Originally: EVENEMENTS DES GONAIVES: PERPETUATION DU CYCLE DE LA VIOLENCE ET DE L’IMPUNITE
EVENEMENTS DES GONAIVES: PERPETUATION DU CYCLE DE LA VIOLENCE ET DE L’IMPUNITE
La Coalition Nationale Pour les Droits des Haïtiens (NCHR) note avec indignation et désolation l’évolution vertigineuse du climat de violence au niveau de la ville des Gonaïves. La journée du Vendredi 2 août a été particulièrement désastreuse: “L’armée Cannibale” a incendié le palais de justice de la ville, une partie de l’hôtel de ville, un véhicule de la police, un véhicule de la mairie avant de briser les murs de la prison civile de la ville pour libérer de force leur chef, Amio METAYER dit Cubain et plus d’une centaine d’autres prisonniers.
La NCHR rappelle que ces événements sont loin d’être une surprise. Depuis l’arrestation, le 2 juillet dernier, d’Amio Métayer pour sa participation présumée dans les événements sanglants du 17 décembre 2001 et d’autres événements graves survenus aux Gonaives, ” L’armée Cannibale” n’avait jamais cessé de multiplier des actes de violence en vue de l’obtention de la libération forcée d’Amio METAYER. Le pouvoir Lavalas sur qui pèse de graves accusations dans l’armement des groupes au sein de la population a toujours fait preuve d’une irresponsabilité légendaire face à ces actes de violence et aux déclarations incendiaires faites publiquement par les proches de METAYER,
La NCHR constate que la réaction du gouvernement n’a pas été a la hauteur de la gravité des incidents du 2 août survenus aux Gonaïves. Le ministre de l’intérieur, Monsieur Jocelerme Privert, dans un communiqué, s’est pratiquement contenté de les condamner. Le chef du gouvernement, président du Conseil Supérieur de La Police Nationale d’Haïti (CSPN), Monsieur Yvon Neptune, paraît plus disposé à défendre le « prestige » de son parti, La Fanmi Lavalas, dit-il n’a pas l’habitude de tolérer des bandits en son sein. Le chef du gouvernement a sans doute oublié qu’il n’est plus chef de parti. Le pouvoir n’a pris aucun engagement ferme pour le rétablissement de l’autorité de l’État dans la Cité de l’Indépendance.
La NCHR prend acte de la déclaration faite par le pouvoir de procéder à l’arrestation des prisonniers libérés de force au cours de ces événements.
La NCHR espère qu’il n’y aura pas une politique de deux poids et deux mesures et que cette décision s’appliquera à tous les prisonniers concernés par l’évasion du 2 août indistinctement.
La NCHR croit que cette mesure est importante pour empêcher que des événements similaires ne se reproduisent à travers le pays.
La NCHR est convaincue que la lutte contre l’impunité suppose plus que de belles paroles. Elle exige un réel engagement politique, des actes concrets de justice.
La NCHR est persuadée que les auteurs d’actes de violence, quand ils échappent à la justice, forts de la certitude de rester impunis, récidivent et incitent d’autres à suivre leur exemple.
La NCHR estime que les événements des Gonaives constituent un véritable défi à la justice, à la police et menacent l’Etat dans son organisation. L’autorité publique n’est plus exercée par des hommes politiques, des juges, des policiers, des fonctionnaires mais par les forces de la rue.
Les événements des Gonaives révèlent que:
v Les capacités d’intervention rapide des forces de sécurité, en cas d’urgence. sont nulles;
v Les autorités nationales échouent dans leur mission première de garantir l’ordre, la sécurité et la paix sociale.
v Le cycle de violence et de l’impunité se perpétue.
La NCHR, consciente que des mesures urgentes doivent être prises en vue de rétablir la confiance, recommande au pouvoir :
1- D’identifier et de traduire par devant la justice les auteurs et complices des actes de violence perpétrés aux Gonaïves du 2 juillet au 2 août 2002;
2- De prendre toutes les dispositions pour faire fonctionner au plus vite l’appareil judiciaire de la ville des Gonaïves dans des conditions optimales de sécurité;
3- De procéder à l’arrestation des prisonniers libérés de force au cours des événements du 2 août 2002 aux Gonaïves ;
4- De garantir la sécurité du juge d’instruction chargé d’instruire le dossier d’Amio METAYER, Me Marcel JEAN, pour qu’il puisse reprendre son instruction dans la sérénité;
5- De prendre toutes les dispositions en vue de faire réparer les bâtiments publics endommagés ou incendiés au cours de ces événements;
6- De procéder au désarmement des groupes armés sur toute l’étendue du territoire national.
Port-au-Prince, le 5 août 2002