Originally: La guerre du régime Lavalas contre les populations haïtiennes

CONAP, National Coordination To Plea for Women’s Rights (Coordination National de Plaidoyer Pour les Droits des Femmes) headed by Myriam Merlet criticizes the Lavalas government, which she describes as an outlaw. Merlet recalls that on  October 31 CONAP declared the Lavalas government an outlaw and points out that many sectors of national life have declared the government an outlaw also.


Durant toute l?année 2003 une escalade a été enregistrée dans la violation des droits de la personne en Haïti. La violence et la répression qui sévissent sont le fait du gouvernement Lavalas au pouvoir, sous la présidence de M. Jean Bertrand Aristide.


Au regard de ces agissements et, tout particulièrement suite aux agressions des « chimères » (mercenaires, sbires du régime Lavalas) dont avaient été victimes les protestataires lors du sit-in du 29 octobre 2003 devant le Palais de Justice, la CONAP (Coordination Nationale de Plaidoyer pour les Droits des Femmes) avait décrété le Gouvernement Lavalas hors-la-loi (prise de position du 30 octobre) et avait appelé les communautés internationales, notamment l?OEA (Organisation des Etats Américains), à assumer leurs responsabilités et à cesser d?apporter leur soutien à ce gouvernement tyrannique. La CONAP avait également indexé l?Office de la Protection du/de la Citoyen/Citoyenne (OPC) pour qu?elle remplisse sa mission, notamment en faisant diligence pour que les « chimères » soient arrêtées et sanctionnées. A l?occasion du 25 novembre, Journée Internationale contre la Violence envers les Femmes, la CONAP avait manifesté devant l?OPC et encore interpellée cette institution. A date l?OPC, dirigée par M. Necker Dessables, ne s?est jamais prononcée sur les graves et flagrantes violations des droits de la personne enregistrées dans le pays.


Les manifestations, réclamant le départ du régime en place, n?ont cessé d?avoir lieu à travers tout le pays, en particulier depuis le mois de novembre 2003. Chaque fois, la répression a sauvagement frappé les manifestants-es. Les écoliers-ères et les étudiants-es se sont particulièrement fait entendre et ont payé et payent un lourd tribut de blessés, de morts et d?arrestation. Durant ces évènements, de très jeunes enfants ont été atteints, à leur domicile même, des balles tirées par la police et/ou les « chimères ». D?autres jeunes, victimes de ces agressions, sont décédés.


Le nouveau Conseil Exécutif de l?Université d?Etat d?Haïti a officiellement pris fonction le 12 novembre 2003. Les principaux tenants du pouvoir MM. Yvon Neptune et Jean Bertrand Aristide, avaient ostensiblement boudé la cérémonie d?investiture. Mais, quelques jours après, M. Aristide inaugurait son université privée, en présence notamment des ambassadeurs de Cuba et de Taiwan, dont les gouvernements continuent à soutenir assidûment le régime Lavalas, sans jamais élever la moindre protestation contre les violations flagrantes et incessantes des droits des citoyens/citoyennes.


·   5 décembre : Avec la complicité totale de la Police, les hordes lavalassiennes ont sauvagement attaqué les étudiants-es et les professeurs-es de la Faculté des Sciences Humaines et l?INAGHEI (Institut Nationale de Gestion et des Hautes Etudes Internationales) de l?Université d?Etat d?Haïti (HUEH). Des étudiants-es ont été violentés, persécutés et certains-es arbitrairement arrêtés. Le Recteur, Pierre-Marie Paquiot, a eu les deux genoux fracassés à coup de barre de fer et le Vice-Recteur, Wilson Laleau, sauvagement frappé. Des journalistes ont également été agressés. Les étudiants-es ont encore fait l?objet d?agression dans les hôpitaux où ils/elles s?étaient rendus. En particulier, à l?hôpital du Canapé-Vert, où le Premier Ministre Yvon Neptune s?était présenté et avait été chahuté, la police a procédé à des arrestations. La Ministre de l?Education, Marie-Carmel Paul-Austin a dénoncé ces horreurs et déclaré que la Police n?avait pas fait son travail. Depuis lors, les étudiants-es ont réaffirmé leur détermination et décrété une mobilisation permanente pour barrer la route à la dictature lavalassienne.


Les organisations de la société civile et les partis politiques ont élevé les plus véhémentes protestations contre ces exactions, manifesté leur solidarité avec le monde universitaire et ont appelé à la mobilisation pour obtenir le départ du pouvoir de Jean Bertrand Aristide et des ses acolytes.


