Originally: Comment comprendre la ??Mobilisation Nord??.

   Cap-Haïtien, Haïti.


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Le 17 novembre 2002, des dizaines de milliers de gens déferlent dans  les rues du Cap-Haïtien. Ils demandent le départ d?Aristide comme solution à la crise politique post-électorale de mai 2000. Situation un peu paradoxale car, des rapports d?Ambassades venaient tout juste de confirmer le leadership d?Aristide sur les masses.


 Le 22 novembre 2002, en guise de réponse, Aristide lance ses casseurs. Le corps diplomatique n ?accepte plus ce trompe-l??il. Les partisans d?Aristide doivent manifester, non bloquer les rues. Un pari difficile pour Lavalas qui n?arrive pas, après plusieurs mobilisations, à rassembler du monde.


 Le 3 décembre 2003, l?opposition, à Port-au-prince et au Cap-Haïtien, souhaite récidiver. Des manifestations sont annoncées. Contrairement à 17 novembre 2002, elles se soldèrent par des violences. Lavalas montrait son vrai visage. Les chimères ont prouvé leur savoir-faire : coups de fouet, sachets d?urine, excrément humain, tout est bon pour cacher l?impopularité d?Aristide. Bilan : plusieurs blessés. 


 Aristide est ainsi pris en fourchette : laisser manifester la population, des dizaines de milliers de personnes gagneraient les rues ; utiliser la violence, le caractère anti-démocratique de son régime serait  prouvé. L?opposition l?avait compris, et encouragea plusieurs manifs à travers le pays. Elles ont été toutes dispersées violemment par des gangs armés liés au pouvoir, appuyés par des Agents de la PNH.


 L?OEA n?en revenait pas. La mobilisation anti-lavalas gagne le pays. Les partis de l?opposition font machine arrière. Le 15 décembre 2002, ils demandent le départ de Jean-Bertrand Aristide, dans une déclaration commune. La mobilisation Nord a compliqué les choses. Beaucoup de diplomates sont en difficulté. Ils étaient si proches d?une solution  conformiste, aujourd?hui, ils doivent admettre que la formation du Conseil Electoral Provisoire demande un environnement sécuritaire. La démocratie ? esthétique – à l?Africaine de l?OEA, du Black Caucus et de la CARICOM est dans l?impasse. Les multiples violations des droits humains non-rapportées sont désormais visibles sur toutes les chaînes de télévision des grandes villes occidentales.


 Aristide, dépassé, tente de matérialiser son projet dictatorial. Il ne peut plus adopter un comportement ??décent?? moins gênant pour ses amis diplomates. Le support de la communauté internationale doit-être sournois. Les choses tournent mal. Tout le monde questionne l?origine d?un tel mouvement. La mobilisation Nord devient nuisible même pour l?OEA. Comment comprendre le mouvement nord ? Quels sont les facteurs de base de cette mobilisation ?  Tout le monde cherche des éléments de réponses. Des réponses souvent simplistes pour ceux qui ne veulent pas comprendre. Les déboires de Jean-Robert Lalanne, l?un des principaux leaders de ce mouvement, avec l?ambassade des USA font l?affaire des paresseux.  Le régime Lavalas y trouve une réponse facile. On a enlevé le visa de Lalanne pour obstacle à la politique Américaine en matière de lutte contre le trafic de stupéfiants : le mouvement nord est donc un mouvement de trafiquants de stupéfiants disent-ils.


 Aussi ne devrait-on pas présenter certaines vérités. Comme Editorialiste à Radio Maxima nous avons vécu les moments forts de cette mobilisation. Comme jeune capois, nous avons une idée des sentiments qui traversent les couches de la population qui constituent la base de la ??Mobilisation Nord??.


 Pour accéder au pouvoir, le Grand Nord avait apporté un soutien sans conteste a Jean-Bertrand Aristide. Les élèves du Lycée Philippe Guerrier et ceux du Collège Notre Dame formèrent des foyers de support lors des élections de 1990. Durant les trois ans du coup d?Etat, beaucoup de jeunes du nord ont péri en haute-mer pour échapper à la répression cruelle des militaires.


