Posté le samedi 17 janvier 2004
Note de conjoncture du Conseil de L’universite d’État d’Haiti
Soumis à AlterPresse
16 janvier 2004
1. Au terme de l’année 2003, année terrible s’il en fut tant pour l’Université d’Etat d’Haïti que pour notre peuple martyr, le Conseil de l’UEH adresse, à l’orée de l’année 2004, ses v?ux les meilleurs à la population haïtienne en général et à la communauté universitaire en particulier. Que toutes les espérances du pays soient comblées dans un futur proche et que l’Université, creuset du savoir et de la connaissance, sorte renforcée des difficultés de tous ordres et des épreuves majeures qui ont récemment marqué son existence et qui ont dramatiquement mis en péril les acquis gagnés de haute lutte sur l’autoritarisme et sur la tyrannie. Pour que vive la nation !
2. Le Conseil de l’Université exprime sa profonde indignation et élève ses plus vives protestations face aux attaques perpétrées le 13 janvier 2004 contre les médias dans une tentative désespérée et maladroite de museler la presse particulièrement la presse indépendante. Le Conseil note que ces actes de vandalisme sont survenus après que des officiels et assimilés, parfaitement connus, ont proféré des menaces publiques. Les premiers éléments d’enquête journalistique pointent du doigt, une fois encore – une fois de trop -, des partisans du pouvoir identifiés et localisés ? Aux travailleurs de la presse, aux médias victimes, à l’ANMH, le Conseil de l’Universite renouvelle ses sympathies et sa solidarité.
3. Le Conseil de l’Université demeure outré de l’attitude passive, complice et permissive de l’appareil judiciaire qui, un mois après les tragiques agressions contre l’UEH planifiées et commanditées au plus haut niveau de l’Etat, n’a diligenté aucune enquête ni entrepris aucune investigation en vue d’appréhender et de déférer par devant les juridictions répressives les nervis et les séides dont les visages ont été vus à la télévision et dont la plupart ont revendiqué leurs forfaits, sûrs qu’ils sont de l’impunité et de la protection en haut lieu. Si de tels actes innommables, commis en plein jour, ne sont pas sanctionnés, que dire des innombrables vies quotidiennement fauchées dans les pénombres et des multiples dénis de droit dont l’opinion attend les résultats des enquêtes ?
4. Le Conseil de l’Université réaffirme son attachement à l’éducation et au fonctionnement de l’école. Le gouvernement est responsable de la répression qui menace tout citoyen, coupable selon lui, de mener une activité intellectuelle, en particulier les étudiants issus en majorité des couches populaires dont le régime lavalas prétend être le seul représentant. Ce sont les dégâts matériels et humains causés par la politique lavalasse qui empêchent la reprise normale des activités scolaires. C’est la perte totale de confiance envers un pouvoir dont les actes ne suivent pas les paroles qui porte la population à ne plus croire qu’un climat de sécurité puisse exister avec la gestion lavalasse. L’accusation stérile proférée contre l’opposition ou la bourgeoisie d’entraver le fonctionnement de l’école est une période de plus du discours lavalassien de division, de haine sociale, dans l’unique objectif de garder le pouvoir à tout prix.
5. Le 2 janvier 2004, la Plateforme de la société civile et des formations politiques a proposé à la nation une alternative de transition devant combler les vides institutionnels à venir. Le gouvernement présente cette initiative comme une tentative de coup d’État et demande à l’opposition de jouer le jeu démocratique en respectant le mandat du président Aristide et en participant à de futures élections. La réaction du pouvoir est sans fondement tant du point de vue du droit que de celui de la morale. En effet, le mandat d’un élu se définit en termes de durée et en termes de contenu et les deux sont indissociables. C’est un devoir civique de lutter pour mettre fin au mandat d’un élu qui foule aux pieds ses obligations définies dans la Constitution et les lois du pays.
