Les événements actuels qui secouent la société haïtienne et mettent en péril le pouvoir contesté et contestable de Jean-Bertrand Aristide, ne peuvent mieux illustrer l?importance de la constitution d?une authentique société civile dans tout processus de transition démocratique. En effet, tout se passe comme si l?opposition, regroupée au sein de la Convergence et paralysée dans son incapacité notoire à entraîner le peuple haïtien dans une dynamique de libération démocratique, était dépassée sur sa gauche par une ébulition positive de la société civile représentée par le groupe des 184. A cela vient s?ajouter la déclaration signée par les intellectuels haïtiens et dénonçant la dérive totalitaire du régime en place.


 


De tels faits donnent à penser. On sait, au moins depuis Hegel, que la démocratie et la liberté, telles qu?elles ont été théorisées depuis l?avènement de la modernité, requièrent toutes deux la séparation Etat/société civile. La société civile est comme un contre-pouvoir face à la souveraineté de l?Etat, donc la condition même de la garantie de la liberté, de la liberté instituée. On peut, certes, réduire la société civile à la « société des besoins », ce qu?a fait Hegel et à sa suite Marx. Il peut aussi y avoir risque de dissoudre l?Etat dans la société civile (anarchisme, ultra-libéralisme, communautarisme) ou au contraire, dissoudre la société civile dans l?Etat (le totalitarisme sous toutes ses formes). Dans ce cas, c?est la liberté, dans sa dimension politique, qui est perdante.[i]


 


Or, il se trouve que quand les forces politiques traditionnelles, pour une raison ou pour une autre, s?avèrent incapables de faire triompher les libertés dans une société donnée, il importe à la société civile de prendre le relais. C?est ce qui a eu lieu en Haïti en 1986, lors de la chute de la maison Duvallier. L?éclosion dans tout le pays d?associations de toutes sortes (de journalistes, de jeunes, de paysans, de femmes, de chrétiens etc?) est ce qui a remis en cause fondamentalement le pouvoir de Jean-Claude Duvallier. La classe politique d?opposition au duvaliérisme a dû s?adapter à ce puissant mouvement démocratique populaire. Ce qui était frappant à l?époque, dans les revendications des associations composant la société civile naissante, c?étaient les fins proposées qui étaient rarement celles relevant de la société des besoins (lutte contre la faim, par exemple, dans un pays ou pourtant l?on meurt de faim) mais surtout des fins plus « politiques », universalisables, relatives essentiellement aux droits-liberté plus qu?aux droits-créances. Bien que la question des droits-créances fussent posées, elles ne le furent que dans leur articulation aux droits politiques. Traditionnellement exclues de la société civile depuis 1804, les classes populaires firent une irruption originale sur la scène politique, ce qui étonna plus d?un, en posant l?exigence de justice comme égalité politique.


 


D?où viennent donc les atermoiements de la transition démocratique depuis 1986 ? Le pays d?Haïti est-il condamné selon un déterminisme anthropologique et historique a toujours reproduire de la dictature ? C?est ici qu?il faut comprendre le populisme aristidien ou lavalassien comme une variante ou un possible du populisme haïtien en général. D?abord hostile à l?organisation d?élections, Aristide surprit tout le monde (surtout les Américains qui avaient leur candidat en la personne de Marc Bazin) en se portant candidat aux élections présidentielles de 1990 patronnées par l?ONU. Son élection ne faisait alors plus aucun doute. Pourquoi ?


 


Son intransigeance face au duvalérisme, son inscription dans les classes populaires, son opposition ou sa différence vis à vis de la classe politique traditionnelle, faisait de lui un représentant charismatique de cette société civile en effervescence. Mais c?est précisément son charisme qui perdra la société civile haïtienne. Cette dernière, sans expérience politique forte après des siècles d?esclavage et de dictature, manquait de perspicacité politique pour percevoir ce que ce prêtre salésien avait de dangereux. S?il est vrai qu?un leader politique, dans une société démocratique, doit faire preuve d?un certain charisme, ce que fit Aristide en une geste singulière et profonde, ce fut de dénaturer l?essence même de la société civile.


 


Expliquons-nous : alors que ce qui caractérise la société civile, c?est la pluralité non substantielle, la sécularisation, la liberté sous forme de détermination des normes par l?argumentation, l?éthique de la discussion, et surtout l?indépendance en dernière instance vis à vis de toute force transcendante, Dieu, la nature ou la tradition, Aristide va procéder résolument à une dénaturation de la société civile  naissante en opérant les transfigurations suivantes. En un premier temps, l?espace public connaît une désacralisation politique, une perte d?autonomie. Le prêtre des pauvres se présente désormais comme un envoyé de Dieu. Point d?espace transitionnel entre son pouvoir et le peuple. Nul besoin de la société civile comme contre-pouvoir face à l?Etat. D?où la haine constante d?Aristide puis de Préval pour toute institution. Deuxièmement, la société n?est plus qu?une grande famille (« la famille c?est la vie ») dont Aristide évidemment est le père légitime. Troisièmement, le peuple est substantialisé, caractérisé notamment par ceux qui meurent de faim, ce qui interdit de le penser comme pluralité. En témoigne la formule aristidienne célèbre : « la paix dans le ventre, la paix dans la tête » ! La société civile est désormais réduite à une stricte société de besoins élémentaires, vitaux, à un corps ainsi offert à une logique biopolitique. Une telle paix retentit comme une paix des cimetières autrement dit s?opère ici une réduction du peuple au silence politique. Enfin, on a affaire là à un vitalisme politique brouillant efficacement la distinction Etat/société civile.