 En 1994, les jeunes du nord retrouvèrent un  Prête dénaturé. L?amour de l?argent, les promesses fallacieuses, le mépris de la base devinrent les nouveaux principes de Jean-Bertrand Aristide. Bell Angelot, le délégué d?alors, appliqua cette nouvelle méthode de pouvoir sans faute. On pouvait lire le Prince de Machiavel à travers Aristide et ses représentants dans le Nord.


 Les conséquences des trois ans d?embargo furent ressenties. Les infrastructures sont détruites. Les routes de  Milot, de Ouanaminthe et de Saint-Raphaël sont impraticables. La ville du Cap est en recul. On pouvait remarquer deux à trois mouvements de protestation chaque semaine pour des besoins de base, des services publics ou équipements collectifs : eau, route, électricité, sécurité, vie chère, etc.  La déception est grande. A chaque fois les officiels répondent par des promesses en l?air. La dégradation continue. Les scandales de détournement de fonds sont légions. Les fonds de Labadie, le financement du boulevard du Cap-Haitien, les PPP (Petits projets de la Présidence), toutes les réalisations du régime sont entachées de fraude et de détournement de fonds. L?idéal lavalassien est violé. Ce mouvement ne peut pas organiser le changement, il ne représente même plus l?espoir. Les jeunes n?y croient plus.


 Le choix des candidats lavalas pour les élections de mai 2000 allait enterrer complètement l?espoir des militants incrédules qui espéraient, disent-ils, encadrer Aristide et isoler les profiteurs. Tous les candidats lavalas ont été choisis par Bell Angelot et quelques Grands manitous du régime qui, au Cap-Haïtien, pillaient les caisses de l?APN, de la Douane, de la DGI? au profit d?Aristide et de ses protégés. Beaucoup  d?entre ces candidats sont des anciens tortionnaires ou des civils armés qui terrorisaient les jeunes durant les trois (3) ans d?exile d?Aristide. Des militants de base comme Tony Samson ont été humiliés avec leur popularité.


 Les bases lavalasssiennes prennent ainsi leur distance vis à vis du régime. Quelques unes d?entre elles acceptent les conditions humiliantes de la nouvelle famille : ??Fanmi Lavalas??. Des militants sont casés dans les administration et entreprise publiques. Ils sont sans conviction et vision politiques. La peur de la faim est leur seul mobile.


 Additionnez les déçus d?Aristide aux anti-lavalassiens de toujours, aux victimes du régime ? celles des violences de novembre 1995 et des coopératives et, dites-nous si une plate-forme contre le pouvoir en place  dans le Nord est illogique.


 L?autre parti influent du mouvement lavalas ??Pati Louvri Baryè?? n?a laissé que le désordre dans la mémoire collective. Ces gens sont impliqués dans toutes les transactions louches. Ils ne peuvent servir d?Alternative.


 L?OPL (Organisation du Peuple en Lutte ci-devant Organisation Politique Lavalas) est actuellement anti-lavalas. Elle représente une force politique importante dans le Nord. L?ESPACE DE CONCERTATION fait aussi partie de l?Opposition Nord.


 Quant aux jeunes de moins de 25 ans, ils sont pragmatiques et hédonistes. Ils ne cherchent que des opportunités. Ils n?ont pas connu, les luttes rhétoriques Gauche-droite, marxiste, Théologie de libération, etc.. Ils sont très radicaux face au Pouvoir Lavalas. Leur préoccupation est la Paix, la bonne gouvernance et la relance de l?économie. Bref, le mouvement nord a une base sociale composée de lavalassiens frustrés (25 à 40 ans en majorité), d?anti-lavalassiens-nés (40 ans et plus) et de jeunes pragmatiques qui n?ont pas été témoins de la mouvance des années 90 (moins de 25 ans).


