remplace.
En outre, la formule utilisée pour organiser ce CEP, adoptée en septembre 2001 (l?accord initial), est en conflit avec l?évolution conjoncturelle. L?intention en 2001, était de négocier le partage du pouvoir entre le gouvernement lavalas et la convergence. Ce n?est plus le cas aujourd?hui. Lavalas n?est plus au pouvoir. Les partis qui formaient la convergence, ont annoncé officiellement, qu?ils ont rejoint d?autres regroupements politiques en vu de consolidation ou de fusionnement doctrinal et idéologique, : Le Grand Front du Centre Droit, l?International Socialiste etc. Le résultat net est, qu?après ces efforts de consolidation et de fusionnement, les partis qui constituaient la convergence sont en train de se transformer en instruments politiques nouveaux. La convergence telle qu?elle était organisée et qu?elle fonctionnait, n?est plus. Elle est devenue une coquille vide. Maintenant, les partis non-alignés, le sont par-rapport à quoi ? De même que l?application des règlements internes du CEP du régime déchu est la cause du malaise qui handicape le fonctionnement du nouveau CEP, parce qu?ils ne siéent pas à la conjoncture, en conférant trop de pouvoir à la présidente ; La formule utilisée pour la formation du nouveau CEP devrait donner un droit de regard plus large aux partis politiques, mais sans leurs conférer le pouvoir décisionnel, pour éviter tout conflit d?intérêt.
Entre-temps, le conseiller Patrick Féquière le représentant des partis non-alignés continue d?exiger la formation d?une commission d?enquête autour de l?implication éventuelle de la conseillère Josefa Gauthier dans une affaire de stupéfiants. Mme Gauthier, le 9ème membre du CEP, a été choisie, pour combler le vide laissé par lavalas. Elle s?est inscrite en faux contre ces accusations et a souligné qu?elle n?a jamais été l?objet d?une décision judiciaire. Peu importe que ces accusations viennent des lavalassiens, le CEP devrait se prononcer officiellement, pour enlever tout soupçon.
Jusqu’à présent l?insécurité continue à poursuivre sans répit sa courbe ascensionnelle. C?est journellement que les crimes les plus odieux sont rapportés par les médias. Que ce soit sur les routes nationales, dans les villes comme dans le milieu rural, personne n?est exempt ! Les chimères armées, les criminels évadés des prisons, les criminels refoulés vers Haïti par les Etats-Unis, les gangs des bidon-villes, tous se mêlent de la partie pour gagner leur vie par la violence, au dépend d?une nation, qui est aux abois. C?est un cauchemar qui perdure et qui est en train de détruire la qualité de vie de tout un peuple. Certes, il y a eu des arrestations, mais jusqu’à présent on ne sent aucun ralentissement dans cette course folle de violence qui détruit les vies et les biens. Il est évident qu?avec cette injection massive d?argent, un milliard et demi de dollars d?aide étrangère à absorber dans l?espace de 2 ans, l?insécurité aura un effet très nocif, qui provoquera une inflation galopante, faisant plus de tort que de bien à un peuple qui est à bout de souffle et qui n?en peut plus. Réduire l?insécurité est aussi important que la gestion des calendriers de décaissement. C?est la coordination et la maîtrise des deux, qui contribueront à la pacification de cette situation extrêmement volatile.
Les ultimatums, les convocations, les défis lancés par les ex-militaires, tendent à envenimer la situation et à mettre en évidence la nécessité d?établir l?autorité de l?état et d?exécuter le désarmement. Malgré l?offre d?insertion dans l?institution policière, l?effort de coordination entrepris par un comité d?ex-hauts gradés, de l?armée démobilisée, pour identifier ce qui appartenaient au corps, entre 1994 et 1995, des rebelles jouissant du port d?arme extra-institutionnelle, persistent à exiger la réhabilitation immédiate de l?armée et à faire la loi dans les départements du Centre, du Nord et d?autres zones. Le fait que le représentant du secrétaire général de l?ONU, en Haïti l?ambassadeur Juan Gabriel Valdes ait dit, que l?ONU ne reconnaît que l?autorité de la police, que le désarmement se fera avec modération et qu?il faut plus de troupe pour exécuter ce projet efficacement, exprime ostensiblement et sans équivoque, que la volonté et l?intérêt politiques du gouvernement et du milieu international, sont indubitablement pour le désarmement et non la négociation. Les rebelles doivent comprendre que la persistance à vouloir remplir le rôle d?autorité constitué, les ultimatums, les défis, sont interprétés comme des provocations et des actes d?intimidation et non comme des réclamations légitimes de droits constitutionnels. Ils ont participé dans la lutte contre le régime lavalas, au même titre que tous ce qui ont payé de leur vie et versé leur sang dans le grand mouvement insurrectionnel anti-lavalas. Aujourd?hui, tous ces citoyens, peu importe leur credo politique, les sacrifices qu?ils ont consentis, le courage qu?ils ont démontré, acceptent à se soumettre au respect de l?autorité de l?état.
Si vous ambitionnez des partenariats avec certains secteurs politiques, pour que vous les aidiez à confisquer les prochaines élections ; rappelez-vous qu?être responsable du pouvoir d?autrui, c?est s?exposer à être sa plus prochaine victime. Le besoin d?émancipation pour s?affirmer, l?obligera à vous détruire. Je vous réfère pour illustrer ce fait, au comportement de François Duvalier envers ceux qui l?ont aidé à conquérir le pouvoir, les estimistes, qu?il a détruits, et l?armée d?Haïti qu?il a fauchée et domestiquée. Je vous réfère à celui d?Aristide envers le FNCD et l?armée qui ont organisé ses élections et l?ont catapulté au pouvoir. Le jour de sa prestation de serment, il a fait d?une pierre 3 coups. Il a décapité le haut état major, créé un nouveau parti politique (OPL), et jeté le FNCD au rancart. Sergents et caporaux ne soyez pas les dindons de la farce !