 


En clair, il s?agit incontestablement pour le pouvoir lavalassien mis en place par Aristide et Préval d?une répression de la liberté et de la démocratie. L?évolution ultérieure d?Aristide ne fait plus aucun doute à ce sujet : assassinats d?opposants, de journalistes, de membres d?associations diverses ; terrorisation des partis politiques ; corruption et mise au pas des juges. Corruption aussi de la police qui n?est plus qu?une garde privée d?Aristide nouveau baron de la mafia haïtienne. Mais, ce qui est le plus dur à expliquer, c?est le triomphe d?un tel populisme et l?incapacité de l?opposition à y faire face.


 


Si intellectuels et militants haïtiens n?ont pas sur enrayer la montée de cette nouvelle dictature, c?est sans doute parce qu?il y a congruence de la problématique théorico-politique dominant chez eux avec le populisme lavalassien. En effet, les militants haïtiens, dans leur grande majorité, sont sous l?emprise soit du populisme, soit d?une tradition marxiste non critique Or, ce qui caractérise ces deux options théorico-politiques, c?est une haine voire une méfiance tenace vis à vis de toute conception démocratique de la société et de l?autorité politique et la volonté de réduire le plus possible l?opposition Etat/société civile. Pour le populisme qui s?enracine dans une vision romantique ou communautariste de l?ordre social, la société civile, c?est le peuple, mais un peuple substantialisé en une unité introuvable. Un peuple-vie et non un peuple-contrat. Concernant le marxisme, ses adeptes réduisent la société civile à une pure société de besoins essentiellement régulée par l?infrastructure économique et sociale. Ce qui n?est pas pensé, c?est l?existence de la société civile dans son autonomie politique et la différenciation des sphères de l?activité humaine. L?impuissance de l?opposition, rassemblée au sein de la Convergence, s?explique pour des raisons similaires. Cette coalition regroupe des marxistes et des ultra-libéraux, voire même d?anciens duvaléristes. Or, pour les ultra-libéraux aussi, la société civile est réduite à une seule dimension économique et l?Etat n?est rein d?autre qu?un arbitre des intérêts privés.


 


Si donc, en conclusion, il doit se jouer quelque chose d?essentiel dans l?avenir, à court ou moyen terme, dans la société haïtienne, c?est autour et à partir du réveil actuel de la société civile haîtienne. Il est significatif que les leaders actuels de la société civile ne prétendent pas se positionner en politiciens en quête du pouvoir ou en chefs de partis[ii]. Ce qui les intéresse, c?est de redéfinir les cadres fondamentaux, à partir d?un nouveau contrat social, permettant à la politique de jouer pleinement son rôle dans une société démocratique. Ce n?est que si cette société civile parvient à s?organiser et à s?épanouir effectivement, que seront brisées les cadres historiques et culturels déterminant, au plan anthropologique, la persistance des dictatures depuis 1804. Si les Noirs, en se libérant de l?esclavage, avaient posé la liberté comme libération immédiate, ils n?avaient pas pensé la liberté telle qu?elle puisse se matérialiser dans des institutions. L?année 2004 verra sans doute un redéploiement de la liberté et de la démocratie en Haïti. Mais cela s?opère dans un contexte mondial caractérisé par la défaite des socialismes ayant réellement existé, par le triomphe de l?ultra-libéralisme, par le réveil des communautarismes et des intégrismes religieux. A supposé qu?il puisse même y avoir une crise de la démocratie parlementaire se manifestant par un désintérêt pour les élections un peu partout dans les pays dits avancés, l?exemple haïtien nous montre, dans sa portée universelle que, comme l?avait vu Habermas, la démocratie ne peut se faire plus participative que si la société civile demeure éminemment active, par sa quête de normes universalisables, dans un espace public d?argumentation et de discussion. Ici, l?histoire qui se fait nourrit nos méditations sur l?idée républicaine.


 






[i] Voir sur ce point les analyses diverses et éclairantes de Luc Ferry et Alain Renaut dans Histoire de la philosophie politique, Calman-Lévy, 1999



[ii] Voir l?article sur Haïti dans Le Monde du 7 octobre 2003

« Nous sommes en face d’un régime de terreur qui est prêt à tout mettre en ouvre pour garder le pouvoir » : c’est


la conclusion à laquelle est parvenue Carole Pierre-Paul, responsable de la Solidarité des Femmes Haïtiennes (SOFA), suite à la perturbation violente d’


un sit-in des organisations féministes ce 29 octobre devant le palais de justice à Port-au-Prince.


