Originally: Message Des Organisations Non Gouvernementales Internationales à l’occasion
Message Des Organisations Non Gouvernementales Internationales à l’occasion
des Fêtes de fin d’année 2002
Nous, Organisations Non Gouvernementales internationales basées en Haiti,
nous développons notre coopération dans le cadre des lois caritatives de nos
Sièges respectifs, en conformité avec les lois haitiennes et dans la
dynamique de la solidarité entre les Peuples. Nous témoignons notre respect
pour le courage du Peuple haïtien et pour toutes ses autres valeurs qui ont
permis aujourd’hui encore, de sauvegarder l’identité et la survie des
couches les plus défavorisées.
La principale justification de nos interventions est d’appuyer les efforts
de cette population qui subit de plein fouet les effets de la pauvreté et qui
lutte pour y remédier et pour construire un Etat de droit capable d’assurer
le respect et la défense des droits fondamentaux de tous les citoyens/nnes.
Au cours de cette dernière période, nous avons été témoins des manifestations
de tensions exprimées à des degrés divers, dans plusieurs régions du pays.
Nous pouvons attester des effets négatifs de cette crise grandissante
génératrice de peur, d’inquiétude, d’augmentation de la migration interne et
externe, de fuite d’hommes, de femmes et de capitaux , de polarisation
sociale, d’atteintes aux droits humains, de recul des conditions de sécurité
et finalement d’une mise à l’écart et d’un isolement du pays.
Nous nous alarmons très fortement de la dégradation accélérée des conditions
socio-économiques, de la perte des opportunités économiques au niveau
national, régional et global, de la détérioration systématique de
l’environnement.
En effet, notre contact régulier avec les populations nous permet de
constater la régression certaine des indicateurs de qualité de vie. La
situation nutritionnelle est en train de dégringoler vers des seuils
critiques : 23% des enfants de moins de 5 ans sont atteints de malnutrition
chronique et les rapports des institutions locales font mention d’une
augmentation de 30% des cas de malnutrition sévère dans certaines zones du
pays
Dans le Nord-Ouest, la persistance de la sécheresse et les pertes successives
de récolte entrainent la population et les couches les plus vulnérables
femmes et enfants vers une catastrophe alimentaire certaine.
Les coûts de production dans le secteur agricole sont en croissance suite à
une augmentation de plus de 100% des du prix des intrants (cf :le coût du sac
d’engrais dans l’ Artibonite est passé de 250 gourdes en novembre 2002 à 600
gourdes en décembre 2002). Suite aux turbulences socio-politiques, le
fonctionnement déjà précaire des activités économiques est perturbé de temps
à autre, anéantissant ainsi les efforts des uns et des autres. La persistance
d’un tel état amenuise les espoirs d’amélioration de la sécurité alimentaire
ainsi que la consolidation de la production nationale. Près de la moitié de
la population (3,800.000 habitants) est menacée d’INSECURITE ALIMENTAIRE
dont 75% en milieu rural
La dévaluation accélérée de la gourde a brutalement affecté le développement
des activités de micro-finance soupape principale d’une grande majorité de
femmes en milieu urbain et rural qui multiplient les activités informelles
dans un environnement souvent insécure pour garantir la survie de leurs
familles.
L’éclatement de conflits ponctuels, les manifestations violentes, entrainent
des victimes innocentes et assombrissent le climat de travail. Les
populations souffrent de carences manifestes pour l’accès aux services de
base : santé, assainissement, eau potable, éducation, malgré quelques
initiatives ponctuelles.
Devant un tel constat, nous pensons qu’il est de notre devoir de faire état
de nos inquiétudes pour accompagner efficacement les populations dans leur
quête pour améliorer leurs conditions de vie. Nous pensons qu’il est
important de nous mêler aux différents secteurs de la population pour
souhaiter que les acteurs politiques puissent rapidement trouver et mettre en
place des pistes de solutions. Dans cet esprit, nous souhaitons que les
intérêts stratégiques de la population soient vraiment au c?ur des
préoccupations de tous et constituent les enjeux prioritaires des débats pour
une sortie de crise. Aussi joignons-nous nos voix à celles de tous ceux/
toutes celles qui croient en des lendemains meilleurs pour Haiti, pour dire:
1- Les acteurs politiques doivent rechercher et promouvoir par tous les
moyens des solutions nouvelles pacifiques et constitutionnelles seules
capables de contribuer à une issue durable du conflit social.
2- La situation de tension qui préexiste dans le pays requiert la
participation de toutes les couches sociales pour lancer un Débat
démocratique ouvert et serein afin de définir les orientations nécessaires et
les alternatives de développement national capables de remettre le pays au
travail et de raviver l’Espoir à l’orée de 2004.
3- Les revendications fondamentales des plus pauvres doivent être au coeur
du débat national et retenir l’attention des acteurs pour se traduire en
politiques et programmes publics garantissant : l’accès aux services de santé
et d’ éducation, le droit à la terre et aux conditions pour la faire
fructifier, le droit au travail pour tous, le développement d’opportunités
de formation et de travail pour les femmes et les jeunes, la valorisation
de la culture haitienne, l’instauration d’un système de justice fonctionnel
et équitable.
4- Des mesures adéquates sont indispensables pour garantir le respect des
droits humains et la sécurité pour tous en vue de faciliter la participation
citoyenne et la construction d’une nation appelée à apporter sa pierre à
l’édification d’un monde plus juste.
Joyeuses Fêtes au Peuple haïtien à qui nous souhaitons une année 2003 pleine
de promesses enfin réalisées!
CHRISTIAN AID Olivier RICHE
ACTION AID Edéle THEBAUD
OXFAM GB Yolette ETIENNE
OXFAM QUEBEC Jean LEFEBVRE
INTERMON OXFAM Maurepas JEUDY
FEDERATION LUTHERIENNE MONDIALE Michael KUEHN
COHAN BRD Maurice FOURON