LA LECTURE DU KONAKOM DU RENOUVEAU DE LA RESOLUTION 822 DE L’OEA.
Dr Dunois Erick Cantave


(Webmaster’s note: KONAKOM, National Congress of Haitian Democratic Movements, formed by more than one thousand delegates from three hundred center and left organizations in 1987).

Les 14 points de la Résolution 822 de l’OEA concernant la crise politique haïtienne sont diversement interprétables et interprétés par les différents secteurs de la Nation.
· Elle est pour nous une résolution à caractère bureaucratique et diplomatique dans la mesure où elle nous renvoie à plusieurs autres documents administratifs et applique avec prudence des règles sémantiques et politiques relevant de la Diplomatie.
· Elle est également une réaffirmation des positions de principes de la communauté internationale vis à vis des nations de l’hémisphère, en particulier vis à vis d’Haïti. Elle  reprend le principe de la solidarité des autres Nations envers le peuple haïtien et souhaite dans ce cadre une normalisation de la coopération économique qui est toujours soumise à des exigences techniques, financières, éthiques et politiques. Elle cite également la récente “Charte Démocratique” de l’OEA.  Cette dernière fixe en partie les règles du jeu en matière de relations entre les nations. Elle établit aussi des règles concernant
les rapports entre les citoyens d’une même nation, et d’autres régissant les rapports entre le citoyen et L’État. Tout ceci, à la veille de l’inauguration et dans la perspective de l’intégration des nations au grand marché hémisphérique américain prévu pour l’année
2005.
· Elle relève aussi de la tautologie dans la mesure où elle répète de nombreux éléments que l’on retrouve déjà dans des résolutions précédentes. Elle demeure contraignante pour le régime en place car elle insiste et fait injonction à ce gouvernement de respecter les
droits des citoyens, des journalistes, de procéder au désarmement des bandes armées, de procéder à l’arrestation des présumés coupables impliqués dans les pillages, les incendies et meurtres du 17 décembre 2001 et de favoriser une saine justice pour punir les coupables des autres crimes “politiquement motivés” tels ceux de Jean Dominique, de
Jean Claude Louissaint et de Brignol Lindor. Autant de choses qui seront difficiles sinon impossibles à réaliser par ce régime compte tenu de sa nature, de sa composition, de sa manière de gouverner et de se maintenir au pouvoir.
· Cette résolution montre aussi les limites de l’organisation hémisphérique qui  n’a pas tous les moyens de coercition pour porter les Etats membres à respecter ses résolutions.
· Cette résolution consacre une fois de plus le caractère haïtien de la crise qui devra être résolue par les haïtiens eux-mêmes. Bien que ses effets débordent un peu le cadre du pays, la communauté internationale semble vouloir surtout accompagner les acteurs nationaux dans leur quête de mieux-être et de démocratie sans  toutefois fermer la voie aux autres options.
· Elle est positive dans son essence puisqu’elle annonce déjà un certain nombre de points intéressants dont devra tenir compte tout gouvernement  appelé à faciliter la tenue d’élections libres et démocratiques dans le pays.  Il s’agit entre autres de “la formation
d’un Conseil électoral provisoire (CEP) autonome, indépendant, crédible et neutre ”  tout en rappelant dans son introduction que la crise politique provient de l’organisation des élections du 21 mai 2000 entachées de graves irrégularités.  Il est toutefois difficile pour les haïtiens d’envisager des élections démocratiques avec un régime qui en a déjà organisées trois frauduleuses, sans l’établissement d’un climat politique sûr et stable et sans envisager de profondes réformes de l’institution policière qui est utilisée dans la répression et les supercheries du régime lavalas.

Port-au-Prince, le  4 septembre 2002

Dr Dunois Erick Cantave
Secrétaire Général