De nouveaux actes de violence ont été enregistrés au cours de ce sit-in silencieux organisé par la Coordination Nationale de Plaidoyer pour les


Droits des Femmes (CONAP) pour attirer l’attention sur la violence, l’ insécurité et l’impunité qui sévissent à travers le pays, a constaté un


reporter d’AlterPresse (Voir toutes les photos sur notre site). « Ne pas voir, ne pas entendre, ne pas parler n’est pas une solution » ont soutenu


les femmes.


Le sit-in qui se tenait sur les marches du Palais de Justice a été dispersé à coups de pierres, de bouteilles et de nombreux autres objets par des


partisans du président Jean Bertrand Aristide qui scandaient : « vive Aristide pour 5 ans ». Toute absence de Aristide du pouvoir signifierait


massacre et incendies, menaçaient-ils.


Cette situation a provoqué la panique au Palais de Justice. Un procès qui se tenait à la 1ère chambre civile du Palais de Justice a été perturbé. Les


membres de la CONAP ont du se mettre à l’abri pour contourner la fureur des partisans du pouvoir.


La CONAP a jugé révoltant le comportement du gouvernement lavalas qui, selon ce regroupement, utilise la Police et les groupes pro-lavalas pour réprimer


la population civile. La Coordination croit que tous les citoyens sont actuellement menacés et les invite à agir vite « pour que les morts injustes


et gratuites cessent dans le pays ».


Le pouvoir lavalas tente d’instaurer un climat de terreur dans le pays, a indiqué Carole Jacob . « Nous sommes en face d’un régime de terreur qui est


prêt à tout mettre en ouvre pour garder le pouvoir », a-t-elle indiqué. Dans un communiqué intitulé « Cri des femmes » la CONAP a rappelé les


différents actes de violence perpétrés dans le pays au cours de ces derniers jours et qui ont coûté la vie à plusieurs femmes. Notons Fernande Joseph,


assassinée dans le plateau central (centre d’Haïti) par un policier, Jocelyne Pierre, assassiné aux Gonaives et Danielle Lustin à Port-au-Prince.


 


 

Originally: Deux centième anniversaire de l?ancienne colonie française

Le président Jean-Bertrand Aristide a résolu de fêter le 200e anniversaire d?Haïti en frappant un grand coup. Il réclame de la France le remboursement de la dette que le petit pays a dû payer à son ex-métropole après la révolte – victorieuse – de ses esclaves. Incapable de résoudre la crise qui perdure depuis sa réélection, le président a trouvé dans l?ancienne puissance coloniale à la fois l?explication de la misère du peuple et sa solution.


 


Cet appel démagogique pourrait trouver un écho ailleurs, notamment en Afrique. Toute une école de pensée explique, en effet, les malheurs du tiers-monde par le trafic des esclaves ou la domination coloniale. Comme si les régimes en place aujourd?hui n?y étaient pour rien, non plus que les entreprises néo-coloniales.


 


Pour relancer le développement des pays pauvres, il faudrait, dit-on, que les pays qui ont profité des pratiques infâmes des siècles passés versent aujourd?hui des milliards en compensation des pertes, des dislocations et des retards qui ont été légués aux générations d?après. Depuis que des institutions occidentales, Églises chrétiennes en tête, demandent pardon pour leurs crimes passés, cette thèse s?est accréditée.


 


Il ne suffit pas de regretter les vieilles injustices, clame-t-on, il faut les réparer. Un problème de taille se pose toutefois. Ces compensations, à qui devrait-on les verser ? Aux victimes de l?époque ? Elles ne sont plus là. À leurs descendants ? Encore faudrait-il qu?on les retrouve et, surtout, qu?ils puissent en profiter.


 


Payer à qui ?


 


En Haïti, comme en d?autres ex-colonies, ceux qui auraient droit à cet argent, à un titre ou à un autre, risquent de ne jamais le toucher. Les fonds couleraient plutôt, comme une partie de l?aide versée depuis 30 ans, dans les comptes des dirigeants à l?étranger ou dans les gaspillages des nouvelles administrations.


 


Loin d?aider au développement économique ou à la démocratisation – deux objectifs déclarés de l?aide internationale – cet argent favorise la ruée sur le pouvoir et crée davantage d?obstacles à la modernisation des sociétés. Haïti est à cet égard un échec éloquent. Les millions versés par la France, le Canada, les États-Unis, s?ils ont parfois contribué à des projets valables, n?y ont pas changé l?état des choses.


 


Pour faire pression sur le régime lavalas, qui refuse de régulariser les dernières élections, les pays donateurs et les institutions internationales ont suspendu leur aide. Mal leur en a pris, l?argent de la cocaïne a assumé la relève, ajoutant la corruption à l?incompétence des services policiers. Aristide joue les fiers-à-bras à l?intérieur tout en faisant mine de défendre la souveraineté du pays contre l?ingérence extérieure.


 


Bien sûr, dans un autre contexte, le bicentenaire d?Haïti aurait évoqué le passé esclavagiste de nos sociétés, la révolte exemplaire de la Perle des Antilles, son influence sur l?émancipation des peuples en Amérique, et la nécessité de reprendre partout le combat contre la traite d?êtres humains. Hélas, le régime Aristide illustre plutôt les obstacles qu?un gouvernement inepte et corrompu pose au respect des droits et au progrès d?une société.