 Les personnes expropriées par les gangs du Maire de Milot et autres officiels du pouvoir dans le Nord, les femmes violées sur la route nationale numéro 1, les hommes d?affaires dévalisés, l?insécurité à la campagne additionnés aux victimes des coopératives, forment la base du mouvement Nord.


 En moins d?une décennie, on constate une augmentation des Centres d?enseignement supérieur au Cap-Haïtien. La FSA (Faculté des Sciences Administratives) de l?Université Catholique UNDH, l?INUJED (Institut universitaire des Sciences Juridiques, Economiques et de Développement  Régional), la FERA (Faculté des Sciences de l?Education Régina Assumpta), ARISTE (Académie des Relations Internationales des Sciences Économiques et du Travail)?, la Faculté de Droit de Fort-Liberté, toutes de nouvelles institutions, viennent augmenter les possibilités pour les jeunes du Nord d?avoir des méthodes d?analyse rationnelle.


 Ces nouveaux centres augmentent le nombre de ceux qui existaient dans le temps ? l?Université Roi Henri Christophe (URHC), l?Université Chrétienne du Nord , la Faculté de Droit et des Sciences Economiques du Cap-Haïtien, la Faculté des Sciences Administratives de l?Université Adventiste d?Haïti. La diversité des domaines d?études était essentielle pour une approche rationnelle des problèmes du pays.


 Un nombre important de jeunes traversent la frontière pour aller étudier en République Dominicaine. Ceux qui ont été à Port-au-prince sont revenus grossir le nombre des chômeurs dans le Grand-Nord. On peut comprendre qu?il devient difficile pour Aristide de continuer à nous manipuler avec ses discours ??TIM TIM BWA CHECH??. Structurellement et fonctionnellement Lavalas n?a plus de base dans le Nord. Il y a une continuité, une évolution continue qui crée à un certain moment la discontinuité. C?est  le passage de la quantité à la qualité.


 A ceux qui diront qu?à Port-au-prince il y a aussi des efforts considérables, et que les infrastructures y sont nettement supérieures, nous répondrons : dans le Nord il y a un plus : la fierté christophienne. Certaines valeurs sont de rigueur.


 Quand l?homme du Nord défend ses convictions, il le fait avec détermination. Aristide en a profité en 1990. Durand les trois ans du Coup d?état, la résistance Nord était considérable. Aujourd?hui, il doit y faire face.


 Le sous-développement économique laisse intact toute conscience des valeurs supra-individuelles. La démagogie lavalassienne rime mal avec la conscience collective du Grand-Nord au 21e Siècle. Mario Dupuy devrait revoir les théories sur la ??Conscience réelle?? et la ??Conscience possible??. Certes la Fierté christophienne a perdu son côté régionaliste contre-productif, cependant elle garde encore une charge émotionnelle qui résiste bien et empêche aux discours manipulateurs de produire les effets habituels. Par exemple, pour la visite de Jean-Bertrand Aristide, les travaux réalisés, au lieu d?augmenter la popularité du Leader Lavalas, ont prouvé que les fonds sont disponibles et qu?il faut en finir avec cette affaire d?un Président tout puissant, pour le déplacement duquel, l?Etat est capable de rétablir l?eau du robinet, de réparer les rues de la ville du Cap, fournir l?électricité 24 heures sur 24, assenir les rues, en mois de 15 jours. Cette démonstration n?a pas eu l?effet habituel. Elle n?a fait que démontrer le niveau de méchanceté de ces lavalassiens. En novembre 2002, Aristide ne pouvait pas comprendre la mobilisation Nord. La manif du 17 novembre 2002 est faite dans une ville où le gouvernement a fourni de l?électricité 24 sur 24 depuis la visite du Président.


