Michel Barnier a achevé samedi 15 mai une visite de 24 heures en Haïti, la première d’un ministre français des affaires étrangères en deux cents ans d’indépendance, au cours de laquelle il a réaffirmé l’engagement de la France de participer à la “reconstruction politique et économique d’Haïti”.


“Vous n’avez pas besoin de tutelle, mais nous sommes là pour vous accompagner”, a déclaré M. Barnier au premier ministre haïtien Gérard Latortue qui s’est publiquement félicité de voir son pays “renouer avec la France des relations d’un type nouveau”. M. Latortue, qui avait été reçu jeudi à Paris par Jacques Chirac, avait souhaité que la France vienne en aide à l’économie haïtienne, en fournissant une “ligne de crédits qui serait mis à la disposition des entreprises françaises pour réaliser des travaux d’infrastructures, notamment dans le secteur énergétique et le secteur routier”. Dans un entretien au Monde (daté du mercredi 13 mai), le chef du gouvernement haïtien avait chiffré les investissements nécessaires (électricité, route, santé, éducation) à environ 170 millions d’euros sur cinq ans.


SIGNATURE D’UNE CONVENTION FINANCIÈRE


Les relations franco-haïtiennes, très tendues sous la présidence de Jean Bertrand Aristide, se sont nettement réchauffées ces derniers mois, M. Latortue ayant officiellement invité le président Jacques Chirac à se rendre dans le pays, ce qui serait une première depuis l’indépendance de 1804.


Alors que sous la présidence de Jean-Bertrand Aristide Haïti réclamait à la France le remboursement de la “dette de l’indépendance”, qu’il évaluait à 21 milliards de dollars, M. Latortue a assuré à Paris que cette réclamation n’avait aucune base légale.


Michel Barnier a ainsi signé une convention financière pour l’octroi d’une aide budgétaire directe d’un million d’euros pour payer les arriérés de salaire des fonctionnaires des ministères de la santé et de l’éducation nationale. Auparavant M. Barnier avait félicité les militaires français de la force multinationale intérimaire pour avoir donné en Haïti “une image intelligente de la France, qui n’est pas arrogante”.


Il s’était ensuite rendu à Dessalines, au nord-est de la capitale, accompagné d’une délégation d’élus de la Savoie, région dont est originaire le ministre, visiter un projet de coopération entre la ville et le département français. Outre la délégation savoyarde, M. Barnier était également accompagné d’élus de la ville de Suresnes et des Antilles, notamment guadeloupéens et a fait au cours de sa visite l’apologie de la coopération décentralisée entre entités régionales de la Caraïbe ou de France.


Il a également brièvement rencontré au Palais National de Port-au-Prince le président provisoire Boniface Alexandre et participé à un déjeuner offert par la Chambre haïtiano-française de commerce. Il a estimé à cette occasion que l’intervention de l’ONU en Haïti était une “assistance internationale à un peuple en danger”, qu’il fallait “distinguer entre la justice de la vengeance” mais qu’il y avait “le droit à réparation des victimes et le droit à la sanction pour ceux qui ont franchi la ligne rouge”.


La France a été l’un des principaux contributeurs à la force intérimaire multinationale déployée sous mandat de l’ONU après le départ en exil de M. Aristide le 29 février, avec une présence que le général Henry Clément-Bollée, commandant les forces françaises des Antilles, a chiffrée samedi à 1 200 soldats, dont 1 000 sur le terrain. Elle devrait également participer à la future force des Nations unies en Haïti.


Le ministre a terminé sa visite en rencontrant des étudiants de la Faculté d’Agronomie de Port-au-Prince puis en s’entretenant avec les responsables politiques haïtiens de toutes tendances et des membres de la communauté française à la résidence de l’ambassadeur de France, Thierry Burkard.


Avec AFP