 


Certes, il ne manque pas en Haïti de milieux qui pourraient, malgré tout, contribuer au redressement national. Mais la dictature en place ne ménage rien pour empêcher la formation d?une alternative valable. On ne compte plus les assassinats de leaders sociaux, de journalistes, de fonctionnaires, de religieux. Si tous les tueurs n?appartiennent pas au pouvoir, la plupart jouissent d?une impunité à peu près complète. Policiers et juges soucieux d?appliquer la loi sont voués à l?exil.


 


Le gâchis est total, mais on aurait tort de l?expliquer seulement par l?héritage élitiste et autoritaire du pays. Les connivences, les demi-mesures et les erreurs des gouvernements extérieurs et de l?Organisation des États américains (OEA) ont aggravé les choses. Devant la famine « silencieuse » qui guette la moitié de la population, le déblocage de projets comme ceux que la FAO annonçait l?été dernier est justifié sans doute. On ne saurait en dire autant de toutes les autres mesures financières et politiques concoctées à l?étranger.


 


Ainsi, la Banque interaméricaine de développement (BID) a offert en juillet une enveloppe de 146 millions pour des projets de développement local, fonds à verser par étapes suivant le résultat des réformes politiques. La BID a même ajouté en août une offre de prêt de plus de 300 millions, comme si le pays avait besoin de s?endetter. Même le Canada y est allé d?une entente tarifaire sur le textile et les vêtements.


 


La carotte et le bâton


 


Haïti n?en est pas à sa première expérience avec la carotte et le bâton. Les fonds étrangers promis en cas de normalisation politique vont certainement stimuler la surenchère partisane, mais pas la démocratisation. Un pays qui n?a jamais connu de société libre chez lui ne peut en inventer une du jour au lendemain. Par contre, les groupes qui lorgnent la manne étrangère ont vite appris le jeu des boîtes de scrutin.


 


La transplantation de la démocratie flatte l?ego des gouvernements occidentaux ou des milieux de la coopération internationale. Mais ces opérations – dont raffolent le Canada et le Québec – ont donné le plus souvent des résultats éphémères. La présence d?observateurs ne garantit aucunement l?intégrité des suffrages. Elle ne protège surtout pas la population au lendemain des élections. Là où l?intimidation n?est pas de mise, la fraude sait pourvoir au résultat. Les règlements de comptes ont lieu plus tard.


Ce mois-ci encore, Amnesty International déplorait la montée de la violence en Haïti. Homicides, attaques, menaces, note son rapport, ne sont pas le seul fait du parti d?Aristide. D?autres formations y recourent. En fait, des rivalités sanglantes sévissent non seulement entre le pouvoir et l?opposition, mais au sein de l?une et l?autre mouvances. Faut-il s?en surprendre ?


 


Après 1986, les fauteurs de violence – bandits, anciens militaires ou policiers, gardes privés, tueurs à gages – n?ont pas été désarmés. Ils ont eu l?instinct de rentrer dans l?ombre quand les États-Unis ont réinstallé Aristide au Palais national. Une fois les 23 000 soldats de Washington repartis, les tueurs sont réapparus en force, avec l?assurance de ne jamais faire face à la justice. Leur nombre aura même augmenté avec la prolifération des « organisations populaires » au service du président.


Pendant qu?à Washington l?administration Bush manifestait de l?impatience jusqu?à lancer des ultimatums, le ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, formait à Paris un comité « de réflexion et de proposition », qui doit faire rapport en janvier. Il s?agit de « réorienter la relation franco-haïtienne » de manière qu?elle contribue avec les Haïtiens « de bonne volonté » et les partenaires régionaux de la France « à briser le cercle infernal » de ce pays.


 


Si la France savait comment sortir un pays du chaos, on s?en serait aperçu. Mais une chose ne fait aucun doute. Des réparations au titre de la colonisation ne feraient qu?enrichir des kleptomanes. Quant à aider directement les gens en détresse, c?est en faire des proies pour les psychopathes de Port-au-Prince. Ne vaudrait-il pas mieux rétablir la population haïtienne en d?autres pays ? Cet esclavage ne peut durer.

Un jeune homme de seize ans. Son nom : Louisma Jonathan. Un enfant des rues.


Amené au Commissariat de police du Champ de Mars,  à Port-au-Prince, dans la nuit du 14 au 15 octobre, il est brutalement matraqué par quelques policiers en poste à ce moment là.


Puis, on le livre à des chiens.


 


Sévèrement mordu; sur tout le corps, Louisma Jonathan reçoit à l?heure actuelle, des soins dans une clinique privée.


 


C?est le « Hot line », le service d?appel d?urgence, récemment inauguré par le CARLI (Centre d?action et de recherche pour les libertés individuelles), qui a rendu public de cas ce torture infligé à un mineur. Le CARLI  rappelle que cet acte de barbarie tombe sous le coup de la Constitution(art 19), de la Déclaration Universelle (art.5) et de la Convention pour la Protection des enfants mineurs (art. 19) que le Gouvernement s?est engagé à respecter.