 Pour le Nord, lavalas doit envisager ce que Marx appelait ??les limites de la conscience possible?? c?est le cas où, pour obtenir la transmission, le groupe en tant que groupe doit disparaître ou se transformer, au point de perdre ses caractéristiques sociales essentielles. Donc abandonné, le Nord garde ses caractéristiques. Lavalas n?a plus le temps d?opérer une transformation en profondeur. Il doit accepter cette réalité Nord qui malheureusement fait son malheur. Le discours lavalassien est incompatible aux caractéristiques fondamentales du Grand-Nord.


 Des affairistes, il y en a dans le Nord, mais pas comme à Port-au-prince. La vie de chaque jour expose nos compatriotes de l?Ouest à la corruption. Il faut manger, payer le loyer, envoyer les enfants à l?école, alors on fait n?importe quoi pour n?importe quel pouvoir. Dans le Nord, l?absence de développement économique et technique laisse intactes les structures familiale et communautaire. Le capois qui ne veut pas se renier, retourne chez lui. L?homme du Nord, qui ne trouve pas un travail dans la dignité rentre chez lui.   Chez nous, le soutien familial et communautaire compensent l?absence de services et d?opportunités. Donc, à entendre les affairistes de la capitale sur la TNH, Radio Timoun, Radio nationale, nous sommes révoltés. Les ??Porte-parole?? du pouvoir nous insultent et révoltent notre conscience. Ils voient de l?élégance dans  l?art de mentir. Cela est intolérable et nous interpelle tous.


 Les gens du Nord ne dépendent pas du pouvoir en place. Pour une carte d?identité, un passeport, un permis de conduire, on doit se rendre à la Capitale. L?administration n?a que des droits de relever des fonds dans le Nord, mais pas d?obligations de fournir des services. Nous dépendons plus des U.S.A., des Bahamas ou de la République Dominicaine. Alors, pas de service, pas de sentiment d?interdépendance.


 Si les stations de Radio de la capitale, relayées au niveau local, nous présentent l?indécence du pouvoir Lavalas dans leurs éditions de journal, depuis janvier 2000, Radio Maxima analyse la situation socio-politique, dénonce les abus du pouvoir, de la police (Les Feddayins d?Aristide), la corruption dans les services publics. Le vide crée par le départ de Daly Valet de Radio Vision 2000 est comblé dans le Nord. Ces prises de position, dit-on, sont suicidaires. Mais ce sont les risques du changement. Jean-Dominique et Brignol Lindor l?ont payé de leur vie. Mais nous sommes décidés à offrir au Pouvoir Lavalas et à Jean-Bertrand Aristide l?opportunité de nous abattre froidement, pour notre opinion. Probablement, ces gouttes de sang feront déborder le vase. Donc, les Editorialistes de Radio Maxima travaillent dans le Nord. Ils sont motivés et travaillent pour le changement par des procédés démocratiques.


 En mai 2001, en plus des organisations sociopolitiques traditionnelles, OPL, Fanmi Lavalas, Espace de Concertation, qui fonctionnent dans le Nord, des jeunes de la ville du Cap-Haïtien ont fondé l?I.C. (Initiative Citoyenne). Ils prônent le changement et demandent des résultats concrets qu?on pourra évaluer à partir du ??niveau de vie??. En plus des discours de Droite et de Gauche ? des joutes rhétoriques ? il y a les besoins de base : routes, eau potable, logement, Nourriture, hygiène publique, sécurité, emploi, électricité, infrastructures sanitaire et éducative. La satisfaction de ces besoins ne doit pas dépendre de l?humeur des hommes politiques. C?est l?affaire des citoyens qui en souffrent. Nous devons lister ces besoins de base pour chaque zone. Les candidats de partis politiques doivent-être interrogés à partir de ces besoins. Comment comptez-vous les résoudre ? L?idée est claire. Il faut une troisième voix ? la voix citoyenne. Plus de ??Roule roule-w jan ou vle?? (Dirige à ta guise). Si le pouvoir démocratique vient des citoyens, les hommes politiques ont ??l?obligation de résultat?? de respecter la volonté citoyenne. Si, souvent, la volonté dirigeante est ranc?ur, ressentiments ou idéologie, la volonté citoyenne est d?abord : niveau de vie. L?I.C. prône aussi un changement global de paradigme, une nouvelle conception du pouvoir basée sur la bonne gouvernance, la vision à long terme et l?accountability. 


