Selon Ottawa, la rencontre sur Haïti constitue un pas dans la bonne direction
PAR ISABELLE RODRIGUE
OTTAWA (PC) – La rencontre des chefs d’Etat des pays des Caraïbes sur la situation en Haïti, qui s’est terminée mercredi, laisse entrevoir une lueur d’espoir, estime le ministre canadien des Affaires étrangères, Bill Graham.
“On a franchi un pas important(…) Cette réunion, à mis en train un processus qui a au moins une chance de réussite, ce qui est mieux qu’hier, où (le scénario) était très noir”, a-t-il déclaré lors d’une conférence téléphonique quelques heures après la fin de la réunion spéciale de la Caricom (Communauté et marché commun des Caraïbes).
La rencontre de deux jours, qui s’est déroulée aux Bahamas, a d’abord permis de jeter un pont entre la Caricom et les représentants de l’opposition au président haïtien Jean-Bertrand Aristide. L’affaire n’était pas gagnée d’avance puisque l’opposition ne cachait pas son scepticisme face à la Caricom, qu’elle croyait en faveur du président haïtien.
“Ce qui a changé, aux Bahamas, c’est qu’il y a au moins un commencement de dialogue où la Caricom a démontré sa crédibilité à l’opposition. Donc, l’opposition accepte que Caricom agisse un peu comme entremetteur dans la situation”, s’est réjouit M. Graham, qui fonde de grands espoirs dans les efforts de l’organisation des pays des Caraïbes.
Au terme de la réunion, les chefs d’Etats de la Caricom ont convenu de dépêcher, la semaine prochaine, le premier ministre des Bahamas à Haïti afin de rencontrer le président Aristide. Le résultat de cette discussion décidera des étapes qui suivront.
Le Canada, les Etats-Unis et l’Organisation des Etats américains (OEA) avaient été invités à la rencontre des Bahamas, à titre d’observateurs. L’ambassadeur du Canada en Haïti, Kenneth Cook, et l’ambassadeur canadien à l’OEA, Paul Durand, étaient sur place pour représenter le Canada.
Haïti est déchiré, depuis plusieurs mois, par l’affrontement entre le gouvernement Lavalas et l’opposition qui réclame la démission d’Aristide et la tenue d’élections libres.
L’autorité du président est remise en question depuis sa réélection, en 2000. L’opposition l’accuse d’avoir bafoué des règles démocratiques lors du scrutin. La situation politique s’est dégradée au cours des derniers mois, à la suite de la répression violente de nombreuses grandes manifestations.
Mercredi encore, des manifestants ont tenté de s’exprimer dans les rues de Port-au-Prince pour dénoncer le gouvernement Lavalas et Aristide. La police a tôt fait des les disperser en utilisant des gaz lacrymogènes. Un peu plus tard, une autre manifestation se déroulait, regroupant celle-là environ 20 000 partisans du président.
Les démarches diplomatiques entreprises par la communauté des Caraïbes ne résoudront pas la situation à court terme, admet le ministre Graham.
“Il y a toujours un long chemin à parcourir avant des élections à Haïti et la restauration de la démocratie complète”, affirme-t-il, mais le plan mis en place est un bon départ.