 


Le Centre ?cuménique des Droits Humains s?adresse, de manière formelle et spécifique aux Autorités de l?Etat Haïtien, directement responsables ou interpellées d?office par ce cas odieux de sadisme, parmi lesquelles la directeure de la Police Nationale, Me Jocelyne Pierre, l?Inspecteur Général, Commissaire Evans Sainturné, le Ministre de la Justice, Me Calixte Delatour, le Commissaire du Gouvernement, Me. Josué Pierre-Louis,  le Protecteur du Citoyen, M.Necker Dessables, l?Ambassadeur David Lee, chef de la Mission Spéciale de l?OEA, chargée d?aider à la professionnalisation de la Police Nationale, selon des termes de référence signés en février 2003.


 


Le Centre ?cuménique demande que le cas du jeune Louisma Jonathan fasse l?objet d?une action immédiate, qu?une enquête exhaustive soit menée aboutisssant, à un rapport de l?Inspecteur Général de la Police Nationale et à la présentation des coupables devant le Tribunal Correctionnel pour qu?ils soient sanctionnés. Cet acte odieux ne saurait avoir le sort des cas quotidiens d?assassinats, hold-ups, kidnappings, qui se succèdent lugubrement et pour lesquels la Police Nationale n?est pas à court d?excuses et d?alibis.


 


Au nom de la Loi, au nom de la Justice nous demandons que la vérité soit établie, les responsabilités adjugées et l?impunité répudiée. Si cela n?est pas fait, et sans avoir besoin d?évoquer les noms de Caradeux et de Rochambeau, ne  pourrait-on y voir une  confirmation de l?inanité de toute  célébration du bicentenaire de l?Indépendance de notre pays?


 


 


Jean-Claude Bajeux, dir. ex.


21 octobre 2003

Originally: A Haïti, l’homme d’affaires

André Apaid Jr, connu en Haïti sous son surnom d'”Andy”, affirme ne pas avoir d’ambition présidentielle. C’est une rareté dans cette île caraïbe en proie aux convulsions politiques, où les aspirants à la magistrature suprême sont légion.

“Je ne veux pas et je ne dois pas”, dit-il, dans sa confortable maison, oasis dans le chaos qu’est devenu Port-au-Prince. Principale figure de la résistance au pouvoir du président Aristide, cet homme d’affaires déterminé a su gagner la confiance des syndicalistes et des leaders paysans.


Ce leadership était loin d’être acquis d’avance. D’origine libanaise, “Andy” Apaid appartient à l’élite à la peau claire, minoritaire et jalousée dans la première république noire. Autre handicap : son père, André Apaid Sr, a été l’un des principaux financiers de Marc Bazin, le candidat de la bourgeoisie battu par Jean-Bertrand Aristide lors de l’élection présidentielle de 1990. A ce titre, il n’avait pas vu d’un mauvais ?il le coup d’Etat militaire contre le curé des bidonvilles, qui incarnait alors l’espoir de changement après trente ans de dictature. André Apaid Sr avait converti le petit commerce familial en un puissant conglomérat employant des milliers d’ouvriers dans les zones franches industrielles et fondé la première chaîne de télévision privée, Télé Haïti.


Né à New York en 1952, “Andy” a fait ses études secondaires chez les Frères de Saint-Louis-de-Gonzague, à Port-au-Prince, avant d’obtenir un diplôme de gestion industrielle aux Etats-Unis. Catholique pratiquant, fondateur de l’Association des industries d’Haïti, il a participé aux réunions ayant préparé la chute de Jean-Claude Duvalier à la fin des années 1980.


En 1999, le pouvoir en place crée des problèmes à l’entreprise des Apaid qui s’est lancée sur le marché de l’Internet. Le père d'”Andy” fait intervenir ses amis aux Etats-Unis, notamment le sénateur de Floride, Bob Graham, membre influent du Parti démocrate. “Ce fut un tournant pour moi. Soit j’abandonnais le pays, soit je me rendais à Aristide, soit je me battais pour défendre nos droits.” Avec un groupe d’hommes d’affaires, les Apaid lancent la Fondation Nouvelle Haïti, qui impulse le rassemblement de la société civile. “Nous avons joué un rôle de médiation entre le pouvoir et l’opposition durant la crise qui a suivi les élections contestées de 2000”, raconte “Andy”.


Lors d’une rencontre au Palais national, en janvier 2002, il surprend par sa fermeté face à Jean-Bertrand Aristide. Pour le neutraliser, des émissaires, dont des diplomates et des religieux, lui proposent, en vain, de rejoindre le gouvernement. Les négociations s’enlisent et l’opposition politique est frappée par une violente répression. Forte du regroupement de 184 organisations socioprofessionnelles, la société civile devient “le rempart empêchant Aristide de passer à la phase finale de la dictature”, reconnaît le social-démocrate Serge Gilles, l’un des leaders de l’opposition. “Quand une dictature s’installe, les premières victimes sont les partis politiques, les médias, les défenseurs des droits de l’homme. La société civile doit se réveiller avant qu’il ne soit trop tard”, estime “Andy” Apaid. Le 24 janvier 2003, les “184” lancent une “grève d’avertissement”, largement suivie à Port-au-Prince.