 Il faut en finir avec les discours rhétoriques et démagogiques : noiristes, des activistes (chimères de Washington) du ??Black caucus?? ; anti-mûlatristes, des aristidiens ; coloristes, des mûlates frustrés ;  régionalistes, de la CARICOM; communistes, capitalistes ou machiavéliques. Les discours politiques doivent être humanistes. Les jeunes du Nord veulent des opportunités. Ils sont pragmatiques. Ils cherchent la sûreté et le progrès économiques. Si l?on considère l?appui d?une large majorité de la population Nord en particulier, de la population haïtienne en général, on peut comprendre l?inadéquation du discours lavalassien par rapport à la vision globale.


 Les gens du Nord comprennent mal la position de la communauté internationale face à la crise née des élections controversées de l?année 2000. Depuis 1994, Aristide met en place un pouvoir personnel. Déjà en 1994 avec 20.000 soldats américains en Haïti, il n?a pas voulu respecter son engagement de remettre le pouvoir et d?organiser des élections. Il a gaspillé plusieurs millions de gourdes pour réclamer ses trois ans, alors qu?il avait déclaré au Pentagone qu?il remettrait le pouvoir en 1995.


 Durant les cinq ans du Président Préval, il n?a fait qu?organiser des casses à Port-au-prince. Bonne Gouvernance, Sécurité, indépendance du Pouvoir judiciaire et de la Police n?ont jamais été les objectifs d?Aristide. Crimes politiques, prisonniers politiques, trafic de stupéfiants, violation des droits humains, destruction des institutions de l?Etat, violation du droit de propriété, saccages de maisons, tueries, détournement de fonds tel est «le triste fruit» du retour à l?ordre constitutionnel. Parler de constitutionnalisme de la communauté internationale devant une situation anarchique, c?est discréditer la démocratie. Le régime des Duvalier était constitutionnel. Il y avait une constitution Duvalieriste. Elle a été acceptée par la communauté internationale. Elle consacrait la Présidence à vie des Duvalier. C?est sur la base de cette constitution que Jean-Claude Duvalier a démissionné. Les Etats-Unis, en bon constitutionnalistes ne devraient-ils pas respecter la présidence à vie de Jean-Claude ? Ce qu?on fait semblant d?oublier, pour perpétuer le Régime Lavalas au Pouvoir, c?est que toute constitution doit respecter les droits naturels de l?homme : la déclaration universelle des droits de l?homme. Sinon la tyrannie et la barbarie du régime de Saddam Hussein ne sauraient justifier l?action des Etats-Unis en Irak. On ne peut rien reprocher à Fidel Castro qui dirige selon les prescrits d?une constitution révolutionnaire. Les Militaires Birman fonctionnent en toute légalité (la loi birmane). Les Ayatollahs sont dans leur droit. Ces arguments ne tiennent plus.


 Dans le Nord nous comprenons clairement que le support inconditionnel de la communauté internationale à Aristide au nom d?un prétendu constitutionnalisme est un complot ??Black Caucus/CARICOM/Parti Démocrate Américain  pour le bonheur de ceux qui font leur beurre sur notre misère. Il s?agit purement et simplement de  l?institutionnalisation de l?immoralité. Il n?y a pas de différence entre la morale qui soutient le trafic humain et celle de ceux qui profitent de l?anarchie lavalassienne pour faire fortune. Il s?agit d?exploiter la faiblesse et la souffrance humaines au nom du noirisme du Black Caucus, du régionalisme de la Caricom ou du Constitutionnalisme de la communauté internationale.