·   8 décembre : Sous l?instigation de la NCHR (Coalition Nationale pour les Droits des Haïtiens-es), un sit-in a été organisé devant le Palais de Justice de Port-au-Prince en solidarité avec Viola Robert, la mère des trois jeunes garçons (Andy 20 ans, Vladimir 21 ans, Angelo 22 ans) exécutés par des membres de la Police Nationale, dans la nuit du 7 au 8 décembre 2002, à Port-au-Prince. La CONAP et d?autres organisations (Femmes, Défense des Droits de la Personne, étudiants-es, etc.) s?étaient associées à cette protestation de commémoration et de dénonciation de l?impunité. Les assassins courent toujours, sans être le moindrement inquiétés, alors que Viola Robert et les membres survivants de sa famille ont du s?exiler aux Etats-Unis. Bien qu?ils aient été présents aux abords des lieux de la manifestation, les hordes lavalassiennes n?avaient pas reçu l?ordre d?attaquer ce jour là. La présence d?observateurs de l?ambassade étasunienne et de l?OEA avait été notée.


Dans les différentes facultés, publiques et privées, les étudiants-es et les professeurs-es ont organisé des protestations, des réunions de concertation dans l?enceinte des établissements.


Les associations patronales et des institutions du secteur privé (17 organisations) ont dénoncé le régime Lavalasse et dit « Non à la dictature et au chaos ! Oui à la démocratie et à la liberté !».


La Fondation Connaissance et Liberté (FOCAL) apporte son témoignage sur les évènements du 5 décembre car, de son local situé non loin des facultés, les membres de l?institution ont pu assister aux agissements conjoints de la Police et des chimères dans les attaques.


A l?Université privée de Jean Bertrand Aristide, le gouvernement scelle son amitié avec Cuba, à l?occasion de la Journée d?Amitié des Peuples de la Caraïbe. L?ambassadeur cubain, M. Rolando Gomez Gonzales continue à ne pas voir et à ne pas entendre ce qui se passe dans le pays.


Au cours d?une conférence de presse, le chef du gouvernement, Yvon Neptune, qualifie les évènements du 5 décembre de « bataille rangée » ; a déclaré que la Police avait bien rempli sa mission et a annoncé la formation d?une commission d?Enquête.


·   9 décembre : Dans les différentes facultés de la capitale et des villes de province, les étudiants-es poursuivent leurs protestations et dénonciations. Les organisations de la société civile et les groupes politiques leur apportent leur soutien.


 


La Commission Interaméricaine des Droits de l?Homme (CIDH) fait part, au gouvernement Lavalas, de ses graves préoccupations relatives à la « recrudescence de violence politisée » aux  actes de violence perpétrés contre les manifestants-es.


·   10 décembre : Commémoration de la Déclaration Universelle des Droits de la Personne.


Dans la nuit du 9 au 10 décembre, les hordes lavalassiennes déferlent sur la Faculté d?Agronomie, attaquant les dortoirs où logent les étudiants-es. Cette faculté est située sur le même site que le Ministère de l?Agriculture, à Port-au-Prince.


La Fédération des Etudiants Universitaires Haïtiens-es (FEUH) déclare : « Il incombe à la jeunesse universitaire cette responsabilité historique d?instaurer, à la veille du Bicentenaire de l?Indépendance d?Haïti, dans le pays une nouvelle ère de changement, de prospérité, de justice sociale, de progrès économique et de liberté ».


Manifestations de centaines d?étudiants à Port-au-Prince, sous l?initiative du secteur publique. Appel à la solidarité est fait aux étudiants-es des universités privées « Fòs, n ap rele fòs pou Aristid ale !/Nous faisons appel à toutes les forces pour obtenir le départ d?Aristide ! ». Cette manifestation a reçu l?appui des populations. Les forces de police ont gardé, à l?occasion, un profil bas.


Manifestation d?importance aux Gonaïves. La police réprime sauvagement les manifestants-es, faisant de nombreuses victimes, des blessées et deux mort par balle (une femme et un jeune homme). Depuis le 23 septembre 2003, le nombre de victimes s?élève à 17 morts violentes et à 69 personnes blessées.


Manifestation à Petit-Goâve. Répression des forces de police et des chimères. Les « chimères »exercent des représailles contre les familles Louissaint et Toussaint en y violant une mère et ses deux fillettes.


Le Conseil Exécutif de l?Université d?Etat d?Haïti dénonce la politique de déstabilisation systématique de l?Université, les attaques contre les secteurs organisés de la population et la presse et déclare que « Face à constat de faillite totale et irrémédiable, le gouvernement Lavalas doit partir pour que vive la nation ».


La ministre de l?Education, Marie-Carmel Paul-Austin, démissionne ; « Cette démission était naturelle après ce qui s?était passé » à l?Université.