6. C’est le gouvernement lavalas qui, suite au viol de la conscience populaire durant les mois de mai, de juin et de novembre 2000, a entrepris, entre autres :
de destructurer systématiquement les organismes de l’Etat en y faisant régner l’incompétence, l’arbitraire et la corruption ;
de détruire brutalement les institutions échappant à son contrôle, notamment l’Université d’État d’Haïti et les médias indépendants ;
de violer outrageusement les droits et les libertés les plus élémentaires des citoyens, en particulier le droit à la manifestation pacifique, le droit à la sépulture et à des obsèques paisibles et dignes, la liberté d’expresssion, la liberté d’entreprise ;
d’asservir la justice pour en faire un appendice du pouvoir exécutif ;
d’utiliser les fonds du Trésor Public pour remunérer des délinquants, des voyous et des gangs ;
d’armer des enfants et des adolescents pour en faire des criminels à sa solde ;
de faire fi de la morale, de la décence et de toutes les normes pour transformer le pays en un Etat d’impunité et de non-droit, menacé par le spectre du chaos et de l’anarchie ;
de tuer l’espérance, d’hypothéquer l’avenir de la nation notammement, en ne s’embarrassant pas de faire agresser des jeunes aux mains nues, dont des étudiants et des élèves ;
7. Le Conseil de l’Université estime que lorsqu’une nation est à ce point au bord de l’abîme, les responsables doivent avoir le courage de reconnaître leur faillite. En conséquence, le Conseil salue la proposition d’alternative présentée le 2 janvier 2004 par la Plateforme de la société civile et des formations politiques, qu’ il considère comme étant une étape dans le processus de mise en place de conditions nécessaires à la pleine application de la Constitution de 1987, au fonctionnement normal des institutions et à l’établissement d’un climat de confiance propice à l’épanouissement des citoyens. A ce titre, le Conseil, tout en n’étant pas membre de la Plateforme, prend l’engagement de travailler avec les autres secteurs concernés pour que la version finale de cette proposition cerne avec plus de précision les éléments qui doivent conduire au renforcement de l’État de droit et de la démocratie dans le pays. En ce sens, le Conseil se penche avec la plus grande attention sur la sollicitation qui lui est faite de désigner un représentant dans l’une des structures destinées à normaliser la vie politique, économique et sociale du pays durant la période de transition devant suivre le départ du gouvernement lavalas. Pour que vive la nation !
Port-au-Prince, le 16 janvier 2004
Conseil de l’Université d’État d’Haiti
Pour authentification :
Fritz DESHOMMES, Vice-Recteur à la Recherche
_____________________
Pour que vive la nation !
Posté le samedi 17 janvier 2004
Note de conjoncture du Conseil de L’universite d’État d’Haiti
Soumis à AlterPresse
16 janvier 2004
1. Au terme de l’année 2003, année terrible s’il en fut tant pour l’Université d’Etat d’Haïti que pour notre peuple martyr, le Conseil de l’UEH adresse, à l’orée de l’année 2004, ses v?ux les meilleurs à la population haïtienne en général et à la communauté universitaire en particulier. Que toutes les espérances du pays soient comblées dans un futur proche et que l’Université, creuset du savoir et de la connaissance, sorte renforcée des difficultés de tous ordres et des épreuves majeures qui ont récemment marqué son existence et qui ont dramatiquement mis en péril les acquis gagnés de haute lutte sur l’autoritarisme et sur la tyrannie. Pour que vive la nation !
2. Le Conseil de l’Université exprime sa profonde indignation et élève ses plus vives protestations face aux attaques perpétrées le 13 janvier 2004 contre les médias dans une tentative désespérée et maladroite de museler la presse particulièrement la presse indépendante. Le Conseil note que ces actes de vandalisme sont survenus après que des officiels et assimilés, parfaitement connus, ont proféré des menaces publiques. Les premiers éléments d’enquête journalistique pointent du doigt, une fois encore – une fois de trop -, des partisans du pouvoir identifiés et localisés ? Aux travailleurs de la presse, aux médias victimes, à l’ANMH, le Conseil de l’Universite renouvelle ses sympathies et sa solidarité.
3. Le Conseil de l’Université demeure outré de l’attitude passive, complice et permissive de l’appareil judiciaire qui, un mois après les tragiques agressions contre l’UEH planifiées et commanditées au plus haut niveau de l’Etat, n’a diligenté aucune enquête ni entrepris aucune investigation en vue d’appréhender et de déférer par devant les juridictions répressives les nervis et les séides dont les visages ont été vus à la télévision et dont la plupart ont revendiqué leurs forfaits, sûrs qu’ils sont de l’impunité et de la protection en haut lieu. Si de tels actes innommables, commis en plein jour, ne sont pas sanctionnés, que dire des innombrables vies quotidiennement fauchées dans les pénombres et des multiples dénis de droit dont l’opinion attend les résultats des enquêtes ?
