Originally: La police disperse une marche anti-gouvernementale
![]() Posté le 10 février 2003 La police du Cap-Haïtien a dispersé avec du gaz lacrymogène et des coups de feu, une marche anti-gouvernementale, convoquée par l’Initiative citoyenne, une organisation de la société civile, et appuyée par l?opposition et le groupe des 184 La marche est partie du quartier Carénage sur des pas de désaccords avec la police. Le hic, la question de l’heure. 5?000 personnes environ ont voulu quitter le lieu de départ, non loin du commissariat, avec notamment des enfants et des jeunes arborant une grosse banderole à l’inscription « marche de l’espoir, vers un nouveau contrat social. » La police a rappelé aux organisateurs qu’ils etaient en avance de deux heures par rapport au temps convenu. Protestations, frustrations, grognes. Les autorités policières sont restées fermes et la foule a dû rebrousser chemin et attendre l?échéance pour redémarrer au cri de « un seul dieu en trois personnes. On en a assez. Aristide doit partir. » Un dispositif de sécurité a été mis en place par la police, a constaté l?envoyé spécial de HPN. La foule a longé la rue 24-H scandant une suite de slogans anti-lavalas. « Nou pa ka manje. Wap peye chimè. Aba Lavalas ? en français : nous ne pouvons pas manger à notre faim. Vous stipendiez les « chimères ». A bas Lavalas. » Les manifestants ont appelé les Etats-unis et l’Organisation des Etats américains à intervenir dans le dossier d’Haïti. Si vous n’êtes pas complices, débarrassez-nous d’Aristide », ont-ils lancé en sillonnant la ville. La marche allait tourner court en raison de problèmes de parcours notamment à la rue 16-A où la police a demandé aux manifestants de revenir sur leurs pas. Ces derniers voulaient se rendre à la rue 5-Boulevard, porte nord-est du centre-ville, non loin de « La Fossette et Cité Lescot », des bidonvilles populeux du Cap-Haïtien. La police s?est fait invectiver, injurier et traiter de tous les péchés. La tension a monté d?un cran avec des prises de gueule entre chefs de fil de la marche et le numéro un de la police dans le Nord, fraîchement débarqué de Pétion-ville. Carlo Lochard, pour son baptême de feu, s?est retrouvé entre les données fournies par ses prédécesseurs, qui avaient planifié la marche, et les contestations des manifestants. Ces derniers ont fait fi des dispositions de la police. La foule a pris la direction de la rue 5-boulevard et les agents de l?ordre ont dû la suivre. Le premier déclic. Le compte à rebours a démarré, au détriment des manifestants qui n’avaient plus que 15 minutes pour débarrasser le pavé, selon les autorités. La vague a bifurqué dès lors sur la rue 9-L. Nouveau déclic. Plusieurs patrouilles de la PNH ont alors tiré des coups de feu et lancé du gaz lacrymogène. Panique générale. Les organisateurs ont dénombré 30 blessés à l?issue des courses aveugles provoquées par l?intervention musclée de la police. La ville a vécu une tension en fin de journée, avec notamment la démolition d’une voiture du ministère de la Santé publique, qui transportait un stock de médicaments. La voiture a été attaquée par des hommes armés à la rue Espagnole, une des principales artères de la ville, quelque temps après que la police avait dispersé « la marche de l’espoir vers un nouveau contrat social. » GJN/JEC |