Ce n?est pas assez de dire que le CEP  traverse une période de grande turbulence, comme le titre la  presse électronique du jour. On ne devrait pas hésiter à parler de catastrophe, d?échec lamentable. Notre journaliste qui poursuit ses recherches sur le conflit  rapporte les points de vue de ceux que nous pourrions appeler les représentants des deux blocs antagonistes au sein de l?organisme électoral (p.3), en l?occurrence, MM. François Benoît et Patrick Féquière. Intervenant à l?émission Ranmase de Radio Caraïbes FM, le samedi 31 juillet, leur confrontation acrimonieuse a fait comprendre aux auditeurs à quel degré de pourrissement est parvenu le conflit. Non pas tant en raison de la gravité des accusations dont l?une et l?autre partie font état. Mais le fait même que cet organisme, constitué dans les circonstances politiques que l?on sait, se révèle incapable de maîtriser des problèmes de gestion apparemment simples, préfigure son incompétence à résoudre des problèmes électoraux autrement plus ardus. Il est clair que la mission du CEP politiquement délicate et techniquement complexe nécessite une vision claire de la chose électorale, des compétences éprouvées et une cohésion sans faille assurée par un leadership éclairé et des personnalités de haute exigence. Ne mâchons pas nos mots, ce CEP se discrédite et le discrédit rejaillit sur ceux qui ont contribué à sa formation. Le comble est d?entendre dire par un des intervenants à la radio que la présidente Roselor Julien a écrit à l?un des conseillers qu?elle est l?envoyée de Dieu, que sa présence au sein du CEP ressort d?une mission divine.


Et avec ça, on doit subir les incantations des hommes politiques à la radio. Un assaut de recommandations, de conseils, de mises en garde et de suppliques comme si les uns et les autres – présents sur toutes les scènes et dans tous les lieux de palabres, allant d?une confusion à l?autre – étaient en mesure de peser de leur poids (plume) pour freiner une telle dégénérescence. Certains, gesticulateurs de haut vol, peuvent passer leur temps à s?illusionner sur leurs forces. Je comprends que cette situation jette la classe politique dans une grande inquiétude, proche de la panique. Encore faut-il que cette panique soit salutaire, qu?elle provoque un sursaut de modestie et de rigueur chez les multitudes de groupements, fronts, grands fronts et autres regroupements qui avancent en ordre dispersé vers le pouvoir à prendre. Qu?ils comprennent une fois pour toutes qu?il n?y a de salut et d?avenir pour quiconque en dehors de la démarche d?élaboration d?un pacte politique qui garantisse les règles du jeu, établisse les modalités de fonctionnement strict et des procédures d?arbitrage, le CEP devant être compris dans cette opération. En attendant un pacte social ou un contrat, comme on veut, qui laisse pressentir de façon convaincante, c?est-à-dire concrète et documentée, un virage vers une nation de citoyens.