Originally: COMMUNICATION À LA PRESSE

Comme indiqué dans son communiqué # 3, le Groupe des 184 informe que ses neuf (9) membres ont quitté volontairement le local de la mission de l?OEA le samedi 29 novembre 2003 à 3h30 pm. Le Comité de pilotage du Groupe des 184 salue encore une fois leur courage et leur détermination. Par leur geste symbolique et pacifique, ils ont su trouver une nouvelle manière d?apporter leur contribution à la lutte du peuple haïtien. La nation leur sera reconnaissante.


 


Depuis un peu plus de deux ans déjà, la mission de l?OEA donne une assistance technique au gouvernement haïtien en vue d?arriver à une solution pacifique à la crise politique qui mine le pays depuis les élections frauduleuses de mai 2000. Cette assistance, selon le dernier communiqué de la mission, vise essentiellement la professionnalisation de la police et le renforcement du système judiciaire.


 


Mais que constatons-nous dans les faits ?


 


1.- Le pouvoir s?est radicalisé en interdisant les manifestations publiques ou en mobilisant sa milice pour les interrompre. Les gangs armés continuent en toute impunité à semer la terreur tandis la police est politisée et la justice assujettie à la volonté de l?exécutif. La violence politique a augmenté ; la liberté d?expression est menacée tandis que les abus et violations des droits humains se sont multipliés.


 


2.- Les conditions socio-économiques se sont détériorées et la population n?a aucune indication, aucun espoir que les choses vont s?améliorer. Les Haïtiens et Haïtiennes toutes tendances confondues, reconnaissent aujourd?hui que le pays va dans la mauvaise direction. Et, il n?y a aucune ambiguïté ni sur les causes ni sur les solutions à la situation que vit le peuple haïtien.


 


3.- La Mission spéciale ne cesse de répéter qu?elle n?a pas les moyens de faire plus que ce qu?elle a fait jusqu?ici. Elle dénonce aujourd?hui des actes odieux et répréhensibles, fraternise et félicite le lendemain les auteurs et co-auteurs de ces actes. Son plus grand souci semble être la sauvegarde d?un équilibre fragile aux dépens de la vérité, de la justice et du droit. Or son mandat suppose qu?elle intervienne à tous les niveaux de la police et de la justice pour conseiller et professionnaliser. Son action n?a jusqu?ici produit aucun effet positif sur la situation des droits de l?homme qui au contraire ne cesse de se détériorer.


 


4.- Si la Mission spéciale juge qu?il lui est impossible de remplir son mandat, l?éthique professionnelle minimale exige qu?elle se retire en dénonçant les exactions du pouvoir dont les responsabilités sont établies clairement au plus haut niveau de l?exécutif. Le mandat de la mission de l?OEA doit au moins être réévalué pour inclure des mécanismes capables de rendre son action efficace. Dans le cas contraire elle devrait se retirer.


 


5.- Le Groupe des 184 demande donc à la communauté internationale d?accompagner le peuple haïtien pour dire « NON à l?inacceptable » et rechercher les voies d?introduire des mécanismes qui garantissent ses droits d?expression et de manifestation pacifique.


 


 


Pour authentification


 


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Anthony Barbier


Secrétaire exécutif