 Les déclarations décevantes du Sénateur américain Christopher Dodd qui, pour justifier les violences de gangs armés contre des associations de la société, cautionne la guerre Protestant-catholique en Irlande du Nord, nous donnent raison. Selon le Sénateur Dodd, la condamnation d?un acte de violence dépend du lieu dans lequel il a été commis et non de la nature de l?acte. Il justifie ainsi les attaques perpétrées contre les soldats Américains en Irak vu que ces derniers se trouvent en territoire Arabo-Persique. Nous ne pouvons pas accepter une telle déclaration d?un Sénateur Américain. Alors que les gouvernements du monde luttent contre les zones de non-droit qui peuvent servir de zone d?incubation pour les réseaux terroristes ; alors que le matériel de l?Ambassade des Etats-Unis a été détruit pas des gangs lavalassiens à Cité Soleil et le Chargé d?Affaires américain Luis Moreno a été en danger de mort et qu?il n?a eu la vie sauve que grâce à l?intervention des agents de sécurité du numéro 2 de l?ambassade de France, Christopher Dodd, Sénateur Américain, nous dit que c?est normal, c?est comme à Belfast, en Irlande du Nord.


 Nous ne devons pas laisser détruire la société construite durant les 200 ans d?indépendance d?Haïti. Pour répéter le Professeur Michel Hector,  au moins nous avons une société. Le Black Caucus ne doit pas exporter ses idées communitaristes antinationales. Il doit travailler pour l?intégration des noirs américains au rêve américain. Il peut en agissant ainsi, créer des zones de non-doit qui seront utilisées plus tard par Al-Qaida et autres réseaux terroristes dormants. Si à cause de leurs ressentiments, les Black américains et ceux de la CARICOM refusent l?intégration mondiale, nous leur rappelons que la révolution haitienne est contemporaine de celles des USA et de la France. Toussaint et Washington étaient égaux.


 Nous autres, nous sommes attachés à ces principes de la Déclaration de l?Indépendance des Etats-Unis d?Amérique : ???lorsqu?une longue suite d?abus et d?usurpations, tendant invariablement au même but, marque le dessein de les soumettre au despotisme absolu, il est de leur droit, il est de leur devoir de rejeter un tel gouvernement et de pourvoir, par de nouvelles sauvegardes, à leur sécurité future.??


??Les gouvernements sont établis parmi les hommes pour garantir ces droits, et leur juste pouvoir émane du consentement des gouvernés. Toutes les fois qu?une forme de gouvernement devient destructive de ce but, le peuple a le droit de la changer ou de l?abolir et d?établir un nouveau gouvernement, en la forme qui lui paraîtront les plus propres à lui donner la sûreté et le bonheur??.


 Les gens du Nord rêvent de voir leur zone transformée en un nouveau pôle économique. Nous avons l?avantage d?être la région la plus proche des économies et zones touristiques importantes : les USA, la République Dominicaine, les Bahamas et Cuba. Nous voulons désenclaver les régions  agricoles du grand-Nord : Mont-Organisé, Carice, Pilate ? Gros-Mornes, Limbé – Port Margot-Borgne-Anse à Foleur ?Saint-Louis du Nord ; construire un réseau routier Ouanaminthe ?Cap-Haïtien ? Port de Paix ? Môle Saint Nicolas ; relancer les activités touristiques avec des sites et lieux de plaisance le long de la côte atlantique ; résoudre le problème énergétique par des barrages hydroélectriques sur de multiples rivières du grands Nord ; transformer en autoroute les réseaux Cap haïtien ? Pignon – La Victoire – Hinche ? Port au Prince et Cap haïtien- Saint Raphaël- Saint Michel ? Gonaïves ? Port au prince. Nous voulons avoir accès aux services publics. Nous devons renforcer les structures y relatives : éducation, santé, sécurité, agriculture, par une bonne gouvernance. Notre volonté tend vers le progrès. Le Nord est indomptable.


 Pour développer notre pays nous sommes convaincus que le départ de Jean-Bertrand Aristide du Pouvoir est inévitable. C?est un pré-requis. Notre stratégie pour atteindre ce but est clair et simple.