Dans un point de presse donné au Palais National, M. Jean Bertrand Aristide a servi ses discours habituels sur la paix et la concertation. Il a déclaré que les évènements du 5 décembre étaient inacceptables et condamné la violence d?où quelle vienne. Il a qualifié les manifestants-es de « faux étudiants-es » et de « minorité ».


·   11 décembre : Manifestations dans différentes villes du pays.


Sous l?initiative des étudiants, une gigantesque manifestation a eu lieu à Port-au-Prince. Cette manifestation a réunit des dizaines de milliers de personnes, notamment des jeunes, des représentants-es de différentes organisations de la société civile, y compris les organisations de femmes, de groupes politiques et de personnalités diverses. Sur tout le parcours des mercenaires du pouvoir Lavalas ont tenté d?intimider les manifestants-es en leur lançant des jets de pierre et d?autres objets. Face à la détermination des manifestants-es, les mercenaires ont du reculer. Devant le Palais National, au Champ de Mars, un déploiement imposant de forces de police, secondés par les mercenaires, attendaient les manifestants. Sans sommation, la police a tiré des balles réelles et du gaz lacrymogène. De nombreuses personnes ont été blessées ; certaines gravement, notamment à cause des balles reçues. Des manifestants-es ont été poursuivis, par des « chimères » dans les habitations ou ils/elles s?étaient réfugiés. Des passants-es et des écoliers-ères ont été tabassés par les « chimères » occupant tout l?espace du Champ de Mars. Les manifestants-es se sont regroupés dans quelques rues plus loin et la manifestation a repris avec la même détermination.


La presse indépendante (radio et télévision) est partout attaquée, notamment à Port-au-Prince avec les tentatives enregistrées particulièrement contre Radio Quiesquéya et Radio Caraïbes. Certaines stations de Port-au-Prince sont obligées de fermer. La population répond à l?appel des médias et leur apporte leur soutien pour protéger les locaux.


Le sénateur contesté Dany Toussaint a annoncé sa démission du Parti Lafanmi Lavals/La Famille Lavalasse.


Un large regroupements d?organisations de la société civile, de groupes politiques, d?associations patronales et d?entreprises privées signent une prise de position dans laquelle le gouvernement Lavalas est décrété hors la loi. Cette appellation prévaut dorénavant pour désigner le régime.


·   12 décembre : Radio Antilles a été assaillie et assiégée par des mercenaires en armes du pouvoir Lavalas. Cette station avait joué, en 1990, un rôle important dans la mobilisation pour barrer la route à un candidat duvaliériste (Roger Lafontant) et favoriser l?ascension de Jean-Bertrand Aristide au pouvoir. Elle avait également été durement frappée lors du Coup d?Etat militaire de septembre 1991. Les menaces et intimidations continuent à pleuvoir sur les journalistes.


Manifestation gigantesque dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince (Port-au-Prince, Pétion-ville, Delmas) réunissant  toutes les couches sociales. La Police, notamment le corps dit des CIMO, attaque violemment les manifestants-es en espérant les dispersés à coup de fusil et de gaz lacrymogène. De 9 H00 AM à 5H00 PM, les manifestants-es tiendront tête et exprimeront leur rejet absolu du régime Lavalas. Des blessés et des morts sont dénombrés et des arrestations enregistrées. Un jeune enfant de 7 ans est mort asphyxié à son domicile.


·   13 décembre : Manifestations dans différentes villes du pays. En dépit des attaques de la Police et des « chimères », les populations se mobilisent pour s?exprimer.


Un groupe de 18 d?organisations signent une déclaration dans laquelle, outre le rejet du régime Lavalas, les organisations appellent à la mobilisation et aussi à la vigilance car, « au regard des expériences antérieures, nous resterons vigilants/vigilantes. En effet, nous avions refusé la terreur des tontons macoutes et de l?armée, mais nous avions été pris dans les torrents de Lavalas. En conséquence, tout en nous mobilisant pour rejeter le pouvoir Lavalas, nous veillerons à éviter tout nouveau piège. Ainsi donc, notre mobilisation se poursuivra au-delà du départ de Jean Bertrand Aristide, de telle sorte à promouvoir d?autres pratiques politiques dans le pays ».


·   15 décembre : Le gouvernement fait sortir un communiqué selon lequel les manifestations spontanées sont interdites – communiqué qui se base sur un décret de 1987, durant le gouvernement du Conseil National de Gouvernement décrié par l’ensemble des secteurs progressistes . Les populations ignorent ce communiqué émanant d?un gouvernement hors la loi. Des manifestations ont lieu et sont attaquées par la Police et les « chimères ». durant ces manifestations, les étudiants-es appréhendés-es par la police ont déclaré avoir été piqué avec des seringues contenant un composé inconnu. Par ailleurs, le secteur privé a déclarer une grève générale du lundi 15 décembre.