Originally: Haiti: Sans issue













   











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 Factuels
Chef de l’Etat : Jean-Bertrand Aristide
Premier ministre : Jean-Marie Chérestal
Capitale : Port-au-Prince
Superficie : 28  000
Population : 7 millions
Monnaie : gourde (0,04452 euro)













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De plus en plus isolé sur la scène internationale, Haïti, le pays le plus pauvre des Amériques, s’est encore enfoncé dans la misère, la violence et la crise politique. Dix ans après avoir incarné l’espoir de changement démocratique au sortir de la dictature duvaliériste, le président Jean-Bertrand Aristide a vu sa légitimité contestée tant par l’opposition que par la communauté internationale qui a gelé ses programmes de coopération. Les scandales de corruption et les luttes intestines au sein de son parti, la Famille Lavalas, ont accéléré l’effritement de sa popularité. Les manifestations hostiles au régime se sont multipliées dans les derniers mois de 2001 dans les bidonvilles, naguère considérés comme des bastions de Lavalas. La criminalité et la dégradation des conditions de vie ont atteint de telles proportions que les trafiquants de cocaïne colombiens qui avaient transformé Haïti en plate-forme de transit ont commencé à abandonner l’île.


La récession aux Etats-Unis a sévèrement affecté deux des principales sources de devises d’Haïti. Evalués à près de 560,60 millions d’euros par an, les transferts de fonds des émigrés haïtiens installés aux Etats-Unis ont chuté de plus de 20 % au cours du dernier trimestre. Les revenus de la diaspora haïtienne établie en Amérique du Nord, environ un million de personnes, ont été amputés par le retournement de la conjoncture américaine. Les exportations de textiles et de produits électroniques bas de gamme vers les Etats-Unis ont baissé en 2001. Les entreprises installées dans les zones franches industrielles produisent près de 90 % de la valeur des exportations et fournissent 70 % des emplois hors fonction publique. La construction, dopée ces dernières années par les profits du trafic de drogue, s’est ralentie, et l’agriculture, qui représente le tiers du PIB, a régressé.


Tandis que l’inflation atteignait 18 %, le PIB par habitant s’est encore dégradé, passant en dessous de 560,60 euros par an. Le gel de plus de 560,60 millions d’euros de crédits de coopération et la paralysie des investissements étrangers ont accéléré la dépréciation de la gourde, la monnaie haïtienne. Difficile à évaluer dans un pays où 90 % des citadins tentent de subsister grâce à l’économie informelle, le chômage touche plus de 70 % de la population active. La crise politique a bloqué la réforme de la justice et la privatisation des entreprises publiques, mal gérées et rongées par la corruption. Le service électrique s’est encore dégradé en raison du coût élevé des produits pétroliers durant une grande partie de l’année.


Malgré les efforts de l’Organisation des Etats américains (OEA), qui a envoyé quinze missions de médiation à Port-au-Prince, aucun progrès n’a été réalisé dans la solution de la crise provoquée par les élections législatives et présidentielle contestées de l’année 2000. Regroupée au sein de la Convergence démocratique, l’opposition a refusé de reconnaître les résultats des législatives de mai 2000 marquées par de sérieuses irrégularités et elle a refusé de participer aux présidentielles de novembre 2000. Sans concurrent de poids et avec un taux de participation très bas, Jean Bertrand Aristide l’a emporté avec 91 % des suffrages. Tandis que la Convergence démocratique désignait Me Gérard Gourgue, un vieux défenseur des droits de l’homme, comme “président provisoire”, les membres d’organisations populaires proches du pouvoir Lavalas ont multiplié les manifestations violentes contre l’opposition.


Jean-Michel Caroit