 La force d?Aristide était diplomatique, il fallait par la dénonciation la réduire. Cet objectif est atteint. Il faut continuer à le mettre dans des situations pour qu?il puisse démontrer sa mentalité dictatoriale. Il n?a plus de support populaire. Il faut l?assommer avec des manifestations pacifiques et le prendre par ??fourchette?? : ou il répond par la violence, ou il ne fait rien, alors son impopularité sera visible.


 Lavalas construit toute sa légitimité sur sa popularité ? 16 décembre 1990. L?acte fondateur du régime a été une marrée humaine. Pour le déloger de l?espace public, il faut des foules. Lavalas n?a plus de ressources humaines pour mener à bien une lutte pacifique. Il faut le contraindre à rester sur le terrain pacifique. D?ailleurs, toute la réputation d?Aristide lors de son retour était construite sur la Paix ? no blood. Le pouvoir cherche la violence, il essaie d?introduire des actions violentes partout, même dans le Nord, pour légitimer la répression. Le Nord ne lui offrira pas cette occasion. De surcroit, les zones du pays où il y a des actions violentes sont les plus faibles. La force de la mobilisation Nord réside dans la non-violence.


 Lavalas est un régime tyrannique. Toute son existence repose sur la force et la violence. Il faut miser sur les Termes de référence de l?OEA pour réduire ses capacités répressives. La police et la justice doivent-être indépendantes et professionnelles. Les gangs armés doivent-être démantelés. La population doit pouvoir manifester pacifiquement et librement. Nous devons profiter des accords du pouvoir avec le Fonds Monétaire International et la lutte contre le trafic des stupéfiants pour réduire la capacité financière du régime lavalas. Sans argent, toute dictature est condamnée au dépérissement. La force du régime réside dans le clientélisme et l?accès incontrôlé aux fonds de l?Etat. Le STAFF MONITORING PROGRAM est très important pour museler Aristide et son gouvernement.


 Dans son discours de circonstance à la HAMCHAM, l?Ambassadeur Américain Brian Dean  Curran a déclaré : ? ? je crois que le processus comportera un grand compromis, historique entre le gouvernement, l?opposition politique et la société civile pour produire les changements nécessaires au sein du gouvernement, dans la police dans le système de justice et dans l?environnement politique devant conduire aux législatives et territoriales.??


 Imaginez un instant, Jean-Bertrand Aristide, qui ne peut pas accepter Jean-Robert Faveur comme Directeur de la Police, dans un tel environnement, avec toutes les enquêtes et plaintes contre son régime.


 Dean Curran a ajouté : ?? Il est difficile de savoir maintenant si ce compromis sera le résultat de l?appel au dialogue lancé par le Président Aristide le 4 juillet dernier, d?une initiative intense de la société civile, ou le résultat d?un redoublement d?efforts au niveau de la médiation de l?OEA. Les Etats-Unis appuieront les efforts qui visent sincèrement à trouver un compromis devant conduire à des élections libres et justes.??


 L?objectif est ainsi fixé : un changement de leadership au sein du gouvernement, à la tête de la Police et de la justice pour un environnement paisible. Donc lavalas n?a pas d?avenir toutes ses forces résident dans la violence et dans l?illégalité. Un tel changement, sous-tend la résistance d?Aristide et la destruction du régime.


 Dans le Nord, nous avons notre échéance : décembre 2003. L?OEA sera réévaluée par la population des cinq départements du Nord – Grand-Nord ? en septembre 2003. De septembre à décembre 2003, Jean-Bertrand Aristide aura à massacrer les gens du Nord. Nous n?accepterons pas un président illégitime avec un discours démagogique pour la célébration des 200 ans de notre indépendance. Il est de notre obligation historique de libérer le pays de cette tyrannie lavalassienne.