“Face à la faiblesse de nos institutions, face aux divisions et à l’anémie de notre société, nous proposons un nouveau contrat fondé sur l’entente des classes sociales. Mon ambition n’est pas le pouvoir, mais l’élaboration d’une plate-forme minimum.” Idéaliste ? “Pour inspirer confiance, il faut une neutralité incompatible avec la quête du pouvoir.”


A la tête des “caravanes de l’espoir”, “Andy” Apaid s’est mis à sillonner Haïti pour présenter ce projet de nouveau contrat social. Le 12 juillet, une caravane des “184” s’est rendue à Cité-Soleil, le plus grand bidonville de la capitale, un fief du régime en place. Une volée de pierres les a accueillis, malgré la présence de plusieurs diplomates dans leur cortège. Mais les “chimères”, des casseurs armés, ont seulement accru la notoriété du mouvement, salué par les opposants de plus en plus nombreux au président Aristide.


 





La composition du comité de réflexion et de proposition sur Haïti a été annoncée par le ministre des affaires étrangères, Dominique de Villepin, le mardi 7 octobre. Placé sous la présidence de Régis Debray, le comité vise à “réorienter la relation franco-haïtienne de manière à ce qu’elle contribue, avec tous les Haïtiens de bonne volonté et avec ses partenaires de la région et l’OEA – Organisation des Etats américains-, à briser le cercle infernal dans lequel ce pays est plongé”. La France est le troisième bailleur de fonds de Haïti, après les Etats-Unis et le Canada.


Le comité comprend l’historienne Myriam Cottias, le philosophe guadeloupéen Jacky Dahomay, le Père dominicain Gilles Danroc, le PDG de la Banque des Antilles françaises, Serge Robert, l’ancien ambassadeur Philippe Selz, un représentant de l’association Les Anneaux de la mémoire (Nantes), Jean-Marc Masseaut, l’historien Marcel Dorigny, le sociologue Gérard Barthélémy et l’auteur d’un ouvrage sur les relations financières franco-haïtiennes, François Blancpain. Leur rapport est attendu en janvier 2004.


 


 

Originally: MISE EN PLACE D?UN COMITÉ DE RÉFLEXION ET DE PROPOSITION SUR LES RELATIONS

Déclaration du Porte-parole du Quai d?Orsay
Originally: MISE EN PLACE D?UN COMITÉ DE RÉFLEXION ET DE PROPOSITION SUR LES RELATIONS


FRANCO-HAÏTIENNES


Ministre des Affaires Etrangeres de la France, Dominique de Villepin, 2003-10-08


Haiti Democracy Project web page item #940 (http://www.haitipolicy.org)



Déclaration du Porte-parole du Quai d?Orsay
MISE EN PLACE D?UN COMITÉ DE RÉFLEXION ET DE PROPOSITION SUR LES RELATIONS


FRANCO-HAÏTIENNES


7 octobre 2003


Le ministre, Dominique de Villepin, a procédé aujourd?hui, à la mise en place d?un Comité


de réflexion et de proposition sur les relations franco-haïtiennes, présidé par M. Régis


Debray.


En installant ce comité indépendant, les autorités françaises ont voulu réunir des


personnalités françaises diverses qui viennent d?horizons très variés pour réfléchir sur


la question d?Haïti.


Le Comité remettra son rapport au ministre en janvier prochain au terme de travaux qui


seront conduits à la fois en France et en Haïti.


L?objectif est de contribuer à nourrir par des propositions les réflexions et la capacité


d?action de l?Etat mais aussi les réflexions et la capacités d?action de tous les autres


partenaires français qui peuvent aider Haïti à progresser sur la voie de la bonne


gouvernance et de la démocratie.


Pouvez-vous nous expliquer cette demande d?Haïti d?être remboursé d?une somme colossale,


environ 23 milliards de dollars, qu?elle estime que la France lui doit pour la période


coloniale ?


Je voudrais souligner que la question de la restitution de ces indemnités n?entre pas dans


la mission qui a été confiée au Comité de réflexion et de proposition sur les relations


franco-haïtiennes.


Sur le fond, je voudrais vous renvoyer aux propos que le président de la République avait


tenus le 2 juin dernier à Evian, en marge du G8 :


Début de citation : ? Vous le savez, j?ai la plus grande sympathie pour Haïti et pour sa


population. Nous avons de surcroît une coopération importante et nous apportons à Haïti


une aide non négligeable. Et, avant d?évoquer des contentieux de cette nature, je ne


saurais trop conseiller aux autorités haïtiennes d?être très vigilantes sur, je dirais, la


nature de leurs actions et leur régime?. Fin de citation.


Pourquoi la France accepterait de donner autant d?argent à Haïti ?


C?est une question qui ne se pose pas.


Quel est le calendrier pour le Comité de réflexion ?


Je vous l?ai dit, il doit remettre son rapport en janvier prochain.


