Originally: Propositions pour le règlement du dossier des militaires démobilisés

Emission Face à l’Opinion, Radio Maxima, Cap-Haitien, Haiti. opinionmaxima@yahoo.com 


Justification
Le Gouvernement de transition ne peut pas cautionner les actes arbitraires et inconstitutionnels de Jean-Bertrand Aristide. Les agissements de Jean-Bertrand Aristide constituent une violation de la Résolution 940 de l?Organisation des Nations Unies.  Il faut une décision ferme (arrêté, décret etc.) pour laver l?affront fait aux soldats des FAD?H et créer la confiance.


La question des Forces Armées d?Haïti ne peut dépendre des l?issue des élections. Un droit Constitutionnel ne s?aurait être objet d?élections. Ce serait créer un nouveau précédent. Demain, n?importe quel Président pourra renvoyer une Force constitutionnelle sur laquelle il n?a pas d?emprise, demandant à ses membres, fonctionnaires de l?Etat, d?attendre des élections pour confirmer leur droit d?existence. La constitution de 1987 prévoyait de telle situation. En ses articles 267-2, 267-3, 267-4 et 267-5, elle stipule des procédures de révocation, de mise en disponibilité, de sécurité matérielle, etc.  Laisser le dossier des FAD?H au compte du nouveau parlement serait une imprudence quand on considère les positions populistes et démagogiques «pour ou contre » l?armée qu?un tel dossier entraîneraient. Le dossier des FAD?H peut aider lavalas à conserver un certain électorat si rien de concret n?est pas envisagé quand on considère que d?aucuns ont peur des répressions commises par certains éléments négatifs de l?armée durant le coup d?état. Ceci dit, la campagne électorale de 2005 pourrait être l?objet « des partisans des FAD?H face à ceux de la PNH-chimérisée ». Au fait, le traitement de la question de l?existence des FAD?H est une nécessité.  L?avenir d?Haïti en dépend largement.


Sur le plan diplomatique, le dossier n?est pas tout à fait gênant.


1. Il  y va  de l’intérêt de la communauté internationale qu?il ait de la stabilité politique en Haïti. Il y a en Haïti des réseaux de malfaiteurs liés à Lavalas qui croient pouvoir perturber la paix sociale pour  faire de la présence d?Aristide le leader capable de garantir la paix en Haïti. Jean-Bertrand Aristide – à Pretoria – s’est dit prêt à négocier avec les Nations Unies, la France et les USA pour son retour en Haïti. Il est politiquement faible, la violence en Haïti, est dans son intérêt. Cela lui permettrait d’obtenir le résultat escompté: des pourparlers entre lui et la Communauté internationale. Les militants lavalas sont sans pitié. 


2. Lavalas n?a aucune alternative après son refus de prendre part aux prochaines joutes électorales. Ces derniers ne vivent que du clientélisme, ils accepteront difficilement de n?être pas au pouvoir ou d?être gardés en marge de l?administration. Ils se montreront nuisibles et invincibles.


3. La police nationale n’a ni le courage ni les tactiques des FAD?H surtout en ce qui a trait aux actions anti-guérilla. Au cas ou des militants lavalas, appuyés de Ben Dupuy de PPN: Parti Populaire National, organiseraient la guérilla, seuls les militaires pourraient agir efficacement et contrer la menace. Les intérêts de la communauté internationale seraient pris pour cibles. Aristide accuse déjà les Etats-Unis et la France d’enlèvement sur sa personne.


4. On ne saurait compter sur les troupes des Nations Unies pour la sécurité en Haïti. Les USA viennent d’avoir une mauvaise expérience avec les troupes espagnoles. N’importe quel évènement peut entraîner le départ de troupes étrangères et  nous laisser dans la violence comme en Somalie, avec des cas de Kidnapping comme en Colombie. Seules les troupes nationales peuvent garantir en permanence la sécurité nationale avec, bien sûre, le support de la communauté internationale. Il ne faut pas oublier qu’Aristide avait provoqué le départ des troupes de l’ONU avant les élections de 97, grâce à des manifestations violentes de ses partisans. Le départ de l’ONU avait laissé place aux gangs lavalas. Le vide laissé par les Forces Armées d’Haïti doit-être comblé. Et le moment s?y prête semble-t-il.


5. Les soldats des Forces Armées d’Haïti sont à la base du départ d’Aristide. Les Etats Unis ne peuvent commettre l?imprudence de laisser des troupes armées dans la Nature. Il serait de bon augure que les militaires qualifiés soient regroupés dans des camps avec une chaîne de commandement appropriée. Il y a beaucoup d’armes en circulation. Les Militaires n’auraient aucun problème à trouver d?autres armes pour refaire une action politique comme celle qu’on vient de vivre. Il faudrait les mettre sous contrôle c’est à dire sous le commandement d’une hiérarchie militaire. Cette hiérarchie pourrait avoir un nom différent. Par exemple, on pourrait l’appeler: Force de sécurité Nationale. Les soldats auraient des armes légères, pas de tanks ni d’engins lourds. Ils assureraient la sécurité routière, frontalière et garderaient l’intérieur du pays. Les villes seraient aux mains de la police. Le nombre des soldats des ex-FADH capables de travailler au sein de telles forces n’est pas imposant. Donc c’est faisable. 


