CONVERGENCE DEMOCRATIQUE
DECLARATION
4 Novembre 2002, l?heure du bilan et de la vérité
sur la Résolution 822 de l?OEA
Rappel : Deux années de négociations sous les auspices de l?OEA et avec la facilitation de l?Initiative de la Société Civile, n?ont pas permis au pouvoir Lavalas et à la Convergence Démocratique de trouver un consensus même suffisant sur la base d?un accord politique. Huit (8) mois après le vote de la Résolution 806, la Résolution 822 votée le 4 septembre 2002 par le Conseil Permanent de l?OEA, mit fin au processus de négociations.
Sur la base de cette dernière, le Conseil Permanent a recommandé et le gouvernement Lavalas a accepté :
de poursuivre les individus impliqués dans les actes criminels perpétrés le 17 décembre 2001.
de mener des enquêtes approfondies sur les crimes à motivation politique.
de dédommager les victimes des violences du 17 décembre.
Ces trois points essentiels pour la Convergence démocratique figuraient déjà dans la Résolution 806, votée le 15 juin 2002.
Nous disions, le gouvernement Lavalas a accepté:
de présenter un rapport détaillé sur ce qui a été recommandé par la Résolution 806
de procéder à un désarmement général
de respecter la liberté d?expression, les droits individuels, les droits de réunion
de créer un climat de sécurité susceptible de rendre possible la tenue de bonnes élections
de respecter tous les engagements pris antérieurement dans le cadre de l?Organisation des Etats Américains.
de mettre sur pied un Conseil Electoral Provisoire suivant la formule prévue dans l?Accord initial
d?organiser des élections durant l?année 2003.
Ce 4 novembre 2002, où en sommes-nous ?
1. Aucune poursuite n?est exercée jusqu?à l?heure où nous parlons, contre les individus impliqués dans les actes criminels du 17 décembre, individus identifiés par la Commission d?Enquête Indépendante de l?OEA (cf. rapport de la CEI).
2. A propos de l?enquête approfondie sur les crimes à motivation politique, nous avons soumis en juin de cette année une dizaine de cas exemplaires et connus, à l?Ambassadeur Einaudi.
Pratiquement rien n?est fait. Si pour l?assassinat du journaliste Brignol Lindor une ordonnance d?arrêt a été prononcée contre une dizaine de personnes, M. Bony, le maire Lavalas de Petit Goave qui avait lancé l?appel au meurtre a été soigneusement épargné. D?ailleurs, on a fait tant et si bien que la majorité des bandits ont eu le temps de se mettre à couvert. Ce qui n?est un secret pour personne.
3. S?agissant du dossier Jean Dominique, c?est le calme plat. Ne parlons pas des cas du Père Jean Pierre-Louis, ni d?Yvon Toussaint, de Mireille Durocher Bertin, de Max Mayard et du Pasteur Leroy. Pour ne citer que ceux-là.
4. Le dossier des réparations est loin de trouver une solution comme certains veulent le faire croire. Environ 70 cas ont été traités par le Conseil Consultatif pour les Réparations.
En fait, combien de victimes ont été dédommagées? Les responsables lavalassiens ont beaucoup parlé sur cette question mais dans la réalité c?est du faire semblant et du dilatoire.
5. Le rapport que le gouvernement devait envoyer à l?OEA, baptisé pompeusement ?rapport préliminaire? par ses concepteurs, montre, s?il en était besoin, que le gouvernement n?a absolument rien fait. C?est l?opinion du Conseil Permanent de l?OEA. Ce rapport n?a aucune substance.
6. Le désarmement. Ces derniers jours, le gouvernement a orchestré toute une propagande sur cette question.
A part les ennuis causés aux automobilistes, aux écoliers et étudiants bloqués dans les embouteillages, ou des mauvais traitements infligés à quelques habitants de la Cité Soleil et de Carrefour, le bilan de ces opérations laisse les citoyens très sceptiques. Le gouvernement semble plus intéressé à désarmer les citoyens munis de permis de port d?arme, qu?à rechercher les armes illégales, si nous interprétons bien les déclarations du porte-parole de la Police. Dans ces conditions, il n?est pas surprenant que les choses se passent ainsi, quand on sait que c?est à celui qui a armé qu?il revient de désarmer, quand on sait que le pouvoir Lavalas fonde sa survie sur les violences que ses partisans exercent contre l?opposition.
