Originally: Lettre Ouverte à la Commission Inter-Américaine des Droits de l’Homme

Lettre Ouverte à la Commission Inter-Américaine des Droits de l’Homme


Graves Menaces de Mort contre les Pérsonalités Haïtiennes:  la CIDH alertée


www.nchrhaiti.org 


 Port-au-Prince, le 19 février 2004


 Monsieur Santiago Canton


Secrétaire Exécutif


Commission Inter – Américaine des Droits de l?Homme


 Monsieur le Secrétaire Exécutif,


 La Coalition Nationale pour les Droits des Haïtiens (NCHR), organisation nationale de défense des droits humains, sise au numéro 9 de la rue Rivière, Port-au-Prince, Haïti et représentée par son Directeur, Monsieur Pierre Espérance  ;


 A l?honneur de vous exposer ce qui suit :


 


Le 13 janvier 2004, un commando, lourdement armé, ayant à sa tête le nommé Fritz Innocent alias Fritzner Noncent, membre de l?Unité de Sécurité du Président de la République a bousillé, dans les hauteurs de Boutilliers, les émetteur ? récepteurs de plusieurs stations de radios et télévision après de nombreuses menaces verbales proférées par des officiels, partisans et sympathisants du pouvoir en place contre la presse indépendante.


 


Les responsables de cette barbarie ont été identifiés et dénoncés publiquement le jour même de cet acte criminel inqualifiable.  Le Commissaire du gouvernement près du Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince, Me Riquet Brutus, qui n?a jamais raté l?occasion de montrer sa détermination et la sévérité de son parquet dans la persécution politique des citoyens hostiles au gouvernement lavalas, s?est rendu sur les lieux dans le délai de la flagrance mais a étrangement choisi de ne pas mettre l?action publique en mouvement contre les personnes dénoncées par la clameur publique comme auteurs, complices et commanditaires de ce crime odieux.


 


Suite aux révélations faites par Roger Binry, un militant lavalas, dans des déclarations faites à la presse et dont copie du contenu authentifié est annexée à la présente plusieurs Directeurs de médias ont décidé depuis plus d?un mois, de saisir directement le cabinet d?instruction par une plainte formelle avec constitution de partie civile.  Mais le Commissaire du gouvernement se garde, aujourd?hui encore, pour des raisons inconnues du public, de prendre son réquisitoire d?informer en violation de la loi régissant la matière qui lui fait obligation de le faire sans délai.  L?enquête se trouve donc entravée et les possibilités de disparition des indices et des témoins sont énormes.  Il s?agit là d?un cas classique de blocage.


 


Monsieur le Secrétaire Exécutif,


 


Le 17 février 2004, sur les ondes de plusieurs stations de radio de la Capitale, le Père Joachim Samedi, Prête Catholique, ancien Curé de la Paroisse de Saint-Hélène à Jérémie, a rapporté les confidences a lui faites par le Sénateur Louis Gérald Gilles, Premier Secrétaire du bureau du Sénat de la République, Médecin et ami personnel du Chef de l?Etat, son Excellence Monsieur Jean Bertrand Aristide: « Le Président Jean Bertrand Aristide est malade, il est comme une bête traquée, comme un fou. Il perd son sommeil parce qu?il ne trouve pas encore la meilleure opportunité pour faire éliminer physiquement  les journalistes Sony Bastien  et Liliane Pierre-Paul de Radio Kiskeya, Euvrard Saint Armand de Radio Caraïbes F.M., Marie Lucie Bonhomme de Vision 2000, Monseigneur Guire Poulard, Evêque de Jacmel, l?ancien Président René Préval et le Père Joachim Samedi lui-même ».  Une copie de la bande sonore desdites déclarations est annexée à la présente.


 


Intervenant dans une émission spéciale à Radio Vision 2000, le Sénateur Gilles est resté évasif et n?a voulu ni confirmer ni infirmer ces déclarations.


 


La Présidence de la République n?a toujours pas réagi à ces graves révélations.  Plusieurs listes de personnes à abattre contenant les noms des journalistes ci-dessus désignés circulent depuis quelques jours à Port-au-Prince et les partisans du pouvoir multiplient les menaces contre la presse indépendante rendant difficile voire explosive l?atmosphère de travail des journalistes.  Plusieurs stations de radio ont été saccagées ou incendiées à Saint-Marc, aux Cayes, à Petit-Goâve, au Cap-Haïtien et nombre de journalistes ont été contraints de se mettre à couvert.


 


Faut-il rappeler qu?en décembre 2001, suite à des menaces du même genre, le journaliste Brignol Lindor a été assassiné à Petit-Goâve à coup de machettes, de piques et de pierres ?


 


La NCHR prend très au sérieux ces graves menaces et, compte tenu du fait qu?il est aujourd?hui impossible d?exercer un quelconque recours par devant les instances judiciaires nationales, vous prie :


 


1-     d?intervenir auprès des autorités constituées en Haïti pour que la sécurité des personnes visées par ces menaces soit assurée ;


 


2-    d?ouvrir immédiatement une enquête autour de ces menaces ;


 


Dans l?espoir que suite utile sera donnée à la présente, la NCHR vous prie de recevoir, Monsieur le Secrétaire Exécutif, ses respectueuses salutations.


 


 


 


 


Pierre Espérance


Directeur


 


 


P.J. :              


¨      Copie des déclarations de Roger Binry


¨      Bande sonore des déclarations du Père Joachim Samedi


¨      Bande sonore des déclarations du Sénateur Louis Gérald Gilles


¨      Bande sonore des déclarations des militants Lavalas Paul Raymond et René Civil


¨      Bande sonore des déclarations de l?ex-Député Lavalas  Nawoon