 La mobilisation peut ne pas être nationale. En 1986, alors que le Grand-Nord renversait Jean-Claude Duvalier, la population de la Capitale organisait la  ??Coupe Pradel??. Cela ne nous empêchait pas de finir le travail. Nous saluons l?engagement des partis de l?Opposition et des organisations populaires proches de l?Opposition. Nous avons une grande estime pour le Groupe 184 spécialement pour la détermination de l?un de ses leaders Monsieur Andre Apaid. L?engagement d?une frange de la bourgeoisie haïtienne dans ce combat pour le changement et la démocratie est un acquis de ces années de lutte contre la dictature lavalassienne. Une société civile active, est ce qui nous manquait en 1986, après 30 ans de dictature duvalieriste. Ce vide exposait le pays aux fantasmes des militaires et finalement des prêtres de l?Église catholique, une des rares structures para-étatiques du pays. Nous souhaitons que le reste des hommes d?affaires haitiens comprendront l?exemple de Monsieur Apaid qui en mettant à risque son avoir, sa liberté et sa vie, renonce à  cette société où tout se règle par des rackets , ce que j?appelle la ??Racketocratie??, pour s?investir dans une société de mérite et d?opportunité , une ??Méritocratie?? ( _expression de Raymond Aron).


 Le comportement jouisseur, indiscipliné et désordonné de la bourgeoisie haïtienne n?a fait que renforcer les écarts, détruire l?économie, frustrer des populations et créer l?espace nécessaire aux manipulateurs pour instaurer la terreur. Le populisme et le paternalisme sont les idées dominantes. Les problèmes sont ainsi mal posés. 


 ??Les collectivités mal-aimées de l?histoire sont comparables à des enfants privés d?amour maternel et, de toute façon, situées en porte à faux dans la société ; aussi deviennent-elles les classes dangereuses. C?est donc, à plus ou moins longue échéance une attitude suicidaire de la part d?un groupe dominant de parquer une catégorie de dominés dans l?inconfort matériel et psychique. Ce refus de l?amour et de la « relation » rejeté des cadres sociaux, provoquèrent en 1789 la Grande peur des possédants, même modestes, et, par une conséquence inattendue, l?effondrement des privilèges juridiques sur lesquels était fondée la monarchie.?? Jean Delumeau, La peur en Occident, Paris, Fayard, 1978.


 Une société de mérite demande l?ordre, la discipline et le travail assorti d?une bonne couverture sociale. Une bonne gestion des hommes pour une meilleure gestion des choses, tel doit être notre but. La couleur de la peau, des yeux, les caractères génétiques ne sont pas le résultat d?efforts physiques ni intellectuels. Un homme digne ne doit pas s?enorgueillir ou en éprouver des remords. Seuls les faibles en profitent. Ainsi, à travers le Groupe 184, la bourgeoisie haïtienne fait preuve  de reconnaissance des erreurs passées. Il faut leur donner une chance. Au moins ils ont reconnu avoir erré.


 Les racines de la mobilisation Nord sont profondes et nombreuses. C?est une erreur de la ramener à une question d?argent. Les hommes les plus riches n?habitent pas le Nord. Jacques Keitan n?était de notre côté. La réalité est que Jean-Bertrand Aristide n?a plus que la force comme source de pouvoir. L?organisation, les institutions, les convictions, l?opinion publique, les symboles, l?information, l?économie, tout est contre lui. Les multiples campagnes improvisées par le Pouvoir Lavalas prouvent sa confusion. Alpha-infinie (Economique, La Paix, Cantine, maman etc.), tentative de manipuler l?imaginaire populaire en se présentant comme le Sauveur des vodouisans alors que depuis mars 1987 la constitution haïtienne réclame l?égalité des cultes, Réparation-Restitution, Haïti peut-être 2003 fois plus belle : le pouvoir se perd. Il n?a plus de raison d?être. Alors, malheurs aux incrédules ! 


 Cyrus Sibert


 Cap-Haïtien, Haiti


 Le 29 juillet 2003 


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