4. Le Conseil de l’Université réaffirme son attachement à l’éducation et au fonctionnement de l’école. Le gouvernement est responsable de la répression qui menace tout citoyen, coupable selon lui, de mener une activité intellectuelle, en particulier les étudiants issus en majorité des couches populaires dont le régime lavalas prétend être le seul représentant. Ce sont les dégâts matériels et humains causés par la politique lavalasse qui empêchent la reprise normale des activités scolaires. C’est la perte totale de confiance envers un pouvoir dont les actes ne suivent pas les paroles qui porte la population à ne plus croire qu’un climat de sécurité puisse exister avec la gestion lavalasse. L’accusation stérile proférée contre l’opposition ou la bourgeoisie d’entraver le fonctionnement de l’école est une période de plus du discours lavalassien de division, de haine sociale, dans l’unique objectif de garder le pouvoir à tout prix.
5. Le 2 janvier 2004, la Plateforme de la société civile et des formations politiques a proposé à la nation une alternative de transition devant combler les vides institutionnels à venir. Le gouvernement présente cette initiative comme une tentative de coup d’État et demande à l’opposition de jouer le jeu démocratique en respectant le mandat du président Aristide et en participant à de futures élections. La réaction du pouvoir est sans fondement tant du point de vue du droit que de celui de la morale. En effet, le mandat d’un élu se définit en termes de durée et en termes de contenu et les deux sont indissociables. C’est un devoir civique de lutter pour mettre fin au mandat d’un élu qui foule aux pieds ses obligations définies dans la Constitution et les lois du pays.
6. C’est le gouvernement lavalas qui, suite au viol de la conscience populaire durant les mois de mai, de juin et de novembre 2000, a entrepris, entre autres :
de destructurer systématiquement les organismes de l’Etat en y faisant régner l’incompétence, l’arbitraire et la corruption ;
de détruire brutalement les institutions échappant à son contrôle, notamment l’Université d’État d’Haïti et les médias indépendants ;
de violer outrageusement les droits et les libertés les plus élémentaires des citoyens, en particulier le droit à la manifestation pacifique, le droit à la sépulture et à des obsèques paisibles et dignes, la liberté d’expresssion, la liberté d’entreprise ;
d’asservir la justice pour en faire un appendice du pouvoir exécutif ;
d’utiliser les fonds du Trésor Public pour remunérer des délinquants, des voyous et des gangs ;
d’armer des enfants et des adolescents pour en faire des criminels à sa solde ;
de faire fi de la morale, de la décence et de toutes les normes pour transformer le pays en un Etat d’impunité et de non-droit, menacé par le spectre du chaos et de l’anarchie ;
de tuer l’espérance, d’hypothéquer l’avenir de la nation notammement, en ne s’embarrassant pas de faire agresser des jeunes aux mains nues, dont des étudiants et des élèves ;
7. Le Conseil de l’Université estime que lorsqu’une nation est à ce point au bord de l’abîme, les responsables doivent avoir le courage de reconnaître leur faillite. En conséquence, le Conseil salue la proposition d’alternative présentée le 2 janvier 2004 par la Plateforme de la société civile et des formations politiques, qu’ il considère comme étant une étape dans le processus de mise en place de conditions nécessaires à la pleine application de la Constitution de 1987, au fonctionnement normal des institutions et à l’établissement d’un climat de confiance propice à l’épanouissement des citoyens. A ce titre, le Conseil, tout en n’étant pas membre de la Plateforme, prend l’engagement de travailler avec les autres secteurs concernés pour que la version finale de cette proposition cerne avec plus de précision les éléments qui doivent conduire au renforcement de l’État de droit et de la démocratie dans le pays. En ce sens, le Conseil se penche avec la plus grande attention sur la sollicitation qui lui est faite de désigner un représentant dans l’une des structures destinées à normaliser la vie politique, économique et sociale du pays durant la période de transition devant suivre le départ du gouvernement lavalas. Pour que vive la nation !
Port-au-Prince, le 16 janvier 2004
Conseil de l’Université d’État d’Haiti
Pour authentification :
Fritz DESHOMMES, Vice-Recteur à la Recherche
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