Par Stéphanie SAVARIAUD
mercredi 02 juin 2004 (Liberation – 06:00)
Johannesburg de notre correspondante
«Inoubliable». Après avoir remercié le gouvernement sud-africain pour cet «asile temporaire jusqu’à ce que la situation se normalise en Haïti», selon l’expression de Pretoria, Aristide a qualifié son arrivée en Afrique du Sud de «nouveau chapitre inoubliable de l’histoire africaine». «Au lieu d’être accueillis en Europe, nous sommes accueillis en Afrique, notre continent maternel», a-t-il dit. La «renaissance africaine», chère au président sud-africain, semble, en effet, au coeur de la décision du pays d’accueillir le chef de l’Etat haïtien, renversé le 29 février. Lors des célébrations du bicentenaire de la révolution haïtienne, en janvier, Mbeki était le seul Président à s’être déplacé pour saluer la «première république noire de l’histoire». Le départ, un mois plus tard, d’Aristide, qui s’est dit victime d’un «putsch» mené par les Etats-Unis, a apporté encore un peu plus d’eau au moulin de la doctrine de Mbeki. «L’Afrique du Sud a une responsabilité, en tant que pays africain et en tant que membre de la communauté internationale, d’assurer que la démocratie et la paix prévalent en Haïti et que les Haïtiens puissent choisir leur Président», a fait savoir le vice-ministre des Affaires étrangères, Aziz Pahad. Une façon pour Pretoria de s’affirmer comme un leader du monde en développement contre l’unilatéralisme américain. Critiques. Pourtant, tout le monde n’a pas accueilli Aristide à bras ouverts. «La plupart des Sud-Africains se fichent d’Haïti», écrivait hier The Citizen, le journal conservateur blanc. Quant à l’opposition, elle demande combien le «séjour» de l’ancien président Haïtien va coûter. Aristide est pour l’instant logé à Pretoria dans l’une des guest-houses présidentielles, à quelques encablures du bureau de Mbeki. «L’Afrique du Sud devrait se méfier, elle pourrait devenir un havre pour les leaders rejetés par leur population», a, pour sa part, commenté l’hebdomadaire Mail and Guardian.
ne brochette de ministres et de diplomates attendait Jean-Bertrand Aristide et sa famille à leur descente de l’avion présidentiel sud-africain, lundi, à l’aéroport international de Johannesburg. Thabo Mbeki, le chef de l’Etat sud-africain a donné l’accolade au président haïtien déchu, qui en est à son troisième pays d’accueil après le Centrafrique et la Jamaïque.