6. Les pires ennemis de la transition politique actuelle sont le populisme et le clientélisme. Il ne faut laisser les revendications des militaires comme sujet électoral. Des populistes et démagogues feraient de ce sujet leur point de campagne et gagneront les élections sans un réel débat sur des questions socio-économiques et le futur d’Haïti. Une résolution de ce problème laisserait sans base beaucoup de leaders populistes qui fondent leur popularité sur les problèmes de l’armée. Cela  ne ferait que menacer l?avenir du pays.


 7. La Communauté internationale menée par les USA doivent avoir le courage de traiter le problème avec le gouvernement. Il ne faut pas commettre l’erreur de 1994, c’est- a-dire ne pas traiter les problèmes en profondeur pour ne pas subir certaines pressions. Cette situation met la transition sur  une corde raide, elle peut en constituer un enjeu majeur.


Si les gans lavalassiens constituent le mal, les militaires haïtiens ont une capacité dissuasive qu’on pourrait qualifier d’antidote. Le désordre et les destructions connues après le départ de Jean-Bertrand Aristide sont dus à l’absence des Militaires haïtiens qui avaient contribué par le passé à l’instabilité politique certes, mais l?ignorance de leur dossier ou un semblant de son traitement par le pouvoir constituent un faux-fuyant et  n’arrange en rien la situation. Le comble est que, l?absence d?une décision en leur faveur entraînerait leur  récupération par des populistes. Aigris, humiliés, chômeurs, ils pourront s’allier à d’autres insatisfaits tels : les victimes des coopératives pour prendre par surprise la stabilité et influencer la politique de la transition en faveur d’un autre « papa bon c?ur » : un leader paternaliste.


Il serait inconcevable qu’avec le niveau d’insécurité que connaît Haïti, que le gouvernement et la communauté internationale ne voudraient pas l’intégration des anciens militaires. Les  intégrer serait un bonne décision. En ce cas , il faudrait les trier sur le volet.


Aux anti-militaires haïtiens nous dirons que les armées chilienne, brésilienne, argentine, etc. ne sent pas les meilleures en Amérique latine. A ceux qui n?analysent qu?en fonction de la situation économique, nous dirons que les Nations Unies au Libéria sont en train de former une armée et une police civiles alors, pourquoi pas en Haïti.


 


 


Décisions envisageables


 


Ce que le gouvernement devrait faire s?il n?y avait pas des contraintes


 


a)      Décider de la reconstitution constitutionnelle des forces armées d?Haïti (FAD?H) en conseil des ministres.


 


b)      Nommer un Commandant en Chef des FAD?H assisté d?un Etat-major avec pour mission de planifier la reprise des services des FAD?H et le commandement des opérations de Sécurité nationale.


 


c)      Former un Corps d?intervention et de Sécurité nationale avec un effectif d?environ 1000 soldats pour la sécurité des frontières, la sécurité routière et le désarmement. Les non qualifiés  serviraient comme agents de sécurité des bâtiments publics, des ministères ou des entreprises publiques. Les moins actifs seraient des réservistes  du Corps d?intervention et de sécurité nationale. Les soldats qui remettraient des armes de guerre auraient en échange des armes non automatiques pour la sécurité de leur domicile. 


 


Ou : Ce que le gouvernement doit faire


 


a)      Saisir, par décision du Conseil des Ministres, la Cour de cassation sur la légalité des actes de Jean-Bertrand Aristide contre les FAD?H. Un arrêt de principe s?en suivrait. Cela ouvrirait les avenues juridico-politiques et mettrait le gouvernement à l?abri des thèses anti-FAD?H.


 


b)      Former un Corps d?intervention et de Sécurité nationale attaché au Conseil Supérieur de la Police nationale CSPN avec un effectif d?environ 1000 soldats pour la sécurité des frontières, la sécurité routière et le désarmement. Les non qualifiés  serviraient comme agents de sécurité des bâtiments publics, des ministères ou des entreprises publiques. Les moins actifs seraient des réservistes  du Corps d?intervention et de sécurité nationale. Les soldats qui remettraient des armes de guerre auraient en échange des armes non automatiques pour la sécurité de leur domicile.


 


c)      Conformément à la décision de la Cour de cassation, le gouvernement décidera ou nom de former une Commission Militaire pour évaluer les besoins des FAD?H. Une requête sera introduite au Conseil de Sécurité des Nations Unies en ce sens. Elle demandera au Conseil d?appuyer à partir de 2006 la reconstitution d?une armée professionnelle se le v?ux de la constitution de 1987 et l?esprit de la Résolution 940 des Nations Unies.


 


 


 


 


 


 


 


 


 


Cyrus Sibert


Analyste et Commentateur politique


Emission Face à l?Opinion de Radio Maxima


Cap-Haïtien, Haïti.


15 juillet 04