7. En matière de respect de la liberté d?expression, des libertés individuelles, de la liberté d?association, de réunion, ce gouvernement s?érige en véritable fossoyeur. Nous n?avons qu?à énumérer quelques cas connus de tout le monde :
L?affaire du journaliste Jackie Cantave
L?arrestation et l?emprisonnement arbitraires du porte-parole des victimes des sociétaires des coopératives, M. Jean Rosemond, ce malgré les vives protestations de sa famille et de tous les secteurs de la.nation.
Les péripéties du Professeur Josué Merilien
Les arrestations arbitraires des membres du KID, membre de la Convergence, malgré les démarches du côté de la police et les protestations de la classe politique.
Fin septembre, les participants à une réunion de la Convergence ont été attaqués par les partisans de Fanmi Lavalas, à Cerca Carvajal.
Le 8 octobre, les mêmes individus interrompirent brutalement à nouveau à Cerca Carvajal, une autre réunion de la Convergence.
A Liancourt, on assiste au même comportement des membres de Fanmi Lavalas chaque fois que les membres de la Convergence veulent se réunir.
La date fixée dans la Résolution 822 pour la formation du CEP arrive à échéance aujourd?hui, 4 novembre. La Convergence Démocratique normalement devrait envoyer un représentant. Après avoir pris toutes les dispositions en vue de choisir et designer son représentant, elle s?est vue dans l?obligation d?y mettre un point d?arrêt.
En effet, les élections pour être crédibles, doivent se dérouler dans un environnement politique compétitif. Fort de cette conviction, le Conseil de l?OEA a fait des recommandations au gouvernement de facto qui s?est engagé à les mettre en application. Malheureusement force est de constater que le pouvoir Lavalas a réservé à la Résolution 822, le même sort qu?à la 806.
Comment raisonnablement s?imaginer qu?on puisse organiser de varies élections dans le pays :
-lorsque le pouvoir envoie des délinquants à sa solde piller et incendier les siéges des parties politiques de l?opposition, les maisons de leurs dirigeants.
-lorsque les responsables des actes criminels commis lors des violences du 17 décembre 2001, continuent de jouir de l?impunité.
– lorsque le gouvernement se refuse à dédommager les victimes en dépit des engagements pris.
– lorsque les partisans de M. Aristide attaquent les militants de l?opposition, interrompent brutalement leurs réunions.
– lorsque des membres de la Police arrêtent et jettent en prison de la façon la plus arbitraire, des membres de la Convergence.
– lorsque les armes de tous calibres continuent à proliférer dans le pays et que rien de sérieux n?est fait pour les récupérer.
– lorsque les quartiers les plus peuplés de la capitale et de quelques grandes villes de province sont interdites à toute expression de l?opposition par des voyous armés.
– lorsque les libertés individuelles, la liberté d?expression sont foulées aux pieds.
Monsieur Jean Bertrand Aristide et Fanmi Lavalas veulent une fois de plus rééditer le coup d?Etat électoral de l?année 2000.
Nous de la Convergence Démocratique, croyons inopportun, dans les conditions actuelles, de designer notre représentant au CEP. A partir de ce moment, le 4 novembre n?est plus une date butoir.
La Résolution 822 constitue, à notre entendement et à celui de tous les vrais démocrates, un paquet, un ensemble ordonné, agencé en vue d?obtenir des résultats déterminés à savoir : créer un environnement politiquement compétitif pour l?organisation de vraies élections.
Tel n?est pas le cas pour le moment. La Convergence Démocratique, face à cette situation déclare ouvertement son refus de cautionner la politique de non-droit, pratiquée par le régime Lavalas. A cette étape cruciale dans la vie politique du peuple haïtien, la Convergence Démocratique invite tous les secteurs qui doivent designer des représentants, à bien faire attention à ne pas se rendre complices, d?une politique de faux-semblant, de non-respect des engagements et de corruption.
Merci
Pour la Convergence Démocratique,
Serge Gilles
Port-au-Prince le 4 novembre 2002.