Que dit la législation internationale en ce qui concerne la demande des indemnités ? On


entend pas mal de voix qui s?élèvent pour demander des indemnisations et des


dédommagements de la colonisation. Que dit exactement la législation internationale


là-dessus ?


Je n?ai pas connaissance d?une législation internationale en ce domaine. Elle n?existe pas


à ma connaissance.


Une question précise sur la date du 1er janvier 2004, qui va commémorer le bicentenaire de


l?indépendance d?Haïti. Sera-t-elle inscrite au calendrier officiel des manifestations en


termes de relations entre la France et Haïti ?


Nous n?avons pas véritablement de calendrier officiel de cette nature. C?est une question


qui devra être examinée le moment venu.

Originally: Justice et Démocratie : le devoir d’être libre


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Originally: DECLARATION DE L’AMBASSADEUR JAMES B. FOLEY

Au nom du gouvernement des Etats-Unis, je voudrais exprimer notre profond regret face à la mort d’innocentes victimes aux Gonaïves et notre inquiétude en ce qui a trait à l’usage excessif et aveugle de la force par la police, hier, 2 octobre. Nous admettons que les autorités sont responsables du maintien de l’ordre public, mais nous exhortons la police à protéger les civils et à agir dans le cadre de la loi.

Les incidents aux Gonaïves ont suivi l’assassinat d’Amiot Métayer, alias “Cubain”, assassinat que nous condamnons fermement. Métayer était un fugitif criminel dont l’arrestation et les poursuites judiciaires avaient été longuement réclamées par la communauté internationale. Nous appelons les autorités haïtiennes à entreprendre une enquête approfondie, à déterminer les circonstances autour de ce meurtre et à poursuivre en justice les auteurs.

Tenant compte des événements prévus ce week-end au Cap-Haïtien, je voudrais réaffirmer notre soutien à tout Haïtien désirant exercer son droit de manifester pacifiquement et de s’exprimer librement, droits fondamentaux du processus démocratique et qui doivent être protégés par les autorités. Les Etats-Unis croient de façon catégorique que les problèmes confrontés par Haïti doivent être résolus uniquement par des moyens pacifiques et électoraux. Nous condamnons tout recours à la violence d’où qu’elle vienne. Nous n’appuierons qu’une seule sortie de crise — la tenue d’élections libres et crédibles dans un climat de sécurité, comme prescrit par la Résolution 822 de l?OEA.

James B. Foley

Originally: La NCHR condamne avec force la brutalité policière survenue aux Gonaïves le 2 octobre 2003


La Coalition Nationale pour les Droits des Haïtiens (NCHR), profondément préoccupée par le climat de terreur qui prévaut aux Gonaïves depuis l?assassinat crapuleux d?Amiot Métayer dans la nuit du 21 au 22 septembre 2003, croit nécessaire d?attirer l?attention des autorités politiques et policières du pays sur l?obligation qui leur est faite de respecter en toutes circonstances les droits inaliénables et imprescriptibles du peuple haïtien à la vie, à la sécurité et à la liberté.


 


La NCHR note que le scénario mis en place au cours de la journée du 2 octobre 2003 pour la brutale intervention policière à Jubilé est étrangement similaire à celui mis en place par « l?armée macoute »  lors du massacre de Raboteau du 22 avril 1994.


 


Le 2 octobre 2003, le sang a, une nouvelle fois, coulé aux Gonaïves.  Toutes les unités de la Police Nationale ont participé au trac de la population civile.  La terreur aveugle a frappé invariablement femmes, enfants et hommes désarmés.  Des gens qui tentaient de prendre la fuite par la mer ont été contraints de rebrousser chemin, d?autres ont été atteints de projectiles chez eux.  Pendant plus de trois (3) heures d?horloge Jubilé a été un enfer pour âmes qui vivent.


 


L?intervention sanglante de la Police a été minutieusement planifiée. Moins de vingt quatre heures avant cette intervention, le pouvoir a fait installer Monsieur Aslès Saint-Louis, ancien suppléant juge de paix de Delmas, comme Commissaire du Gouvernement aux Gonaïves.  Monsieur Saint-Louis n?est pas licencié en droit et n?aurait, selon les informations  crédibles parvenues à la NCHR, jamais étudié le droit.  Cette nomination est donc faite en violation de la loi sur l?organisation judiciaire qui exige une expérience de trois (3) ans au moins dans l?exercice de la profession d?avocat pour être membre du Parquet.  Or, pour exercer la profession d?avocat il faut, entre autres :


 


1.                Etre détenteur d?une licence de l?Université d?Etat d?Haïti, section juridique, ou d?un diplôme d?une faculté étrangère et reconnue  équivalant à la licence de droit ;


 


2.                Avoir fait un stage de deux (2) années dans l?un des Barreaux de la République, après sa prestation de serment devant le Tribunal Civil de la juridiction et être détenteur de son certificat d?aptitude à la profession d?avocat ;


 


3.                Etre inscrit au tableau de l?ordre d?une juridiction ;


 


Le nouveau Commissaire du Gouvernement des Gonaïves n?a rempli aucune de ces conditions.  Pourquoi parachuter Monsieur Saint-Louis au Parquet des Gonaïves vingt quatre heures avant l?assaut  de Jubilé ?


 


La nomination de Monsieur Saint-Louis répond à une exigence politique et non juridique, elle fait partie d?un plan de terreur pour tenter de donner une couverture légale aux agissements inqualifiables des policiers et leur assurer l?impunité.  L?ancien suppléant juge de paix de Delmas a la réputation de faire partie du groupe  « zéro tolérance » de Delmas et est souvent de connivence avec les attachés du Commissariat de Delmas 33 depuis la période du Commissaire Camille Marcelus qui fait aujourd?hui office de Directeur Départemental de Police de l?Artibonite.


 


La NCHR estime crédibles les informations faisant état de la participation de certains attachés du Commissariat de Delmas dans les événements survenus aux Gonaïves .


 


La NCHR est incapable pour l?instant de présenter avec exactitude un bilan  compte tenu des difficultés rencontrées par ses moniteurs en place dans la Cité de l?indépendance mais elle est en mesure de confirmer que le bilan est lourd : plusieurs morts et beaucoup de blessés.


 


La NCHR trouve répréhensible le comportement des membres de « l?armée cannibale »  qui se sont attaqués aux bâtiments publics de la  ville mais croit que ceci ne peut en rien justifier la journée de terreur du 2 0ctobre 2003.


 


La NCHR rappelle que l?utilisation de la Police Nationale pour réprimer les manifestations anti-gouvernementales pacifiques est dangereuse et constitue une grave menace pour l?avenir de l?institution policière et  de la démocratie.  Les agents de la PNH ne doivent pas se sentir concernés par le contenu des manifestations mais doivent seulement s?assurer qu? elles sont pacifiques.


 


La NCHR condamne les attaques perpétrées contre la population civile de Jubilé et demande la formation d?une commission d?enquête indépendante pour fixer les responsabilités. 


  


Port-au-Prince, le 3 octobre 2003

Originally: Police try to raid shantytown in beleaguered Haitian city of Gonaïves, five killed


Police try to raid shantytown in beleaguered Haitian city of Gonaïves, five killed


October 3, 2003


PORT-AU-PRINCE, Haiti (AP) Police trying to raid a


shantytown started a gunfight that left five men dead


Thursday in Gonaïves, radio stations reported from the


beleaguered city paralyzed by protesting supporters of


a slain gang leader once loyal to President Jean-Bertrand


Aristide.


 


Officers went on the offensive the day after protesters


torched the police station. With a helicopter hovering


overhead, police tried without success to penetrate Raboteau shantytown, exchanging gunfire with protesters for two


hours, independent Radio Etincelles reported.


 


Five people were shot and killed in nearby slums, including


two motorbike taxi drivers trying to flee the firefight, two


radio stations reported. At least 10 people were wounded,


raising the toll to six killed and 28 wounded since Amyot


Metayer?s bullet-riddled body was found Sept. 22.


 


National Police spokeswoman Daphne Orlando said she


had no information about the raid. She spoke in


Port-au-Prince, 110 kilometers (70 miles) southeast of


Gonaïves.


 


Members and supporters of Métayer?s “Cannibal Army”


gang claim the government ordered his assassination to


stop him spreading damaging information about Aristide.


They remained politically isolated Thursday, with Haiti?s


traditional opposition distancing itself even as the disparate


groups both call for Aristide?s resignation.


 


“We are opposed to political assassinations,”opposition


politician Evans Paul said, “But we can give wholehearted


support to the movement in Gonaïves only in so far as it is nonviolent.”


 


On Wednesday, attackers stormed four government


buildings, torching three and burning internal revenue


archives in the street. On Monday, gunmen burned down


the home of Gonaïves police chief Harold Adeclat, accused


of complicity in Métayer?s killing. Last week, protesters


ransacked the home of grass-roots leader Odonel Paul,


reportedly the last person to see Métayer alive.


 


The government denies involvement in Métayer?s slaying,


saying only its political opponents gain from protests it links


to “the armed wing of the opposition.”


 


Opposition groups denied involvement in the Gonaïves


uprising but did not rule out future cooperation: “As soon


as Métayer?s followers stop calling themselves a ‘cannibal


army,’ we?ll declare our support,” said Jean-Robert Lalane, coordinator of the Northern District Front opposition


alliance.


 


Militants like Paul and outlaws like Métayer have been


the key to Aristide?s control of Gonaïves. Their about-face


parallels that of many who voted for Aristide but have grown disenchanted as poverty deepens in the Caribbean country.


Aristide has brushed aside protesters? demands that he


resign, saying they come from “a small group.”


 


“Métayer?s followers are struggling for their survival,” Paul


said. “They saw how Métayer was used and then eliminated,


and fear they will suffer the same fate.”


 


Métayer was arrested on arson charges May 21, 2002, months


after the Organization of American States called for him to be


tried on charges of attacking Aristide opponents.


 


Supporters freed Métayer three months later by driving a tractor through the prison wall.

Originally: Communiqué de Presse


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